ADL: “Les théoriciens du complot blâment les Juifs pour les événements en Syrie”
Original appeared 26 septembre 2013; English version here
La “respectable association de défense des droits civils” reprend sa vieille habitude. L’ADL me colle l’étiquette de “théoricien de la conspiration” pour avoir présenté des documents qui montrent le soutien général de la communauté juive organisée au principe d’une attaque militaire américaine contre la Syrie (“ADL: Les théoriciens du complot blâment les Juifs pour les événements en Syrie“). Il y a aussi l’affirmation que je suis un “extrémiste” —ce qui semble curieux, de la part d’une organisation qui prône l’immigration vers les États-Unis de dizaines de millions de personnes venant du monde entier.
Kevin McDonald, un professeur antisémite de psychologie à Long Beach, à l’Université d’État de Californie, a écrit sur L’Occidental Observer un article daté du 2 septembre affirmant que “Le contretemps [qui remet à plus tard l’action militaire en Syrie] donne au Lobby pro-israélien l’occasion d’intensifier ses efforts pour faire grimper les résultats des sondages et pour faire pression sur le Congrès. “
Depuis si longtemps que je suis sur leur liste des pires antisémites, on aurait espéré qu’ils apprennent au moins à écrire mon nom correctement. Leur article ne donne aucun lien vers l’article incriminé écrit par moi, si bien que le lecteur se retrouve seulement avec un nom mal orthographié et un lien vers la fiche écrite à mon sujet sur le propre site de l’ADL (où ils réussissent cette fois à bien écrire mon nom). D’ailleurs, ils ne donnent de lien pour aucun des articles ou vidéos produits par les “extrémistes marginaux et anti-sémites” dont le communiqué de presse de l’ADL dresse la liste — sans doute parce que l’ADL préfère que ses lecteurs ne voient pas ce qu’ils ont dit en réalité.
L’objet de la colère de l’ADL est un article posté le 1er septembre, “Le Lobby pro-israélien et la communauté juive organisée veulent un changement de régime en Syrie“, où j’ai passé en revue tous les sites juifs et (ce qui revient plus ou moins au même) néoconservateurs qui me venaient à l’esprit, pour voir ce qu’ils disaient de l’idée d’une guerre avec la Syrie. Cela incluait l’ADL, et j’ai remarqué que la “respectable association de défense des droits civils” avait tenu un double discours sur la culpabilité d’Assad, et avait une fois de plus utilisé l’Holocauste pour établir son autorité morale dans un contexte moralement douteux. La seule conclusion possible était que l’ADL voulait un changement de régime. Puisque l’ADL ne s’est pas plainte à ce sujet, je suppose qu’ils sont d’accord avec moi sur ce point.
Mon article incluait également des documents pro-guerre provenant d’un large éventail de sites juifs, y compris la principale organisation de lobbying pro-israélien, l’AIPAC. Je n’ai pas pu trouver d’organisations juives importantes s’opposant à une attaque militaire, et donc, j’en ai conclu que l’option militaire était une attitude consensuelle dans la communauté juive organisée, en prenant soin, comme toujours, de faire une distinction entre la communauté juive organisée et l’ensemble des Juifs.
En revanche, le titre du communiqué de presse de l’ADL sous-entend que je crois “les Juifs” responsables des “événements en Syrie”, ce qui est ridicule. Je parlais évidemment de la pression que la communauté juive organisée, y compris le Lobby pro-israélien et l’ADL, exerce sur le gouvernement des États-Unis pour une intervention militaire. Et avant d’avoir fini de rédiger mon article suivant, “Soutien général de la communauté juive organisée pour une intervention en Syrie” (6 septembre), j’étais en mesure d’inclure un lien vers un article du Jerusalem Post (connu pour voir des complots partout) intitulé: “Dépêche: l’AIPAC prête à une campagne intense de lobbying en soutien au plan d’Obama pour des frappes militaires en Syrie“. L’article indique que l’AIPAC était prêt à faire descendre 250 activistes sur Washington pour tordre des bras sur la colline du Capitole.
Donc, effectivement, la communauté juive organisée faisait exactement ce que j’ai dit qu’elle faisait —du lobbying à Washington pour une intervention militaire. Partant de là, il n’est pas farfelu de supposer qu’ils s’efforçaient en même temps d’influencer l’opinion publique, vu les nombreux éditoriaux et nombreuses apparitions dans les médias grand public par des représentants d’organisations comme l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient. De façon surprenante, cet institut semble considéré par la National Public Radio, entre autres, comme une source d’information impartiale.
Heureusement, Vladimir Poutine a coupé court à tout cela en proposant son plan de paix. Obama, le guerrier réticent, a réussi à éviter une défaite désastreuse au Congrès. Et les plans parfaits du Lobby pro-israélien et de la communauté juive organisée sont tombés à l’eau. Le Lobby est furieux en ce moment. Ce qui le fait rager n’est pas seulement que les missiles n’ont pas été lancés sur la Syrie, mais que la paix avec l’Iran est peut-être en train de poindre.
Mais ne croyez pas en avoir fini avec eux. Ils sont plus que persistants. D’ailleurs, M.J. Rosenberg rapporte que l’AIPAC se prépare à “la guerre avec Obama” :
Comment est-il crédible que l’AIPAC fasse adopter au Sénat ses projets de loi pour la guerre ? La réponse est tout simplement que les élections de mi-mandat approchent. Cela veut dire que les membres du Congrès ont besoin d’argent sonnant pour leur campagne. C’est ce qu’apporte l’AIPAC.
Souvenez-vous de ce que disait en 2005 l’ancien numéro 2 de l’AIPAC, Steve Rosen (plus tard inculpé en vertu de la Loi sur l’Espionnage) en s’adressant à Jeff Goldberg, un journaliste du magazine The New Yorker. Goldberg lui avait demandé quel était le pouvoir réel de l’AIPAC. Goldberg a décrit la réponse de Rosen :
Un demi-sourire apparut sur son visage, et il avança une serviette sur la table. “Vous voyez cette serviette?” dit-il. “En vingt-quatre heures, nous pourrions avoir les signatures de soixante-dix sénateurs sur cette serviette.”
Il faut qu’Obama sache à quoi s’attendre. Cela fait dix ans que l’AIPAC pousse à la guerre avec l’Iran. Ses projets de loi pour y parvenir ne seront pas écrits sur des serviettes.