Chapitre 3 de “Culture de la critique” : LES JUIFS ET LA GAUCHE
LES JUIFS ET LA GAUCHE
Je n’ai jamais pu comprendre ce que le judaïsme avait à voir avec le marxisme, et en quoi se poser des questions sur ce dernier équivalait à être déloyal envers le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.
(Ralph de Toledano [1996,50] discutant de ses expériences avec des intellectuels juifs d’Europe de l’Est).
Le socialisme, pour beaucoup d’immigrés juifs, n’était pas simplement une opinion politique ou une idée, mais une culture inclusive, une manière de percevoir et de juger qui structurait leurs vies.
“L’association entre Juifs et gauche a été largement remarqué et commenté au début du XIXème siècle. Peu importe leur situation, dans presque chaque pays pour lesquels nous avons des données, une part de la communauté juive a joué un rôle très éminent dans les mouvements construits dans le but de saper l’ordre existant.” (Rothman & Lichter, 1982, 110).
Au moins en surface, l’implication juive dans l’activité politique radicale peut sembler surprenante. Le marxisme, du moins celui envisagé par Marx, est la totale antithèse du judaïsme. Le marxisme est l’exemple d’une idéologie universaliste dans laquelle l’ethnie et les barrières nationalistes à l’intérieur d’une société -et entre les sociétés- sont finalement supprimées, dans l’intérêt d’une harmonie sociale et d’un sens de l’intérêt commun.
De plus, Marx lui-même, bien que né de deux parents Juifs, a été perçu par beaucoup comme étant antisémite. Sa critique du judaïsme (De la question juive)[Marx 1843/1975])conceptualisait le judaïsme comme s’intéressant fondamentalement à une recherche égoistique d’argent; ce dernier ayant atteint une domination mondiale en transformant l’homme et la nature en objets cessibles.
Marx voyait dans le judaïsme un principe abstrait d’avarice humaine qui ne finirait que dans une société communiste du futur. Read more