Le Black-out des Médias sur l’Affaire ZBT
English version: “The ZBT Media Blackout”
Article d’origine publié le 2 mai 2015
Quand on pense aux fraternités [NdT: clubs d’étudiants, aux États-Unis], rien de ce qu’on y associe habituellement ne plaît à la gauche. C’est sans doute pourquoi la fraternité Phi Kappa Psi, à l’Université de Virginie (UVA), s’est trouvée dans la ligne de mire de Sabrina Rubin Erdely. [NdT: En décembre 2014, le magazine Rolling Stones a publié un article de Sabrina Erdely accusant faussement des membres d’une fraternité de l’Université de Virginie d’y avoir commis un viol collectif.] Sabrina Erdely n’avait-elle pas décrit les étudiants de l’UVA comme “une multitude d’étudiants athlétiques, à la peau bronzée, et blonds pour la plupart d’entre eux” —sans aucun doute de la graine de nazi, dans son imagination ethnique hyperactive.
On s’étonne donc de trouver une fraternité qui se livre aux activités suivantes: cracher sur d’anciens combattants et blessés de guerre de l’armée américaine, leur lancer des bouteilles de bière, ou encore, arracher les drapeaux américains qui ornent les voitures d’anciens combattants pour uriner dessus.
C’est pourtant ce qu’ont fait certains membres de la section Zeta Beta Tau (ZBT) de l’Université de Floride, si bien que leur section a été fermée. Aucun des étudiants n’a été renvoyé de l’université.
Jusqu’à ce que la réalité fasse intrusion dans l’affaire [NdT: du faux viol] de l’UVA, les médias s’étaient montrés scandalisés. Par contre, l’incident ZBT n’a pas été rapporté par les médias nationaux. Il a seulement été rapporté par certains médias locaux. C’est très différent de l’incident où des étudiants de l’Université de l’Oklahoma avaient été filmés en train de chanter une chanson désobligeante envers les Noirs — un sujet médiatique d’envergure nationale, avec des articles dans le New York Times, le Los Angeles Times, etc. Dans le cas de l’Université d’Oklahoma, les étudiants concernés ont été renvoyés, malgré les discours très médiatisés de certains grands penseurs qui s’interrogeaient si ces renvois ne violaient pas le droit de liberté d’expression des étudiants.
Cet incident n’a pas été mentionné non plus dans la presse juive. Le Forward et JTA ont publié plusieurs reportages sur ZBT au fil des ans. En Décembre 2014 un article du Forward provenant de JTA notait que la maison de la fraternité ZBT était l’une de plusieurs “maisons historiquement gréco-juives”. Cet article faisait suite aux allégations de viol à l’UVA et mettait en avant le rôle de ZBT dans la lutte contre le viol sur les campus. Les paroles d’un rabbin y étaient citées afin de bien placer le sujet dans son contexte: “Prévenir la souffrance, c’est ce que nous faisons en tant que Juifs, et guider les gens sur les chemins de la guérison suite à un traumatisme, c’est aussi ce que nous faisons”. Aucune précision quant à savoir si ZBT tend la main aux anciens combattants blessés de guerre.
Andrew Joyce évoquait la très ancienne réputation qu’ont les Juifs de la diaspora, depuis l’époque romaine, d’éviter le service militaire. Un tel comportement, vu le mépris affiché envers les symboles du patriotisme américain, alimente évidemment la controverse sur le manque de loyauté des Juifs envers les nations de la diaspora. Joyce cite un travail universitaire réalisé par Derek Penslar à propos des juifs et de l’armée. Penslar y écrit, à propos du nombre de Juifs enrôlés dans l’armée américaine pendant les guerres d’Irak et d’Afghanistan, que les Juifs “étaient décidément sous-représentés. … Les Juifs américains et l’armée américaine ne sont toujours pas faits pour s’entendre” — et cela, malgré le rôle clair et décisif du Lobby pro-israélien dans la promotion de la guerre d’Irak.
En tout cas, le comportement de la section ZBT de l’Université de Floride semble confirmer cette déclaration de Penslar.
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