Johann von Leers (1942): Antagonisme Judéo-Islamique des Origines
Johann von Leers (1942): Antagonisme Judéo-Islamique des Origines
Judentum und Islam als Gegensätze”[1], apporte un éclairage intéressant sur les débuts de l’islam dans la péninsule Arabique, laquelle, selon Johann von Leers, n’aura échappé à l’emprise du judaïsme que grâce à la foi de Mahomet – qui déplace des montagnes – et à l’efficacité de son action militaire.
Un des intérêts de l’article est de montrer que l’antagonisme judéo-musulman ne date pas d’hier, qu’il remonte aux origines de l’islam, et que ce n’est pas la première fois que les Juifs essaient de nous y entraîner à leurs côtés: c’était déjà le cas au moment de la première croisade.
* * *
Il n’est pas inintéressant de lire parfois des historiens juifs – non parce qu’on pourrait y trouver une quelconque vérité, mais pour en tirer un aperçu de leur psychologie. Or, ici, ce qui saute immédiatement aux yeux du lecteur, c’est que chaque fois qu’ils en viennent à présenter Mahomet et l’Islam, les Juifs se font violemment hostiles, voire haineux. Ainsi, Simon Dubnow, évoquant Mahomet dans sa Weltgeschichte des jüdischen Volkes[2], ne manque pas de faire remarquer qu’il était analphabète et d’ajouter :
C’est ainsi que grandit dans l’âme de ce demi-Bédouin, sous la forme d’une passion dévastatrice qui lui fait concevoir une « guerre sainte » dans laquelle tous les moyens seraient bons, l’idée du monothéisme. La connaissance de Dieu n’est nullement associée, dans l’esprit de Mahomet, à cette noble conscience morale qui rend si séduisant le monothéisme des prophètes bibliques ou même de la doctrine évangélique. De sa personnalité, telle que l’histoire de sa vie nous la révèle, n’émane aucune aura de sainteté si propre à captiver l’imagination du fidèle rétif aux abstractions de la révélation. L’histoire de la vie du « messager d’Allah », ainsi que celle du Coran lui-même, est pleine d’exemples de manières de parler et d’agir indignes de qui prétend fonder une religion. Derrière le masque du prophète se cache trop souvent le visage du demi-sauvage : l’illumination le dispute à la passion brute du bédouin qui à la guerre assassine sans pitié et ne se gêne pas d’ajouter à son harem la femme ou la fille de l’homme assassiné. Tous ces traits de caractère de Mahomet s’expriment dans sa conduite à l’égard des Juifs d’Arabie.
Il ne s’agit pas là d’historiographie, mais de diatribe vindicative et de calomnie. Tout d’abord, Mahomet n’était pas un Bédouin, ou un demi-Bédouin, mais un membre de la vieille noblesse Quraish établie à La Mecque; ensuite, à la manière dont il le présente, il est clair que Dubnow n’a jamais lu une page du Coran. Mais ce que ce passage expose au grand jour, c’est cette haine inexpiable que vouent les Juifs, même après 1400 ans, à l’homme qui a créé la religion la plus jeune et la plus répandue dans le monde.
Le conflit entre Mahomet et les Juifs n’est pas très connu, mais est particulièrement intéressant. Dès avant la destruction de Jérusalem par l’empereur Titus (70 après J.-C.), il y avait des Juifs présents dans la péninsule arabique; mais ensuite, ils sont arrivés par tribus entières s’établir dans les villes arabes et se sont aussitôt activé à y établir la domination du judaïsme. Il y avait en particulier les trois tribus, Banu Qaynuqa, Banu Nadir et Banu Qurayza[3] principalement établies dans la ville de Yathrib. [4] C’est de là que l’agitation juive irradiait, de là que les Juifs ont commencé à prendre l’ascendant sur les deux grandes tribus arabes, les Aws et les Khazraj, [5] en les montant l’une contre l’autre, de sorte à se rendre maîtres de la ville. Il s’agissait d’une pénétration coloniale et commerciale, mais surtout d’une pénétration intellectuelle. Bien sûr, des influences chrétiennes se sont également faites sentir en provenance de Byzance et d’Abyssinie, mais de toutes les religions étrangères, c’est le judaïsme qui a été le plus en vue.
Par la suite, les Juifs ont tenté de démontrer combien l’Islam avait emprunté au Judaïsme. C’est typique de la vantardise juive de se considérer toujours à l’origine de toutes les innovations. En réalité, de nombreux points sur lesquelles l’islam et le judaïsme sont superficiellement en accord ne sont pas empruntées au judaïsme, mais à d’anciennes coutumes orientales. L’interdiction de la viande de porc, par exemple, est une pratique ancestrale qui relève en Orient de l’hygiène, car, compte tenu du climat, cette viande grasse est malsaine et présente en outre le danger de la trichinose. Si le Coran fait référence ici ou là à des éléments de la culture juive, ce n’est pas que Mahomet aurait cherché à copier les Juifs, c’est que, de par le prosélytisme juif, un certain nombre de leurs légendes et visions du monde avaient infusées dans le monde arabe. Si cette pénétration s’étaient poursuivie sans entrave, il est bien possible qu’une grande partie de la population de la péninsule se serait judaïsée, tout comme par la suite elle a accepté l’islam. Les Juifs auraient alors été en mesure de déchaîner à leur profit toutes les forces militaires et politiques du peuple arabe, grâce auxquelles les premiers califes ont établi leur puissant empire. Les troupes de cavalerie qui, plus tard, sous Omar, [6] ont conquis l’Égypte et la Perse, puis poussé vers l’Espagne et l’Inde, aurait bataillé pour le Talmud. La catastrophe pour l’ensemble de l’humanité aurait été effroyable.
Les Arabes de la période préislamique n’avaient pas grand-chose à opposer aux Juifs. La croyance en leurs anciens dieux des cités et du désert s’était évaporée, ne correspondant plus aux exigences intellectuelles du temps. On sait qu’à cette époque, des hommes exploraient des voies, les « hanifs »[7], ces sages à la recherche d’une ascèse et d’une règle de vie conforme à la volonté de Dieu. Le peuple vivait une crise religieuse et cherchait une issue.
Mohammed ibn Abdallah, encore enfant, aurait croisé un moine (catholique) qui aurait vu en lui le futur porteur de la foi et qui aurait encouragé ses compagnons à le protéger des Juifs qui, prévenait-il, tout au long de sa vie, lui mettraient des bâtons dans les roues. Il est très possible que le jeune Mohammed ait été capable, déjà à l’époque, de porter des jugements sur les Juifs de nature à impressionner ce moine si fin psychologue. Mais ce n’est que vers la quarantaine, après une vie commercialement couronnée de succès, que Mahomet a été ébranlé et happé par la question religieuse. L’illumination lui est venue dans la solitude des grottes montagneuses autour de La Mecque. Müller dit à juste titre[8] – et cette déclaration d’un spécialiste Allemand diffère singulièrement des éclats d’un Dubnow :
Les quolibets n’auront pas manqué, on l’aura traité de fou, d’affabulateur, d’escroc – mais la rectitude sans faille de sa conduite, la régularité constante de sa vie, n’ont jamais été remises en cause et transparaissent clairement encore aujourd’hui dans le Coran. … La totale sincérité de sa foi durant la période mecquoise peut encore moins être mise en question. L’angoisse poignante qui a précédé la vision décisive, la ténacité avec laquelle cet homme a poursuivi son prêche durant plus d’une décennie, au milieu des persécutions les plus sévères, allant jusqu’aux menaces directes pour sa vie, et ce, sans la moindre garantie de succès, sont autant d’éléments qui témoignent de la puissance de l’inspiration qui l’avait saisi et amené, presque indépendamment de sa volonté, à la conviction ferme qui s’imposait à lui que c’est Dieu lui-même qui lui parlait: c’est là l’image d’un authentique prophète.
Pendant des années, il a inlassablement martelé à La Mecque son sermon selon lequel il n’y a qu’un seul Dieu, l’unique, le miséricordieux, le roi au jour du Jugement. À la Trinité des chrétiens, il opposa l’unicité de Dieu, écarta la doctrine chrétienne du péché originel et du salut et donna à chaque croyant comme principe directeur l’accomplissement complet des commandements du Bien, donnés par un Dieu miséricordieux et juste devant lequel chaque homme devra rendre compte de ses actes. La caste dirigeante restant accrochée au culte idolâtre, il ne parvenait pas à élargir son cercle de fidèles au-delà de sa famille. C’est alors qu’il entra en contact avec la tribu des Yathrib, des Arabes qui avaient eux aussi entendu parler de la prophétie juive du Messie. Il parvint à les rallier à l’islam. Le 20 septembre 622, il quitte la Mecque pour Médine. Là, par des tractations très habiles, il réussit à réconcilier les deux tribus arabes rivales, les Aws et les Khasraj, se constituant un socle politique solide.
Mais à Médine, il entrait aussi pour la première fois en contact avec le problème juif. Il croyait au triomphe du Bien sur Terre, il était fermement convaincu que la religion du Dieu unique, avec ses principes simples et faciles à mettre en pratique, était la religion originelle. Il voulait sortir les hommes de la confusion qui régnait et les mener à la claire vision originelle de Dieu et, puisqu’il avait affaire à des gens sous influence du christianisme et du judaïsme, il leur disait que c’était la religion qu’Abraham (Ibrahim) avait déjà eue, que le Christ et Moïse avaient annoncée, sauf que les hommes l’avaient à chaque fois défigurée. Cela lui avait été révélé à nouveau par Dieu. Il voulait faciliter le chemin aux chrétiens comme aux juifs; c’est pourquoi il avait demandé au départ que les prières se fassent en s’orientant vers Jérusalem. Il soulignait en permanence qu’il ne souhaitait que purifier les religions existantes et perpétuer la religion révélée, la religion originelle.
En même temps, c’était un homme d’État avisé. Avec l’unification des deux tribus arabes, les Juifs devenaient minoritaires à Médine. Mahomet leur octroya une sorte de concordat [9]; ils pouvaient conserver leur hiérarchie et leur religion, en échange, ils devaient participer à la défense de la cité, ne pas s’allier aux ennemis de Mahomet et s’acquitter d’une taxe pour le djihad. Les Juifs auraient pu se satisfaire du compromis. Au lieu de cela, ils ont tenté de rameuter la population et de la monter contre l’islam, coupable d’oublier la promesse de domination du monde faite aux Juifs par Yahvé. Les Juifs n’avaient de cesse de pousser Mahomet dans ses retranchements. Par le mépris, les questions retords, toutes les ressources de la dialectique talmudique, ils tentaient de réduire à néant sa révélation. Ils se déchaînaient contre lui ouvertement et secrètement. La patience de Mahomet était à bout:
Ceux auxquels Nous avons confié les Écritures se réjouissent de ce qui t’a été révélé, tandis que certains, parmi les impies qui se sont ligués contre toi, en renient une partie. (Coran, sourate 13,36)
Il modifiait alors la direction des prières vers la Mecque, annulait les fêtes des jours d’expiation qui coïncidaient avec des fêtes juives et introduisait à la place le jeûne du Ramadan; il opposait l’appel à la prière du muezzin à celui du shofar, la corne de la synagogue juive. Lorsque les Mecquois l’ont attaqué et que, lors de la bataille de Badr [10] – au cours de laquelle retentit pour la première fois l’appel triomphal de la victoire « Il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu » – il les a défaits, les Juifs ont commencé à ruminer une profonde rancœur à l’égard de l’islam. Le juif Ibn al Ashraf [11] composait un poème élégiaque pour les Mecquois déchus où il déclarait préférer les anciennes idoles des Arabes à la religion de Mahomet. Le juif Abu ‘Afak[12] demandait aux Arabes de Médine, dans un infâme poème satirique, de chasser Mahomet. Il était évident que les Juifs cherchaient à combattre l’unification des peuples arabes par l’islam. Le prophète répliquait:
Les pires animaux devant Dieu sont ceux qui ne croient pas, ceux qui ne reviennent pas à la foi, ceux avec qui vous avez conclu un contrat, mais qui le rompent sans vergogne dès qu’ils en ont l’occasion. Ô Messager, si tu affrontes au combat ces gens, inflige-leur le pire des châtiments afin que cela dissuade ceux qui leur ressemblent de te combattre et de monter tes ennemis contre toi; Dieu n’aime pas les traîtres. (Coran, sourate 8,57)
Lorsque les Juifs de la tribu des Banu Qaynuqa ont violé une musulmane, il a mis le siège devant leur quartier et les a forcés à rendre les armes. Seule l’intercession de l’influent Abdallah ibn Ubayy [13] les a sauvés et leur a permis de sortir, mais même sur son lit de mort, il a dit à Abdallah : « Ô Abdallah, ne t’ai-je pas dissuadé de ton amour pour les Juifs ? Mais tu ne m’as pas écouté ».
Mais les autres tribus juives ne valaient pas mieux. Un Juif qui avait composé des vers satiriques, Kaab ibn al Ashraf[14], était tué par un musulman pour avoir publiquement critiqué Mahomet. Les Banu Nadir, avec lesquels un nouveau concordat avait été conclu, profitèrent d’une défaite des musulmans à la bataille d’Uhud [15] pour redevenir immédiatement hostiles. De cette période, Son Éminence le Grand Mufti de Jérusalem, Haj Amin el Husseini[16], rapporte les faits suivants[17] :
Alors que Mahomet vivait en bonne entente avec les Juifs, certains se préparaient à attenter à sa vie. Ils persuadèrent un homme de jeter un lourd bloc de pierre sur la tête de Mahomet. Une voix intérieure l’avertit de quitter la place, et les traîtres ne purent ainsi mettre leur plan à exécution. Mahomet envoya l’un de ses procureurs auprès des Juifs et leur fit dire qu’ils devaient quitter la ville dans les dix jours. Ils avaient rompu le contrat qu’ils avaient passé avec lui puisqu’ils en voulaient à sa vie. Tout juif qui serait trouvé dans la ville après dix jours serait puni de mort.
Dès qu’il eut repoussé l’attaque des Mecquois, Mahomet les poursuivit et les expulsa. Malgré leurs puissantes fortifications, les Juifs durent partir. Mahomet en a consigné le souvenir dans la sourate 59:
Tout ce qui se trouve dans les cieux et sur la terre célèbre la gloire d’Allah, le Tout-Puissant, l’infiniment Sage. C’est Lui qui, lors de leur premier exil, a chassé de leurs foyers ceux des gens du Livre qui ont rejeté la foi [1404]. Vous ne pensiez pas qu’ils partiraient et eux-mêmes s’imaginaient que leurs forteresses les protégeraient d’Allah. Mais Allah leur a infligé un châtiment auquel ils ne s’attendaient pas, remplissant leurs cœurs d’effroi, si bien qu’ils se sont mis à démolir leurs maisons de leurs propres mains [1405], aidés par les croyants qui les assiégeaient. Tirez-en des leçons, vous qui êtes doués de raison ! . … Ils se sont en effet opposés à Allah et Son Messager. Que celui qui ose s’opposer à Allah sache qu’Il le châtiera avec la plus grande sévérité.
Mais même la dernière tribu juive, les Banu Qurayza, avait trahi le pacte. Ils s’associèrent au chef des Banu Nadir exilés, le Juif Huyayy ibn Akhtab. Ils levèrent une grande armée contre Mahomet et exigèrent de lui qu’il leur livra la Mecque. Mais Mahomet réussit à forcer la retraite des assiégeants en utilisant un stratagème très habile – une grande fosse qu’il avait fait creuser empêchait les attaques de la cavalerie ennemie. Il pourchassa les Banu Qurayza, encercla leur quartier dans la ville et les obligea à se rendre. Les Juifs pensaient peut-être qu’ils s’en sortiraient avec une simple expulsion, mais Mahomet remit la décision concernant leur destin au cheikh de la tribu d’Aws, Saad ibn Muadh [18], qu’ils avaient blessé: celui-ci exigea l’exécution des Juifs. Les 600 hommes de la tribu furent ainsi tués. C’est la seule exécution de masse que le doux Mahomet ait jamais autorisée et elle était, selon la loi martiale, tout à fait permise puisque les Juifs avaient commis une trahison en tant qu’alliés armés. Les Banu Qurayza furent ainsi exterminés, mais les survivants s’enfuirent à Khaybar[19]. Mahomet assiégea cette ville à son tour. En 628, il les obligea à se rendre. Une vieille légende islamique rapporte que la Juive Zaynab [20] invita Mahomet à un repas pour fêter la conclusion d’une capitulation honorable. Elle lui proposa un ragoût épicé. Le porteur d’armure de Mahomet, Bashir ibn al Baraa, s’empressa d’en manger un morceau, mais Mahomet n’avala pas sa première bouchée tant elle lui parut immangeable, et déclara immédiatement que la viande devait être empoisonnée. Le porteur d’armure mourut des suites de l’empoisonnement. Mais c’est depuis, dit-on, que Mohammed avait souffert d’une mauvaise santé.
On sait que les Juifs se vantent encore aujourd’hui d’avoir empoisonné Mahomet. Dubnow [21] écrit avec une joie non dissimulée:
Aujourd’hui encore, les Juifs se réjouissent de ce crime ! Ils aiment se rappeler comme même à Médine, ils avaient de nouveau cherché à diviser les tribus arabes et à les détourner de l’islam, comme de nouveau ils avaient récité les vieux chants de guerre des batailles que les Arabes avaient livrées entre eux, et comme Mahomet lui-même avait dû se rendre à Médine pour y remettre bon ordre. Dans les dernières années de sa vie, Mahomet combattit systématiquement les Juifs, les chassa de Tayma [22] et de Wadi al Qura [23], leur permettant à la rigueur de rester dans certains endroits moyennant le paiement d’une taxe. Le Coran est plein d’avertissements concernant les Juifs, qui sont appelés simplement « Satans ». Mahomet avait également observé que de nombreuses personnes se laissent régulièrement corrompre par les Juifs :
Certes, ce sont eux les véritables corrupteurs, mais ils ne s’en rendent pas compte. Et quand on leur dit: “Croyez comme les gens ont cru”, ils disent: “Croirons-nous comme ont cru les faibles d’esprit?” Certes, ce sont eux les véritables faibles d’esprit, mais ils ne le savent pas. (Koran II, Sura 12,13)
Abu Hurayra [24] rapporte la déclaration suivante du grand homme de Dieu : « Le jour du Jugement ne viendra que lorsque les musulmans auront vaincu les Juifs en les exterminant, lorsque chaque pierre et chaque arbre derrière lesquels un Juif s’est caché dira aux fidèles : “Derrière moi se tient un Juif, tuez-le”. Même sur son lit de mort, Mahomet aurait dit : « Il ne doit pas y avoir deux religions en Arabie ». Un de ses successeurs, le calife Omar, a définitivement chassé les Juifs d’Arabie. Dans tous les pays de loi islamique, les Juifs étaient soumis à des contraintes très strictes qui les empêchaient de nuire. Les chroniqueurs de l’époque s’accordent à dire que les Juifs étaient l’objet d’une méfiance constante. Il est vrai que de leur côté, les Juifs haïssaient l’islam du plus profond de leur âme.
Il convient ici de remarquer que les croisades ne sont pas parties de rien, à l’origine, on trouve une « Réfutation » de l’islam rédigée par le Juif baptisé Petrus Alfonsi [25]; cette réfutation est littéralement la seule source polémique de la première croisade de 1096 à 1099. La déformation des doctrines et la critique de la personnalité de Mahomet que ce juif avait concoctées sont ensuite passées dans la littérature de l’Église contre l’islam et se retrouvent chez les moines Petrus Reverendus, Gualterus de Sens, Guibert de Nogent Sous-Coucy [26], l’évêque Hildebert du Mans[27] et d’autres, principalement des écrivains français, qui, en déformant délibérément l’islam – mais toujours sur la base de l’œuvre empoisonnée de Petrus Alfonsi – ont déclenché la fièvre de la croisade en Europe.
L’hostilité de Mahomet à l’égard des Juifs ne sera pas restée sans effet: l’islam a complètement paralysé les Juifs d’Orient, il leur a brisé les reins. Les Juifs d’Orient n’ont joué qu’un rôle minime, voire nul, dans la montée en puissance de la juiverie au cours des deux derniers siècles. Méprisés, les Juifs végétaient dans les ruelles sales des mellahs [28], vivaient sous une loi spéciale qui ne leur permettait pas, comme en Europe, l’usure ou le commerce de biens volés, mais les maintenait sous la pression de la peur. Si le reste du monde avait procédé de la même manière, la question juive n’existerait pas aujourd’hui. Il convient toutefois d’ajouter qu’il y a également eu des dirigeants islamiques – dont les califes espagnols de la maison de Muawiya[29] – qui n’ont pas adhéré à la haine atavique de l’islam envers les Juifs – à leur détriment. […]
Traduction Francis Goumain
Source
Johann von Leers: ‘Judaism and Islam as Opposites’ (1942) – The Occidental Observer
[1] Published in Die Judenfrage, VII, pp. 275-278, 15 December 1942.
[2] Berlin, Vol. III, pp. 282ff.
[3] [The Jewish tribes seem to have moved from Judaea to the western coast of Arabia particularly after the Jewish-Roman wars of 66–135.] [All notes in box-brackets are by the translator.]
[4] [The old name of Medina]
[5] [These tribes had arrived in Arabia from Yemen. Mohammed’s great-grandmother belonged to the Khazraj.]
[6] [Omar ibn al Khattab (ca.583–644) was, after Abu Bakr, the second caliph and father-in-law of Mohammed.]
[7] [Hanifs are pre-Islamic Arabs who were Abrahamic monotheists though they were neither Jewish nor Christian.]
[8] August Müller, Der Islam im Morgen- und Abendlande, Vol.1, 57.
[9] [In the so-called ‘Constitution of Medina’ dated around 622.]
[10] [The Battle of Badr was fought in 624 near the present-day city of Badr in Saudi Arabia. It was won by Mohammed against the Meccan tribe of Qureshi led by Amr ibn Hisham. The Hashim clan to which Mohammed belonged was also part of the Qureshi, who were polytheists.]
[11] [Ka’ab ibn al Ashraf (d.ca.624) was a Jewish contemporary of Mohammed.]
[12] [Abu Afak (d. ca.624) was a Jewish poet who was killed on Mohammed’s orders.]
[13] [Abdallah ibn Ubayy (d.631) was a Khazraj chieftain in Medina.]
[14] [Kaab ibn al Ashraf (d.ca.624) was a Jewish leader and poet.]
[15] [The Battle of Uhud was fought after the Battle of Badr, where the Quraysh were defeated. At Uhud the latter succeeded in encircling the Muslims and stopping their advance.]
[16] [Amin al Husseini (1897-1974) was the Palestinian Grand Mufti of Jerusalem from 1921 to 1948. He also composed a tract in 1943 called Islam i Židovstvo (Islam and Judaism) for the SS Handschar, which was constituted mainly of Bosnian Muslims.]
[17] In the excellent work of Mohammed Sabry, Islam, Judentum und Bolschewismus [Berlin, 1938].
[18] [Saad ibn Muadh (ca.590-627) was a companion of Mohammed.]
[19] [Khaybar is an oasis near Medina that had been inhabited by Jewish tribes until the Battle of Khaybar in 628.]
[20] [Zaynab bint al Harith (d.629) was a Jewish woman who attempted to assassinate Mohammed after the Battle of Khaybar.]
[21] Op.cit., Vol.III, p.403.
[22] [An oasis in northwestern Arabia.]
[23] [A river bed north of Medina.]
[24] [Abu Hurayra was a companion of Mohammed who authored several hadiths, or narrations relating to the life of Mohammed.]
[25] [Petrus Alfonsi (d. ca.1116) was a converted Jew whose Dialogi contra Judaeos (1110) included refutations of Islam.]
[26] [Guibert de Nogent (ca.1055-1124) was a Benedictine historian and theologian who wrote a history of the First Crusade called Dei gesta per Francos (God’s deeds through the Franks, 1108).]
[27] [Hildebert de Lavardin (ca.1055-1133) was Bishop of Le Mans and, from 1125, Archbishop of Tours.]
[28] [A mellah is a fortified Jewish quarter in mediaeval Morocco.]
[29] [Muawiya (ca.500-680) was the first caliph of the Syrian Umayyad dynasty. An offshoot of the Umayyad dynasty ruled the Caliphate of Cordoba in Al Andalus.]