Le Lobby des Bombardeurs de l’Iran se prépare pour 2016

Original article: The Bomb Iran Lobby Gears Up for 2016

Article d’origine publié le 8 juin 2015

Le Lobby des Bombardeurs de l’Iran se prépare pour 2016: Un bloc soudé de néoconservateurs jusqu’au-boutistes a mis l’Iran en tête d’agenda de la politique étrangère du Parti Républicain par Sina Toossi ; chronique “Foreign Policy in Focus” (Revue de politique étrangère) :

Dans une récente publicité télévisée, un fourgon se faufile à travers les rues d’une ville américaine. Pendant que le conducteur essaye de régler la fréquence de la radio, de sinistres avertissements montent des hauts-parleurs et mettent en garde contre “un Iran nucléarisé”. On entend la voix du sénateur Lindsey Graham et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Le conducteur engage alors son fourgon dans un parking à étages, monte jusqu’au dernier niveau, et déclenche une explosion dans un éclair aveuglant de lumière blanche. Un texte apparaît en lettres blafardes à l’écran: “Pas de traité nucléaire Iranien sans approbation du Congrès.” …

Tous ces gourous issus des think-tanks [NdT: groupes de réflexion], ces groupes d’intérêts spéciaux, et ces experts des médias, ont propagé toute une série de récits alarmistes qui sont conçus pour saborder le processus diplomatique. Et au lieu de s’appuyer sur les faits, ils ont surtout agité des épouvantails.

Mais qui sont ces gens?

Des Réseaux très étroits

Malgré leur façade bipartisane [NdT: c’est à dire incluant à la fois des Démocrates et des Républicains], ces idéologues machinalement anti-iraniens constituent en réalité un groupe de gens très proches. Beaucoup d’entre eux étaient déjà d’éminents promoteurs de la guerre d’Irak et de diverses autres aventures catastrophiques de la politique étrangère des 15 dernières années. Ils travaillent en étroite coordination, et ceux qui les financent ont souvent un profil similaire.

À eux seuls, quatre super-donateurs du Parti Républicains — les milliardaires Sheldon Adelson, Paul Singer, Bernard Marcus, and Seth Klarman — maintiennent à flot tout un éventail de groupes qui préconisent en permanence la confrontation avec l’Iran, comme par exemple la Foundation for Defense of Democracies, l’American Enterprise Institute, et le Washington Institute for Near East Policy.

Parmi les autres groupes qui forment le coeur de ce réseau, on trouve aussi le Hudson Institute, d’obédience néoconservatrice, et le Foreign Policy Initiative, ainsi que des groupes plus explicitement et catégoriquement “pro-israéliens” comme l’ American Israel Public Affairs Committee, la Republican Jewish Coalition, l’Emergency Committee for Israel, The Israel Project, et le Jewish Institute for National Security Affairs.

Plusieurs de ces groupes bénéficient également des subventions dispensées par certaines institutions de droite de type fondation. Ainsi, la Lynde and Harry Bradley Foundation et les Scaife Foundations déversent ensemble des millions dans des officines politiques à tendance dure.

Sénateurs à tendance dure

Ensemble, ces groupes se sont constitué un outil qui leur sert de caisse de résonance. Ils ont mis en place une infrastructure de lobbying et de communication entièrement dirigée contre l’Iran, et qui bénéficie à Washington d’une influence considérable dans les couloirs du pouvoir, et en particulier au Congrès.

Et si vous vous dites que ce n’est pas un problème d’argent juif utilisé pour promouvoir les intérêts israéliens, c’est que vous ne regardez pas la réalité en face. On voit mal comment un candidat républicain pourrait décrocher l’investiture sans le soutien de la coalition juive républicaine. C’est un exemple de plus où les Juifs poursuivent une stratégie top-down [du sommet vers la base]. Au début, il s’agit de parvenir à dominer le discours des milieux dirigeants en façonnant l’opinion publique grâce aux médias de l’élite, et à influencer la politique au plus haut niveau grâce au pouvoir de l’argent. Il est clair que beaucoup de non-juifs participent à la manoeuvre, depuis les mercenaires spécialistes de politique étrangère, généreusement rémunérés par les think-tanks mentionnés plus haut, en passant par certains sénateurs (Toossi mentionne Tom Cotton, Lindsey Graham, Mark Kirk, Kelly Ayotte, John McCain), et jusqu’aux candidats à la présidentielle. Lindsey Graham s’est illustré en déclarant:

“Si je mets sur pied une équipe qui me rendra financièrement assez solide pour rester dans la course… il est possible que j’aie le premier cabinet entièrement juif d’Amérique, en raison du financement pro-Israël. [Rires.] Pour résumer la situation, je reçois beaucoup de soutien en rapport avec les financements pro-israéliens”.

Les Républicains ne sont pas les seuls à faire allégeance à l’argent juif pro-israélien. Hilary Clinton, qui semble devoir être le candidat démocrate bien qu’elle ne soit pas grand chose de plus qu’une opportuniste malhonnête, dépend de Haim Saban et de l’establishment juif libéral qui tient Hollywood. Saban souscrit entièrement à l’idée de bombarder l’Iran. Clinton entretient aussi des liens étroits avec Wall Street et a fait rentrer des néoconservateurs importants comme Robert Kagan dans son équipe de politique étrangère. Le résultat semble presque couru d’avance: une guerre contre l’Iran en 2017.

L’article de Toossi vaut la peine d’être lu entièrement. Il conclut ainsi:

Cependant, en dénonçant si vigoureusement les négociations que mène la Maison Blanche d’Obama avec l’Iran, ces guerriers en chambre travaillent à déclencher une guerre qui ne ravagera pas seulement la région et sa population. Elle coûtera à nouveau la vie à de nombreux soldats américains, leur prendra un bras ou une jambe, gaspillera des milliers de milliards de dollars supplémentaires prélevés sur les impôts des contribuables, et sapera certainement encore plus la position des USA dans le monde.

Sina Toossi est rédacteur en chef adjoint de Right Web, un projet de surveillance des bellicistes qui essayent d’influencer la politique étrangère américaine.