David Cameron règle le problème des “extrémistes non-violents”

Original article: David Cameron takes on “non-violent extremists”

Article d’origine publié le 26 juillet 2015

Poursuivant sa longue carrière très productive, l’historien David Irving vient d’ajouter une nouvelle plume à son chapeau: le gouvernement britannique l’a en effet choisi comme emblème de sa nouvelle campagne contre l’extrémisme, une distinction qu’il partage avec le bourreau d’internet “Jihadi John”.

C’est cet historien révisionniste qui a bizarrement été cité par le Premier ministre David Cameron comme exemple d’individu qui dépasse les bornes. Dans ce discours marquant, Cameron se plaignait des extrémistes non-violents qui se débrouillent sournoisement pour rester “juste du bon côté de la loi”.

Cameron s’est livré à de la basse médisance en déclarant: “Quand David Irving se rend dans une université pour nier l’Holocauste – les responsables de l’université le dénoncent à juste titre. Ils ne contestent pas son droit de parole, mais ils contestent ce qu’il dit. En revanche, quand un extrémiste islamiste s’y rend pour promouvoir son idéologie délétère, les responsables de l’université regardent trop souvent ailleurs.”

Ainsi, sans s’arrêter sur l’idée ridicule qu’Irving puisse être invité un jour à s’exprimer sur un campus, on est censé croire qu’en s’opposant à lui et à ses livres, on participe “au combat de notre génération”, pour citer Cameron. L’allusion à Irving, tout comme les allusions à Charlie Hebdo et aux conspirations juives sur internet, étaient un simple signal donné à la communauté juive, pour leur assurer que leurs intérêts demeurent au plus près de son cœur. Même le lieu de son discours était une école de Birmingham théoriquement juive à l’origine.

Cameron a expliqué dans son discours que la Grande-Bretagne n’avait pas connu la réussite en dépit de la diversité, mais grâce à elle, même s’il restait à régler le problème de l’extrémisme. Il est difficile d’échapper à la marche conquérante du fondamentalisme islamique en Grande-Bretagne ; depuis les gangs qui préparent les enfants à se faire sexuellement exploiter dans des dizaines de villes, jusqu’à Jihadi John et aux familles entières qui partent rejoindre Isis, en passant par la méthode du “cheval de Troie” utilisée par les Musulmans pour prendre le contrôle des écoles et pour recruter dans les prisons. L’Islam est sans doute aujourd’hui la plus grande force sociale ayant une assise populaire en Grande-Bretagne.

Le même jour que le discours de Cameron, les journaux relataient les nouvelles suivantes concernant le Royaume-Uni: Un étudiant de Cardiff victime en Syrie d’une attaque anti-djihad par “drone” ; Un homme de Luton accusé d’avoir préparé une attaque terroriste contre des militaires américains en projetant de rouler sur l’un d’eux, et de le poignarder ; Un homme de Liverpool cherchait sur internet une quantité de ricine suffisante pour tuer 1000 personnes.

Le discours de Cameron était principalement un discours de remontrance, mais compensé par sa compréhension et sa sympathie habituelles :

Je comprends qu’il est parfois difficile d’être jeune, et plus encore d’être un jeune Musulman, un jeune Sikh, ou un jeune Noir, dans notre pays. Je sais que vous avez parfois d’énormes problèmes d’identité, et le sentiment de ne faire partie ni du courant majoritaire en Grande Bretagne, ni de la culture de vos parents.

Le discours qui m’a rendu le plus fier pendant la campagne électorale est celui où j’ai indiqué ma vision 20/20 de l’avenir pour nos communautés noires et ethniquement minoritaires: 20% d’emplois en plus ; 20% de places d’université en plus ; 20% de places d’apprentis supplémentaires ; et des forces de la police et de l’armée bien plus représentatives de la population qu’elles servent.

Et il ne s’agit pas simplement de représentation — il s’agit d’atteindre des positions d’influence, de direction et de pouvoir politique. Cela signifie aussi plus de magistrats, de directeurs d’école, de membres du Parlement, de conseillers, et disons le, plus de ministres.

Et tant que l’injustice demeurera — que ce soit le racisme, la discrimination ou l’écoeurante islamophobie — vous aurez peut-être l’impression qu’il n’y a pas de place pour vous en Grande-Bretagne. Mais je veux que vous le sachiez: il y a une place pour vous et je ferai tout mon possible pour vous soutenir.

Ce qui frappe est que Cameron n’a pas eu un mot de sympathie envers les Blancs, surtout les plus pauvres, qui ont tant souffert des ravages commis par les Musulmans, et qui doivent vivre côte à côte avec eux. Pas un mot pour les parents du fusilier assassiné Lee Rigby, ou pour les gens de villes comme Rotherham [NdT: lieu d’exploitation sexuelle de jeunes adolescentes par des gangs pakistanais] . À l’opposé de la sympathie qu’il distribue aux jeunes musulmans, il dégoulinait de haine pour les pauvres Blancs qui osent se défendre, ou selon son expression, les “néo-nazis haineux” et les “vénéneux extrémistes d’extrême-droite.”

Une minute de réflexion suffit à comprendre qu’il ne peut pas se permettre de reconnaître leurs préoccupations. Cela conduirait à aborder certaines questions délicates. Qui a laissé les musulmans rentrer dans le pays? Pourquoi n’avons-nous pas été consultés ? À l’heure où la communauté musulmane devient en plus en plus puissante et nombreuse, pourquoi supposons-nous qu’ils se comporteront mieux à l’avenir ?

Pour s’en sortir, le premier ministre en est réduit à nous faire descendre comme Alice au Pays des Merveilles dans le tunnel du lapin blanc, un tunnel familier fait de baratin psychologisant et de rationalisations farfelues. Les jeunes musulmans souffrent de n’être pas rattachés à la société, ce qui provoque une crise d’identité. Leur comportement est causé par le racisme, la pauvreté et l’aliénation, ainsi que par un machin dénommé “échec de l’intégration.”

Et tout cela ne sert qu’à nous empêcher de penser ce que tout le monde sait déjà — que chaque aspect de leur comportement, depuis leur criminalité jusqu’au terrorisme et aux abus sexuels sur des enfants, tient au fait que les musulmans sont des musulmans. Ils se comportent partout ainsi, et le problème n’existerait pas s’ils n’étaient pas chez nous.

Et donc, qu’est-ce qu’un extrémiste non-violent ? Qui décide ce qu’est un discours qui n’est pas illégal, mais pas permissible non plus ? Quand doivent sortir les nouveaux codes de réglementation de l’expression ? Le projet de loi contre l’extrémisme sera dévoilé à l’automne. On en sait déjà plus depuis que le Ministre de l’Intérieur a révélé qu’il était prévu la création de listes noires pour empêcher les “extrémistes” de travailler dans le secteur public. (Les membres de partis de droite se font déjà couramment licencier dans le secteur privé, même si cela doit se faire prudemment pour éviter d’enfreindre le droit européen).

Il est également prévu d’introduire des “ordonnances de perturbation de l’extrémisme” qui permettront d’interdire à certaines personnes d’accéder à l’internet ou de prendre la parole lors d’évènements publics, de manifestations, ou de réunions. Ces “extrémistes” devront également informer la police à l’avance de leur intention d’assister à un évènement public, une manifestation, ou une réunion. Un “extrémiste” pourrait être quelqu’un qui critique la Charia ou le mariage gay.

Ces nouveaux procédés sont des variations sur des thèmes anciens. Le ministre de l’Intérieur veut interdire aux “prédicateurs radicaux et aux néo-nazis” de passer à la télévision. Les sociétés d’accès à l’internet seront encouragées à identifier les terroristes potentiels. Des passeports seront retirés.

Dans le cadre de la lutte contre la radicalisation, le programme phare du gouvernement s’appelle PREVENT. Doté d’un budget annuel de 40 millions de livres, il a engendré un vaste réseau d’universitaires, de groupes communautaires et d’agences diverses qui se font tous concurrence pour une part du magot. Comme toutes les bureaucraties gouvernementales, ce programme a commencé à prendre une vie autonome et est à l’origine de conférences et de travaux universitaires consacrés à des questions ésotériques. Par exemple, il s’agit de savoir si la colère des jeunes gens aliénés est récupérée par l’Islam, ou si c’est l’Islam qui inspire directement la violence.

Le langage de l’État thérapeutique aide à se protéger de la réalité. D’un bout à l’autre du pays, on a transféré des officiers de police pour les faire travailler sur une partie du programme PREVENT dénommée “CHANNEL”. Ils s’appliquent à identifier les “personnes vulnérables” à ce mal mystérieux nommé “radicalisation”. Les jeunes sont alors munis de “packs de soutien” personnalisés, et reçoivent un tutorat qui peut inclure n’importe quelles activités, depuis le football et le tennis de table, jusqu’à l’apprentissage d’un métier.

Cette semaine, une émission de radio de la BBC s’intéressait au programme CHANNEL en cours dans le Northamptonshire. Deux sympathiques officiers de police, Shaun et Jason, y expliquaient que leur travail ne consistait pas à criminaliser ou arrêter les gens. “Je ne sais même pas si je me rappelle encore comment on fait une mise en garde”, déclarait l’un d’entre eux en riant.

Le travail de Shaun et Jason est de changer les esprits, éventuellement par le tutorat. Ils se sont occupés d’un jeune homme qui avait été endoctriné par des idéologies d’extrême-droite. Un point tournant de son parcours a été sa visite d’un centre de l’Holocauste, puis sa rencontre avec un survivant de l’Holocauste. Une réussite totale. Apparemment.

Un nouveau règlement a été introduit l’année dernière qui impose à certaines professions, comme les enseignants et les médecins, l’obligation légale de prévenir la police à chaque fois qu’ils pensent que quelqu’un est en train de se faire “radicaliser.” Il en a résulté beaucoup de travail supplémentaire pour Shaun et Jason, qui pensent traiter trois fois plus de cas que l’année dernière. Déjà trois cas cette semaine-là, disaient-ils au journaliste de la BBC, avec une répartition de 60% pour l’islamisme et 40% pour l’extrême-droite. Chaque cas est évalué par un jury de professionnels de la santé, par des agents de probation, des psychologues et des animateurs qui suivent les progrès des “jeunes vulnérables.” (Cette vidéo donne un avant-goût du programme.)

Et donc, quels sont les signes avant-coureurs ? Quelqu’un semble-t-il en colère et renfermé ? Peut-être ces gens sont-ils en train de changer de coiffure et de tenue vestimentaire parce qu’ils nourrissent des griefs contre l’autorité. Expliquer en quoi c’est différent du comportement standard des adolescents ne faisait par partie des sujets explorés.

On trouve ailleurs en Europe des programmes similaires à PREVENT, qui visent souvent la résistance blanche de manière plus directe. En Suède, le programme EXIT a été créé en 1998 pour faciliter la “transition” des jeunes qui sont passés par des groupes liés au “suprémacisme blanc”. Il repose sur le postulat que ceux qui joignent ces groupes ne sont pas motivés par l’idéologie, mais par une quête d’identité et de statut social, le besoin de se sentir soutenu et moins impuissant. Le programme propose des maisons d’hébergement, des formations, et six à neuf mois de soutien, en moyenne.

En Allemagne, le Réseau de Prévention de la Violence se concentre sur les prisonniers de l’extrême droite. Il propose un programme de 23 semaines coûtant 8000 Euros par personne. Mais les résultats ne peuvent pas être évalués, car cela nécessiterait des financements supplémentaires.

Pendant ce temps, au Danemark, les villes de Copenhague et Aarhus sont le théâtre d’un programme pilote intitulé “Déradicalisation –Intervention ciblée”. Il est géré à la fois par la police et par le service de renseignement. Il semble viser à la fois les Islamistes et les Blancs.

Et en Grande-Bretagne, de nouvelles mesures sortent déjà. L’internement informel a déjà été réintroduit dans le cas du nationaliste blanc Joshua Bonehill. Ce nationaliste non-violent s’est vu refuser sa liberté sous caution en attendant sa comparution prochaine le 21 septembre, après qu’il ait été accusé de la publication ou distribution de matériel écrit destiné à inciter la haine raciale. Il avait déjà la distinction douteuse d’avoir été la première cible en Grande Bretagne d’une Ordonnance contre le Comportement Anti-Social sur internet. Il a aussi fait l’objet d’une interdiction d’entrer à Londres pour participer à une manifestation anti-Shomrim [NdT: lien].

Comment le discours du Premier Ministre a-t-il été reçu par les Musulmans ? Assez mal, et c’est une interprétation charitable des réactions. Un chroniqueur a eu l’impression que ce discours présentait à tous points de vue la marque des conseillers néoconservateurs du Premier ministre.