Soutien général de la communauté juive organisée pour une intervention en Syrie

Original posted 6 septembre 2013; English version here

Patrick Cleburne, du blog VDARE, a écrit un article sympathique à propos de la corruption du Parti républicain par Sheldon Adelson (“Syrie: Pourquoi Boehner et Cantor prennent-ils leur base électorale et leur pays à rebrousse-poil ? Parce qu’ils sont atteints du syndrome ADD ! “). [NdT: ADD = Attention Deficit Disorder (Trouble de Déficit de l’Attention)]. Mais ici en fait, le syndrome ADD signifie Adelson Dollar Disorder. Cette expression désigne le penchant des politiciens républicains (Newt Gringrich en est le meilleur exemple) à se prosterner devant l’argent d’Adelson. Cet argent sert principalement à soutenir ceux qui en Israël se montrent les plus agressifs et les plus portés au nationalisme et au racialisme. Cleburne fait également remarquer qu’Adelson illustre parfaitement l’hypocrisie et les doubles standards qui gouvernent les politiques défendues d’une part pour Israël, où Adelson préconise une clôture frontalière inviolable et l’expulsion des clandestins, et d’autre part pour les États-Unis, où il préconise l’amnistie des clandestins, et aucune expulsion.

Une illusion dont se bercent souvent les Juifs est l’idée de “deux Juifs, trois opinions“ — c’est-à-dire l’idée que les Juifs ont toujours tendance à être en désaccord les uns avec les autres. Mais en fait, sur les questions cruciales telles qu’Israël, l’immigration, le multiculturalisme, et le christianisme sur la place publique, la communauté juive parle d’une seule (et très influente) voix. Cleburne signale un article de Bloomberg qui montre le large soutien juif à l’idée d’attaquer la Syrie. (“Soutien de cercles juifs à l’intervention en Syrie – Adelson, nouvel allié d’Obama“). Ce très large soutien est d’autant plus surprenant que, dans le reste de l’Amérique, le Congrès constate une “opposition record” à l’idée d’un raid aérien.

Les récents sondages montraient déjà le peu d’appétit du peuple américain pour une intervention militaire en Syrie. Un sondage publié mardi par le Pew Research Center estime qu’à peine 29% des Américains approuvent l’idée de raids aériens “suite aux témoignages selon lesquels le gouvernement syrien a utilisé des armes chimiques”. Et le même jour, un sondage Washington Post/ABC donnait un chiffre de 36% d’Américains favorables à des raids aériens. … Le député Alan Grayson (Démocrate de Floride), un opposant virulent aux frappes militaires contre le gouvernement syrien, a déclaré aux journalistes après le briefing de mardi dernier qu’un vote pour le recours à la force militaire en Syrie ne passerait pas. “La Chambre n’est pas d’accord, le peuple américain n’est pas d’accord. Ici, on écoute les électeurs”, a t-il déclaré. “Premièrement, l’opinion publique est totalement contre. Deuxièmement, l’opinion publique est violemment contre.” (“Selon les législateurs américains, les électeurs refusent l’intervention en Syrie – Une opposition plus forte que jamais“)

Morris Amitay, ancien chef de l’AIPAC, qui dirige aujourd’hui le Comité d’Action Politique de Washington (dont la devise est “L’intérêt de l’Amérique, un Israël fort et protégé”) est favorable à une intervention militaire. La Coalition Juive Républicaine et le Conseil Juif Démocratique préconisent tous les deux une intervention militaire. L’article de Bloomberg note que l’ADL et la Conférence des Présidents des Principales Organisations Juives Américaines vont aussi dans le même sens.

L’une des tactiques employées est de mentionner que les juifs ont été gazés pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le courrier envoyé à tous les sénateurs et députés des États-Unis par leCentre Simon Wiesenthal commence ainsi: “Il y a soixante-et-onze ans, en août 1942, quelques semaines avant Roch Hachana, le Nouvel An juif, Gerhard Riegner, représentant en Suisse du Congrès Juif Mondial, informait les gouvernements américain et britannique du projet diabolique d’exterminer les Juifs d’Europe par l’emploi de gaz”. Dans ce courrier, un groupe de 17 rabbins, représentant l’ensemble des divers courants religieux juifs, et se présentant comme les “descendants de survivants et réfugiés de la Shoah, dont les ancêtres sont morts gazés dans les camps de concentration”, donnaient leur approbation pour une intervention militaire.

Mais surtout, le gorille de 800 livres (c’est à dire l’AIPAC) ne s’est pas contenté d’émettre une déclaration en faveur d’une intervention militaire. L’AIPAC annonce maintenant qu’il prépare une campagne tous azimuts pour obtenir l’approbation du Congrès. Deux-cent cinquante activistes vont descendre sur Washington pour faire pression sur chaque sénateur et chaque député.

Le montant financier que le lobby israélien réussit à rassembler pour une telle opération est extraordinaire. L’article de Bloomberg rapporte :

La communauté pro-Israël a contribué $14,5 millions aux campagnes fédérales pour les élections de 2012, selon le Center for Responsive Politics. C’est plus que les $11,1 millions de dons provenant de l’industrie aérospatiale militaire, l’un des plus gros et plus constants donateurs politiques.

Il convient de mentionner que l’industrie aérospatiale américaine est massivement entremêlée à celle d’Israël, et que toutes deux ont intérêt à obtenir du Congrès qu’il débloque des fonds pour les entrepreneurs de la défense.

Par exemple, le missile Arrow 3 est une co-entreprise [joint venture] entre Boeing et Israël Aerospace Industries. Le système “Fronde de David” [David’s Sling], un système antimissile à courte portée, a été élaboré conjointement par Raytheon et par Rafael, une autre société aérospatiale israélienne. L’ Institut Juif pour les Affaires de Sécurité Nationale («Sécuriser l’Amérique, Renforcer Israël”) préconise un système de copropriété israélo-américaine pour le système “Dôme de Fer” [Iron Dome], qui est déjà déployé en Israël.

L’engagement financier de Sheldon Adelson est vraiment stupéfiant :

Alors que la plupart des dons financiers par des groupes juifs penchent du côté démocrate, Adelson à lui seul a transformé la primaire républicaine de 2012, lorsque lui et son épouse ont dépensé $15 millions de fonds privés pour soutenir la candidature ratée de l’ancien président de la Chambre Newt Gingrich, avant de verser $53 millions à des groupes qui faisaient la promotion du candidat républicain Mitt Romney. En tout, Adelson et son épouse ont donné $93 millions à des causes républicaines au cours de la campagne 2012, d’après les données du Center for Responsive Politics.

Imaginez si ceux qui défendent les intérêts des Blancs pouvaient compter sur des gens comme Adelson prêts à consacrer 93 millions de dollars à la cause.

Mais au lieu de cela, Adelson, membre du conseil d’administration de la Coalition Juive Républicaine, s’apprête à faire jouer ses millions pour faciliter une intervention militaire — sans se préoccuper de ce que veut la grande majorité des Américains.