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Les Judéo-Bolcheviks dans les exécutions de masses : le cas de Rozalia Zemliachka en Crimée en 1920

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Les Judéo-Bolcheviks dans les exécutions de masses :

le cas de Rozalia Zemliachka en Crimée en 1920

Karl Nemmersdorf

Introduction

Il est bien connu dans notre mouvance que les Juifs sont à l’origine d’une liste effroyable d’atrocités en Union soviétique. Sa seule échelle dépasse l’entendement. De 1917 à 1953, des millions de Russes ont été victimes d’arrestations, de torture, d’exécutions, des millions sont morts dans les Goulags, et d’autres encore sont morts par millions de famines d’État. Au sommet de l’appareil, des Juifs, on le sait, mais qui, lequel ou laquelle précisément s’est occupé de telle ou telle répression, de telle ou telle campagne de massacre? Ça reste souvent vague [1]. Le but du présent article est justement d’établir un lien précis entre un certain noyau de Juifs et un massacre resté célèbre, celui de Crimée fin 1920. Nous aurons pour fil rouge, c’est le cas de le dire, la trajectoire d’une communiste particulièrement  enragée : Rozalia Zemliachka. Tout du long, une carrière sans faille, sans écart, sans faiblesse: elle entre au mouvement en 1896, participe à la révolution de 1905 et de 1917, est nommée commissaire politique des armées durant la guerre civile, puis a fidèlement servi le régime stalinien qui lui allait comme un gant. Elle aura reçu les plus hautes distinctions et s’éteindra naturellement, c’était plutôt rare à l’époque, en 1947. Elle est inhumée sur la place Rouge, comme une grande figure du Parti qu’elle était. C’est elle que Lénine enverra en Crimée à la fin de la guerre civile pour liquider les derniers éléments hostiles à l’établissement sur Terre du communisme. On pense parmi les historiens, que le bilan des massacres s’est élevé en quelques mois à 50 000.

Rozalia Zemlichka

Jeunesse. Rozalia Samoilovna Zalkind, dont le nom de clandestinité était Zemliachka (« compatriote »), est née en 1876 dans une famille juive.[2] Son père, Samuel Markovich Zalkind, était un riche marchand de Kiev, ce qui n’a pas empêché toute la famille, filles et garçons, de se joindre, sans égards pour l’esprit de classe, à un mouvement révolutionnaire décidément très juif dès le départ [3] [4]. Il y avait une Juive parmi les conjurés auteur de l’attentat dont a été victime, en 1881, le Tsar Alexandre II.[5] Non seulement les Zalkind approuvaient l’assassinat, mais il n’est pas exclu que la famille entretenait des liens avec les régicides. Leur maison a en tout cas été perquisitionnée par la police à la recherche de brochures illégales [6] et la petite Rozalia aura vu deux de ses frères se faire embarquer pour activités révolutionnaires.[7]

Rozalia a fait ses études secondaires à Kiev, en sortant diplômée à 15 ans. Déjà révolutionnaire, elle se rattachait à l’époque, sous l’influence de ses frères aînés, au mouvement populiste. Mais elle a vite bifurqué, le populisme se rattachait trop à la culture russe et à la paysannerie. En tant que Juive, elle se sentait un net penchant pour le marxisme, affranchi des nationalismes et des traditions, foncièrement internationaliste et tellement plus “scientifique”. Elle avait aussi vite remarqué que la classe ouvrière était plus à même de provoquer l’effondrement de l’ordre existant que la classe paysanne. [8] Comme Marx et beaucoup d’autres, ce n’est qu’en vertu des impératifs révolutionnaires qu’elle en est venue à s’intéresser au sort de la classe ouvrière et non l’inverse. [9]

Rozalia Zemlichka, comme toujours, l’âge accentue les caractéristiques éthniques

 

Carrière révolutionnaire

Son père l’avait envoyée à Lyon (!) pour faire médecine, mais en 1896, elle était déjà de retour en Russie, les sources divergent au sujet de savoir si elle est revenue avec un diplôme ou non, mais quoi qu’il en soit, dès lors, elle se consacre corps et âme à la révolution. Pour ses débuts elle prononce lors d’un meeting clandestin un discours sur « le mouvement ouvrier en Europe de l’ouest », ce qui lui vaut d’être arrêtée et jetée en prison.  Elle en profite pour se plonger dans la littérature marxiste. La carrière de Zemliachka au sein du Parti Social Démocrate était lancée. [10] (Attention, pas de contresens, le Parti Ouvrier Social Démocrate Russe, c’est le parti qui engendrera, à la suite d’une scission au congrès de Bruxelles, le Parti Bolchevik). Elle fait deux ans de prison (1899–1901), en sort en s’étant forgé une âme de communiste indéfectible, prend un pseudonyme à la mesure de sa personnalité implacable :Tverdokamennaia, « dure comme le roc ». Mais elle ne dédaigne pas non plus de se fait aussi appeler « Démon », ce qui laisse songeur quant à la véritable nature de son affiliation. [11]

Lev Bronshtein, Trotsky pour les intimes, ne tardait pas à signaler Rozalia, son amie, à l’attention de Nadezhda Krupskaya, la femme de Lénine, lui adressant un rapport dithyrambique, y louant son tempérament révolutionnaire et son énergie, sans toutefois manquer de prévenir sur son autoritarisme et un certain manque de tact. Sur ce, Krupskaya, qui assistait son mari dans la direction des opérations du Parti depuis leur exil parisien, envoyait Rozalia prendre la tête de l’antenne clandestine d’Odessa. Rapidement,

Zemliachka s’est imposée dans le rôle. Dès mars 1903, la cellule d’Odessa était fermement aux mains des léninistes qui la désignaient comme déléguée au second congrès du Parti qui approchait. Zemliachka avait fait la preuve de son aptitude à commander, de son énergie et de sa capacité de travail. [12]


L’ami de Zemliachka Lev Bronshtein-Trotsky

Le 30 juillet 1903, Zemliachka assiste à Bruxelles au fatidique Deuxième Congrès du Parti Ouvrier Social Démocrate de Russie. (Le congrès fondateur s’était tenu en 1898 à Minsk, essentiellement sous les auspices du Bund ouvrier juif, de loin la plus grande organisation socialiste en Russie : quatre des neuf délégués de ce congrès étaient juifs.) Des quarante-trois délégués présents au deuxième congrès, vingt étaient juifs. [13] Du moins jusqu’à ce que la police belge ne l’expulse, Zemliachka a pu faire connaissance de Lénine et de Krupskaya, prendre part aux débats à leurs côtés en défendant l’idée – résolument non marxiste – d’un noyau dur devant amener les masses à venir s’abreuver aux sources de la révolution violente. L’intransigeance de Lénine sur ce point conduisait à une rupture avec les Marxistes modérés, plus respectueux de la démocratie, et qu’on allait désormais connaître sous le nom de Mensheviks « les minoritaires ». [14] Lénine profitait du vote pour proclamer sa faction «bolchevik», la majorité. La scission s’avérera définitive et  Zemliachka se rangera aux côtés de Lénine, tout comme Joseph Staline, Yakov Sverdlov (Yankel Solomon), et Lev Kamenev (Rosenfeld), trois futures figures majeures. Trotsky s’éloignera un temps du côté des mencheviks, puis fera cavalier seul (il était notoirement arrogant), avant de rejoindre Lénine juste avant la révolution bolchevique de novembre 1917.

À  l’issue du congrès, Zemliachka était cooptée par le Comité Central, marquant ainsi la reconnaissance de sa nouvelle prééminence. Elle était l’un des agents les plus actifs de Lénine en Russie. Elle était sur tous les points chauds, à Saint-Pétersbourg, aux meetings en Suisse et à Londres, partout elle s’affirmait avec force dans les débats, prônant les mesures les plus radicales pour renforcer le Parti et accélérer la Révolution, n’hésitant pas à remettre à leur place ses détracteurs. [15]

Pendant ce temps, la révolution de 1905 montait en pression. Après des frictions avec des membres de la cellule de Saint-Pétersbourg, Rozalia s’installe à Moscou et devient la secrétaire du Parti de l’antenne. Elle était contre le soulèvement qu’elle estimait voué à l’échec, mais lorsqu’une grève a dégénéré en émeute en décembre, elle était sur les barricades, tentant d’utiliser les wagons de tramway contre les forces de l’ordre. [16] (Les sources sur l’épisode sont minces et divergentes). [17]

Lors de la répression qui s’en est suivie, Zemliachka a été arrêtée et emprisonnée à Saint-Pétersbourg. Elle y contracte une tuberculose (son mari, Schmuel Berlin, en était mort en 1902) et souffre d’une maladie de cœur ; elle bénéficie d’une libération pour raison médicale. Elle part à l’étranger (1909) jusqu’au déclenchement de la Première Guerre mondiale, séjournant principalement en Suisse. Barbara Evans Clements affirme qu’elle a évité tout contact avec les émigrés révolutionnaires (Ils étaient des milliers en Europe de l’Ouest), mais une autre source affirme qu’elle était en étroite collaboration avec Lénine [18] « L’échec du soulèvement de 1905 l’avait profondément affectée, elle en rejetait la responsabilité sur les camarades, qui, selon elle, avaient laissé passer les opportunités qui s’étaient offertes . . .» [19] Elle ne rentre à Moscou qu’en 1914, reprenant discrètement ses activités militantes.

Après le renversement du Tsar par la révolution de février 1917 (qui n’est pas la révolution Bolechevik de novembre 1917 = Octobre rouge), elle soutient les exigences de Lénine d’un retrait immédiat de la guerre et d’une remise des pleins pouvoirs aux Soviets. À ce moment-là, virtuellement tous les socialistes, y compris une majorité de Bolcheviques, estimaient qu’il s’agissait de soutenir le gouvernement provisoire en attendant la réunion d’une Assemblée Constituante en vue d’une république constitutionnelle. Dans le cadre de la théorie marxiste, cela aurait représenté l’étape obligée de la « révolution bourgeoise» et du développement concomitant du système capitaliste, préalable à l’instauration du communisme suite à la lutte dialectique entre les travailleurs opprimés et les patrons.  Cela pouvait durer des dizaines d’années, et Lénine n’était pas disposé à patienter, Trotsky et  Zemliachka non plus. Ils se rendaient compte que le gouvernement provisoire était faible et qu’il suffisait de se baisser pour ramasser le pouvoir. La perspective du pouvoir a fait s’évaporer le primat des dogmes marxistes qu’ils avaient eux-mêmes soutenus dans leurs écrits. Au milieu de l’été, Rozalia demandait au comité du parti de Moscou de s’armer en vue de la prise de pouvoir. [20] Lénine et Trotsky tentaient également de convaincre les  Bolcheviks réticents de Petrograd à faire de même. Avec succès puisque c’est à Petrograd que Trotsky fait tomber le pouvoir le premier, en novembre, Moscou suit en créant un Comité militaro-révolutionnaire sur le modèle de Petrograd. Le secrétaire du Comité est un certain Arkady Rozengolts, bien sûr un Juif, c’est lui qui joue le rôle prépondérant dans le soulèvement. [21] Zemliachka prend la tête des opérations dans l’un des districts de la ville (à nouveau, on manque de détails). Après quelques jours de combat, les maigres détachements du gouvernement provisoire sont vaincus, et les deux principales villes de Russie tombent aux mains des bolcheviks, en grande partie à l’initiative des Juifs.

Zemliachka dans la Révolution

Durant une grande partie de l’année suivante, Zemliachka continue de travailler pour le comité du Parti à Moscou, c’est une position cardinale puisque Lénine avait transféré la capitale de Petrograd à Moscou en mars, et tout le pouvoir s’y trouvait concentré. Toute l’année était marquée par des défis énormes : la guerre civile couvait sur plusieurs fronts, l’économie était quasiment à l’arrêt, et des troubles éclataient partout. Le peuple avait faim, le peuple était au chômage, le peuple grondait parce qu’il subissait les brimades et les spoliations des commissaires et des Juifs et qu’il n’avait pas peur de le dire. Les plus téméraires criaient à bas Zinoviev (Apfelbaum) lors des meetings de Petrograd dont il était le responsable. [22] Il ne s’agissait pas d’incidents isolés, même Lénine qui tentait d’amadouer la foule a été hué et a dû quitter l’estrade avec Zinoviev aux cris de « à bas les Juifs et les commissaires ». [23] Même des unités de l’Armée rouge se mutinaient, se livraient à des pogroms et exigeaient le départ des Juifs du gouvernement. [24] Les Bolcheviks se sentaient en état de siège, ils n’ont pas tardé, dès l’été, à avoir recours aux exécutions de masse et aux camps de concentration. Plusieurs assassinats d’officiels, souvent Juifs, et une tentative contre Lénine ont poussé le régime à déclencher le bain de sang de la Terreur Rouge à partir de septembre. [25] C’est précisément cette terreur qui sera à l’origine de la guerre civile qui va durer jusqu’à fin 1920.


Zinoviev-Radomyslsky (Apfelbaum), le patron de Petrograd

C’est dans cette atmosphère d’urgence pour le régime que Zemliachka décide de s’engager pour sauver le paradis communiste. Elle exige une affectation au front contre les Armées Blanches. Mais à 42 ans, il n’était pas question qu’elle mène les hommes au combat, et quel rôle pouvait-on confier à une femme ? Celui de commissaire politique, bien sûr. Là, elle pourrait haranguer les soldats, être derrière le dos des officiers, ordonner l’exécution de tous ceux qui ne sont pas contents des commissaires politiques Juifs.

Les commissaires politiques ont été créés pour ça : assurer le contrôle politique de tous ces paysans récalcitrants et de tous ces anciens officiers tsaristes suspects qui composaient l’essentiel de l’Armée Rouge. [26]

Ces commissaires, des hommes de confiance du régime, étaient ainsi incorporés dans toutes les grandes unités pour assurer l’endoctrinement des troupes et le contrôle  des officiers. En fait, les opérations ne pouvaient se dérouler qu’avec l’aval des commissaires, qui avaient un rang égal à celui des officiers supérieurs et tous les ordres étaient contresignés d’eux. Est-il besoin de préciser que la plupart étaient Juifs ? [27]

De 1918 à fin 1920, Zemliachka aura ainsi été affectée à la tête, successivement, de la 8e et de la 13e armée, les deux opérant dans le sud de l’Ukraine. À la tête de son escouade politique (une douzaine d’éléments), elle couvrait environ un effectif de 80 000 hommes, pratiquement à l’égal du commandant en chef de l’unité. Elle aura pleinement eu l’occasion d’étaler son fanatisme et son énergie sur ce théâtre d’opération crucial, portant des vêtements d’hommes et une veste en cuir : « maintenant bien dans la quarantaine, le seul vestige de son passé bourgeois, c’était ce ridicule pince-nez qui jurait avec ses cheveux courts, ses bottes, son pantalon et sa veste en cuir ». [28] Travailleuse et efficace, elle avait l’œil à tout, de la rédaction des discours à l’hygiène personnelle. [29] Elle n’avait de cesse que l’annihilation des ennemis du règne rouge. « Nous devons être sans pité, combattre sans relâche les serpents qui se cachent … Nous devons les anéantir avec un balai de fer ». [30] Ce qui faisait écho au tristement célèbre appel de Zinoviev dans son discours public de septembre 1918 : « Sur les cent millions d’habitants que compte la Russie soviétique, nous devons en entraîner derrière nous quatre-vingt-dix millions. Quant au reste, nous n’avons rien à leur dire. Ils doivent être réduits à néant ». [31]

Zemliachka durant la Révolution

Dieu seul sait combien sont morts sur ordre de Zemliachka durant ces deux années au paroxysme de la Terreur Rouge et de la Guerre Civile. La phase véritablement apocalyptique aura été l’entrée en Crimée en 1920, après son évacuation par les Armées Blanches. Alors le monde a eu sous les yeux un exemple sanglant, sanguinaire, de ce qu’il en coûte à une population civile sans défense de refuser la domination juive.

Le Massacre de Crimée

Le Baron Wrangel et l’Évacuation de la Crimée.

À l’automne de 1920, les bolcheviks avaient affermi leur pouvoir; la Guerre Civile était pour ainsi dire gagnée. Seul le Baron Wrangel résistait encore dans son enclave en Crimée. Descendant d’une grande famille de la noblesse germano-balte qui avait servi à la fois la Prusse et la Russie, Peter Wrangel était une figure dominante de l’armée tsariste, un homme capable au caractère bien trempé. [32] Sa petite armée n’avait pas pour ambition de renverser le régime de Moscou, mais de tenir un territoire qui serait à la fois un refuge pour les anti-bolcheviks et un modèle de ce que pourrait être une Russie non communiste. Ils étaient des centaines de milliers, fuyant la Terreur rouge, à venir chercher sa protection en Crimée. Les Bolcheviks, naturellement, n’avaient nullement l’intention de laisser Wrangel créer sa petite république. Profitant de ce que la Guerre Civile s’achevait ailleurs et qu’il était mis un terme à la guerre en Pologne (grâce à l’intervention militaire française), les Rouges tournaient leurs forces contre ce dernier noyau de résistance.

Peter Wrangel, le Baron Noir

C’est le Général Mikhail Frunze, commandant du front sud, qui est chargé de nettoyer la poche de Crimée. Il était lui-même sous la coupe directe de Trotsky, Commissaire à la Guerre depuis mars 1918 et créateur de l’Armée Rouge. À ses côtés, un trio militaro – révolutionnaire dans lequel on retrouve deux Juifs, Béla Kun (Béla Kohn) et Sergei Gusev (Yakov Davidovich Drabkin). (Nous reviendrons plus bas sur ces deux derniers, ce sont eux qui sont à l’origine du bain de sang qui est l’objet de cet article). Frunze aligne  300,000 hommes face aux 70,000 de Wrangel. Les Blancs étaient néanmoins confiants parce que l’entrée en Crimée se fait par un isthme étroit qu’ils avaient lourdement fortifié. Mais c’est la loi du nombre qui allait prévaloir, et, après les deux offensives du 28 octobre et du 7 novembre, les Rouges débouchent dans la péninsule. [33]

Wrangel avait déjà soigneusement planifié l’évacuation, et, via une retraite parsemée de combats de retardement, il dirigeait son armée vers divers ports d’où la plupart, en compagnie de milliers de réfugiés, ont pu être évacués vers Istanbul à bord de tout ce qui pouvait flotter. « C’était la démonstration brillante de la capacité de Wrangel à tenir en main les troupes et les civils que cette évacuation qui s’est déroulée, sous la pression des Rouges, avec un minimum de panique et de heurts ». [34] Près de 150 000 personnes ont pu s’échapper, mais malheureusement — tragiquement — des dizaines de milliers sont restées bloquées. Des scènes navrantes se sont déroulées sur les quais alors que leur dernier espoir disparaissait à l’horizon et que les troupes rouges approchaient.

Bela Kun (à gauche), Trotsky (au centre), Frunze (en arrière plan) et Sergei Gusev (à droite)

Les visages de la terreur juive. Pour comprendre le rôle des Juifs à la tête de la Terreur rouge en Crimée, il nous faut examiner les organes de contrôle politique et militaire mis en place par les bolcheviks. L’organe suprême, c’était le Conseil Révolutionnaire-Militaire de la République, dirigé par Trotsky, avec pour adjoint un médecin juif de 27 ans, efficace et fumeur à la chaîne, Ephraim Sklyansky. Bolchevique à partir de 1913, Sklyansky a participé au coup d’État de novembre à Pétrograd où il a attiré l’attention de Trotsky. Trotsky lui déléguait son autorité, lui laissant toute latitude au centre, tandis que lui-même  partait en campagne pour conduire la guerre civile. Quand il ne restait plus que la Crimée, Trotsky et Sklyansky ont suivi ensemble cette dernière bataille. Directement subordonné à ce Conseil, on trouvait le Conseil révolutionnaire-militaire (CRM) du Front Sud, c’est lui qui chapeautait l’Armée rouge en Crimée. Sergei Gusev en a été membre sur toute la durée de l’épisode, tandis que Béla Kun en a démissionné pour jouer un rôle plus direct.

Ephraim Sklyansky

Encore en dessous du CMR, on trouvait l’un de ces Comités Révolutionnaires provisoires mis en place pour assurer la transition entre une administration militaire (sur les arrières immédiats du front) et une administration civile. [35] Béla Kun, justement, avait quitté le CMR du Front Sud pour présider le Comité de Crimée, ce qui en faisait l’homme le plus puissant de la péninsule. Il avait pour adjoint un autre Juif,Samuel Davydovich Vulfson. Certaines sources mentionnent Zemliachka comme membre, mais les plus autorisées, non : je suis ces dernières. Le Comité comptait encore quatre membres – non Juifs.

Il y avait deux autres branches du régime actives en Crimée : le Comité du Parti bolchevique de la Crimée et divers détachements de la Tchéka, la très redoutée police secrète. Des cellules spéciales de la Tchéka étaient directement rattachées à l’Armée rouge, on en trouvait jusqu’à l’échelon divisionnaire. Ces cellules avaient des missions de contre-espionnages  et de larges prérogatives en matière de répression des activités contre révolutionnaires : elles seront pour une bonne part dans les massacres à venir. Zemliachka était nommée par Lénine à la tête du Comité de Crimée, ce qui en faisait la plus haute responsable politique. Côté Tchéka on trouvait quelques Juifs, dont Semyon Dukelsky et Ivan Danishevsky, mais ils n’étaient finalement pas les plus nombreux.

Jetons un œil à ces hommes.

Béla Kun. C’est la figure que la plupart des sources s’accordent à désigner comme le principal acteur, avec Zemliachka, de ce sinistre épisode. En 1919, sa prestation à la tête de l’éphémère République Soviétique de Hongrie, une dictature juive, lui avait déjà assuré pour l’histoire une postérité d’infamie. [36] Né en 1886 en Transylvanie dans une famille juive de la classe moyenne inférieure, il rejoint le Parti social-démocrate hongrois avant ses dix-sept ans et commence à écrire pour la presse socialiste. Il poursuit des études de droit, mais sans obtenir de diplôme. Durant la guerre, il est lieutenant dans l’armée austro-hongroise, il est fait prisonnier par les Russes en 1916. Dans les camps, il s’abreuve à la propagande bolchevique, se rend à Moscou, rencontre Lénine et fonde la section hongroise du Parti Bolchevique. Il commande une brigade de l’Armée rouge au début de la Guerre Civile avant que Lénine ne l’envoie avec une centaine de « camarades» en Hongrie où il déclenche la révolution de novembre 1918. Le bacille du communisme juif ayant proliféré en Russie, commençait à se propager à l’étranger. À Budapest, il fonde et dirige le Parti Communiste Hongrois, et, en mars 1919, il intègre une coalition de gouvernement Social-Démocrate /Communiste, qu’il dirige de facto si ce n’est de jure. Commissaire aux Affaires Militaires, il impose une collectivisation à marche forcée, nationalisant tous les biens, tentant de créer des fermes collectives … instaurant un régime de terreur rouge et envahissant la Slovaquie. [37] Cette terreur, qui a fait 500 victimes en quelques semaines, était le fait des « Lénine Boys » avec à leur tête l’inévitable Juif de service : Tibor Szamuely. Le gouvernement perdait rapidement tout support domestique et tombe devant une invasion roumaine le 1er août 1919.  Kun réussit à s’enfuir en Russie où il devient commissaire politique de division avant de rejoindre le Comité Militaire Révolutionnaire du Front Sud dont nous parlions plus haut. L’envoyé de Lénine allait pouvoir évacuer sa frustration de Hongrie sur le dos de pauvres Gentils sans défense en Crimée.

Bela Kun-Kohn

Il parvenait à inspirer un dégoût viscéral à  Angelica Balabanoff, pourtant elle-même une révolutionnaire juive de classe internationale.

J’avais tellement entendu parler de ses antécédents personnels et politiques douteux, que j’ai été surprise . . . d’apprendre qu’il avait été envoyé en Hongrie pour y faire la révolution. Le simple fait qu’il avait une réputation de drogué me paraissait suffisant pour lui barrer toute responsabilité révolutionnaire. Cette première rencontre avait confirmé mes pires appréhensions. Son apparence même était repoussante. [38]

Victor Serge, autre vétéran de la révolution à avoir beaucoup écrit sur le mouvement, disait de lui qu’il était une personnalité particulièrement odieuse, le type même de l’intellectuellement inapte, irrémédiablement affecté d’un manque de clairvoyance militant, mêlé à un autoritarisme de détraqué mental. [39] Serge rapporte une réunion au cours de laquelle un Lénine furieux de la révolution avortée de 1921, en Allemagne, en rendait responsable Kun, le traitant à plusieurs reprises d’imbécile devant tout le monde. [40] Un imbécile, semble-t-il, bien utile dans les massacres.

Samuel Vulfson. Né en 1879 dans la province de Vilna, il a une formation d’ingénieur chimiste. Au tournant du siècle, il rejoint le mouvement révolutionnaire et adhère presque aussitôt à l’aile léniniste. En Russie, il travaille des années durant dans la clandestinité, écrit, organise, subit l’arrestation et l’exil. Il se met un temps en retrait, mais la révolution de février le galvanise et il reprend du service à Moscou où il aurait collaboré avec Zemliachka. Il sévit en Crimée dès la première phase de l’occupation communiste, réquisitionnant la nourriture en tant que commissaire régional de l’alimentation et du commerce (1919), avant que les Blancs n’expulsent les bolcheviks. Avec la chute de Wrangel, il revient aux côtés de Kun au Comité révolutionnaire et de Zemliachka au Comité du Parti. [41]

Sergei Gusev.  Né Yakov Davidovich Drabkin en 1874, c’était une figure bolchevique de premier plan. Il rejoint le mouvement en 1896 à Saint-Pétersbourg, c’est un proche de Lénine. Il croise souvent la route de Zemliachka, la première fois lors du Second Congrès du POSDR  en 1903, puis, pour une collaboration régulière à Saint-Pétersbourg et Moscou. Lors de la prise du pouvoir, il était secrétaire du premier comité militaire révolutionnaire de Petrograd, celui à l’origine du coup d’État de novembre. [42] Sa fille Elizaveta était la secrétaire de l’éminent Yakov Sverdlov (Yankel Solomon), Président du Comité Exécutif Central (chef de l’État) jusqu’à sa mort en mars 1919. [43] Un historien hongrois, Georgy Borsanyi, porte sur Gusev un avis favorable : « un intellectuel bolchevik qui avait visité les bibliothèques et les musées d’Europe occidentale, parlait plusieurs langues et avait sa propre opinion sur les questions théoriques et pratiques de la révolution. Il était un chef militaire né, tout comme Kun ». [44] Victor Serge, à l’inverse, écrit: « J’ai entendu Gusev s’exprimer dans les meetings. Grand, légèrement chauve et bien bâti, il tentait d’accaparer l’audience en exerçant sur elle l’hypnotisme un peu vil et facile de la violence systématique. Mais pour faire ça, il faut avoir le charisme et être prêt à ne reculer devant rien … Pas un mot de ses propres convictions ». [45] À l’été 1920, Gusev est nommé au Conseil révolutionnaire-militaire de la République aux côtés de Trotsky et de Sklianski, puis il rejoint le Conseil révolutionnaire-militaire du front du sud, poste à partir duquel il jouerait un rôle dans la tragédie de Crimée, dirigeant l’Armée Rouge dans la conquête et l’occupation de la péninsule. [46]

Sergei Gusev-Drabkin

Semyon Dukelsky. Né en 1892 dans la province de Kherson, il est un membre proéminent de la Tchéka en Crimée à l’automne 1920. Il étudie la musique et joue du piano dans les salles de diverses villes ukrainiennes. Il sert dans l’armée tsariste pendant la Première Guerre mondiale, apparemment en tant que musicien, et rejoint les bolcheviks après la Révolution de février. [47] Malgré un manque de compétences militaires, ses supérieurs l’avaient affecté à l’administration de l’Armée rouge ; Sklyansky, écœuré, n’a pas tardé à s’en débarrasser. D’après certaines sources, il aurait été parachuté, «chef de la Tchéka » en Crimée, mais les diverses cellules de la péninsule n’ont été centralisées qu’au printemps 1921. Une source plus détaillée indique qu’il a servi comme chef ou chef adjoint du département spécial du Front Sud. [48] Ce poste était de nature à lui permettre de contrôler les opérations spéciales de toute la Crimée, mais je n’ai trouvé aucun rapport sur ses activités de l’époque.

Semyon Dukelsky

Ivan Danishevsky. Né en 1897, c’était encore un tchékiste juif haut gradé. Il rejoint le Parti  Socialiste Révolutionnaire en 1916. Il se jette dans l’action au moment de la Révolution de février, participant à la création d’une section de Gardes Rouges à Kharkov et combattant à divers titres en Ukraine. Il intègre le Parti bolchevique et la Tchéka en octobre 1919, jouant divers rôles dans le gouvernement communiste d’Ukraine. En septembre 1920, il devient chef du département spécial de la treizième armée, celle qui occupe la Crimée après l’évacuation de l’Armée Blanche. Il était donc le chef de l’une des principales forces responsables des exécutions, et cette fois, nous avons des détails sur le rôle qu’il a joué. Il n’avait que vingt-trois ans. [49]

Donald Rayfield, auteur de Stalin and His Hangmen, cite encore deux Juifs impliqués dans les massacres : Lev Mekhlis, commissaire politique dans l’Armée rouge et ami de Zemliachka, et le Tchékiste de seize ans, Alexander Radzivilovski (prénom Israël), qui est né en 1904 à Simferopol, la capitale de la Crimée. Rayfield ne détaille pas leurs actions, disant simplement que Radvasilovski y a commencé sa carrière et que Mekhlis « a aidé Rozalia Zemliachka à l’exécution des officiers blancs faits prisonniers en Crimée ». [50]

Lev Zakharovich Mekhlis Né en 1889 à Odessa, il a travaillé jeune homme comme enseignant et commis. Après une éruption de violence antisémite à Odessa en octobre 1905, il incorpore une unité d’autodéfense, puis le Poale Zion, un parti révolutionnaire sioniste. Durant la Première Guerre, il est enrôlé dans l’armée tsariste. Après la Révolution, il déserte et rejoint les Bolcheviks; il devient commissaire politique de l’Armée Rouge – une bonne place quand on peut l’avoir — c’est là qu’il travaille avec Kun. [51]

En passant, Donald Rayfield déclare que Zemliachka était la maîtresse de Kun à l’époque, sans donner de source. [52] Kun avait épousé en 1913 une hongroise, Iren Gal, le couple avait deux enfants, le deuxième né au début de 1920.[53 ]Cependant, après sa fuite lors de l’effondrement de sa « République soviétique de Hongrie», il a été séparé de sa famille, qui ne l’a rejoint en Russie qu’à l’automne 1921. [54]

D’autres Juifs ont joué un rôle dans ces événements – la plupart oubliés de l’Histoire ou cachés dans des archives – mais quelques-uns ont fait surface : Moisey Lisovsky, N. Margolin et Israël Dagin. Nous avons quelques informations sur les actions de Lisovsky et Margolin, mais rien pour Dagin. Pour Mekhlis, Radzilovski et Dagin, je n’ai rien trouvé de plus que des déclarations selon lesquelles ils étaient « impliqués ». De deux autres, Dukelsky et Vulfson, nous connaissons les postes qu’ils ont occupés mais n’avons aucun détail relatifs à leurs actions. Voici une liste des Juifs qui ont joué un certain rôle, approximativement classés par ordre d’importance :

Trotsky : Commissaire à la guerre, chef de toutes les forces armées
Sklyansky : Le puissant adjoint de Trotsky
Gusev : membre du CMR Front Sud, supervise l’Armée Rouge en Crimée
Kun : Président du Comité révolutionnaire de Crimée, plus haut fonctionnaire de la région
Vulfson : membre du Comité révolutionnaire de Crimée et du Comité du Parti
Zemliachka : chef du Comité du Parti bolchevique en Crimée
Dukelsky : figure majeure dans la Tchéka
Danishevsky : figure majeure de la Tchéka, des milliers d’exécutions à son compte
Mekhlis : commissaire politique ; actions spécifiques inconnues
Lisovsky : commissaire politique 9e division de fusiliers ; organise des exécutions.
Dagin : Officier de la Tchéka ; actions spécifiques inconnues
Radzivilovski : Officier de la Tchéka ; actions spécifiques inconnues
Margolin : commissaire, a menacé les Blancs de « l’épée impitoyable de la Terreur rouge »

Ce noyau est auréolé d’une réputation méritée de brutalité immonde. Les qualificatifs qui  lui sont appliqués  par les historiens ou ceux qui ont connu ses membres varient de « atroce », « odieux », « scorpion vicieux », « légendaire par sa cruauté », « sadique », « arrogant », « crétin » à « monstre». Et ce groupe n’était qu’un  parmi des douzaines – voire des centaines –  similairement composés d’une direction exclusivement ou majoritairement juive, qui ont écumé la Russie de long en large pendant plus de tente ans.

 

Israël Radzilovski Tchékiste

Lev Mekhlis, sioniste converti bourreau stalinien

Traîtrise Juive: La Fausse Promesse d’Amnistie Avant que Wrangel n’ait achevé son évacuation, Sklyansky avait tendu un piège aux officiers blancs, leur offrant une fausse amnistie afin d’en capturer et d’en tuer le plus possible. Il s’est servi du prestige du général Alexei Brusilov comme appât. Brusilov, l’un des meilleurs généraux russes de la Première Guerre mondiale, était passé chez les bolcheviks, convaincu qu’il était que le régime de Lénine ne tiendrait pas longtemps. Brusilov

avait été approché par Sklyansky . . . qui avançait l’idée qu’un grand nombre d’officiers ne voulaient pas quitter la Russie et pourraient être persuadés de faire défection si Brusilov apposait son nom au bas d’une déclaration leur offrant une amnistie. Sklyansky lui faisait miroiter le commandement d’une nouvelle armée de Crimée formée à partir des restes des forces de Wrangel. Brusilov était séduit par l’idée d’une armée purement russe composée d’officiers patriotes … qui lui permettrait éventuellement de … le moment voulu … disons, dans premier temps, de sauver la vie de beaucoup. Il accepta d’entrer dans ce jeu de dupes. . . Trois jours plus tard, on lui disait que le plan était à l’eau : les officiers de Wrangel, selon Sklyansky, n’avaient finalement exprimé la volonté de faire défection. Brusilov comprit, mais un peu tard, que ce n’était pas vrai. Lors de l’évacuation finale à Sébastopol, les Rouges avaient distribué . . . des milliers de tracts offrant une amnistie au nom de Brusilov. Des centaines d’officiers y avaient cru et sont restés. Ils ont tous été abattus. [55]

Peu après, Sklyansky envoyait un télégramme aux bolcheviks en Crimée, leur enjoignant de poursuivre le massacre : « Que la lutte continue jusqu’à ce qu’il ne reste plus un seul officier blanc vivant sur le sol de Crimée». [56] De son côté, Trotsky faisait savoir à Kun et Zemliachka qu’il ne se rendrait pas en Crimée tant qu’il s’y trouverait encore un « contre-révolutionnaire ». [57] Lénine faisait également connaître son point de vue: «Il faut s’en débarrasser au plus vite . . . sans pitié». [58] Kun et Zemliachka ne pouvaient pas ne pas comprendre ce qu’on attendait d’eux.

Le Massacre Peut Démarrer. Le 17 novembre 1920, l’occupation de la Crimée était complète. La péninsule avait historiquement une population très mélangée ; outre les Russes et les Ukrainiens, il y avait des Tatars (musulmans) turcs, des Allemands, des Grecs et des Arméniens. La population atteignait alors les 800 000 habitants, gonflée par l’afflux des réfugiés politiques et des soldats : environ 50 000 Russes blancs  et  200 000 civils. Bela Kun faisait cerner la péninsule et toute la population se retrouvait à sa merci. Les bolcheviques radicaux et la Tchéka investissaient la péninsule, prêts à faire subir les foudres de la Terreur rouge à une population qu’ils détestaient et qu’ils avaient crainte.

Péninsule de Crimée 

La première ville traitée a été Simferopol, la capitale, le 12 novembre. Pendant plusieurs jours, des soldats ont saccagé, pillé, violé, fusillé. En une semaine, les unités de l’Armée rouge et de la Tchéka avaient exécuté 1 800 personnes, et en quelques mois, le nombre a dépassé 10 000 dans la ville et ses environs. [59] [FG: on note qu’avec la meilleure volonté du monde, il faut un certain temps pour un massacre, 30 000 en deux jours, ce n’est pas possible] Ils ont procédé par fournées de plusieurs centaines d’officiers et de notables, les entraînant hors de la ville, les forçant à creuser des fosses avant de les abattre. Ils pouvaient aussi se servir des ravins. Le général Danilov, un ancien officier tsariste qui a servi dans la quatrième armée de l’Armée rouge, rapporte que

les alentours de Simferopol étaient empuantis  par les cadavres en décomposition . . . qui n’étaient même pas enterrés . . . Les fosses derrière le jardin de Vorontsov et dans le domaine de Krymtaev . . . étaient remplis de cadavres à peine recouverts d’une mince couche de terre . . . Le total de ceux qui ont été fusillés à Simferopol seulement du jour où les Rouges sont entrés en Crimée au 1er avril 1921 atteignait 20 000 . . . [60]

Le 15 novembre, les troupes faisaient route vers Sébastopol « précédées d’une voiture blindée marquée en capitales rouges d’une étoile et de l’inscription « Antéchrist », [61] un diptyque caractéristique des commissaires juifs des premiers jours du règne communiste sur Terre. Le « reliquat des réfugiés se tenaient sur les côtes dans le froid de la bise, lorsque les cavaliers rouges sont apparus au bout de la jetée. Quand ces soldats déguenillés aux pieds nus se sont trouvés en présence de ces gens, ils avaient encore les nerfs à vifs . . .  d’avoir subi le crépitement des mitrailleuses. . . . Les troupes . . . ont estimé que cela méritait bien une compensation ». [62] L’auteur ne dit pas en quoi consistait cette « compensation », mais on peut supposer qu’il s’agissait du tarif habituel de la soldatesque. Le viol «avait pris des proportions gigantesques, en particulier dans les . . . régions cosaques de la Crimée en 1920 ». [63]

Les viols ne sont pas restés dans les mémoires à cause de l’échelle monstrueuse des massacres. Selon Sergey Melgunov, un témoin scrupuleux de l’époque, on comptait 8.000 victimes à Sébastopol pour la seule première semaine, les pendaisons étaient monnaie courantes: « La perspective Nakhimovskyt était comme pavoisée de cadavres d’officiers, de soldats et de civils qui, arrêtés au hasard, avaient été exécutés sur place … sans autre forme de procès (témoignage oculaire). [64] Ce n’était pas que sur la perspective Nakhimovskyt que les Rouges avaient pendu leurs victimes, mais partout dans la ville, aux lampadaires, aux poteaux, aux arbres et aux statues. La ville offrait un paysage dantesque, les morts au grand jour, les vivants reclus dans des caves. [65]

Des centaines de malades et de blessés – pas seulement des officiers blancs –  ont été sortis des hôpitaux et fusillés. Les infirmières et les médecins y sont passés aussi parce qu’ils avaient soigné des soldats blancs ; les noms de dix-sept infirmières de la Croix-Rouge figurent sur une liste publiée par les bolcheviks. Des centaines de dockers ont été abattus parce qu’ils avaient participé à l’embarquement des hommes de Wrangel. Melgunov estime que les Rouges ont exécuté plus de 20 000 personnes dans la région de Sébastopol. [66] Fin novembre, les autorités de la ville ont publié deux listes de victimes (une pratique occasionnelle de la Tchéka). Ces listes n’ont jamais été données pour complètes, mais rien que celles-ci totalisaient 2 836 noms dont 366   féminins. [67]

À Feodosia, des milliers de soldats Blancs se sont rendus, espérant la clémence:

Après avoir été désarmés, ils ont été nombreux à proposer de rejoindre l’Armée rouge, mais au lieu de ça, des soldats de la 9e division de fusiliers, sous la direction des tchékistes de Nikolaï Bistrih, ont exécuté 420 blessés et réparti le reste dans deux camps de concentration. Comme il s’est avéré, ce n’était que l’acte inaugural d’une campagne de terreur qui devait durer cinq mois. [68]

Le commissaire politique de cette 9e division était un Juif, Moisey Lisovsky. Il a participé à l’action qui vient d’être relatée, ordonnant la fusillade d’une centaine de blessés Blancs à la gare, dans la nuit du 16 novembre. [69] Dieu seul sait combien d’autres il en a fait fusiller dans les mois qui ont suivi, mais on peut s’en faire une idée :

Au départ, on disposait des cadavres en les jetant dans les anciens puits génois ; mais même ces puits ont fini par être pleins, et les condamnés devaient être emmenés hors de la ville. . . . Là on leur faisait creuser des fosses avant que le jour ne faiblisse, on les enfermait dans des hangars une heure ou deux, et, avec la tombée de la nuit, dépouillés de tout à l’exception des petites croix autour de leur cou, ils étaient abattus. À mesure qu’ils étaient abattus, ils tombaient en avant en couches. Et couche après couche, la fosse se remplissait jusqu’à raz-bord. [70]

Beaucoup n’étaient pas tués sur le coup et achevaient d’agoniser enterrés vivants au milieu de cadavres en sang.

À Feodosia, nous trouvons un autre tchékiste juif de haut rang, Ivan Danishevsky. Il dirigeait le département spécial de la 13ème armée, œuvrant à Feodosia et à proximité de Kerch avec une énergie aussi juvénile que démoniaque. En décembre seulement, il a condamné à mort 609 personnes à Kerch et 527 à Feodosia. Les documents existants montrent clairement qu’il était responsable de la mort de plus de 2 000 personnes. Pour le 27 novembre, il rapportait que « 273 prisonniers ont été exécutés dans la journée, dont : 5 généraux, 51 colonels, 10 lieutenant-colonels, 17 capitaines, 23 capitaines d’état-major, 43 lieutenants, 84 sous-lieutenants, 24 fonctionnaires, 12 officiers de police, 4 huissiers ».[71]

À Kertch (et ailleurs), les communistes ont chargé des gens sur des barges, les ont emmenés au large et les ont coulés. Certains accusent Zemliachka d’avoir voulu économiser les balles. C’était une « technique » de la Révolution française qui avait été adoptée par la Tchéka et qui avait été précédemment mise en œuvre, par exemple, par la juive à moitié folle, Rebecca Plastinina-Maizel dans le Grand Nord. [72] (Ce qui ne l’a pas empêché de siéger à la Cour suprême de l’Union soviétique). [73]

Le chef de la Tchéka à Kertch était un certain Joseph Kaminsky [FG : un peu comme Jacques l’éventreur qui s’appelait Aaron Kosminski]. Le nom Kaminsky est courant chez les Russes et les Juifs. Parmi les autres bourreaux à Feodosia/Kerch figurent Zotov, N. Dobrodnitsky, Vronsky, Ostrovsky et I. Shmelev, certains pourraient bien être juifs. [74]

Recensement en vue d’extermination

Au bout de quelques jours, Kun a ordonné aux résidents de Crimée de s’inscrire auprès des autorités. Tous les adultes ont été sommés, sous peine de mort, de

se présenter à la Tchéka locale pour remplir un questionnaire contenant une cinquantaine de questions sur leurs origines sociales, leurs actions passées, leurs revenus et aussi sur leurs . . .  opinions au sujet de . . . Wrangel et des Bolcheviks. Sur la base de ces enquêtes, la population a été divisée en trois groupes : ceux à abattre, ceux à envoyer dans des camps de concentration et ceux à épargner. [75]

Le principe d’action, en l’occurrence, avait déjà été énoncé par Martin Latsis, membre de l’organe dirigeant de la Tchéka (le Collège), en novembre 1918 :

Nous sommes là pour détruire la bourgeoisie en tant que classe. Par conséquent, chaque fois qu’un bourgeois nous passe entre les mains, la première chose à faire doit être, non . . . de découvrir des preuves matérielles d’un crime . . . mais de poser au témoin les trois questions : « À quelle classe appartient l’accusé ? » « Quelle est son origine ? » et « Décrivez son éducation, sa formation et sa profession.» C’est uniquement en fonction des réponses à ces trois questions que son sort devra être décidé. Car c’est la raison d’être de la « Terreur rouge ». [76]

On peut se rendre compte des résultats du recensement effectué par les hommes de la 9e Division de fusiliers à Feodosia : « 1100 personnes recensées , 1006 abattues, 79 emprisonnées et seulement 15 libérées». [77] Moisey Lisovsky, le commissaire politique de la division, a certainement joué un rôle dans ce massacre. À Kertch, des patrouilles de la Tchéka ont bouclé la ville pour le recensement, identifié 800 ennemis de classe et les ont abattues. Les habitants pensent que le nombre est beaucoup plus élevé. [78] À Sébastopol, la Tchéka avait transformé un quartier en camp de transit et y avait filtré la population recensée, les heureux élus étant ensuite fusillés hors de la ville, comme on l’a vu plus haut. [79] Dans les principales villes de la Crimée, les Rouges ont procédé à des exécutions de masse suite à ce genre de recensement. Il est apparu que toutes ces éxécutions étaient le fruit d’un ordre direct contresigné par Kun et Zemliachka. [80]

Zemliachka le Démon – L’écrivain russe Ivan Shmelev, qui a personnellement souffert de ces événements – les communistes ayant abattu son fils, lieutenant Blanc – a écrit en souvenir un livre poignant : Le Soleil des morts. Devant le tribunal de Lausanne en 1923, il dresse, par petites touches impressionnistes, un portrait de Zemliachka:

Elle volait de clocher en clocher, cintrée dans son éternelle veste de cuir, son visage était d’une pâleur maladive, sa bouche sans lèvres, ses yeux éteints ;  . . .  la silhouette menue, le Mauser énorme . . . c’était son heure de gloire. Là, Zemlyachka-Zalkind n’avait pas son pareil. . . . « Feu, Feu, Feu … » répétait-elle sans arrêt, jouissant d’assouvir enfin ses instincts meurtriers si longtemps refrénés. . . . Rozalia Samuilovna s’est montrée en Crimée comme le chien le plus loyal, la voix de son maître, Lénine. Elle n’escomptait aucune récompense, la chair et le sang suffisaient à la combler. Son épopée laissait derrière elle, sur les montagnes et sur la mer, un sillage rouge de sang. [81]

Ce portrait démoniaque trouve un écho chez un haut responsable bolchevik envoyé en Crimée au printemps 1921 pour se rendre compte de la situation. Mirsaid Sultan-Galiev, un responsable du Parti communiste musulman, déclarait ainsi à propos de Zemliachka :

La camarade Samoylova (Zemlyachka) était une femme d’une irritabilité et d’une intransigeance extrême, qui rejetait a priori toute idée d’agir par la persuasion . . . . Un état d’énervement permanent, toujours à hausser le ton avec presque tous les camarades, des exigences extravagantes  . . . des répliques coupantes dès qu’on s’avisait d’avoir la témérité d’exprimer une opinion personnelle . . . Quand la camarade Samoylova était en Crimée, littéralement tous les travailleurs tremblaient devant elle, n’osant pas désobéir même aux ordres les plus stupides ou erronés. [82]

Je me suis abstenu de reprendre les descriptions les plus pittoresques de Zemliachka parce qu’elles manquent de sources solides, mais ces deux récits donnent une indication de sa folie homicide. Certains auteurs disent qu’elle a manié les mitrailleuses, torturé des prisonniers ou eu des accès de rage. Peut-être. Une écrivaine moderne russo-juive, Arkady Vaksberg, qui en sait long sur ces Juifs communistes, dit d’elle que c’est « un monstre sadique », sans détails, malheureusement. [83] Nous ne pouvons qu’attendre un travail plus approfondi dans les archives soviétiques.

Pendant ce temps, le massacre se poursuivait, le 5 décembre, un certain N. Margolin publiait un article dans le journal Krasny Krim (« La Crimée rouge ») :

L’épée impitoyable de la Terreur rouge pourfendra toute la Crimée et nous la purifierons de tous les bourreaux et exploiteurs de la classe ouvrière. Mais nous serons plus malins et ne répéterons pas les erreurs du passé ! Nous avons été trop gentils après la révolution d’octobre. L’expérience a été amère, mais cette fois, nous ne serons plus aussi magnanimes. [84]

Il traite les victimes de ce grand massacre de bourreaux ! Était-ce le même N. Margolin que celui que Soljenitsyne nous décrivait en affameur, en commissaire juif impitoyable, célèbre pour avoir fouetté les paysans qui ne fournissaient pas de grain. (Et qui les assassinait par-dessus le marché) ? [85] Ça doit être lui.

La tuerie a duré jusqu’au printemps suivant. En outre, des dizaines de milliers de personnes ont été internées dans des camps de concentration de fortune, avant d’être redirigés vers des camps plus grands hors de Crimée. 50 000 Tatars musulmans ont été expulsés en Turquie ou expédiés dans des camps en Russie. Il y a eu des rapports selon lesquels 37 000 hommes de l’armée de Wrangel languissaient dans des conditions épouvantables dans des camps de la région de Kharkov. [86] Vu ces conditions, il est à craindre que beaucoup de ces hommes soient morts. Lorsque la Tchéka a envoyé une requête à Lénine demandant ce qui pouvait être fait pour améliorer la situation dans les camps, il s’est contenté de noter sur le papier, « aux archives ». [87]

Rappel de Kun et de Zemliachka –  Après un mois de cette orgie sanguinaire, les tensions accumulées éclataient au grand jour parmi les tortionnaires. Certains commençaient à exprimer des doutes et des craintes devant cette violence qui proliférait à une allure vertigineuse, au point de menacer de prendre une dynamique propre, totalement indépendante de tout contrôle. Les signes d’indiscipline se multipliaient, avec les escadrons de la mort qui se livraient à toutes les exactions, se livraient au pillage, montaient des harems, tuaient pour des raisons personnelles. On s’inquiétait aussi du degré de fanatisme de Zemliachka et de Kun qui liquidaient toute la classe moyenne, y compris les experts et techniciens dont les bolcheviks auraient besoin pour faire fonctionner la péninsule après la normalisation. L’un des membres du Comité révolutionnaire, Youri Gaven, qui n’était pas Juif, écrivait une lettre à un ami du Comité central à Moscou le 14 décembre, disant que Kun était devenu une sorte de Moloch et que sa place était à l’asile. Gaven, se défendant par avance de toute faiblesse, prenait soin de préciser qu’il était lui-même pour la terreur, mais que trop de personnes utiles étaient tuées. [88] Le même jour, Zemliachka se fendait d’une longue lettre à Moscou, se plaignant des faiblesses et défaillances de certains cadres, qui, disait-elle, la forçaient à faire tout le travail. [89] (Des lettres du même genre, elle en envoyait déjà à Lénine dès 1904. [90]) Elle demandait le rappel à Moscou d’un certain nombre de responsables, dont pas un n’était juif (y compris le frère cadet de Lénine, Dmitry Ulyanov, qui siégeait au comité du parti de Crimée). Il y aurait donc eu une composante ethnique à cette controverse, les non-Juifs prônant une certaine modération, les Juifs étant partisans de la terreur maximale. En l’occurrence, Moscou répondait en rappelant Zemliachka et Kun, début janvier 1921. Ils n’étaient en Crimée que depuis sept semaines.

Zemliachka et Kun ne sont donc pas responsables de la totalité des 50 000 morts, cependant, les sources semblent indiquer que la plupart des décès ont eu lieu alors qu’ils étaient en Crimée. Rien n’indique que Lénine ait réprimandé les deux fous furieux, ni même qu’ils soient tombés en disgrâce. Au contraire Zemliachka était nommée au Comité du Parti à Moscou et Kun au présidium du Komintern. Zemliachka se voyait décerner le drapeau rouge pour son service exemplaire pendant la guerre civile. [91])

On trouve dans l’Encyclopédie juive universelle, publiée à New York dans les années 1940, une notice des activités de Zemliachka pendant la guerre civile. Zemliachka, disait-on, « s’est rendue utile au front.» Un bel exemple d’historiographie juive à encadrer.

Épilogue

Après son arrivée à Constantinople, Wrangel s’est efforcé de maintenir l’ordre et l’unité parmi les exilés. En 1924, il fonde l’Union militaire panrusse pour maintenir l’espoir d’un renversement du régime communiste. En 1927, il déménage à Bruxelles avec sa famille, quasiment réduit à la pauvreté. Il écrit ses mémoires, Always with Honor, qui sont publiées après sa mort. Sa brusque disparition en avril 1928 alimente aussitôt des soupçons d’empoisonnement par des agents bolcheviques. Les deux hommes qui lui ont succédé à la tête de l’Union militaire, les généraux Kutepov et Miller sont eux-mêmes enlevés et tués. [92] Les restes de Wrangel se trouvent à l’église de la Sainte Trinité à Belgrade.

En Crimée, bien que les communistes aient déjà assuré leur emprise, les exécutions se sont poursuivies jusqu’au printemps. D’autres Juifs sont arrivés ; Alexandre Rotenberg prenait le commandement de la Tchéka de la Crimée normalisée en septembre 1921. [93] La famine, qui va souvent de pair avec la domination bolchevique, prenait le relais des massacres. Mirsaid Sultan-Galiev mentionné ci-dessus rapportait au Comité central en avril 1921 :

La situation alimentaire empire chaque jour. Tout le district sud, habité principalement par la population tatare, est littéralement affamé au moment où je vous parle. Le pain n’est distribué qu’aux employés soviétiques, et le reste de la population . . . ne reçoit rien. Des cas de famine sont observés dans les villages tatars. . . . À la conférence régionale. Les délégués tatares ont indiqué que les enfants « tombent comme des mouches ». [94]

La situation en Crimée était catastrophique, mais la principale cause de la famine, qui a tué environ 100 000 personnes, n’était autre que la gestion bolchevique, en particulier la réquisition de nourriture et la collectivisation des terres, avec la création des fermes d’État totalement inefficaces. En mars 1922, la Tchéka de Crimée rapportait que le cannibalisme « devient courant ». Pendant ce temps, des enfants disparaissaient, et « à Karasubazar en avril 1922, un entrepôt contenant 17 cadavres salés, principalement des enfants, était découvert ». [95] Ce n’est qu’en 1923 qu’une certaine normalité est revenue – la normalité toute relative qu’on peut escompter d’un régime communiste.

La prise de contrôle de la Crimée par les Rouges a été un horrible bain de sang qui a plongé la population dans un état de choc et d’horreur et inspiré une haine tenace du régime bolchevique. Une grande partie de la population est passée du côté des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui a déclenché une nouvelle répression et des vagues de déportation lorsque les forces de Staline ont repris la région au printemps 1944.

Passons maintenant à la vie d’après des sanguinaires.

Je n’ai trouvé aucune autre information sur Lisovsky et Margolin. [96]

Alexandre-Israël Radzilovski, le tueur adolescent, a eu une longue carrière dans la Tcheka puis au NKVD, atteignant le grade de major principal de la sécurité d’État (un grade équivalent à celui de général d’armée) et de chef adjoint du NKVD de Moscou, de 1935 à 1937. En 1936, il est député au Soviet suprême, la plus haute instance du régime. Il reçoit l’Ordre de Lénine en 1937, peu avant d’accompagner Lazar Kaganovich à Ivanovo, pour une nouvelle Grande Terreur : « La tornade noire ». [97] (Ici du moins, les victimes étaient communistes) Il est arrêté en septembre 1938, accusé d’espionnage au profit de la Pologne et fusillé en janvier 1940. [98]

Israel Dagin a également poursuivi une longue carrière à la Tchéka et dans les organes de répression. Il atteint un rang encore plus élevé que Radzivanski, commissaire de la sécurité d’État de grade 3, équivalent à commandant de corps. Il a travaillé dans de nombreuses villes, arrêtant, purgeant, tuant – la routine des officiers Tchéka. En 1937, au plus fort de la Grande Terreur,

Dagin et ses hommes devaient . . . . superviser l’une des opérations de terreur de masse les plus notoires. Le 28 juillet 1937, E. G. Evdokimov réunit les dirigeants locaux du Parti [dans le Caucase] et donne des instructions pour la purge massive prévue de longue date. Dagin, en étroite collaboration, a mené l’opération de police proprement dite. . . . Dagin avait depuis longtemps élaboré un plan, avec des listes de noms dans chaque localité. [99]

Rien que dans la première de ces petites régions, la Tchechnie-Ingouchie, « 5 000 prisonniers étaient entassés dans les prisons du N.K.V.D. à Grozny, 5 000 dans le garage principal du Grozny Oil Trust, et des milliers d’autres dans divers . . . bâtiments. Au total, environ 14 000 arrestations, soit environ 3 % de la population. [100] Toutes ces personnes ont été ou fusillées ou envoyées dans des camps. Mêmes auteurs, mêmes tragédies, seules les victimes changent. Dagin a reçu les plus hautes décorations d’État, mais il était également arrêté en novembre 1938 et abattu quelques jours avant Radzizilovski. [101]

Lev Mekhlis a connu une longue carrière sous Staline en tant que secrétaire personnel, rédacteur en chef de la Pravda, député du Soviet suprême et membre du Comité central. (Le Comité central était l’organe dirigeant du Parti communiste ; le Politburo, l’Orgburo et le Secrétariat étaient techniquement des sous-départements en son sein). Il a dirigé diverses purges sur l’ordre de Staline, inspirant la terreur surtout chez les officiers. En 1937, Staline le nomma chef de la direction politique principale de l’armée (le faisant commissaire politique pour toute l’armée), fonction qui lui permit de mener à bien la fameuse grande purge de l’Armée rouge. Il « était capable de trouver des ennemis partout » et aura joué un grand rôle dans les répressions politiques de cette période. [102] Durant la Seconde Guerre mondiale, Mekhlis a parcouru des milliers de kilomètres sur les fronts, tuant autant de généraux de l’Armée rouge que les Allemands. Sa cruauté était légendaire . . . [103] En septembre 1940, il croisa à nouveau le chemin de son amie Zemliachka et lui succéda comme ministre du contrôle d’État, un organe de surveillance placé au-dessus des bureaux du Parti et du gouvernement. On peut fidèlement résumer Mekhlis en remarquant qu’il était à la fois le serviteur indéfectible de Staline et l’ami cher de  Rozalia Zemliachka, deux des personnages les plus maléfiques du vingtième siècle. Mekhlis a pris sa retraite en 1950, titulaire des plus hautes distinctions, et est mort de causes naturelles en février 1953, moins d’un mois avant la mort de son maître, Staline.

Ivan Danishevsky, le juvénile bourreau de la Tchéka, reçut une montre en or pour son « travail » en Crimée. Dans les quelques mois qui suivirent, il fut envoyé dans le Caucase pour une mission similaire, liquidant des personnalités intelligentes et dignes d’intérêt – les ennemies naturelles du régime bolchevique – dans une région nouvellement conquise par les forces rouges. Avant la fin de 1921, le Parti l’affecte à un travail civil dans le commerce et la finance. Dans les années 1930, il est ingénieur, travaillant à des moteurs d’avion à la tête d’une grande usine (les usines industrielles soviétiques étaient gigantesques). Pendant la Grande Terreur, il échappe de justesse à une arrestation en dénonçant parmi son entourage, il est finalement arrêté à son tour en août 1938. Torturé, il avoue de fausses accusations et est condamné à mort. Inexplicablement, il est épargné et envoyé dans les mines d’or de Kolyma où il survit jusqu’en 1955, date à laquelle il est libéré et autorisé à rentrer à Moscou. Il écrit un certain nombre d’ouvrages sur l’histoire soviétique dans lesquels il défend énergiquement la pure doctrine communiste. [104] Il meurt en 1979.

Quant à Semyon Dukelsky, le musicien tueur de la Tchéka, il quittait bientôt la Crimée pour prendre le commandement de la Tchéka à Odessa, remplaçant le juif Max Deich, qui s’était acquis une « réputation de sadique drogué » et avait dû être rappelé. [105] Il a travaillé à divers postes de la Tchéka et du gouvernement – plusieurs fois muté ou réprimandé pour incompétence – en 1938, le Politburo essaiera de le caser responsable du Département cinématographique du Comité central ; son prédécesseur, le juif Boris Shumiatsky, ayant été fusillé. Ceux qui ont travaillé sous lui en gardent un très mauvais souvenir : rigide, excentrique, doctrinaire, arrogant. Mais là encore, il ne tient qu’un an. De 1939 à février 1942, il est commissaire de la marine de guerre (ou de la marine marchande ; les sources ne sont pas claires); puis, jusqu’à sa retraite en 1952, il est vice-commissaire/ministre de la justice. Il se met à émettre des dénonciations de plus en plus invraisemblables, à tel point qu’il est interné en asile psychiatrique. Il meurt en 1960. [106]

Samuel Vulfson, collaborateur de Kun au sein du Comité révolutionnaire de Crimée, est retourné à Moscou en 1921. Il a siégé au comité du parti de Moscou (avec Zemliachka) et, après 1924, il a travaillé dans le commissariat du commerce extérieur et en tant que représentant commercial en Europe occidentale. En 1929, sa tuberculose s’aggravant, il part à l’étranger et décède à Berlin en 1932. [107]

Sergei Gusev – Drabkin a continué à travailler dans l’administration politique de l’Armée rouge, pendant un certain temps en tant que chef du département, avant que Trotsky ne le fasse partir – Gusev était l’homme de Staline. Gusev a ensuite travaillé dans le Parti en tant que membre aspirant du Comité central et secrétaire de la Commission centrale de contrôle (1923), qui était l’organe disciplinaire placé au-dessus du Parti et du gouvernement. Au milieu des années 1920, Staline l’affecte au Komintern, ce qui lui donne l’occasion de se rendre aux États-Unis pour arbitrer un différend au sein du Parti communiste américain, sous le nom de « P. Green ». Gusev participe à la controverse sur la littérature en Russie, arguant (avec Zemliachka et d’autres partisans de la ligne dure) que les écrivains doivent se contenter de propager la pure doctrine communiste, sans égards à leur liberté littéraire. Dans un discours prononcé au quatorzième Congrès du Parti en décembre 1925, il dit : « Lénine nous enseignait que chaque membre du Parti devait être un agent de la Tchéka – c’est-à-dire qu’il devait surveiller et informer », et il concluait que « si nous souffrons d’une chose, c’est bien de ne pas le faire assez ». [108]. Ça fait froid dans le dos. Le principal défenseur de la liberté de création, l’écrivain Alexander Voronsky, tombait en disgrâce et fut fusillé en 1937. Gusev a continué à travailler à des postes élevés du Komintern jusqu’à sa mort en 1933. [109]

Ephraim Sklyansky, le jeune assistant de Trotsky qui avait berné des milliers d’officiers blancs avec une fausse promesse d’amnistie, n’a pas survécu longtemps. En avril 1924, il perdait son poste au sein du Conseil révolutionnaire-militaire à cause de l’hostilité de Staline, qu’il avait fortement critiqué pendant la guerre civile. Il a été muté dans la sphère économique, à la tête d’un conglomérat textile. En 1925, il se rend en Europe et en Amérique pour récolter des informations sur la production industrielle, mais se noie dans un accident de bateau suspect. Arkady Vaksberg, entre autres, accuse Staline:

Sklyansky a été noyé dans un lac lors d’un voyage d’affaires aux États-Unis avec le directeur d’Amtorg (la société de commerce américano-soviétique), Isaïe Khurgin. . . Le meurtre de deux juifs que Staline détestait avait été organisé par deux autres juifs, Kanner et Yagoda. [110]

Grigory Kanner était l’un des secrétaires de Staline ; Genrikh Yagoda était à cette époque chef de de facto l’OGPU, l’organe qui succédait à la Tchéka. Un historien note que Kanner « était chargé des sales coups de Staline contre Trotsky et d’autres », [111] mais il n’y a pas de preuve tangible de la culpabilité de Staline; l’accusation émanait à l’origine de Boris Bazhanov, ancien secrétaire de Staline.

Bela Kun, qui était virtuellement dictateur en Crimée au moment du massacre, est parti  directement au Présidium du Komintern (qui était dirigé par Grigori Zinoviev jusqu’à la fin de 1926). Lénine l’a ensuite envoyé, en tant qu’agent du Komintern, en Allemagne, en compagnie d’un autre Juif hongrois, Joseph Pogany (de son vrai nom Schwarz), pour y déclencher la révolution communiste. Les attentes étaient élevées ; Lénine avait toujours considéré que le succès de la révolution en Russie dépendait de l’adhésion de l’Allemagne à la révolution mondiale. Imaginez cette terrifiante perspective : l’association d’une Russie et d’une Allemagne communiste ! Le résultat fut l’Action de mars, un soulèvement très mal préparé qui a rapidement tourné au fiasco. Kun, éreinté par Lénine, est envoyé dans l’Oural, affecté au comité local du Parti, sans toutefois perdre sa place au Komintern. Dans les années 1920, il travaillait sous couverture en tant qu’agent du Komintern en Allemagne, en Autriche et en Tchécoslovaquie, jusqu’à son arrestation à Vienne en 1928, après quoi il est resté en Union soviétique, dirigeant toujours le Parti communiste hongrois en exil. Il a continué à travailler dans les échelons supérieurs du Komintern jusqu’au milieu des années 1930. [112] En juin 1937, c’est son tour d’être dénoncé et arrêté. Ses tortionnaires du NKVD, probablement des voyous juifs, l’ont battu et forcé à rester debout sur un pied pendant près de vingt heures ; quand « il est retourné dans sa cellule après l’interrogatoire, ses jambes étaient gonflées et son visage était si noir qu’il en était méconnaissable ». [113] Il est abattu en août 1938, avec pratiquement tout le contingent d’émigrés communistes hongrois.

Rozalia Zemliachka. Elle avait quarante-quatre ans en 1920, elle a vécu encore vingt-sept ans, servant à des postes variés de la machine soviétique. Stalinienne naturelle, elle était immunisée contre les arrestations – en fait, c’est elle qui purgeait. Elle « avait toujours été le genre de bolchevik qui plaisait à Staline parce qu’elle partageait sa vision manichéenne du monde, un lieu d’affrontement à la mort entre alliés et ennemis ». [114]

Après « s’être rendue utile» en Crimée, elle rentre à Moscou en janvier 1921, travaillant comme secrétaire de l’un des comités du parti du district. Dans les années suivantes, elle travaille dans l’Oural et le Caucase du Nord comme « responsable de la formation, des manuels, des conférences et des cours à destination des ouvriers ». [115] Elle travaillait pour Staline, le soutenant contre l’opposition, que ce soit Trotsky ou Kamenev et Zinoviev. En 1926, Staline la nomme membre du conseil d’administration de la Commission centrale de contrôle, ce qui signifiait qu’elle avait atteint le rang de principale responsable de la discipline du parti. C’est un rôle qu’elle continuera à jouer pour le reste de sa carrière [116 ], ce qui l’a amené à travailler pour le NKVD:

Il ne fait aucun doute que Zemliachka ait travaillé en étroite collaboration avec le NKVD. Ses fonctions exigeaient qu’elle leur transmette ses rapports et dossier, de plus, il est probable qu’elle était pleinement prédisposée à le faire. . . . Convaincue de l’existence de complots menaçants pour le Parti, elle est devenue experte pour les contrecarrer. Elle a également réussi à se protéger des purges qui ont balayé les rangs du NKVD lui-même. . . . Au lieu d’être victime, Zemliachka collectionnait les distinctions. En septembre 1936, elle recevait la plus haute décoration civile soviétique, l’Ordre de Lénine. [117]

En 1937, elle devient députée du Soviet suprême et, deux ans plus tard, membre du Comité central. La même année, elle devient vice-présidente de la Commission de contrôle et vice-présidente du Conseil des commissaires du peuple (poste équivalent à celui de vice-premier ministre). Elle est très proche du sommet. Elle passe les années de guerre à Moscou, rédigeant des souvenirs polémiques sur Lénine et effectuant diverses tâches mineures. Elle prend sa retraite en 1943 et décède à l’âge de soixante-dix ans, en janvier 1947.

La Russie qui existait à sa naissance n’était plus. D’une Terre fertile, de paix, d’ordre et de développement sous l’égide de sa petite communauté allemande, [118] la Russie avait basculé, sous la coupe de sa minorité juive, dans la peur, le meurtre, la dénonciation et les camps de concentration. Zemliachka est la figure de proue de cette transformation, l’incarnation de la haine juive au pouvoir et de son zèle pervers.

Zemliachka qui préside un procès de la Grande Purge

Conclusion

La question se pose de savoir combien d’autres victimes ces Juifs ont-ils faits après la Crimée. La plupart, si ce n’est tous, ont poursuivi dans leur vocation révélée, terroriste communiste, opérant des années durant dans un système dont la base même était la terreur. Ce nombre doit être faramineux, mais à leur décharge, ils ont fini par être eux-mêmes victimes du monstrueux système qu’ils avaient mis en branle.

Pour évaluer correctement la tragédie de Crimée, nous devons avoir une idée des chiffres impliqués. Les estimations varient de 12 000 à 120 000, mais de nombreux chercheurs pensent que le véritable nombre doit se situer entre 50 000 et 60 000, c’est aussi l’avis des auteurs Russes contemporains qui ont accès à au moins certaines des archives. [119]

Il faut y ajouter 20.000 morts dans les camps et 100.000 morts dans la famine, le tout en l’espace de seulement dix-huit mois et sur une très petite zone. Ce schéma s’est virtuellement répété partout où les bolcheviks avaient la main, et il s’est poursuivi de 1917 jusqu’au milieu des années 1950, périodiquement entrecoupé de brèves accalmies. Le régime communiste en Russie a été une interminable et colossale tragédie, perpétrée par une clique de criminels dérangés, surtout Juifs, animés par une idéologie qui n’était rien moins que satanique dans ses manifestations.

Quand on songe que de tels enragés rôdent en silence au cœur de nos sociétés modernes, menaçant en permanence de se coaliser de nouveau pour former une nouvelle tornade noire, cela donne la chair de poule.

Les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie en savent quelque chose.

[FG – Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que :

1 –  La peine de mort en Russie avait été abolie le 26 octobre 1917 par décision du IIè Congrès Panrusse des Soviets des Députés Ouvriers et Soldats.

2 –  La peine de mort n’existe pas en Israël – à part Eichmann et les assassinats ciblés]

Francis Goumain Adaptation française

Source

Jewish Bolsheviks and Mass Murder: Rozalia Zemliachka and the Jews Responsible for the Bloodbath in Crimea, 1920 – The Occidental Observer

La Terreur rouge de 1918-1922 | C’est… Qu’est-ce que la Terreur rouge de 1918-1922 ?

La peine de mort en Russie a été abolie le 26 octobre 1917. par décision du IIe Congrès panrusse des Soviets des députés ouvriers et soldats.

Notes

[1] For instance, many assert that “the Jews” were responsible for the Holodomor, or the Katyn massacre of Polish officers. I do not doubt that Jews were involved in these episodes—respectively, Lazar Kaganovich and Leonid Raikhman, of course—but documentation is scarce, beyond the major figures. One example of a well-documented Jewish massacre is the murder of the Tsar and his family—the perpetrators being Sverdlov, Goloshchekin, Yurovsky, etc.

[2] The family was certainly Jewish; the sources are unanimous

[3] A perusal of Erich Haberer’s Jews and Revolution in Nineteenth Century Russia (Cambridge University Press, 2004) will amply demonstrate the fact

[4] Barbara Evans Clements, Bolshevik Women (Cambridge University Press, 1997), 37.

[5] Namely, Hesia Helfman. See Haberer, Jews and Revolution, 198-99.

[6] Clements, Bolshevik Women, 23-24. It is Clements’ speculation that the family may have had some tie to the assassins.

[7] Kazimiera Janina Cottam, Women in War and Resistance: Selected Biographies of Soviet Women Soldiers (Nepean, Canada: New Military Publishing, 1998), 426.

[8] Clements, 24

[9] Arthur Rosenberg, the German Marxist historian, says “Marx did not proceed from the misery of the workers to the necessity of revolution, but from the necessity of revolution to the misery of the workers.” The History of Bolshevism (Oxford University Press, 1934), 24. Among the radicals of the American New Left, this was an open secret, taking form in the slogan, “the issue is not the issue.”

[10] Clements, 24.

[11] Rozalia’s new idol Karl Marx also delved into demonic imagery and themes. When he was just eighteen his troubled father asked him in a letter, “That heart of yours son, what’s troubling it? Is it governed by a demon?” See Paul Kengor, The Devil and Karl Marx (Tan Books, 2020), chapters 2-4

[12] Clements76

[13] Arno Lustiger, Stalin and the Jews: The Red Book (Enigma Books, 2003), 17. At least one other delegate had some Jewish blood: his maternal grandfather was named Israel Moses Blank. I speak of Lenin, of course.

[14] The top leaders of the Mensheviks were Jews: Julius Martov (real name Tsederbaum), Fedor Dan (real name Gurvich), and Pavel Axelrod. Wikipedia lists eight founders/most important members of the Menshevik faction, and five were Jews. The others were Trotsky and Alexander Martinov (real name Pikker).

[15] Clements, 77-78.

[16] Barricades: Clements, 79. Armored street cars: Richard Stites, The Women’s Liberation Movement in Russia: Feminism, Nihilism, and Bolshevism, 1860-1930 (Princeton University Press, 1991), 275.

[17] Pyotr Romanov, Демон по имени Розалия Самойловна (“A Demon Named Rozalia Samoilovna”). Accessed May 20, 2025. https://ria.ru/20180817/1524692966.html

[18] Universal Jewish Encyclopedia, Isaac Landman, editor. 1943. “Zemlyachka, Rozalia.”

[19] Clements, 79.

[20] Ibid, 142

[21] See Slezkine, House of Government, 138-39.

[22] Richard Pipes, The Russian Revolution (Vintage Books, 1991), 564. This incident took place in the summer of 1918. Zinoviev was boss of Petrograd by virtue of his post as Chairman of the Petrograd Soviet, which was a revolutionary council that the Bolsheviks appropriated for their own use.

[23] This happened a bit later, March 1919, but is indicative of the growing feeling. The Black Book of Communism: Crimes, Terror, Repression. Edited by Stephane Courtois, Nicholas Werth, et. al. (Harvard University Press, 1999), 86.

[24] Pipes, The Russian Revolution, 611-12. In The Black Book of Communism, page 87, we read, “In Orel, Bryansk, Gomel, and Astrakhan mutinying soldiers joined forces with [striking workers], shouting “Death to Jews! Down with the Bolshevik commissars!”

[25] The assassinations were of powerful Petrograd-based Jewish Bolsheviks: Vladimir Volodarsky (real name Moisey Goldshtein) was commissar of the press, censorship and propaganda, a “terrorist” and hated figure according to his fellow Bolshevik Lunacharsky; he was shot down June 20. The head of the Cheka in the city, Moisey Uritsky, was shot and killed the same day as the attempt on Lenin, August 30.

[26] The “military commissar was one of the key military innovations of the Reds during the civil wars. These commissars acted as the representatives of the Russian Communist Party (Bolsheviks) and the Soviet government and were attached to military formations . . . at all levels, so as to ensure political control over them . . . When, over the course of 1918, the Red Army became a mass conscript army, dominated by peasants, the military commissars (or voenkomy) assumed also a larger ideological and agitational role . . .” Jonathan D. Smele, Historical Dictionary of the Russian Civil Wars, 1916 – 1926 (Rowman & Littlefield, 2015), 746. These were the political commissars that Hitler later targeted in his 1941 Commissar Order.

[27] “A Red brigade commander named Kotomin who defected in 1919 reported “that [the ranks of the commissars] included . . . ‘of course, almost a majority of Jews.’” Evan Mawdsley, The Russian Civil War (Pegasus Books, 2008), 62.

[28] Stites, Women’s Liberation Movement, 321

[29] Clements, 182.

[30] Bruce Lincoln, Red Victory: A History of the Russian Civil War (Simon and Schuster, 1989), 386

[31] George Leggett, The Cheka: Lenin’s Political Police (Clarendon Press, 1986), 114.

[32] Alexis Wrangel describes the family and the Baron charmingly in General Wrangel: Russia’s White Crusader (New York: Hippocene Books, 1987).

[33] Lincoln, Red Victory, 443-48.

[34] Ibid, 448.

[35] For Revolutionary Committees, see Smele, Historical Dictionary of the Russian Civil Wars, 938 and 1378.

[36] The Frenchmen Jerome and Jean Tharaud wrote a book about it, giving it the apt title When Israel is King. It is back in print, available at Antelope Hill Books. A long review appeared on the Occidental Observer in April 2024. The man writing under the name “Karl Radl,” whose research on Jews is prolific, gives a detailed examination of the Jewish personnel involved here: https://karlradl14.substack.com/p/the-jewish-role-in-the-hungarian

[37] Most of the information in this paragraph comes from Smele, Historical Dictionary of the Russian Civil Wars, 640-41.

[38] Angelica Balabanoff, My Life as a Rebel (New York, 1968), 224.

[39] Victor Serge, Memoirs of a Revolutionary (New York Review of Books, 2012), 220.

[40] Serge, 163.

[41] “Samuil Davydovich Vulfson,” in Russian-language Wikipedia. Accessed May 17, 2025. https://fi.wiki7.org/wiki/Вульфсон,_Самуил_Давыдович. I do not have a source that identifies this man as a Jew, but I am confident he is, mainly because of the name. “AI Overview” states: “Vulfson is a surname of Jewish origin, specifically Ashkenazi . . .”

[42] Branko Lazitch and Milorad Drachkovitch, Biographical Dictionary of the Comintern, revised edition (Stanford: Hoover Institution Press. 1986), 160.

[43] Slezkine, The House of Government, 289.

[44] Georgy Borsanyi, The Life of a Communist Revolutionary, Bela Kun, (Columbia University Press, 1993), 236. Borsanyi was a Jewish Communist.

[45] Serge, 248.

[46] Clements, 184. Georgy Borsanyi also depicts him as taking an active role,  241.

[47] Wikipedia (https://en.wikipedia.org/wiki/Semyon_Dukelsky) and A. N. Zhukov, Memorial Society, “Semyon Dukelsky.” https://nkvd.memo.ru/index.php/Дукельский,_Семен_Семенович

[48] From Russian-language Wikipedia, Дукельский, Семён Семёнович, “Semyon Dukelsky” https://ru.wikipedia.org/wiki/Дукельский,_Семён_Семёнович

And a Belarusian website on Human Rights: https://protivpytok.org/sssr/antigeroi-karatelnyx-organov-sssr/dukelskij-s-s

[49] Alexei Teplyakov, Иван Данишевский: чекист, авиастроитель, публицист (“Ivan Danishevsky: Chekist, Aircraft Builder, Publicist”) Accessed May 26, 2025.  https://rusk.ru/st.php?idar=57915

[50] Rayfield, Stalin and His Hangmen, 311 and 396.

[51] Jews in the Red Army: “Lev Mekhlis.” Yad Vashem. Accessed June 6, 2025. https://www.yadvashem.org/research/research-projects/soldiers/lev-mekhlis.html

[52] Donald Rayfield, Stalin and His Hangmen: The Tyrant and Those Who Killed for Him (Random House, 2004) 83, 358. Rayfield is not a historian, but a professor in Russian and Georgian literature. This book is quite interesting, being larded with information about the men—often Jews—who killed millions for the Communist regime.

[53] Borsanyi, Bela Kun, 31 and 212.

[54] Borsanyi, 275.

[55] Orlando Figes, A People’s Tragedy: A History of the Russian Revolution (Viking, 1997), 720.

[56] Sergey Melgunov, The Red Terror in Russia (London: J. M. Dent & Sons, 1926), 76-77.

[57] Ibid, 76

[58] Vladimir Brovkin, Behind the Front Lines of the Civil War (Princeton University Press, 1994), 345-46.

[59] Russian-language Wikipedia, “Red Terror in Russia,” (https://ru.wikipedia.org/wiki/Красный_террор_в_Крыму) citing Авторский коллектив. Гражданская война в России: энциклопедия катастрофы (“Civil War in Russia: Encyclopedia of Catastrophe,” 2010) Editor D. M. Volodikhin. Volodikhin claims his estimates are based on official Soviet sources.

[60] Dmitry Sokolov, “Карающая рука пролетариата” Деятельность органов ЧК в Крыму в 1920-1921 гг (“The Punishing Hand of the Proletariat”: Activities of the Cheka in the Crimea in 1920-1921) Accessed May 28, 2015. https://ruskline.ru/analitika/2009/11/16/karayuwaya_ruka_proletariata/

[61] Robert Forczyk, Where the Iron Crosses Grow: The Crimea 1941-44 (Oxford, United Kingdom: Osprey Publishing, 2014), 24

[62] Borsanyi, 241

[63] Courtois, Black Book of Communism, 105.

[64] Melgunov, Red Terror in Russia, 81.

[65] Courtois, 107.

[66] Ibid, 80-81.

[67] Courtois, 106-07 and Melgunov, 81.

[68] Forczyk, Where the Iron Crosses Grow, 25.

[69] A. Bobkov, Красный террор в Крыму. (“The Red Terror in Crimea”). Accessed June 2, 2025. rovs.atropos.spb.ru/index.php?view=publication&mode=text&id=277

[70] Melgunov, 78.

[71] Alexei Teplyakov, Иван Данишевский: чекист, авиастроитель, публицист (“Ivan Danishevsky: Chekist, Aircraft Builder, Publicist”)

[72] For Kerch, Forczyk, 26. For Plastinina-Maizel, Melgunov, 200.

[73] Solzhenitsyn, Ch. 16.

[74] Russian-language Wikipedia, “Red Terror in Russia,” (https://ru.wikipedia.org/wiki/Красный_террор_в_Крыму)

[75] Courtois, 107.

[76] Melgunov, 39-40.

[77] Forczyk, 25-26.

[78] Melgunov, 80.

[79] Dmitry Sokolov, Месть победителей (“Revenge of the Victors”). Accessed May 27, 2025. https://rusk.ru/st.php?idar=112133

[80] Melgunov, 77

[81] Pavel Paganuzzi, Красный террор в Крыму (“Red Terror in Crimea”). Accessed May 25, 2025. https://www.belrussia.ru/page-id-3316.html. The court was trying the killer of a Soviet diplomat, Vatslav Vorovsky. The defense turned the trial into a referendum on Soviet atrocities.

[82] Dmitry Sokolov, “The Punishing Hand of the Proletariat.”

[83] Arkady Vaksberg, Stalin Against the Jews (Alfred Knopf, 1994), 23.

[84] Russian-language Wikipedia, “Red Terror in Crimea.” (https://ru.wikipedia.org/wiki/Красный_террор_в_Крыму)

[85] Solzhenitsyn, Ch. 16.

[86] For the Tatars, Forczyk, 27. For Wrangel’s troops, Richard Pipes, Russia Under the Bolshevik Regime (Vintage Books, 1995), 135.

[87] Pipes, 135

[88] Russian-language Wikipedia, “Red Terror in Crimea.” Accessed May 17, 2025. https://ru.wikipedia.org/wiki/Красный_террор_в_Крыму

[89] Andrey Sorokin, “Красный террор омрачил великую победу Советской власти…”

(“The Red Terror Overshadowed the Great Victory of Soviet Power …”) Accessed June 3, 2025. https://rodina-history.ru/2016/08/10/rodina-krymu.html

[90] Clements, 77.

[91] Cottam, Women in War and Resistance, 434.

[92] Kutepov was kidnaped off the street in Paris by the Jewish Chekist Yakov Serebryansky and his wife, who posed as French police. His body has never been found. Pavel Sudoplatov, Special Tasks: The Memoirs of an Unwanted Witness – A Soviet Spymaster (Little, Brown and Co., 1994), 91.

[93] “Alexander Rotenberg,” Accessed May 20, 2025. https://www.hrono.ru/biograf/bio_r/rotenberg.html

[94] Mykola Semena, “A forgotten tragedy. One hundred years since the mass famine in the Crimea in 1921–1923.” Accessed June 4, 2025. https://holodomormuseum.org.ua/en/news/a-forgotten-tragedy-one-hundred-years-since-the-mass-famine-in-the-crimea-in-1921-1923/

[95] Ibid.

[96] Neither appear in Heinrich Schulz’s Who was Who in the U.S.S.R. (Scarecrow Press, 1972), which has data on 5,015 prominent personalities of the Soviet Union, nor in the on-line Jewish Encyclopedia of Russia, which has basic but minimal data on 8,500 Jews born in Russia: (https://www.jewishgen.org/Belarus/misc/JewishEncycRussia/a/index.html).

[97] Robert Conquest, Inside Stalin’s Secret Police: NKVD Politics 1936-39 (Hoover Institution Press, 1985), 38.

[98] Zhukov, Memorial Society, “Alexander Radzivilovski.” Accessed May 22, 2025. https://nkvd.memo.ru/index.php/Радзивиловский,_Александр_Павлович

[99] Conquest, Inside Stalin’s Secret Police, 38.

[100] Robert Conquest, The Great Terror: A Reassessment (Oxford University Press, 1990), 261.

[101] Zhukov, “Israel Dagin.” Accessed June 12, 2025. https://nkvd.memo.ru/index.php/Дагин,_Израиль_Яковлевич

[102] Boris Morozov, “Mekhlis, Lev Zakharovich,” in The YIVO Encyclopedia of Jews in Eastern Europe. Accessed May 10, 2025. https://encyclopedia.yivo.org/article/852

[103] Rayfield, Stalin and His Hangmen, 398.

[104] Teplyakov, op. cit.

[105] Leggett, 447.

[106] Russian-language Wikipedia, “Semyon Dukelsky.” Accessed May 13, 2015. https://ru.wikipedia.org/wiki/Дукельский,_Семён_Семёнович

[107] See note 41.

[108] Slezkine, House of Government, 291.

[109] Lazitch and Drachkovitch, Comintern, 160-61.

[110] Vaksberg, Stalin Against the Jews, 28

[111] Simon Sebag Montefiore, Stalin: The Court of the Red Tsar (Alfred Knopf, 2004), 234–35. Montefiore is Jewish, like most of the major historians of Soviet Russia. They really seem fascinated by Soviet history for some reason.

[112] Lazitch and Drachkovitch, 239-41; also Wikipedia, “Bela Kun,” Accessed May 12, 2025.

[113] Conquest, The Great Terror, 403.

[114] Clements, 242.

[115] Ibid, 242.

[116] Ibid, 243.

[117] Ibid, 286.

[118] Thomas Sowell says that the tiny German minority in Tsarist Russia accounted for forty percent of the high command of the Army, 57 percent of the Foreign Ministry, and nearly all of the St. Petersburg Academy of Sciences. These numbers would roughly flip in favor of the Jews after the Bolshevik Revolution. In fact, the Jews would drive out or exterminate the ruling German stratum. In Migrations and Cultures (Basic Books, 1996), 57.

[119] Melgunov—at least 50,000. Bruce Lincoln—about 50,000. Courtoi—at least 50,000. Volodikhin—at least 52,000.

 

Notre Peuple ou l’Amérique – la Race ou le Drapeau? Voir au-delà de Trump

Allocution de Mark Weber le 31 mai 2025, lors d’un colloque organisé et animé par James Edwards à Greenville, en Caroline du Sud.

En haut, Paris 2013, énorme manifestation anti mariage homo; en fait, première manifestation des chrétiens blancs en Occident.

En bas, trois ans plus tard, la vague MAGA-Trump, également très typée blanche

Notre hôte nous a réunis ce week-end, non pas seulement pour dresser un constat d’échec ou d’en pointer du doigt les responsables, mais pour mettre l’accent « sur la manière dont il serait concrètement possible de s’engouffrer rapidement dans les brèches ouvertes par la réélection de Donald Trump » et « d’exploiter le changement du climat politique qui en a résulté ». Ceci commence par une évaluation lucide et sans fard de la carrière de Trump, de sa présidence, et de la vague MAGA dont il aura été à l’origine.

L’irrésistible ascension de Donald Trump aura été avant tout l’expression d’un profond mécontentement, d’un malaise grandissant au sein de la population blanche devant ce que leur pays était en train de devenir. Comme une caisse de résonance, le Make American Great Again a permis de faire éclater une rage latente qui couvait principalement parmi les Blancs de la classe moyenne et ouvrière, délaissés et rabaissés par une élite politique qui avait fini par les faire se sentir comme des étrangers dans leur propre pays.

Le succès de Trump c’est la somme de toutes ces désillusions, de toutes ces frustrations devant l’échec chaque jour plus manifeste des partis et des dirigeants au pouvoir depuis la guerre, c’est le soulèvement contre tous ceux qui les ont appuyés dans les mass médias, à Hollywood, dans les entreprises, dans les écoles et à l’université. Son accession à la Maison Blanche, c’est à la fois un symptôme et un accélérateur de l’effondrement de la mainmise de la gauche libertarienne sur la démocratie, le rejet de l’idéologie qui la sous-tend et qui a prévalu dans notre pays et dans tout l’Occident depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

C’est le mérite de Trump que d’avoir renversé la table. Il a poussé les Américains à voir en face des réalités que ceux au pouvoir auraient préféré qu’ils continuent d’ignorer, à reprendre à bras le corps des questions comme le droit du sol ou les politiques de discrimination positive si pénalisante pour eux —  autant de sujets que la classe politique considérait comme définitivement réglés, fermés aux débats.

Mais tout en reconnaissant les mérites du mouvement MAGA-Trump, l’élan qu’il a donné, force nous est aussi de relever les limites de ce que peut faire la nouvelle administration.

Il y a à la base même du mouvement MAGA-Trump, une énorme erreur d’appréciation : si l’Amérique n’est plus un grand pays, ce serait la faute de quelques traîtres. Pour refaire de l’Amérique un grand pays, nul besoin d’une nouvelle révolution – d’une contre-révolution, il faut et il suffit de jeter par-dessus bord les malfaisants. Le mouvement pèche par sa limitation intrinsèque, il apparaît comme un simple mouvement protestataire (de droite), ses partisans se contentant de pointer du doigt des coupables dont il s’agirait de couper l’influence néfaste en les évinçant du pouvoir.

À la rigueur on songe aussi à exclure quelques livres des bibliothèques publiques dont on pense qu’ils ne devraient pas être lus par les Américains, ceux par exemple qui s’épanchent en repentance anti Blancs ou qui font la promotion du triptyque infernal Diversité – Égalité – Inclusion, le problème, c’est qu’on ne leur propose rien d’autre à lire à la place.

Tout se passe comme si le mouvement était dépourvu de sa propre Weltanshauung, qu’il n’avait rien à offrir pour combler le vide que laisserait derrière elle l’idéologie qui a prévalu toutes ces quatre-vingts dernières années et qui nous a inexorablement conduit là où nous en sommes aujourd’hui. Il s’avère que le mouvement n’a pas d’autre vision pour le futur que celle assez vague d’un retour à une grandeur perdue.

Que de fois n’avons-nous entendu de la bouche des Républicains et des analystes de leur bord que la déchéance des villes américaines, la lente et inexorable descente dans l’enfer de la criminalité, de l’insécurité et de la paupérisation de Detroit, de Philadelphie, de Baltimore etc. sont uniquement dues au fait que leur maire était Démocrate? Est-ce qu’ils croient, est-ce que quiconque croit vraiment de telles inepties?

Et en plus, c’est pour se faire plus Démocrate que les Démocrates, en disant que « ce sont eux les vrais racistes »,  que « nous devrions tous nous considérer comme simplement des êtres humains et des Américains » — et que notre but ultime est, ou devrait être, celui d’une Amérique non racisée, d’une Amérique aveugle à la couleur.

Ils poussent le bouchon jusqu’à dénoncer l’idéologie identitaire comme clivante et raciste – ce qui, au demeurant, ne manque pas d’un certain toupet étant donné que par ailleurs, ils ne ratent pas une occasion de faire des promesses électorales spécifiquement adressées à des groupes identitaires tels que les Noirs, les Hispaniques ou les Juifs.

C’est ainsi par exemple que lors de la campagne de 2020, Trump s’était fendu d’un «Plan Platine» par lequel il promettait de faire de «Juneteenth» un jour férié : Juneteenth, c’est la contraction des mots June (juin) et nineteenth (dix-neuf), le 19 juin 1865 étant la date à laquelle au Texas le général unioniste Gordon Granger a signé l’ordre d’émancipation des esclaves Noirs. Le plan prévoyait en outre une série de mesures visant à «accroître l’accès au capital des communautés noires de 500 milliards de dollars», «assurant de ce fait la création de 500 000 PME noires ». Au grand dam de Trump qui revendiquera la paternité de l’idée, c’est Biden qui rendra le 19 juin férié. Durant les élections de 2024, les deux camps ont fait assaut de spots publicitaires pour courtiser la communauté juive.

En faveur de la communauté blanche : rien, rien si ce n’est le rejet des politiques anti Blancs et des perspectives dans lesquelles celles-ci s’inscrivent. On feint d’ignorer le poids du facteur racial, on fait comme si l’Amérique était si exceptionnelle que le pays était affranchi des réalités biologiques et historiques, des contraintes même de la vie.

Mais ceux à qui l’avenir du pays tient à cœur savent qu’ils ne peuvent se permettre de faire l’impasse sur ces sujets. Tous les efforts et les sacrifices consentis le seraient en vain s’ils nous n’abordions pas avec toute la lucidité voulue les grands défis auxquels nous sommes confrontés. Toute considération sur ce qui peut et doit être fait doit obligatoirement prendre en compte la mesure de l’énorme changement racial et culturel subi par notre pays ces quatre-vingts dernières années. Pour le dire de façon abrupte, le diagnostic MAGA-Trump est complètement à côté de la plaque.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, 90% de la population américaine était d’origine européenne. Les Blancs étaient même en majorité dans n’importe quelle grande ville du pays. Aujourd’hui, seule une petite poignée de villes est encore à majorité blanche. Comme tous ici en sommes bien conscients, la population est, ou ne tardera pas à être, à majorité non blanche. Les MAGA à casquette rouge pensent, ou du moins espèrent, que malgré tout, Trump parviendra à restaurer l’unité si indispensable au pays et à le remettre sur le chemin d’une grandeur passée.

Certains dans l’assistance sont assez âgés pour se rappeler le vent d’espérance qui soufflait auprès de millions d’Américains Blancs avec la candidature de Ronald Reagan, cet autre Républicain qui en 1980 déjà proposait de rendre à l’Amérique sa grandeur : « Let’s Make America Great Again ». Et pourtant, lui aussi déjà, lors de son discours d’investiture à la convention républicaine, parlait d’accueillir les Haïtiens parce que l’Amérique est cette terre de providence pour tous ceux qui aspirent à la liberté dans le monde. «Pouvons-nous douter, disait-il, que seule la Providence a pu placer ici cette terre, cette îlot de liberté, comme un refuge pour toutes ces personnes dans le monde qui attendent de pouvoir respirer librement: les Juifs et les chrétiens persécutés derrière le rideau de fer, les boat people d’Asie du Sud-Est, de Cuba et d’Haïti, les victimes de la sécheresse et de la famine en Afrique, les combattants de la liberté d’Afghanistan, et nos propres compatriotes retenus dans une cruelle captivité » [FG : = Crise des otages américains de l’ambassade en Iran du 4 novembre 1979 au 20 janvier 1981].

Je me souviens de la liesse de ces millions de Blancs lorsque Reagan a été élu, de leur fierté pendant les huit années où il était à la Maison Blanche — regonflant le moral des troupes à bloc avec une rhétorique patriotique inspirée sur la grandeur et l’exceptionnalisme américains. Comme Trump, Ronald Reagan a ignoré la race — et, sans surprise, la dé-européanisation démographique et culturelle du pays s’est poursuivie pendant les années Reagan à marche forcée.

Il ne faut pas se laisser emporter par l’ivresse des victoires chaque fois qu’un patriote qui a promis une grande Amérique arrive à la Maison Blanche. Ce qui importe, c’est qu’il y ait derrière une politique déterminée en faveur de notre peuple, solidement ancrée dans une vision du monde cohérente et réaliste.

Durant la dernière campagne, de nombreux électeurs MAGA ont entretenu l’espoir, à la perspective d’un deuxième mandat de Trump, qu’un ou deux, voire dix millions d’immigrants illégaux seraient expulsés. La plupart espèrent encore aujourd’hui que des politiques résolues et des mesures radicales de la nouvelle administration pourraient d’une manière ou d’une autre permettre de restaurer l’Amérique d’autrefois. Mais la triste vérité, c’est que même si toute l’immigration illégale devait cesser demain et que chaque immigrant illégal soit expulsé ou quitte le pays, la tiers-mondialisation raciale des États-Unis — la dé-européanisation du pays — se poursuivrait, même si à un rythme plus lent.

Dans son discours inaugural de janvier, Trump a réitéré des remerciements qu’il avait déjà exprimés lors de la soirée électorale de novembre, pour le soutien qu’il avait reçu des « Afro-Américains, des Hispano-Américains, [et]  et des Asiato-Américains». Il n’a fait aucune mention du soutien beaucoup plus important, en fait décisif, qu’il avait reçu des Américano-Américains. Cette omission est tout sauf fortuite.

Parler trop ostensiblement des électeurs Blancs, d’un héritage blanc, d’une histoire blanche de l’Amérique pourrait bien, en la rendant trop évidente, rompre le charme d’une illusion que beaucoup trop de Blancs ont tendance à chérir, celle, délétère, qui consiste à croire que l’Amérique est par essence blanche, que cette essence est inaltérable, peu importe les importations raciales noires, hispaniques, asiatiques jaunes ou marrons etc. Ces ajouts ne sont que des excroissances périphériques transitoires qui disparaîtront d’elles-mêmes comme elles sont venues et qu’on peut se permettre d’ignorer.

Jusqu’au milieu du vingtième siècle, presque tous les Américains comprenaient et reconnaissaient le poids primordial de la race. Aujourd’hui, ce n’est plus vrai. Cela fait plus de 80 ans que les Américains blancs sont soumis à une campagne intense et systématique de conditionnement social qui promeut une représentation fallacieuse de la vie et de l’histoire par tous les moyens: télévision, Hollywood, journaux et les magazines, salles de classe des écoles et des universités, le tout arrosé de platitudes rassurantes mais toxiques ânonnées par des politiciens serviles. Cette campagne hautement organisée a réussi à persuader la plupart des Blancs — y compris les MAGA-Trump — que l’importation raciale n’a pas ou ne devrait pas avoir d’importance.

Toujours dans son discours inaugural de janvier, Donald Trump promettait que « L’Amérique serait bientôt plus grande, plus forte et plus exceptionnelle que jamais.» Son administration, disait-il, «ramènera l’espoir, la prospérité, la sécurité et la paix pour les citoyens de toutes races, religions, couleurs et croyances». Il a promis non seulement que « nous ferions baisser les prix », mais aussi que «le rêve américain serait bientôt de retour, plus vivant que jamais». Si Trump a raison dans sa vision de l’avenir, cela signifierait alors que  nous —  ceux pour qui la race n’est pas simplement une construction sociale — avions tort.

Il est possible d’ignorer la réalité — mais il n’est pas possible d’ignorer les conséquences de l’ignorance de la réalité. Ce que cela signifie, c’est que les conséquences réelles de ce que les États-Unis sont devenus — racialement, culturellement et socialement—imposent des limites insurmontables aux objectifs que l’administration Trump peut durablement atteindre. Dans les dix ans, et très vraisemblablement avant la fin de cette deuxième mandature, il sera devenu évident, même pour ses partisans les plus convaincus, que la vision MAGA d’un « nouvel âge d’or » pour l’Amérique est délirante.

Dans les années qui viennent, les réalités démographiques achèveront de dissiper ce qui reste des espoirs de restauration de grandeur, de briser la vision puérile qui leur servait de socle et selon laquelle les réalités de la biologie, de l’histoire et de la vie peuvent être passées outre. Les conséquences de ce processus entraîneront aussi inévitablement un changement d’attitude des Blancs sur eux-mêmes et leur pays, même chez les jeunes qui n’ont aucun souvenir de l’époque où les États-Unis étaient encore une nation blanche.

À mesure que les Blancs deviendront la portion congrue de la population des États-Unis, notre peuple se verra contraint de reconnaître sa perte d’influence et de statut, d’assumer le destin d’une minorité déclinante dans un pays qui était autrefois le sien. Ce n’est qu’alors qu’il commencera à s’organiser sérieusement pour défendre ses droits et ses intérêts.

Un changement radical d’attitude se profile chez les Blancs. L’Histoire offre des exemples de ces prises de conscience brusques qui font suite à une longue période de latence. Lorsque les conditions sont réunies et que les attentes sont là, cela peut aller très vite.

L’histoire de notre propre pays en fournit un exemple édifiant. Lors du Congrès continental qui réunissait en 1774 les représentants des 13 colonies, les participants se considéraient toujours comme fidèles à la Grande-Bretagne et à son roi. Leur identité était toujours, avant tout, celle de sujets britanniques. À ce moment-là, George Washington — un des délégués  — se montrait « très satisfait» de ce que l’indépendance n’était «envisagé par personne de sensé dans toute l’Amérique du Nord ». Même encore en juillet 1775, c’est-à-dire après les affrontements entre miliciens coloniaux et soldats britanniques à Lexington et Concord dans le Massachusetts, ainsi qu’à Bunker Hill près de Boston, le Congrès continental continuait de dénier « tout dessein de séparation d’avec le Grand-Empire britannique et d’établissement d’États indépendants».

Mais sous la surface, les attitudes sur l’identité nationale changeaient. À l’été 1776, ce qui était jugé impensable un an auparavant devenait désormais acceptable – au moins aux yeux d’une minorité résolue. En juillet 1776, les délégués du Congrès continental ratifiaient la Déclaration d’indépendance, proclamant du même coup une identité nouvelle pour le peuple des 13 anciennes colonies. Ce n’est qu’après cinq années de souffrances et de privations d’une lutte âpre et sans merci, qui semblait souvent désespérée, et dans laquelle le soutien d’un pays étranger s’est avéré décisif, que la puissance militaire britannique a été brisée, assurant ainsi l’avenir de la nouvelle république.

Encore plus significatif pour notre sujet d’aujourd’hui, tous ceux qui ont signé la Déclaration d’indépendance en 1776, ou qui ont débattu et signé la Constitution des États-Unis de 1787, considéraient à l’unanimité le nouveau pays comme une république populaire blanche. Cette nouvelle identité s’est imposée rapidement parce qu’elle correspondait aux nouveaux équilibres, et parce qu’elle répondait aux attentes sous-jacentes et jusque-là non exprimées.

Malgré des décennies de propagande égalitariste et de conditionnement social à outrance, les Blancs dans leur ensemble ont conservé intact un sens instinctif de leur « Blanchité ». Ils commencent à se rendre compte, confusément, qu’il ne peut pas y avoir  d’avenir stable et fécond pour leurs enfants et petits-enfants dans une société du tiers monde. Cette conscience, encore incertaine, se manifeste dans leur comportement, on voit qu’ils préfèrent vivre et s’affilier avec leurs semblables. Même ceux qui prétendent aimer la « diversité » délaissent les quartiers trop mélangés.

Cependant, la plupart des Américains blancs d’aujourd’hui se déclarent fidèles aux États-Unis et espèrent que cette entité, de plus en plus diverse et antagoniste, peut encore être maintenue. Pour la plupart de nos gens, un avenir sans les États-Unis est tout simplement inimaginable. C’est bien sûr compréhensible: toute la majeure partie des quelque 250 années d’existence des États-Unis est une saga sans équivalent dans l’histoire, que ce soit en termes de prospérité, d’innovation, d’expansion, d’hégémonie et de succès.

Pour des raisons déjà mentionnées, seule une minorité de Blancs se montrent aujourd’hui plus préoccupés par l’avenir de notre race que par celui des États-Unis. Dans leur majorité, les Blancs n’osent pas encore afficher ouvertement leur héritage et leur identité, à s’affranchir de la mauvaise conscience qu’on leur a inoculée. En conséquence, pas une seule personnalité publique ouvertement pro-occidentale, décomplexée, ne détient actuellement de mandat électif — du moins au niveau fédéral.

Dans notre réflexion sur ce qui peut ou doit être fait, nous devons évidemment prendre en considération les sentiments et attitudes réels des électeurs blancs. Leurs hésitations sur ce que cela signifie encore d’être «américain», leurs ambivalences sur la race et l’identité, imposent des limites aux candidats pro-blancs. Dans un avenir prévisible, ces candidats doivent faire attention à la façon dont ils s’expriment, en veillant à ne pas effaroucher les  électeurs qui ont peur d’être taxés de « racisme », mais sans être timorés au point de trahir nos intérêts. L’expérience du mouvement MAGA-Trump aura au moins eu le mérite de montrer que des millions de Blancs sont prêts à voter pour des candidats qui rejettent ouvertement les politiques égalitaristes, défendant ainsi, au moins par défaut, les intérêts de la communauté blanche.

À mesure que les tendances du demi-siècle écoulé se poursuivront, que leurs conséquences s’inscriront de plus en plus visiblement dans le paysage démographique américain, les Blancs seront de plus en plus nombreux disposés à entrer dans une logique identitaire, à soutenir les candidats de leur propre communauté qui, non seulement exposeront au grand jour la duperie et l’hypocrisie de tous ces politiciens, enseignants, ténors des médias et dirigeants d’entreprise qui nous submergent de DEI, « d’action positive » et autres pratiques du même genre, mais qui en outre expliqueront en quoi de telles politiques, et les perspectives qu’il y a derrière, nuisent fondamentalement aux intérêts et à l’avenir des Blancs.

Dans leur campagne, les candidats devront être à la fois convaincants et raisonnables, faire preuve d’un sens de la justice et de l’équité. De tels candidats seront d’autant plus efficaces qu’ils s’adresseront aux électeurs, non seulement avec des messages négatifs sur leurs adversaires, mais aussi en présentant une image positive de notre peuple, avec des messages qui rendent l’espoir d’un avenir meilleur pour nos enfants. Il leur faudra faire preuve de pragmatisme sans pour autant jamais perdre de vue les principes, se garder d’un idéalisme naïf sans verser dans le cynisme. Ce n’est pas facile à faire. Cela nécessite de la patience, de la maîtrise de soi et du discernement — des vertus qui ne s’acquiert en principe qu’avec l’expérience et l’âge.

En cette période de mutations et de défi, notre tâche la plus urgente doit être d’éveiller les consciences assoupies – ou anesthésiées, de réveiller la confiance en soi et la force latente de notre peuple. En tout premier lieu, nous ne devons pas gaspiller notre énergie à tenter de sauver les États-Unis, devenus les Cultures-Unies ou les Races-Unies. Nos espoirs et nos efforts doivent se focaliser sur le bien-être et l’avenir de notre peuple. Dans cette lutte, il n’y aura pas de victoire facile. En fait, la bataille promet de devenir plus intense une fois que le MAGA fera partie de l’histoire et que Trump sera parti.

Heureusement, il y a déjà des raisons d’espérer.

Sur le front intellectuel, nous sommes déjà en train de prendre le dessus – même si ce n’est pas encore évident dans les médias. Nos adversaires les plus redoutables dans cette bataille pour les idées ne sont pas les néo-marxistes ou les doux utopistes, mais plutôt les chantres néo-conservateurs et néo-libéraux de l’ordre démocratique-capitaliste en vigueur. Bien qu’ils défendent un système encore puissamment retranché, ils sont aux abois parce que cet ordre est de plus en plus manifestement défaillant.

Ils se prétendent «démocrates» mais ils suppriment le peuple et interdisent les partis qui le défendent au motif qu’ils ne  seraient pas « vraiment démocratiques ». Ces champions de la « liberté d’expression » et de la « tolérance » interdisent les livres, sites web et podcasts qu’ils considèrent comme offensants ou haineux, et, en définitive, ce qu’ils appellent une atteinte à la liberté d’expression, c’est lorsqu’ils n’ont plus le monopole de la parole. Ils dénoncent l’ethno-nationalisme en Hongrie et en Pologne, mais le défendent en Israël. Leurs slogans, arguments et idées sont répétitifs et lassants. Pas étonnant qu’ils soient de plus en plus considérés — surtout par les jeunes — comme hypocrites et rasoirs.

Dans cette lutte, le travail important qui a été fait pour jeter les bases d’une victoire finale est déjà très encourageant. Il est particulièrement réconfortant de voir que de plus en plus de jeunes militants, éditorialistes, écrivains et organisateurs blancs capables, intelligents et sachant s’exprimer prennent le relais. Chaque année qui passe, ces jeunes — dans notre pays et à l’étranger — sortent des vidéos toujours plus nombreuses et de meilleure qualité, des podcasts, des sites web, des essais et des livres.

Dans cette grande lutte existentielle que nous impose notre temps, notre principe directeur ne doit pas être le mépris ou la haine des autres, mais l’amour de nos proches, une fidélité à notre héritage, une dévotion constante à la destinée de notre propre peuple, le souci d’apporter un avenir à nos descendants.

Francis Goumain Adaptation française

Mark Weber, directeur de l’Institute for Historical Review, est historien, conférencier et analyste des crises contemporaines. M. Weber a fait ses études aux États-Unis et en Europe et est titulaire d’une maîtrise en histoire européenne moderne.

 

Source

https://www.theoccidentalobserver.net/2025/06/26/our-people-or-america-looking-beyond-trump/

https://counter-currents.com/2025/06/our-people-or-america-looking-beyond-trump/

https://www.amren.com/news/2025/06/our-people-or-america/

https://www.unz.com/article/our-people-or-america-looking-beyond-trump/

À titre d’exemple d’auteur jeune qui prend le relais, voici un exemple Français :

Laurent Obertone,

Et voici la présentation de son dernier ouvrage:

Guerre: Un combat dont vous êtes enfin le héros

« Du combat, seuls les lâches s’écartent. » Homère

Mozgovoï: l’épopée d’un Cosaque dans le Donbass

 

Rolo Slavski Translated by Dr. Livci,

Ce que j’espère faire dans cet essai, c’est de montrer que le « printemps russe » de 2014-2016 était un véritable soulèvement populaire dont la vision du monde était avant tout anti-oligarchique. C’est exactement la raison pour laquelle Moscou et Kiev en étaient si terrifiés et, c’est ce qui les a conduit à des efforts – d’ailleurs couronnés de succès – pour le faire taire, définitivement. Bien sûr, être « anti-oligarchique » n’est pas vraiment une idéologie, mais c’est ainsi qu’Alexander Zhuchkovski (l’auteur du livre d’aujourd’hui) se réfère à la vision de Mozvogoi pour la Nouvelle Russie. Le livre en question s’intitule simplement Mozgovoï parce qu’il raconte l’histoire du célèbre commandant de milice de la LDNR lors de la rébellion du Donbass et de son rôle dans le Printemps russe.

Zhuchkovski a rencontré Mozgovoï et Strelkov en personne durant la première phase chaude, celle de la Non-Guerre dans le Donbass (les 8 premières années). Son premier livre (que je n’ai toujours pas lu) porte sur Strelkov et sa défense de Slavyansk, la bataille clé qui a préparé le terrain pour la guerre à venir. Zhuchkovski lui-même s’est porté volontaire pour les milices dès le début de la guerre et a organisé des réseaux de volontaires pour soutenir les initiatives civiles de Russie en faveur du Donbass. C’était beaucoup plus difficile que ça n’en avait l’air, car le FSB, sauf ordres contraires express (et rares), s’efforçait d’empêcher les volontaires de rejoindre le Donbass, faisant tout pour étouffer la rébellion.

Mozgovoï était l’une de ces premières figures qui, du côté russe, ont émergé au moment du soulèvement de 2014. Strelkov, Givi, Motorola, Zarchenko, Dremov –  entre autres –  étaient tous des commandants de terrain charismatiques et compétents. Ce qui rendait Mozgovoï plus particulièrement redoutable pour le pouvoir en place, c’est qu’en plus de son charisme, il avait cette vision claire de ce que les Russes du Donbass voulaient vraiment, n’hésitant pas à avoir l’audace de désigner tous les ennemis du mouvement, y compris les autorités russes. Lorsqu’il parlait, il touchait la corde sensible de son auditoire – aussi bien en Russie qu’en Ukraine. Les gens s’en rendaient compte et se disaient « oui, c’est exactement ça, c’est bien ce pour quoi nous versons notre sang ». En fait, son magnétisme s’exerçait bien au-delà, certains sont venus d’Amérique du Sud pour combattre aux côtés des rebelles, le considérant comme une sorte de réincarnation du Che.

Le lecteur encore empêtré dans les schémas de la guerre froide va peut-être me soupçonner d’avoir viré communiste et arrêter là sa lecture. Ce serait dommage, il passerait alors complètement à côté de l’occasion de comprendre ce qui s’est réellement joué dans le Donbass. Bien sûr que Che Guevara était marxiste, mais il était aussi l’expression et le symbole d’une révolte paysanne lassée d’un pouvoir central fantoche aux mains des Américains et des Cartels, et c’est en cela que Mozgovoï, anticommuniste, renouvelle la légende du Che.

Aujourd’hui encore, le clivage entre Blancs et Rouges reste vivace dans l’espace de l’ex-Union soviétique, et ce clivage mérite d’être souligné parce que les Occidentaux n’en sont pas conscients, ils cherchent plutôt à y plaquer leurs calques démocrates/républicains ou travaillistes/tories. Cette approche n’est tout simplement pas valable. Ici, c’est l’attitude à l’égard de l’URSS et de son héritage qui détermine votre position sur l’échiquier sociopolitique. Les générations plus âgées sont majoritairement plus pro-soviétiques (y compris en Ukraine). Les jeunes générations sont majoritairement plus anti-soviétiques. C’est par rapport à ça que les politiques se positionnent, soit en affichant une nostalgie de l’URSS, soit en prônant une rupture. Poutine et ses acolytes ont commencé par être antisoviétiques, puis, à mesure qu’ils sont devenus plus dépendants du vote des plus âgés, ils ont tenté d’enrober d’une couche de soviétisme leurs politiques économiques néolibérales, la démilitarisation, la désindustrialisation et la dénationalisation du pays.

Ce qui rend le débat politique si exaspérant, c’est qu’il faut toujours qu’il dérive sur l’URSS et son héritage: impossible de parler de la situation actuelle sans entrer dans un débat sur l’ex-Union soviétique.

C’est ce qu’il nous faut bien avoir en tête si nous voulons comprendre l’importance de Mozgovoï.

En général, le camp des Blancs est très diversifié et peut aller des nationalistes purs et durs à des organisations de Social Justice Warriors de type Soros, une union factice qui s’opère sur la seule base d’un rejet commun de l’ère soviétique. Le fait que les « Blancs » et les « Rouges » se détestent suffit à les empêcher de s’unir contre leur véritable ennemi commun au pouvoir.

Mozgovoï, bien que personnellement défavorable à l’URSS, a su attirer à lui à la fois les sympathisants communistes et les gardes blancs nationalistes. Par ses paroles et ses actes, il parvenait à transcender les idéologies.

Dans le Donbass de 2014-2015, refusant de s’enliser dans les débats sans fin sur l’histoire soviétique, rejetant les libéraux des grandes villes, il réussissait à rattacher le peuple à la cause de la « Nouvelle Russie » (Novorussia) – contre ses ennemis à Moscou ou à Saint-Pétersbourg. Les gens étaient emballés, mais à l’ouest, on faisait la fine bouche, même les blogueurs les plus radicaux. Du fait de son mépris affiché pour les élections et autres « guerres sociétales », on le trouvait trop radical. Parce qu’il parlait ouvertement de la nécessité pour le peuple de commencer à s’auto-organiser afin que, le moment venu, il puisse prendre le pouvoir – par la force s’il le fallait, il faisait peur.

Cela lui aura finalement coûté la vie.

Mozgovoï, l’Homme

Mozgovoï est issu d’une famille de la classe moyenne. Il adorait ses parents et l’une de ses deux sœurs. Après avoir terminé l’école, il a servi sept ans dans l’armée ukrainienne, en a profité pour se marier et avoir une fille. Mais comme cela arrive trop souvent, sa femme slave orthodoxe, en principe attachée aux valeurs traditionnelles, s’est avérée une insupportable mégère qui a fait éclater son foyer. Pour échapper à sa femme, Mozgovoï a quitté Kharkov et est parti chercher du travail à Saint-Pétersbourg où il est devenu chef de chantier. Il gagnait bien sa vie et était apprécié par ses ouvriers et ses patrons, ce qui, comme toute personne ayant travaillé dans le secteur peut en témoigner, est un véritable exploit. Malgré ses relations difficiles avec sa femme, Mozgovoï rendait souvent visite à sa famille restée en Ukraine et a cherché à maintenir un temps une relation étroite avec sa fille, en père aimant. Mais le divorce prononcé, son ex-femme, aidée par la législation féministe punitive en vigueur dans les pays slaves, a monté sa fille contre son père.

Son biographe, Zhuchkovski, décrit la situation comme suit:

Un jour, l’ex-femme de Mozgovoï lui demandait d’engager son frère Maxime pour travailler avec lui. Mozgovoï a accepté et Maxime est parti pour Saint-Pétersbourg. Le jour de son anniversaire, le 3 avril 2012, Alexis (Mozgovoï) et Maxime sont rentrés en train à Kharkov où ils ont été accueillis par Elena et Dasha (son ex-femme et sa fille) qui se sont précipitées pour serrer Maxima dans leurs bras et l’embrasser. Alexei se tenait à l’écart, gêné, se sentant comme un étranger. Elles ne l’ont même pas salué. Le plus douloureux fut la froideur de l’accueil de sa fille. À ce moment-là, quelque chose s’est définitivement brisé en lui. Il est immédiatement parti à Svatovo avec sa sœur pour fêter son anniversaire. Pendant que sa sœur préparait la table, Alexis est sorti sur le balcon pour fumer. Il est resté là un long moment, se rappelant les heures passées à choyer sa fille. Inquiet de sa longue absence, le mari de sa sœur est sorti pour prendre de ses nouvelles et, pour la première et unique fois, il a vu Alexei pleurer doucement.

Nous allons bientôt entrer dans le vif du sujet, mais il était important de connaître la situation personnelle de Mozgovoï pour comprendre son évolution durant le printemps russe. Trahi par sa femme après qu’il lui soit venu en aide, sa fille qui se retourne contre lui et, dans la foulée, la santé de ses parents qui commence à se détériorer rapidement: l’anonyme Alexei se meurt et le commandant de la brigade Prizrack prend sa place. En fait, Mozgovoï lui-même a décrit sa vie avant le soulèvement comme suit:

À un journaliste qui demandait au chef de brigade ce qu’il faisait avant la guerre, il répondait: «Rien, avant ces événements, je ne faisais absolument rien. Ce n’est que depuis que j’ai commencé à vivre ». Une autre fois, il a répondu à la même question en disant « je ne foutais rien ».

 

Grosso modo, un an avant le soulèvement, Alexei se trouvait dans une sorte de purgatoire émotionnel et ce n’est que lorsque le printemps russe est arrivé qu’il a trouvé sa véritable vocation. Si j’évoque cette histoire, c’est pour souligner à quel point la vie d’Alexei était typique de celle du slave moyen et pour redonner espoir à tous les hommes dans la même situation de par le monde.

Rurik plaisante parfois en disant que s’il n’y avait pas tous ces divorcés en âge de combattre en Ukraine, en Russie et en Biélorussie, il n’y aurait pas eu de guerre. Jamais il ne se serait trouvé assez de volontaires pour aller dans le Donbass et mourir dans la boue et les gravats – n’était-ce pour avoir une chance d’oublier leurs épouses impossibles. C’est de l’humour noir, mais il y a un fond de vérité: la guerre des sexes vaut largement la vraie.

Le commencement de la Rébellion

Je ne veux pas rabâcher les débuts du Printemps russe, mais Mozgovoï était là au tout début. À Loughansk, il a été mis en contact avec des militants du coin, comme lui, anti-Maïdan et pro Russie, qui se proposaient de séparer la ville de l’Ukraine. Il s’agissait d’une organisation entièrement du cru qui ne devait rien à Moscou. En plus d’être une excellente biographie de Mozgovoï, ce livre est une condamnation sans appel de la conduite du Kremlin au cours de ces années décisives. Les dirigeants séparatistes n’étaient qu’une poignée de vétérans de l’armée soviétique qui se sont retrouvés piégés en Ukraine lors du démantèlement de l’URSS (tout comme le général Syrsky). Leur plan n’allait pas plus loin que de prendre le pouvoir par un coup d’État et de mettre Moscou devant le fait accompli pour l’obliger à envoyer une force d’interposition. Un lecteur même occasionnel de Slavland Chronicles sait que la dernière chose que le Kremlin aurait voulu, c’est qu’une bande de gueux du Donbass commence à exiger que la Russie envoie des troupes de maintien de la paix pour permettre à ses habitants de redevenir Russes.

 

Le rôle de Mozgovoï était d’être le visage de la rébellion. Valery Bolotov et Valery Lopin, les véritables organisateurs du coup d’État à Loughansk, avaient  décelé le charisme et les talents d’orateur de Mozgovoï. Ils l’ont mis en avant pour rallier la population à la cause de la séparation et du rattachement à la Russie.

Dans un premier temps, les rebelles ont demandé à Kiev de remettre Yanokovich au pouvoir, mais ils se sont rapidement rendu compte qu’il n’y aurait pas de retour en arrière, de plus, les Russes du Donbass détestaient Ianoukovytch et n’en voulaient pas non plus. Aussi, devant le refus prévisible de Kiev, les rebelles ont pris d’assaut le bâtiment du SBU à Loughansk et ont organisé un référendum sur l’indépendance qui a été adopté à une écrasante majorité. Après quoi, les rebelles sont restés assis à attendre que la Russie leur envoie de l’aide, mais cette aide qui ne viendra pas. La reconnaissance par Moscou de l’indépendance de Loughansk n’interviendra pas avant 8 ans.

IMPORTANT: Notez comme Mozgovoï et les siens n’ont pas perdu leur temps à se lancer dans une « guerre culturelle » à la Gramsci, ou dans des dissertations sur les « affreux Bandéristes ». Non, ils ont bousculé les autorités et ont pris le pouvoir par la force. Des patriotes auto-organisés et auto-armés ont déboulé au QG local de l’État fantôme et, à partir de là, les politiciens et les médias pro-Kiev se sont enfuis d’eux-mêmes. Pour les dissidents occidentaux, cet épisode devrait être édifiant, ils devraient en prendre de la graine: c’est ainsi que la rébellion, la sécession et la victoire sont réellement obtenues.

 

Malheureusement, aucune figure « dissidente » en Occident ne parle ainsi ou ne semble comprendre ces concepts. On parle aux gens de ces « médias » qui dirigent tout, de ces « universités gangrenées par le gauchisme Wok » et autres âneries du même genre, des inepties qui finalement ne font que les maintenir dans leur impuissance et leur indécision face aux pouvoirs en place. La vérité, c’est que le monde moderne repose sur un nombre relativement restreint d’agents qui utilisent la terreur, la technologie et de vastes réseaux de coercition pour maintenir le contrôle sur une masse informe. Comme l’a démontré la rébellion du Donbass, une poignée de nationalistes résolus peut venir à bout de ces nœuds de pouvoir.

Bien sûr, nous devrions tous jeter l’opprobre sur Mozgovoï et les brutes qui l’ont suivi dans ce coup d’État, sur leur manque de charité chrétienne. Moi le premier, n’est-ce pas, je serai le premier à désavouer et à dénoncer tout haut un tel comportement si anti-libéral et anti-démocratique. Mais il faut admettre que ce qu’ils ont fait a été couronné de succès. Moralement odieux, certes, foncièrement inspiré par le mal, mais… eh bien… Et peut-être que si des hommes ayant de telles attitudes devaient émerger dans d’autres parties du monde, eh bien… ma foi …

* * *

Mozgovoï était ulcéré par la passivité des rebelles après le coup d’État. Il s’est donc résolu à monter sa propre force, le bataillon Prizrak. Il ne se contenterait pas d’attendre que Moscou intervienne pour prendre les rênes et les protéger des représailles de Kiev. Il rejoignait Strelkov avec sa brigade, prenant part aux violents combats autour de Lyssytchank et de Debaltsev. La brigade Prizrak est la première grande formation à pénétrer en force dans Debaltsev, y entraînant la défaite des Forces Armées Ukrainiennes. Naturellement, Moscou a laissé passer l’occasion de mettre fin à la guerre devant des FAU mal équipées et peu motivées. Au lieu de cela, on a laissé la guerre s’envenimer, laissant à l’ennemi un répit de près de dix ans pour se préparer et se réarmer, sous l’égide de Poutine, dont on répète qu’il est le maître incontesté de l’échiquier géopolitique.

Quoi qu’il en soit, ce bref tour d’horizon étant fait, analysons ce qu’est réellement le « Mozgovoïme », car c’est ainsi que nous pourrons mieux comprendre ce qui s’est caché derrière le Printemps russe. Indice: ce n’était pas du poutinisme, c’est sûr.

Le Mozgovisme

«Aujourd’hui, alors que le peuple russe aperçoit enfin un rayon de lumière dans les ténèbres, on tente de le noyer sous un épais brouillard politique. Alors que des symboles et des idées surgissent qui nous unissent, on s’emploie à salir et à dénigrer le peuple russe qui s’éveille».

Mozgovoï n’a pas laissé de testament politique dont l’authenticité puisse être certifiée. Un journal électronique de Mozgovoï a été publié, mais Zhuchkovski doute de son authenticité. Il a demandé à l’éditeur de ce journal d’où il l’avait obtenu et celui-ci lui a répondu qu’il l’avait reçu anonymement par courrier électronique, accompagné d’une photographie scannée contenant le passage que j’ai cité plus haut. Zhuchkovski affirme que le passage photographié est bien de Mozgovoï car il correspond parfaitement à son écriture et contient même sa signature qui correspond également. Je voulais commencer par ce passage parce qu’il résume l’attitude de Mozgovoï à l’égard de Moscou au cours de la dernière année de sa vie. Il ne parlait pas de Kiev, des opérations psychologiques de la CIA ou de Navalny. En fait, bien qu’il les ait combattus, Mozgovoï a plus d’une fois tenu des vidéo-conférences en direct avec des soldats ukrainiens, trouvant avec eux des terrains d’entente, ce qui n’a pas manqué de créer des remous médiatiques et politiques des deux côtés. Le fait est que Mozgovoï ne considérait pas les « Taras » et les « Mykola » (argot désignant les Ukrainiens de base) comme ses principaux ennemis. Il considérait qu’il était en guerre contre une oligarchie mondiale. Et sa haine du Kremlin et de Kiev en tant que bases d’opérations régionales de l’empire mondialiste est un processus qui a mis du temps à se développer.

 

Mais pour l’heure, intéressons-nous à la vision politique fondamentale du monde de Mozgovoï.

Zhuchkovski:

Tout le monde cherchait à se prévaloir de Mozgovoï. Par exemple, les communistes font de Mozgovoï un leader de gauche. Pourtant, il n’y a pas un écrit de Mozgovoï qui exprime de la sympathie pour le communisme ou l’URSS. Lorsque je l’ai fait remarquer à un communiste avec qui j’en parlais, il a avancé la thèse extravagante selon laquelle Mozgovoï était communiste, au moins par ses actes, si ce n’est  par ses paroles. Bien sûr, avec une telle approche, on peut revendiquer n’importe quelle personne pour sa chapelle.

 

Les communistes étaient sincères, ils ont vu quelqu’un agir dans leur sens et ils en ont simplement déduit que c’était – fût-ce inconsciemment – par conviction communiste. Cela rappelle les chrétiens lorsqu’ils disent de quelqu’un qu’il est chrétien parce qu’il a fait de bonnes choses – parfois, c’est en dépit du fait que la personne en question a explicitement rejeté cette religion. Selon Zhuchkovski, ceux qui ont le plus côtoyé Mozgovoï disent qu’il avait une vision éclectique du monde qui s’inspirait à la fois du monarchisme et du socialisme. Cette vision est très proche de celle de Strelkov, avec qui Mozgovoï s’entendait très bien.

Le bureau de Mozgovoï était orné de trois drapeaux: la bannière noire du 17e régiment cosaque du Don, avec le symbole de la tête de mort cher aux gardes blancs, et la bannière de la victoire de l’Armée rouge. Mais celle à laquelle il attachait le plus d’importance, c’était la bannière de la Nouvelle Russie, elle occupait la place centrale. À l’instar de Strelkov, Mozgovoï n’a jamais revendiqué une quelconque autonomie pour  Loughansk ou Donestk,  il a toujours voulu une « Nouvelle Russie » unie. Quant à la bannière de la Victoire rouge, Mozgovoï justifiait ainsi sa présence :

 

C’était une guerre terrible. Nos prédécesseurs qui l’ont vécue sont des saints. Nous nous devons d’honorer la bannière sous laquelle ils ont combattu. On me reproche d’avoir un uniforme cosaque aux épaulettes argentées. Je représente la Garde blanche [les traîtres]du général Vlassov, avec, juste derrière moi, la bannière rouge de la victoire. C’est ainsi, le passé de nos oncles et de nos pères est notre histoire, nous n’avons pas le droit de la répéter, mais nous avons le devoir de nous en souvenir.

 

L’anti-communiste/anti-russe rivé aux schémas de la guerre froide et qui ne connaît absolument rien de la Russie ne verra que cette bannière de victoire et en déduira que la Russie est toujours un État trotskiste/stalinien ou même que l’effondrement de l’URSS n’était qu’une feinte pour tromper l’Occident. Cf. le transfuge Golytsine …

Mais les Occidentaux ne sont pas les seuls à penser de la sorte, les Baltes et les Polonais sont souvent sur la même longueur d’onde. Ce qui m’a toujours le plus amusé, personnellement, ce sont les Américains: ils passent leur temps à pester contre ces « foutus gauchistes SJW » qui renomment tout et déboulonnent les statues. Ils font fort justement remarquer que ce n’est pas idéaliser la Confédération que de laisser les drapeaux et les monuments à leur place, comme cela avait été convenu à l’origine entre le Nord et le Sud. La vérité est que la guerre a été un bain de sang et qu’aucun des deux gouvernements n’était tout blanc ou tout noir. C’est tout à l’honneur de Lincoln et des gouvernements yankee successifs si les monuments ont été laissés en l’état. Instinctivement, la plupart des gens réprouvent les comportements iconoclastes, qu’il s’agisse des modernes SJW qui se déchaînent sur les campus, des fanatiques de l’ISIS en Syrie et en Irak qui s’en prennent aux ruines, ou des premiers chrétiens qui détruisaient les temples grecs et romains.

C’est exactement ce que ressentent une majorité de Russes qui, par ailleurs, n’entretiennent pas de sympathies particulières vis-à-vis de l’URSS, au sujet des symboles de l’Armée rouge ou de l’État soviétique. Les patriotes ont bien conscience que les bolcheviks étaient issus d’une ethnie hostile qui s’est emparé du pouvoir et qui les a massacrés, pourtant, ils ne vont pas chercher à rendre les symboles de l’URSS illégaux et se mettre à en avoir honte, tout ça pour complaire à une bande de Polonais, de Baltoïdes et de dinosaures de la guerre froide qui détesteront toujours la Russie, quels que soient les drapeaux qui flottent sur le Kremlin.

Simple.

Les ancêtres de Mozgovoï étaient des cosaques du Don et, selon des proches qui l’ont connu, il s’est entiché dans sa jeunesse de la Russie d’avant la Révolution. Comme Strelkov, Mozgovoï était un véritable acteur de théâtre et il existe des photos de lui déguisé en officier de la Garde blanche.

C’est peut-être même en partie pour cela qu’ils s’entendaient si bien.

Ainsi, par une sorte d’ironie de l’histoire, en plein Donbass, réputé pour avoir été le cœur industriel de l’URSS, les deux commandants devenus des légendes du Printemps russe, sont des inconditionnels de la Garde blanche. Et pour couronner le tout, les rebelles qui ont recruté Mozgovoï étaient communistes.

Zhuchkovski se souvient d’une interview au cours de laquelle un journaliste britannique avait demandé à Mozgovoï qui il considérait comme les grands héros de l’histoire :

Pratiquement tous les officiers de la Garde Blanche, a-t-il dit. Sans vouloir offenser Joukov [le généralissime soviétique qui a battu la Wehrmacht].

 

En fait, pour Mozgovoï, la période soviétique a été un véritable traumatisme collectif:

Pendant 70 ans, notre peuple a appris à trembler devant l’administration. Ce  conditionnement a été tel qu’aujourd’hui encore, au seul mot de bureaucrate, les gens se replient dans leur coquille. Puis, au cours des 20 dernières années, on nous a appris à nous courber devant les riches et à travailler  pour eux sans poser de questions. Cette combinaison toxique a créé un organisme décérébré qui peut être payé au strict minimum au service des oligarques et d’une armée de chinovniks (bureaucrates).

Tel est le résultat de 70 ans de régime soviétique et de plus de 23 ans de gouvernement oligarchique.

Je n’exècre pas l’URSS autant que Mozgovoï, mais je suis absolument d’accord avec sa déclaration à 150 %.

Même si on peut avoir la nostalgie de l’URSS parce que la vie y était généralement plus stable que dans la Russie ou l’Ukraine d’aujourd’hui, il faut reconnaître que l’écrasante bureaucratie du système soviétique n’était pas d’une nature spécialement vertueuse et qu’elle aura laissé des cicatrices dans la société.

En outre, il se trouve que la Russie et l’Ukraine ont conservé le pire de l’URSS tout en en éliminant ce qui était utile et bon. Il s’ensuit que le côté déshumanisant de la bureaucratie soviétique est resté, mais qu’il est désormais entre les mains d’une oligarchie internationale qui règne sur le peuple et qui est sans doute encore moins bien disposée à son égard que l’ancien Politburo. Le système soviétique enjoignait à se soumettre, de sorte qu’on devait – bon an mal an – se satisfaire de rentrer chez soi, dans son petit clapier du bloc stalinien, et regarder depuis son balcon, en compagnie de son chat, le soleil se coucher lentement. Aujourd’hui, le même système est en place, mais sans les avantages sociaux ni la stabilité sociale, avec en prime la DIEversité dans la cage d’escalier.

Vous vous souvenez de la première citation de Mozgovoï, lorsqu’il disait que systématiquement «on» dénigrait et «on» salissait les Russes qui avaient des velléités d’émancipation?  Eh bien, le «on» ce sont « eux » : les bureaucrates, les oligarques et l’État fantôme (plus important aujourd’hui que jamais). Ceux qui maintiennent les Russes dans un état où ils se contentent de travailler et de mourir pour quelques miettes. Et le Printemps russe, c’est ce qu’il représentait réellement pour Mozgovoï – un réveil de ce super-organisme vaincu et asservi: le peuple russe, au sens organique du terme. Mozgovoï n’avait que mépris pour ceux qui s’accrochaient à leurs chaînes obstinément.

Dans l’un de ses tout premiers enregistrements vidéo pour le compte des séparatistes, Mozgovoï déclarait:

Je suis Mozgovoï Alexei Borisovich. Je ne cacherai ni mon visage ni mon nom. Je veux lancer un appel à mes compatriotes des régions de l’Est. Assez de rester vautré sur le canapé ! Assez de penser que quelqu’un fera quelque chose pour vous ! Ne vous inquiétez pas pour votre tête, inquiétez-vous de votre honneur. Nos oppresseurs nous ont laissé une chance, si nous ne la saisissons pas, il n’y en aura pas d’autre. Manquer cette occasion sera facile, la rattraper, impossible. Je choisis la Russie, je suis pour la Russie !

 

C’était avant que Mozgovoï ne perde toutes ses illusions sur Moscou. Mais que le peuple devait se bouger le cul parce que personne ne le ferait à sa place, est un thème qui revient en permanence dans son message, c’est une clé de sa vision du monde. «Aide toi et Moscou t’aidera» pensait-il encore à l’époque:

Qu’est-il arrivé à notre peuple? Que sommes-nous devenus que nous ne voulions prendre les armes pour défendre notre propre liberté ? Quelle espèce de peuple, sans principes, ni honneur, ni idéal ? À quel prix avons-nous vendu notre liberté ? Une pitoyable aumône du chinovnik [bureaucrate] ? N’avons-nous pas tout abdiqué pour un estomac plein ? J’entends souvent des accusations à l’encontre de la Russie concernant le non-envoi de troupes. J’ai également une question à poser. Qui la Russie devrait-elle aider dans cette situation ? La majeure partie de la population fait semblant de ne pas remarquer ce qui se passe en ce moment. Les gens qui ont une mentalité d’esclave n’ont besoin de personne d’autre que de leur propriétaire. Tant que nous ne comprendrons pas cela, rien ne changera dans nos vies.

 

Ça, c’est valable pour tous les nationalistes à travers le monde.

Les masses ne peuvent être réveillées qu’à coup de pied dans le c*. Les belles paroles et les essais bien léchés, ça va un temps. Les gens réagissent au pouvoir et à l’autorité. Saisissez-les en premier et les masses suivront. Mettez la charrue avant les bœufs, vous irez dans le mur.

Mozgovoï était sans complaisance vis-à-vis de son peuple, de son attitude docile et résignée qui l’agaçait, son intransigeance à ce sujet n’a jamais varié. Il n’a jamais donné dans la démagogie, il exigeait de ses compatriotes qu’ils sortent de leur apathie, simplement en donnant l’exemple, en payant de sa personne.

Dans la partie de l’oblast de Loughansk dont Mozgovoï s’était rendu maître, il avait réussi à éradiquer la criminalité du jour au lendemain; son ami, Strelkov, faisait le même ménage à Slavyansk. Ce n’était pas rien. Comme le savent les lecteurs des Chroniques, le Donbass était et est toujours l’endroit le plus corrompu et le plus criminel d’Europe de l’Est. De plus, Mozgovoï ne pouvait compter sur l’aide de Moscou, refusant de se subordonner aux autorités officielles de la LDNR [République populaire de Loughansk]: sa brigade a dû se débrouiller seule.

 

Pourquoi Moscou et sa clique de la LDNR ne parvenaient-ils pas à mettre au pas Mozgovoï ? Parce qu’il était déjà une légende vivante. Les gens du Donbass ne lui tenaient pas rigueur de ses déclarations au sujet de leur mentalité d’esclave. On admirait l’homme d’action, celui qui ne s’embarrassait pas de vains discours sur les « droits », l’« autodétermination » ou la « justice ».

Pour Mozgovoï, se soumettre aux autorités de la LDNR n’impliquait pas seulement la dissolution de sa brigade, mais aussi le retour de l’ancien système. Cela signifiait le retour des chinovniks, de la corruption, des mafias ethniques, etc. La seule différence, c’est que le système serait piloté depuis Moscou au lieu de l’être depuis Kiev. En bref, cela signifierait que tout le printemps russe avait eu lieu en vain et Mozgovoï n’était pas du genre à trahir les espérances du mouvement.

Rappelons que dans ses premiers appels, il disait au peuple qu’il tenait une chance unique de changer sa vie. Alors qu’en Occident on attendait le retour de Jésus – ou d’Hitler, à l’été 2014, Mozgovoï avait vu qu’une fenêtre d’opportunité s’ouvrait, au cours de laquelle ni Kiev ni Moscou n’avaient plus la main sur le Donbass. Ses harangues contre le peuple ne se voulaient pas méprisantes, elles voulaient aiguillonner, réveiller, pour que le peuple ne laisse pas passer la chance offerte par le printemps russe de se libérer.

Mozgovoï ne s’est pas contenté de mettre la criminalité à genoux. Il a ouvert quatre soupes populaires qui nourrissaient gratuitement des centaines de personnes chaque jour. Il a maintenu les entreprises en activité en les débarrassant du système de racket qui pesait sur elles: les petites entreprises devaient verser au FSB, au SBU ou aux mafias ethniques une dîme de protection, la krisha. Il a également assuré le fonctionnement des maternités et de l’électricité en attirant, par  son seul charisme, des bénévoles venus de Russie.

L’un des projets les plus intéressants de Mozgovoï, qu’il n’a malheureusement pas pu mener à bien en raison de son assassinat, consistait à organiser une sorte de caste de soldats laboureurs.

 

Zhuchkovski:

Au printemps 2015, le commandant de la brigade Prizrack accordait une attention particulière au développement de l’agriculture autour d’Alchevske (ville de Mozgovoï). Il répétait que la guerre prendrait fin un jour ou l’autre et qu’il fallait dès à présent jeter les bases de son renouveau. Mozgovoï s’entretenait régulièrement avec les agriculteurs et les encourageait dans leur travail. Il s’intéressait à leur flotte de camions et à leur équipement, il recherchait des spécialistes pour les aider à remettre sur pied leurs exploitations et trouvait des soutiens en Russie pour fournir les matériaux de construction et les équipements neufs.

Mozgovoï souhaitait que sa brigade pourvoie à ses besoins sans compter sur l’aide russe. À cette fin, il avait prévu un système d’agriculture militaire, les Prizrack devaient produire les denrées dont ils avaient besoin. La dernière fois que le commandant de la brigade est apparu sur Internet, c’était pour rendre compte de l’avancement du projet.

Dans une vidéo publiée par Prizrack le 20 mai 2015 et intitulée « premier pas vers l’agriculture militaire », Alexei remercie ceux qui soutiennent matériellement la brigade et déclare d’une voix calme : « Chers amis de la brigade Prizrack, vous voyez ici une maison où 150 poussins grandissent. Je suis serein pour notre avenir ».

Dans les trois jours, le commandant de la brigade était assassiné.

Mozgovoï était en fait à la tête d’une « révolte contre le monde moderne ».

Il s’agissait également pour Mozgovoï de renouer avec ses racines cosaques en remettant en vigueur un régime d’autosuffisance indépendante de toute autorité mondialiste ou oligarchique et capable de se défendre.

Dans cet ordre d’idée, il a tenté de mettre en place un conseil de guerre regroupant tous les principaux commandants de terrain de la LDNR et de la DNR [République populaire de Donetsk]. Ce projet, comme celui de l’agriculture militaire, n’a pas abouti car seuls les commandants de niveau intermédiaire, ceux qui n’avaient pas encore été achetés par l’une ou l’autre partie, se sont montré intéressés. Les autres n’ont pas eu le courage d’adhérer à l’idée de Mozgovoï parce qu’ils dépendaient tous, contrairement à la brigade de Mozgovoï, des subsides de Moscou. Moscou et les autorités officielles de la LDNR/DNR cherchaient à tout prix à éviter que Donestk et Loughansk ne forment une sorte de gouvernement central unifié et poussent trop loin leurs efforts d’indépendance. Moscou s’était engagé à restituer ces territoires à l’Ukraine (moyennant quelques concessions, bien entendu). Mozgovoï, quant à lui, s’en tenait à la seule Nouvelle Russie. Un conseil militaire officiel des deux commandements de la LNR/DNR aurait pu, en théorie, constituer une première étape vers un rattachement à la Russie dont Moscou ne voulait pas à l’époque. Seul Mozgovoï avait les couilles de défier Moscou sur la question.

En tout état de cause, voici comment Mozgovoï voyait son conseil militaire :

Je suis moi-même un Cosaque du Don. Les Cosaques avaient un cercle d’Atamans qui décidaient collectivement de toutes les décisions importantes. Pourquoi ne pas concevoir le conseil militaire sur le modèle du cercle cosaque ? Chaque membre devrait avoir le droit de voter, d’écouter, de s’exprimer et de participer directement à la prise de décision sur les questions urgentes. De cette manière, nous partagerions collectivement la pleine responsabilité collective de ce qui arrive. Peut-être cela accélérera-t-il la construction de notre république.

 

À un journaliste qui lui demandait si un tel conseil pourrait s’intégrer dans la structure gouvernementale officielle de la LNR, il répondait :

Je ne vois pas de contradiction entre le fait de l’intégrer dans le gouvernement et le fait qu’il soit en dehors du gouvernement et qu’il fonctionne comme un mécanisme de contrôle des actions des autorités.

 

De toute évidence, Mozgovoï voulait que l’Assemblée militaire pèse sur la seule question qui vaille: le rattachement à la Russie. À quoi bon sinon créer une structure parallèle à celles qui existaient déjà à la tête des deux républiques? Il est bien dommage qu’il n’ait pas été suivi, d’autant que les commandants qui ont voulu jouer double jeu avec Moscou ont fini comme Mozgovoï, et probablement assassinés par les mêmes. Cela n’enlève rien à la valeur des Givi, Dremov, Belzer ou même Zarchenko. C’est simplement que le temps a donné raison à l’intransigeance de Mozgovoï. Tous ces hommes n’étaient pas moins courageux que Mozgovoï, mais ils ont eu le tort d’avoir plus confiance en Moscou qu’en eux-mêmes. Or, cette confiance était mal placée: comme l’a montré le début de la guerre en février 2022,  les milices de la LDNR et de la DNR, après huit années de soi-disant soutien de Moscou, étaient en réalité toujours aussi scandaleusement mal équipées et entraînées.

Un bon exemple de ce que Mozgovoï avait en vue en parlant d’une autorité populaire a été donné le 25 octobre 2014, lorsqu’il faisait passer un policier accusé d’avoir violé une adolescente et un néo-nazi toxicomane accusé d’avoir aidé les Ukrainiens devant une juridiction populaire. La brigade Prizrack avait invité les habitants de la ville à venir se prononcer sur le sort des accusés.

Zhuchkovski:

Bonjour aux habitants d’Alchevsk, déclarait Shevchencko (commandant en second de la brigade Prizrak). Nous vous avons invités ici aujourd’hui pour qu’enfin, sur ce sol, nous puissions tenir un tribunal populaire. Nous, la milice populaire, vous demandons de décider du sort de ces deux individus au visage couvert (les accusés avaient alors les yeux bandés) qui ont, selon nous, commis des crimes odieux. Nous voulons, pour la première fois depuis de nombreuses années, que la loi soit servie comme le peuple l’entend. Dans cette optique, toutes vos voix seront prises en compte. À notre avis (celui de la brigade), les crimes commis par ces individus appellent la plus haute forme de punition.

« Je parlerais de justice », dit Mozgovoï, assis à proximité. « Oui, et surtout que justice soit faite », ajoute Shevchencko.

Après que les enquêteurs de la Prizrak, qui à l’époque remplissait souvent des tâches normalement dévolues à la police, aient passé en revue les détails du viol et les conclusions de l’enquête, ils recommandaient que le prévenu soit exécuté. À ce moment-là, Mozgovoï prenait le micro et déclarait :

Vous avez écouté les informations et compris l’essence du crime. Maintenant, je veux que vous compreniez pourquoi nous vous avons convoqués ici et pourquoi nous organisons ce tribunal. Même si ce tribunal n’est pas conforme aux normes officielles de la jurisprudence selon les hommes de loi, il est conforme à l’autorité du peuple. Aujourd’hui, vous avez pour la première fois l’occasion de vous manifester en tant que société civile active dont les paroles et les opinions comptent. Aujourd’hui, vous avez la chance de partager collectivement la pleine responsabilité de ce qui se passe. Chacun d’entre vous doit comprendre que la construction d’un nouvel État n’est pas l’apanage de quelques-uns. Chacun doit apporter une contribution concrète. Avant de prendre une quelconque décision ici, dans ce tribunal, avant tout, réfléchissez bien. Vous avez tous le droit de parler ici, c’est à cela que sert le micro. Nous avons été contraints de rester silencieux toute notre vie, mais aujourd’hui, nous avons tous le droit de parler.

 

Cela ne veut pas dire que Mozgovoï voulait d’une caricature de dictature militaire. Dans l’affaire du policier et du viol, cela a effectivement été l’occasion d’un échange animé entre les citoyens. La plupart exigeant qu’il soit exécuté, mais une minorité reprochant à la jeune fille d’être une pute. Or, il se trouve que le policier en question était aussi un membre récent de la brigade, bien qu’il n’ait jamais combattu. À un moment donné, une femme a demandé aux dirigeants de la brigade comment ils avaient pu laisser un tel homme s’engager. Shevchencko, le numéro deux de Mozgovoï, a répondu :

Eh bien, nous vous demandons à vous, le peuple, de décider de son sort et nous sommes la milice du peuple. Nous nous considérons comme faisant partie du peuple. Nous avons attrapé un criminel, rassemblé des preuves, et nous avons apporté tout cela devant vous sans rien cacher, contrairement à l’autorité précédente qui a tout dissimulé. Nous n’avons pas caché qu’il était l’un des nôtres.

 

La question avait piqué au vif Mozgovoï qui prenait le micro après Shevchencko :

Vous nous reprochez qu’il ait été parmi nous, mais j’ai une question à vous poser : où étiez-vous quand il vivait parmi vous ? Lorsqu’il s’est retrouvé parmi nous, il a été rapidement jugé, comme vous pouvez le constater. Où étiez-vous, chers citoyens, lorsqu’il était parmi vous ?

 

À son tour, l’un des enquêteurs prenait le micro et demandait sur un ton sarcastique:

Ananev (le policier accusé) n’aurait-il pas pu s’en sortir en évitant toute poursuite sous les autorités précédentes ?

 

Le vote des citoyens présents s’est soldé par un refus d’exécuter le policier, tandis que l’espion était condamné à la peine capitale. Le livre ne précise pas combien de temps le policier aura croupi en prison, ni si la sentence de l’espion a eu le temps de s’appliquer, Mozgovoï a été assassiné et tout le système qu’il essayait de construire a été démantelé. Tout le procès aura eu lieu en vain.

Mais avant le vote, Mozgovoï reprenait le micro une dernière fois:

Je tiens à répéter que vous constituez la plus haute autorité pour laquelle nous nous battons. Pour une autorité populaire. Si vous pensez qu’à l’avenir, il y aura un bon vieux bureaucrate qui reviendra pour tout régler, vous vous trompez. Il est temps de prendre les choses en main. Tout. Des affaires judiciaires aux questions économiques et politiques. Votre heure est venue, réveillez-vous !

 

Voilà qui fait à peu près le tour de la pensée politique de Mozgovoï: une caste militaire agraire, un conseil de direction militaire travaillant sur les questions majeures, et une implication de la population dans les affaires quotidiennes –  justice, économie et politique intérieure. Pas d’espion au milieu de la population, pas de bureaucratie, pas de gang ethnique. Tout cela sonne terriblement naïf et utopique, mais l’expérience, aussi éphémère fût-elle, aura rencontré un franc succès: jusqu’à son assassinat, Mozgevoï aura été un homme adulé.

Il faisait aussi suffisamment peur pour que Moscou ne se décide à le tuer.

En plus de son principe d’organisation de la cité que les politologues pourraient qualifier de «distributisme» [Le distributisme met l’accent sur le principe de subsidiarité. Ce principe soutient qu’aucune entité (sociale, économique ou politique) ne devrait prendre en charge une fonction qui peut être confiée à une unité plus petite], deux autres thèmes reviennent fréquemment dans la rhétorique de Mozgovoï: l’antifascisme et le rejet des oligarchies.

Passons au point beaucoup plus polémique de l’« antifascisme », car je sais qu’il en fera bondir certains et que les anti-Russes seront que trop heureux de pouvoir s’en saisir, je laisse notre biographe Zhuchkovski ouvrir le bal :

L’antifascisme constituait presque une idéologie officielle au début de la révolte à Loughansk. Au cours des premiers mois de la guerre, le commandant de la brigade parle souvent du fascisme en Ukraine et qualifie la milice d’antifasciste. Cependant, au fil du temps, sa relation avec ce thème a connu une évolution certaine.

 

Au fur et à mesure que Mozgovoï perdait ses illusions sur Moscou et sa clique de la LDNR, il cessait de parler du fascisme.

Zhuchkovski:

Déjà début 2015, interrogé sur son expérience des fascistes ayant participé à la guerre du côté ukrainien, Mozgovoï répondait : « Mais, je n’y ai vu aucun fasciste, aucun Hitler, aucun Goebbels. En général, ce ne sont que ce que nous appelions il n’y a encore pas si longtemps, des « travailleurs ». Il est faux d’accuser la population ukrainienne d’être fasciste. Lorsque nous aurons enfin compris qui manipulent nos cerveaux, peut-être pourrons-nous cesser de nous entretuer ?

 

Mozgovoï s’entretenant avec un journaliste sur le fascisme :

Journaliste : Je voudrais vous parler du cas italien, en Italie, il existe un véritable mouvement antifasciste indépendant …

Mozgovoï l’interrompt : Mon cher, il n’y a pas de véritable fascisme. Le mouvement antifasciste vous savez, c’est comme en informatique il y a les virus et les anti-virus et ce sont les mêmes personnes qui créent les deux.

Journaliste : Vous pensez donc qu’il n’y a pas de fascisme en Ukraine ?

Mozgovoï – Il n’y a que des manipulations politiques, rien de plus. Créer un mouvement et son contraire. Jouer de l’opposition des deux.

Mozgovoï écrit à propos du fascisme:

Tout le monde est censé combattre le fascisme sous toutes ses formes. Chaque camp s’efforce de montrer la présence du fascisme dans le camp adverse. La ficelle est bonne, car, pour nous qui avons survécu à la guerre avec les vrais fascistes, qu’est-ce qui pourrait mieux servir de détonateur à l’actuel massacre suicidaire des frères ? Oui, un massacre et non une guerre. Le spectre du fascisme, bien sûr! Chers concitoyens, voulez-vous un ennemi ? En voilà un tout trouvé. Oh, et juste à portée de clic, partout sur l’internet et les médias sociaux, nous avons tous ces slogans et symboles, tous ces insignes alarmants. Il y a ces rassemblements  géants avec ces foules de jeunes gens déguisés en nazis qui poussent comme des champignons. C’est le moment de prendre des tas de photos et de les afficher partout. Après tout, il faut non seulement former l’image de l’ennemi, mais aussi la diffuser et la promouvoir. Mais soudain, quelque chose cloche. Pour une raison ou une autre, tous ces jeunes fascistes sont introuvables. Au lieu de cela, ce sont des ouvriers mobilisés, des paysans et des soldats sous contrat qui sont faits prisonniers et qui n’ont pas grand-chose à voir avec le fascisme. Partir combattre le fasciste, c’est tomber sur des gens comme vous. Pourquoi sont-ils comme nous ? Parce qu’ils s’enfoncent la même merde dans les oreilles. Qui sommes-nous pour eux ? Nous sommes fascistes pour eux aussi, bien sûr.

 

Et en effet, aujourd’hui encore, la propagande occidentale et ukrainienne qualifie la partie russe de menace fasciste. Mozgovoï a vu clair dans cette mystification.

Zhuchkovski:

Lorsque l’on parle de fascisme en Ukraine, on présente très souvent les personnes qui défilent avec des torches dans les villes ou l’utilisation de certains insignes par des soldats du front. Cependant, le fascisme n’est pas l’idéologie du gouvernement ukrainien et ses dirigeants ne sont généralement pas de nationalité ukrainienne. En Ukraine, un système de clan oligarchique a été mis en place et ses membres ne travaillent qu’à la recherche du pouvoir et de l’enrichissement. S’il leur est profitable d’employer des radicaux ou des nazis, ils le font. Même si a priori les membres juifs du gouvernement ukrainien n’ont aucune raison de travailler avec ceux qui utilisent les symboles de l’Allemagne nazie. Pour ces raisons, Mozgovoï ne considérait pas que l’ennemi principal de la Nouvelle Russie était le fascisme abstrait ou même le gouvernement ukrainien, mais plutôt les conglomérats oligarchiques qui profitaient de la guerre dans le Donbass.

 

Et nous en venons donc au troisième point, les oligarchies. Le fait que Mozgovoï déclare que les oligarques juifs qui profitent de la guerre sont les principaux méchants est un point très important, mais cela va dans les deux sens. Mozgovoï savait très bien que le printemps russe était étouffé, de son vivant, par Moscou, pour le compte de ces mêmes clans oligarchiques – la mafia juive du Donbass, pour ne pas la nommer. Par exemple, on savait que si Marioupol n’avait pas été libérée en 2014 ou 2015, c’était pour ne pas faire de l’ombre aux intérêts commerciaux personnels d’Akhmetov.

 

Ce qui mettait le plus Mozgovoï hors de lui, c’était l’incapacité des autorités de la LDNR/DNR à purger le Donbass de l’ancienne bureaucratie. En d’autres termes, les mêmes chinovniks qui travaillaient déjà sous le règne de Yanokovich étaient toujours au pouvoir. Or, pour qui ces Chinovniks travaillaient-ils vraiment ? En fait, Kiev avait purgé la bureaucratie plus profondément que la LDNR/DNR, mais cela s’est fait au profit des oligarques de Dnipropetrovsk (Kholomoisky) et aux dépens du clan du Donbass. En d’autres termes, il ne s’agissait que d’un épisode de la lutte des  clans entre les divers oligarques. Les gouvernements LDNR/DNR ont laissé en place leur bureaucratie oligarchique, dont Yanokovich était membre, et cette oligarchie du Donbass n’avait absolument aucun intérêt à libérer réellement le Donbass de Kiev. Ce qu’ils voulaient, tout comme le Kremlin aujourd’hui, c’était de retrouver leur place à la table de Kiev. En outre, comme cela a déjà été dit, les habitants du Donbass détestaient Yanokovich tout autant que les oligarques en général, son clan ne faisant pas exception à la règle. Mozgovoï, en purgeant les fonctionnaires corrompus de son administration, a fait de son territoire l’un des plus stables et des plus respirables du Donbass, tant du moins qu’il était aux affaires. C’est l’une des nombreuses raisons qui le rendait si populaire, mais qui le faisaient aussi détester de Moscou et de sa clique de Loughansk.

 

En octobre 2014, un journaliste ukrainien organisait une vidéo-conférence au cours de laquelle deux officiers ayant combattu aux côtés de l’Ukraine lors de l’opération ATO [Joint Forces Operation] contre le Donbass s’entretenaient avec Mozgovoï. Le fait que le journaliste ait voulu que le dialogue se fasse spécifiquement avec Mozgovoï témoigne de l’estime dans laquelle il le tenait. Certains passages de cette conversation mettent en lumière le caractère anti-oligarchique de la philosophie générale de Mozgovoï. De même, sa volonté de parler avec des officiers militaires ukrainiens publiquement et sur un pied d’égalité indique qu’il ne les considérait pas comme ses véritables ennemis.

 

Mozgovoï s’adressant à des officiers ukrainiens :

 

Pour l’essentiel, les troupes des deux camps sont composées de gens ordinaires que nos oligarques utilisent comme de la chair à canon. C’est ainsi que je vois les choses. Dans l’ensemble, les participants au Maidan appelaient à des changements positifs. L’idée de Maidan ne diffère pas particulièrement de nos idéaux. Personnellement, j’ai toujours affirmé que nous ne nous battions pas contre le peuple ukrainien. Nous nous battons avant tout pour la justice et la vérité. Nous luttons contre le poids de l’oligarchie dans notre société et de ses nuisances toxiques.

 

Bien entendu, en fonction du public visé par Mozgovoï, sa rhétorique pouvait varier. Par exemple, lorsqu’il s’adressait en priorité aux Ukrainiens, il soulignait sa sympathie pour Maïdan et le fait qu’il ne se battait pas spécifiquement contre les Ukrainiens. Lorsqu’il s’adressait à des auditeurs russes, il pouvait parler de prendre d’assaut et de bombarder Kiev. À mon avis, il n’y a pas de réelle contradiction. Mozgovoï voulait que le printemps russe aille jusqu’au bout et la prise de Kiev serait l’expression physique/géographique de cette victoire. Cependant, le thème constant de sa rhétorique, quel que soit le public auquel il s’adresse, était son opposition totale à l’oligarchie. Mozgovoï dans une autre interview :

À ce jour, nous ne nous sommes toujours pas débarrassés des ennemis qui agissent dans notre dos. Tant que nous ne l’aurons pas fait, nous ne pourrons pas avancer.

 

(Je pense qu’il est maintenant évident à qui Mozgovoï fait allusion en parlant des  ennemis de l’arrière et qu’il ne s’agit pas seulement des espions du SBU).

Le journaliste demande ensuite à Mozgovoï ce qui arrivera lorsqu’il en aura terminé avec les ennemis de l’arrière.

Nous irons droit sur Kiev.

Donc, votre objectif, c’est Kiev?

Notre objectif est de libérer toute l’Ukraine des oligarques et de ces vendus de  chinovniks. Assez de ces gens dont les avoirs dépassent déjà de plusieurs fois le budget de l’État! Il est temps qu’ils partagent un peu.

C’est-à-dire que c’est le même objectif que ceux qui étaient à Maidan, je ne vois pas la différence.

C’est ce que je ne parviens pas à comprendre. Ceux qui nous combattent aujourd’hui se battent pour les intérêts des oligarques. Je serais heureux de parvenir à un accord avec les troupes régulières, avec les gens honnêtes du Maidan. Nous avons les mêmes intérêts qu’eux. Ils veulent être libres. À quoi ça sert de nous battre entre nous ? Depuis l’époque des chevaliers teutoniques, il est clair qu’il vaut mieux ne pas s’en prendre à des Slaves: ceux qui viennent avec une épée seront tués. On a compris qu’il était préférable de mettre l’épée dans la main d’un autre Slave et de les forcer à s’entretuer. Notre tâche est de faire comprendre à nos frères que nous sommes les mêmes, avec les mêmes objectifs qu’eux.

Mais vous avez l’intention d’investir Kiev?

Pourquoi pas ? Ils veulent bien prendre d’assaut Loughansk et Donetsk. Kiev vaut mieux que ces villes ?

Et après Kiev ? Toujours plus à l’ouest?

Voyons ce qui se passera si les soldats de l’autre côté comprennent enfin qu’ils se battent contre eux-mêmes : tout cela peut s’arrêter demain

Quels sont vos projets les plus urgents?

Avoir un Tochka U pour tirer sur Kiev, qu’on venge le sang du Donbass

Les Ukrainiens vous ont tiré dessus au Tochka U ?

Pas plus tard qu’il y a quelques jours, ils ont frappé la ville de Rovenki dans l’oblast de Loughansk. Si l’ennemi veut se battre avec ces méthodes, pourquoi ne devrions-nous pas lui répondre de la même manière ?

 

Zhuchkovski pense que Mozgovoï affichait, en l’occurrence, une soif de sang volontairement outrancière, fonction de son interlocuteur, un journaliste de l’Ouest, de gauche, facile à choquer. Il savait que ses paroles seraient répercutées et entendues des Russes, or il fallait que les Russes entendent que Mozgovoï était au courant de l’attaque de missile sur Rovenki et qu’il n’avait pas l’intention de faire comme s’il ne s’était rien passé. Néanmoins, dans cet échange, Mozgovoï avait martelé ce qu’il avait toujours martelé: le véritable ennemi, c’était l’oligarchie. Simplement, la vision qu’il avait de son rôle de meneur péchait parfois par une certaine naïveté dans l’expression.

Dans une autre interview, Mozgovoï précisait sur ce qui constituait à ses yeux une victoire :

La victoire ne peut pas être que militaire. Elle doit s’accompagner d’un changement dans la vision du monde et de l’humanité, être un tournant radical. L’homme va-t-il continuer à vivre dans le cadre dans lequel il a été parqué ou va-t-il s’en libérer ? Tant que nous ne penserons pas par nous-mêmes et à décider de nos propres affaires, nous ne pourrons pas crier victoire. Tous les sacrifices auront été vains.

 

Dubitatif, le journaliste lui demande si ces objectifs s’atteignaient les armes à la main. (Ce que je peux détester ces journalistes moralisateurs qui se la pètent).

Non, les deux camps ne se sont déjà que trop affrontés. Il leur suffira de peu maintenant pour comprendre qu’ils se battent avec leur propre image dans le miroir. D’un côté, il y a un chauffeur de taxi et de l’autre, un autre. Contre qui et pour quoi se battent-ils ? Contre l’oligarchie et pour une vie meilleure. C’est juste qu’on a dit à l’un « tu te bats pour ta terre que les Russes ont occupée » et à l’autre que « tu te bats contre le fascisme ».

 

Le journaliste répond que, selon la logique de Mozgovoï, la victoire sera atteinte lorsque tout le monde aura renoncé aux armes, ce à quoi il répond :

S’ils déposent leurs armes comme ça, ils pourront toujours les reprendre. La victoire interviendra seulement lorsque tout le monde aura vraiment compris pourquoi et pour quoi il faut le faire.

 

En attendant, petit à petit, vidéo après vidéo, Mozgovoï s’approchait de la limite. Dans celle-ci, il est de nouveau avec des Ukrainiens, des journalistes et des soldats, et, de nouveau, il veut désigner aux yeux de tous le véritable ennemi. Il commence par demander pourquoi les Ukrainiens larguent des Tochka U sur Donestk.

Pouvez-vous nous expliquer pourquoi des Tochka U sont tombés sur Donestk aujourd’hui ?

 

Les Ukrainiens répondent qu’ils se posent la même question et qu’ils se demandent si une « tierce partie » n’est pas à l’œuvre. Mozgovoï saisit la perche qui lui est tendue  :

– Je vais vous le dire. Il y a bien ici une tierce partie. Elle travaille à semer la division, à diviser pour mieux régner. Elle se sert des services spéciaux, du SBU et du FSB [services de sécurité de l’Ukraine et de la Russie respectivement], les descendants du KGB. Les deux ont le même maître et nous voyons aujourd’hui les résultats de leur travail. Ce sont eux le problème, c’est d’eux qu’il faut s’occuper.

 

Le fait que Mozgovoï mette le FSB et le SBU dans le même panier parle de lui-même.

Et voici ce que l’un des Ukrainiens disait au cours de la conversation :

En fin de compte, nous sommes assis là, impuissants, sans pouvoir faire quoi que ce soit, comme un chien qui comprend ce qui se passe mais ne peut pas parler.

 

Lors de la vidéo suivante, une journaliste alors inconnue, mais aujourd’hui assez célèbre en Russie et en Ukraine, Tatiana Montian, était présente. Tatiana est devenue une proche collaboratrice de Murz (aujourd’hui décédé, suicidé) et de Vladimir Grubnick (vétérinaire du Donbass harcelé par le FSB). Au cours de leur discussion, Montian faisait le commentaire suivant

Ces oligarques nous ont montés les uns contre les autres et nous utilisent comme viande et monnaie d’échange pour obtenir des concessions les uns des autres. Quel est l’intérêt de s’entretuer pour ces trous du cul ?

 

Mozgovoï répondait avec enthousiasme que c’était un plaisir de parler avec une femme intelligente et qu’il n’avait aucune envie de se battre inutilement, mais qu’il ne pouvait pas non plus vivre dans un pays d’oligarques. À partir de là, Mozgovoï et les Ukrainiens ont ensemble déploré qu’il soit si difficile de s’unir et de renverser le véritable ennemi commun.

En l’espace de quelques mois, Mozogovoi se voyait interdire toute nouvelle discussion avec les Ukrainiens et, finalement, il était assassiné. Yuri Shevchencko, l’homme qui prenait sa succession à la tête de la brigade Prizrak s’entendait dire par le chef de la clique de Loughansk qu’« il n’y aurait jamais de Nouvelle Russie ». Or, c’est pour cela que les gens du Donbass étaient censés se battre. Cela signifie que l’opposition de Moscou aux appels de Mozgovoï n’était pas due au fait que Mozgovoï s’était rapproché des méchants Satano-Nazis. Il s’agissait de bien autre chose.

*  *  *

[FG: Nous espérons que ce qui précède n’est pas entièrement vrai, plus exactement, qu’il ne s’agit pas du sujet principal de la guerre en Ukraine. Néanmoins, ces considérations nous éviteront peut-être de nous réveiller cocus quand un accord de paix surgira miraculeusement dans le dos des nationalistes entre l’OTAN et la Russie de Poutine].

Traduction Francis Goumain

Source

Mozgovoï: The Warlord of Donbass – The Occidental Observer

Covid et pandémie : la dictature du bien-être comme méthode de surveillance politique

Docteur en philosophie, polyglotte, diplomate aux États-Unis et politologue, le Croate Tomislav Sunić livre à nos lecteurs ses réflexions sur les pandémies et le contrôle social.

Polémia

Maladies contagieuses

Les maladies contagieuses sont un fait de la vie, même à l’ère de la médecine avancée. Toute maladie de ce type est susceptible d’être étiquetée pandémie si un homme politique fort ou une institution supranationale décide de l’étiqueter comme telle. Tout comme nous sommes maintenant habitués à l’autocensure académique et à la police de pensée secrète qui scrute notre langage en ligne ou nos conférences hors ligne, nous observons également la montée des équipes de santé surveillant notre vie quotidienne, nous enseignant ce qu’il faut manger, comment avoir des relations sexuelles sans danger, comment rester éternellement jeune et comment combattre la vieillesse. Ne pas se conformer à ces règles thérapeutiques et hygiéniques vous classe comme un hérétique indigne de participer à ce que l’on appelle pompeusement la société civile.

Dommages physiques et psychologiques irréparables

Les pourvoyeurs de la récente pandémie de Covid et ses commissaires de l’OMS qui font peur, y compris leurs acolytes politiques aux États-Unis et dans l’UE, semblent s’être temporairement retirés de l’écran radar. La nouvelle marque de leur progéniture mondiale, cependant, avec plusieurs bienfaiteurs de santé autoproclamés, et encore moins des guerriers de justice sociale, pourrait cependant réapparaître à l’horizon, si les circonstances politiques le nécessitent.

Qui a encouragé les confinements en 2020 au lieu de s’en tenir à des mesures d’isolement modérées et ciblées pendant la propagation du Covid ? Qui était la personne chargée au sein de l’OMS d’expliquer en langage simple l’étiologie de cette maladie virale ? Fuite d’un centre de recherche chinois sur le gain de fonction ? Nous savons encore peu de choses des principaux acteurs qui ont ordonné la répression massive organisée à la faveur du Covid, causant des dommages physiques et psychologiques irréparables à la vie de millions de personnes, en particulier les écoliers et les petites entreprises, sans parler des ravages économiques. Une fois le confinement pandémique levé en 2021, les personnes qui craignent ce virus ont fait preuve de sagesse pour éviter qu’il ne devienne viral.

Les médecins, les scientifiques biomédicaux, les biologistes et les généticiens peuvent certainement affirmer avec fierté que leurs domaines de recherche, contrairement à ceux des sciences sociales, sont de nature empirique et peuvent souvent être facilement vérifiés scientifiquement. Comment se fait-il pourtant qu’un nombre important de leurs collègues dissidents aient rejeté le récit apocalyptique de la maladie présumée la plus mortelle au monde ?

Mais de nombreux généticiens comportementaux et sociobiologistes du monde universitaire sont confrontés à une situation bien pire. Lorsqu’ils remettent en question les traits héréditaires ou raciaux innés qui déterminent le comportement de nos politiciens et faiseurs d’opinion, ils courent le risque d’être confrontés non seulement à une guerre juridique diabolisante, mais même à une peine de prison. Sur la base de leurs preuves empiriques largement ignorées sur nos défauts ou nos forces héréditaires, nous pouvons faire une hypothèse éclairée sur la façon dont les « chromosomes criminels » prospèrent chez nombre de nos politiciens élus et faiseurs d’opinion.

Fondamentalement, la peur du Covid, lorsqu’elle a commencé il y a plusieurs années, a ouvert la voie dans l’UE et aux États-Unis à la reconstitution de l’ère soviétique lorsque le scientifique stalinien Trophime Lyssenko exposait sa théorie sur la façon de faire pousser des oranges dans le cercle arctique et de transformer un Homo sovieticus à faible QI en un scientifique de l’astronautisme. Les mêmes oukases communistes surréalistes sont toujours bien vivants aujourd’hui dans l’enseignement supérieur et l’arène politique réglementés par la discrimination positive aux États-Unis, où les prises de décision imposées par la DEI sont principalement menées par des imbéciles qui détestent l’idée d’une méritocratie.

Nous n’avons pas besoin d’entrer dans le domaine dangereux du freudo-marxisme ou de la scolastique CRT qui rejette depuis des décennies l’étude des différences raciales ; nous pouvons plutôt citer le dramaturge Molière, dont les pièces satirisent des charlatans se faisant passer pour des surhommes médicaux capables de guérir toutes les maladies physiologiques et politiques. Compte tenu des divergences entre les scientifiques de haut niveau sur l’utilité du dernier confinement lié à la pandémie de Covid, on peut légitimement se demander si nous ne devrions pas maintenant nous tourner à nouveau vers les homéopathes médiévaux ou les marchands d’huile de serpent pour des pouvoirs curatifs plus efficaces. La confiance dans l’establishment médical a disparu.

C’est toujours le dogme politique dominant, le mythe politique et l’esprit du temps dominants qui déterminent l’approche des sciences naturelles, jamais l’inverse. Les chercheurs en sciences sociales et les avocats sont dans une position encore plus délicate ; s’ils veulent rester dans le secteur éducatif ou juridique, ils doivent obéir au dogme actuel selon lequel les influences environnementales sont tout le jeu et rejeter le rôle des gènes dans l’étude du comportement politique de leurs clients ou accusés. S’ils se concentrent trop sur le rôle des chromosomes criminels dans le comportement politique, ils n’obtiendront pas de titularisation et pourraient être qualifiés de racistes incorrigibles ou de suprémacistes blancs proverbiaux.

 

De Big Brother à Big Mother

Retour au corps, ou plutôt, retour au langage corporel qui est devenu une nouvelle religion dans notre « état thérapeutique et maternel » élargi. Cette expression a été utilisée par l’auteur américain Christopher Lasch et quelques autres philosophes dissidents comme le regretté auteur français Jean Baudrillard et Alain de Benoist. Au lieu du Big Brother orwellien, la Big Mother émerge avec ses ordonnances transgenres postulant le dogme que les identités biologiques sont des constructions sociales éphémères qui peuvent être changées ou remplacées à volonté. De plus, nous avons été témoins au cours des dernières décennies de la croissance d’une nouvelle pandémie dangereuse, une pandémie culturelle de la « guerre des regards » entre les politiciens et les célébrités, chacun prétendant que sa propre couleur, Leur taille, leurs aptitudes motrices et leurs traits phénotypiques les rendent nettement supérieurs à leurs adversaires. Il était une fois, une personne noire obèse était considérée comme malade et avait besoin d’un traitement hospitalier ou d’un régime de perte de poids radicale. Selon le dogme de la construction sociale véhémente, l’obésité est maintenant considérée comme une question de mode de vie qui peut aider provisoirement une personne à prendre le surpoids du statut de célébrité lors d’une audition cinématographique. En outre, si un aspirant politique blanc veut, aux États-Unis ou dans l’UE, être jugé favorablement, il doit auparavant approuver les récits de victimisation des électeurs non-blancs ciblés tout en multipliant dans son entourage d’individus de sexualités, perspectives et apparences raciales différentes.

Le même mimétisme viral peut être observé lors d’un duel télévisé entre candidats à la présidence, les spectateurs étant contraints de se concentrer davantage sur les prothèses de leurs candidats préférés et moins sur leurs politiques respectives. Sous le couvert du scientisme, un nouveau totalitarisme est en train de se former, recourant à des méthodes de surveillance politique beaucoup plus élégantes, mais fatales, que celles imaginées par le système communiste.

Dans la description du processus de « covidification » dans l’état thérapeutique, l’autocensure des scientifiques et des dirigeants politiques devient la règle non écrite. Alain de Benoist le voit ainsi : « Le type humain dominant d’aujourd’hui est le narcissique immature qui ignore toutes les réalités autres que la sienne, et qui désire avant tout satisfaire tous ses désirs. Ce type d’être humain infantile, à l’orientation libérale-libertaire prévisible, est parfaitement en ligne avec le Système. … Ce qui suit est une civilisation thérapeutique centrée sur le “moi”… » Un homme d’État prend des décisions, donne des ordres et des réquisitions. Macron, cependant, s’appuie sur les conseils d’« experts » qui, en règle générale, ne sont jamais d’accord.

Les prédictions de jugement dernier concernant des dizaines de millions de décès liés au Covid ne se sont pas réalisées. Les décomptes officiels des cadavres dus au Covid sont toujours rappellent davantage le livre de l’Apocalypse qu’un bilan comptable. C’est un truisme que de constater que les experts en sciences sociales ne s’accordent presque jamais sur leurs théories respectives d’amélioration du monde mais on pourrait s’attendre à ce que les scientifiques soient plus sérieux. Or, de nombreux experts du Covid ont divergé sur l’origine et le traitement du coronavirus, tout en se surpassant à la télévision avec leurs égos de la taille de la cathédrale de Zagreb.

Serment d’Hippocrate ou Serment Hypocrite ?

Cela nous rappelle Molière et sa description du médecin imaginaire parlant à son patient imaginaire, les deux projetant leur faux double et les deux supposant que leur mensonge ne sera pas détecté par l’autre partie. Un personnage de la pièce de Molière décrit ainsi le médecin Purgon (dont le nom pourrait bien être affiché aujourd’hui sur internet comme un mème enfant pour Pfizer Inc. au purgatoire): «Il (Purgon) a dû tuer beaucoup de patients pour faire autant d’argent. » A quoi un autre personnage de la même comédie répond : « La plupart des gens meurent à cause du remède, pas de la maladie. » On se demande si des milliers d’experts de la Covid ont pris le Serment Hypocrite au lieu du Serment d’Hippocrate…

Les cas de tromperie sont nombreux, non seulement dans les sciences sociales mais aussi dans les domaines des sciences naturelles. L’étude de la génétique comportementale, lorsqu’elle est combinée aux sciences sociales, pourrait nous aider à mieux saisir le drame humain, notamment en observant la psyché des décideurs dans un état d’urgence. Cette approche est toutefois strictement évitée dans les départements de sciences sociales, tant aux États-Unis qu’en Europe, où l’idée prédominante est que tous les gens sont égaux — et donc disponibles — à volonté. Il n’y a pas si longtemps, l’obsession communiste multiethnique, multiculturelle et égalitaire avait ce Lalaland fictif à l’affiche tous les jours en Europe de l’Est et en Yougoslavie — avec des résultats catastrophiques.

En invoquant des pandémies surréalistes et fictives, ou le mythe désormais populaire de la prétendue pandémie montante du fascisme de droite, un politicien peut toujours être tentant. Il peut être utile pour réprimer toute forme d’hérésie politique. Avec l’ère du Covid, nous ne sommes plus dans le domaine de la science, mais dans le département de démonologie.

Tomislav Sunić
21/10/2024

Johann von Leers (1942): Antagonisme Judéo-Islamique des Origines

Johann von Leers (1942): Antagonisme Judéo-Islamique des Origines

Judentum und Islam als Gegensätze”[1], apporte un éclairage intéressant sur les débuts de l’islam dans la péninsule Arabique, laquelle, selon Johann von Leers, n’aura échappé à l’emprise du judaïsme que grâce à la foi de Mahomet – qui déplace des montagnes – et à l’efficacité de son action militaire.

Un des intérêts de l’article est de montrer que l’antagonisme judéo-musulman ne date pas d’hier, qu’il remonte aux origines de l’islam, et que ce n’est pas la première fois que les Juifs essaient de nous y entraîner à leurs côtés: c’était déjà le cas au moment de la première croisade.

* * *

Il n’est pas inintéressant de lire parfois des historiens juifs – non parce qu’on pourrait y trouver une quelconque vérité, mais pour en tirer un aperçu de leur psychologie. Or, ici, ce qui saute immédiatement aux yeux du lecteur, c’est que chaque fois qu’ils en viennent à présenter Mahomet et l’Islam, les Juifs se font violemment hostiles, voire haineux. Ainsi, Simon Dubnow, évoquant Mahomet dans sa Weltgeschichte des jüdischen Volkes[2], ne manque pas de faire remarquer qu’il était analphabète et d’ajouter :

C’est ainsi que grandit dans l’âme de ce demi-Bédouin, sous la forme d’une passion dévastatrice qui lui fait concevoir une « guerre sainte » dans  laquelle tous les moyens seraient bons, l’idée du monothéisme. La connaissance de Dieu n’est nullement associée, dans l’esprit de Mahomet,  à cette noble conscience morale qui rend si séduisant le monothéisme des prophètes bibliques ou même de la doctrine évangélique. De sa personnalité, telle que l’histoire de sa vie nous la révèle, n’émane aucune aura de sainteté si propre à captiver l’imagination du fidèle rétif aux abstractions de la révélation. L’histoire de la vie du « messager d’Allah », ainsi que celle du Coran lui-même, est pleine d’exemples de manières de parler et d’agir indignes de qui prétend fonder une religion. Derrière le masque du prophète se cache trop souvent le visage du demi-sauvage : l’illumination le dispute à la passion brute du bédouin qui à la guerre assassine sans pitié et ne se gêne pas d’ajouter à son harem la femme ou la fille de l’homme assassiné. Tous ces traits de caractère de Mahomet s’expriment dans sa conduite à l’égard des Juifs d’Arabie.

 

Il ne s’agit pas là d’historiographie, mais de diatribe vindicative et de calomnie. Tout d’abord, Mahomet n’était pas un Bédouin, ou un demi-Bédouin, mais un membre de la vieille noblesse Quraish établie à La Mecque; ensuite, à la manière dont il le présente, il est clair que Dubnow n’a jamais lu une page du Coran. Mais ce que ce passage expose au grand jour, c’est cette haine inexpiable que vouent les  Juifs, même après 1400 ans, à l’homme qui a créé la religion la plus jeune et la plus répandue dans le monde.

Le conflit entre Mahomet et les Juifs n’est pas très connu, mais est  particulièrement intéressant. Dès avant la destruction de Jérusalem par l’empereur Titus (70 après J.-C.), il y avait des Juifs présents dans la péninsule arabique; mais ensuite, ils sont arrivés par tribus entières s’établir dans les villes arabes et se sont aussitôt activé à y établir la domination du judaïsme. Il y avait en particulier les trois tribus, Banu Qaynuqa, Banu Nadir et Banu Qurayza[3] principalement établies dans la ville de Yathrib. [4] C’est de là que l’agitation juive irradiait, de là que les Juifs ont commencé à prendre l’ascendant sur les deux grandes tribus arabes, les Aws et les Khazraj, [5] en les montant l’une contre l’autre, de sorte à se rendre maîtres de la ville. Il s’agissait d’une pénétration coloniale et commerciale, mais surtout d’une pénétration intellectuelle. Bien sûr, des influences chrétiennes se sont également faites sentir en provenance de Byzance et d’Abyssinie, mais de toutes les religions étrangères, c’est le judaïsme qui a été le plus en vue.

 

Par la suite, les Juifs ont tenté de démontrer combien l’Islam avait emprunté au Judaïsme. C’est typique de la vantardise juive de se considérer toujours à l’origine de toutes les innovations. En réalité, de nombreux points sur lesquelles l’islam et le judaïsme sont superficiellement en accord ne sont pas empruntées au judaïsme, mais à d’anciennes coutumes orientales. L’interdiction de la viande de porc, par exemple, est une pratique ancestrale qui relève en Orient de l’hygiène, car, compte tenu du climat, cette viande grasse est malsaine et présente en outre le danger de la trichinose. Si le Coran fait référence ici ou là à des éléments de la culture juive, ce n’est pas que Mahomet aurait cherché à copier les Juifs, c’est que, de par le prosélytisme juif, un certain nombre de leurs légendes et visions du monde avaient infusées dans le monde arabe. Si cette pénétration s’étaient poursuivie sans entrave, il est bien possible qu’une grande partie de la population de la péninsule se serait judaïsée, tout comme par la suite elle a accepté l’islam. Les Juifs auraient alors été en mesure de déchaîner à leur profit toutes les forces militaires et politiques du peuple arabe, grâce auxquelles les premiers califes ont établi leur puissant empire. Les troupes de cavalerie qui, plus tard, sous Omar, [6]  ont conquis l’Égypte et la Perse, puis poussé vers l’Espagne et l’Inde, aurait bataillé pour le Talmud. La catastrophe pour l’ensemble de l’humanité aurait été effroyable.

 

Les Arabes de la période préislamique n’avaient pas grand-chose à opposer aux Juifs. La croyance en leurs anciens dieux des cités et du désert s’était évaporée, ne correspondant plus aux exigences intellectuelles du temps. On sait qu’à cette époque, des hommes exploraient des voies, les « hanifs »[7], ces sages à la recherche d’une ascèse et d’une règle de vie conforme à la volonté de Dieu. Le peuple vivait une crise religieuse et cherchait une issue.

 

Mohammed ibn Abdallah, encore enfant, aurait croisé un moine (catholique) qui aurait vu en lui le futur porteur de la foi et qui aurait encouragé ses compagnons à le protéger des Juifs qui, prévenait-il, tout au long de sa vie, lui mettraient des bâtons dans les roues. Il est très possible que le jeune Mohammed ait été capable, déjà à l’époque, de porter des jugements sur les Juifs de nature à impressionner ce moine si fin psychologue. Mais ce n’est que vers la quarantaine, après une vie commercialement couronnée de succès, que Mahomet a été ébranlé et happé par la question religieuse. L’illumination lui est venue dans la solitude des grottes montagneuses autour de La Mecque. Müller dit à juste titre[8] – et cette déclaration d’un spécialiste Allemand diffère singulièrement des éclats d’un Dubnow :

 

Les quolibets n’auront pas manqué, on l’aura traité de fou, d’affabulateur, d’escroc – mais la rectitude sans faille de sa conduite, la régularité constante  de sa vie, n’ont jamais été remises en cause et transparaissent  clairement encore aujourd’hui dans le Coran. … La totale sincérité de sa foi durant la période mecquoise peut encore moins être mise en question. L’angoisse poignante qui a précédé la vision décisive, la ténacité avec laquelle cet homme a poursuivi son prêche durant plus d’une décennie, au milieu des persécutions les plus sévères, allant jusqu’aux menaces directes pour sa vie, et ce, sans la moindre garantie de succès, sont autant d’éléments qui témoignent de la puissance de l’inspiration qui l’avait saisi et amené, presque indépendamment de sa volonté, à la conviction ferme qui s’imposait à lui que c’est Dieu lui-même qui lui parlait: c’est là l’image d’un authentique prophète.

 

Pendant des années, il a inlassablement martelé à La Mecque son sermon selon lequel il n’y a qu’un seul Dieu, l’unique, le miséricordieux, le roi au jour du Jugement. À la Trinité des chrétiens, il opposa l’unicité de Dieu, écarta la doctrine chrétienne du péché originel et du salut et donna à chaque croyant comme principe directeur l’accomplissement complet des commandements du Bien, donnés par un Dieu miséricordieux et juste devant lequel chaque homme devra rendre compte de ses actes. La caste dirigeante restant accrochée au culte idolâtre, il ne parvenait pas à élargir son cercle de fidèles au-delà de sa famille. C’est alors qu’il entra en contact avec la tribu des Yathrib, des Arabes qui avaient eux aussi entendu parler de la prophétie juive du Messie. Il parvint à les rallier à l’islam. Le 20 septembre 622, il quitte la Mecque pour Médine. Là, par des tractations très habiles, il réussit à réconcilier les deux tribus arabes rivales, les Aws et les Khasraj, se constituant un socle politique solide.

Mais à Médine, il entrait aussi pour la première fois en contact avec le problème juif. Il croyait au triomphe du Bien sur Terre, il était fermement convaincu que la religion du Dieu unique, avec ses principes simples et faciles à mettre en pratique, était la religion originelle. Il voulait sortir les hommes de la confusion qui régnait et les mener à la claire vision originelle de Dieu et, puisqu’il avait affaire à des gens sous influence du christianisme et du judaïsme, il leur disait que c’était la religion qu’Abraham (Ibrahim) avait déjà eue, que le Christ et Moïse avaient annoncée, sauf que les hommes l’avaient à chaque fois défigurée. Cela lui avait été révélé à nouveau par Dieu. Il voulait faciliter le chemin aux chrétiens comme aux juifs; c’est pourquoi il avait demandé au départ que les prières se fassent en s’orientant vers Jérusalem. Il soulignait en permanence qu’il ne souhaitait que purifier les religions existantes et perpétuer la religion révélée, la religion originelle.

En même temps, c’était un homme d’État avisé. Avec l’unification des deux tribus arabes, les Juifs devenaient minoritaires à Médine. Mahomet leur octroya une sorte de concordat [9]; ils pouvaient conserver leur hiérarchie et leur religion, en échange, ils devaient participer à la défense de la cité, ne pas s’allier aux ennemis de Mahomet et s’acquitter d’une taxe pour le djihad. Les Juifs auraient pu se satisfaire du compromis. Au lieu de cela, ils ont tenté de rameuter la population et de la monter contre l’islam, coupable d’oublier la promesse de domination du monde faite aux Juifs par Yahvé. Les Juifs n’avaient de cesse de pousser Mahomet dans ses retranchements. Par le mépris, les questions retords, toutes les ressources de la dialectique talmudique, ils tentaient de réduire à néant sa révélation. Ils se déchaînaient contre lui ouvertement et secrètement. La patience de Mahomet était à bout:

 

Ceux auxquels Nous avons confié les Écritures se réjouissent de ce qui t’a été révélé, tandis que certains, parmi les impies qui se sont ligués contre toi, en renient une partie. (Coran, sourate 13,36)

 

Il modifiait alors la direction des prières vers la Mecque, annulait les fêtes des jours d’expiation qui coïncidaient avec des fêtes juives et introduisait à la place le jeûne du Ramadan; il opposait l’appel à la prière du muezzin à celui du shofar, la corne de la synagogue juive. Lorsque les Mecquois l’ont attaqué et que, lors de la bataille de Badr [10] – au cours de laquelle retentit pour la première fois l’appel triomphal de la victoire « Il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu » – il les a défaits, les Juifs ont commencé à ruminer une profonde rancœur à l’égard de l’islam. Le juif Ibn al Ashraf [11] composait un poème élégiaque pour les Mecquois déchus où il déclarait préférer les anciennes idoles des Arabes à la religion de Mahomet. Le juif Abu ‘Afak[12] demandait aux Arabes de Médine, dans un infâme poème satirique, de chasser Mahomet. Il était évident que les Juifs cherchaient à combattre l’unification des peuples arabes par l’islam. Le prophète répliquait:

 

Les pires animaux devant Dieu sont ceux qui ne croient pas, ceux qui ne reviennent pas à la foi, ceux avec qui vous avez conclu un contrat, mais qui le rompent sans vergogne dès qu’ils en ont l’occasion. Ô Messager, si tu affrontes au combat ces gens, inflige-leur le pire des châtiments afin que cela dissuade ceux qui leur ressemblent de te combattre et de monter tes ennemis contre toi; Dieu n’aime pas les traîtres. (Coran, sourate 8,57)

 

Lorsque les Juifs de la tribu des Banu Qaynuqa ont violé une musulmane, il a mis le siège devant leur quartier et les a forcés à rendre les armes. Seule l’intercession de l’influent Abdallah ibn Ubayy [13] les a sauvés et leur a permis de sortir, mais même sur son lit de mort, il a dit à Abdallah : « Ô Abdallah, ne t’ai-je pas dissuadé de ton amour pour les Juifs ? Mais tu ne m’as pas écouté ».

 

Mais les autres tribus juives ne valaient pas mieux. Un Juif qui avait composé des vers satiriques, Kaab ibn al Ashraf[14], était tué par un musulman pour avoir publiquement critiqué Mahomet. Les Banu Nadir, avec lesquels un nouveau concordat avait été conclu, profitèrent d’une défaite des musulmans à la bataille d’Uhud [15] pour redevenir immédiatement hostiles. De cette période, Son Éminence le Grand Mufti de Jérusalem, Haj Amin el Husseini[16], rapporte les faits suivants[17] :

 

Alors que Mahomet  vivait en bonne entente avec les  Juifs, certains se préparaient à attenter à sa vie. Ils persuadèrent un homme  de jeter un lourd bloc de pierre sur la tête de Mahomet. Une voix intérieure l’avertit de quitter la place, et les traîtres  ne purent ainsi mettre leur plan à exécution. Mahomet envoya l’un de ses procureurs auprès des Juifs et leur fit dire qu’ils devaient quitter la ville dans les dix jours. Ils avaient rompu  le contrat qu’ils avaient passé avec lui puisqu’ils en voulaient à sa vie. Tout juif qui serait trouvé dans la ville après dix jours serait puni de mort.

 

Dès qu’il eut repoussé l’attaque des Mecquois, Mahomet les poursuivit et les expulsa. Malgré leurs puissantes fortifications, les Juifs durent partir. Mahomet en a consigné le souvenir dans la sourate 59:

Tout ce qui se trouve dans les cieux et sur la terre célèbre la gloire d’Allah, le Tout-Puissant, l’infiniment Sage. C’est Lui qui, lors de leur premier exil, a chassé de leurs foyers ceux des gens du Livre qui ont rejeté la foi [1404]. Vous ne pensiez pas qu’ils partiraient et eux-mêmes s’imaginaient que leurs forteresses les protégeraient d’Allah. Mais Allah leur a infligé un châtiment auquel ils ne s’attendaient pas, remplissant leurs cœurs d’effroi, si bien qu’ils se sont mis à démolir leurs maisons de leurs propres mains [1405], aidés par les croyants qui les assiégeaient. Tirez-en des leçons, vous qui êtes doués de raison ! . … Ils se sont en effet opposés à Allah et Son Messager. Que celui qui ose s’opposer à Allah sache qu’Il le châtiera avec la plus grande sévérité.

 

Mais même la dernière tribu juive, les Banu Qurayza, avait trahi le pacte. Ils s’associèrent au chef des Banu Nadir exilés, le Juif Huyayy ibn Akhtab. Ils levèrent une grande armée contre Mahomet et exigèrent de lui qu’il leur livra la Mecque. Mais Mahomet réussit à forcer la retraite des assiégeants en utilisant un stratagème très habile – une grande fosse qu’il avait fait creuser empêchait les attaques de la cavalerie ennemie. Il pourchassa les Banu Qurayza, encercla leur quartier dans la ville et les obligea à se rendre. Les Juifs pensaient peut-être qu’ils s’en sortiraient avec une simple expulsion, mais Mahomet remit la décision concernant leur destin au cheikh de la tribu d’Aws, Saad ibn Muadh [18], qu’ils avaient blessé: celui-ci exigea l’exécution des Juifs. Les 600 hommes de la tribu furent ainsi tués. C’est la seule exécution de masse que le doux Mahomet ait jamais autorisée et elle était, selon la loi martiale, tout à fait permise puisque les Juifs avaient commis une trahison en tant qu’alliés armés. Les Banu Qurayza furent ainsi exterminés, mais les survivants s’enfuirent à Khaybar[19]. Mahomet assiégea cette ville à son tour. En 628, il les obligea à se rendre. Une vieille légende islamique rapporte que la Juive Zaynab [20] invita Mahomet à un repas pour fêter la conclusion d’une capitulation honorable. Elle lui proposa un ragoût épicé. Le porteur d’armure de Mahomet, Bashir ibn al Baraa, s’empressa d’en manger un morceau, mais Mahomet n’avala pas sa première bouchée tant elle lui parut immangeable, et déclara immédiatement que la viande devait être empoisonnée. Le porteur d’armure mourut des suites de l’empoisonnement. Mais c’est depuis, dit-on, que Mohammed avait souffert d’une mauvaise santé.

 

On sait que les Juifs se vantent encore aujourd’hui d’avoir empoisonné Mahomet. Dubnow [21] écrit avec une joie non dissimulée:

 

Aujourd’hui encore, les Juifs se réjouissent de ce crime ! Ils aiment se rappeler comme  même  à Médine, ils avaient de nouveau cherché à diviser les tribus arabes et à les détourner de l’islam, comme de nouveau  ils avaient récité  les vieux chants de guerre des batailles que les Arabes avaient  livrées entre eux, et comme Mahomet  lui-même  avait dû se rendre à Médine pour y remettre  bon ordre. Dans les dernières années de sa vie, Mahomet combattit systématiquement  les Juifs, les chassa de Tayma [22]  et de Wadi al Qura [23],  leur permettant  à la rigueur de rester dans certains endroits moyennant le paiement d’une taxe. Le Coran est plein d’avertissements concernant les Juifs, qui sont appelés simplement « Satans ». Mahomet avait également observé que de nombreuses personnes se laissent régulièrement corrompre par les Juifs :

Certes, ce sont eux les véritables corrupteurs, mais ils ne s’en rendent pas compte.  Et quand on leur dit: “Croyez comme les gens ont cru”, ils disent: “Croirons-nous comme ont cru les faibles d’esprit?” Certes, ce sont eux les véritables faibles d’esprit, mais ils ne le savent pas. (Koran II, Sura 12,13)

 

Abu Hurayra [24] rapporte la déclaration suivante du grand homme de Dieu : « Le jour du Jugement ne viendra que lorsque les musulmans auront vaincu les Juifs en les exterminant, lorsque chaque pierre et chaque arbre derrière lesquels un Juif s’est caché dira aux fidèles : “Derrière moi se tient un Juif, tuez-le”. Même sur son lit de mort, Mahomet aurait dit : « Il ne doit pas y avoir deux religions en Arabie ». Un de ses successeurs, le calife Omar, a définitivement chassé les Juifs d’Arabie. Dans tous les pays de loi islamique, les Juifs étaient soumis à des contraintes très strictes qui les empêchaient de nuire. Les chroniqueurs de l’époque s’accordent à dire que les Juifs étaient l’objet d’une méfiance constante. Il est vrai que de leur côté, les Juifs haïssaient l’islam du plus profond de leur âme.

 

Il convient ici de remarquer que les croisades ne sont pas parties de rien, à l’origine, on trouve une « Réfutation » de l’islam rédigée par le Juif baptisé Petrus Alfonsi [25]; cette réfutation est littéralement la seule source polémique de la première croisade de 1096 à 1099. La déformation des doctrines et la critique de la personnalité de Mahomet que ce juif avait concoctées sont ensuite passées dans la littérature de l’Église contre l’islam et se retrouvent chez les moines Petrus Reverendus, Gualterus de Sens, Guibert de Nogent Sous-Coucy [26], l’évêque Hildebert du Mans[27] et d’autres, principalement des écrivains français, qui, en déformant délibérément l’islam – mais toujours sur la base de l’œuvre empoisonnée de Petrus Alfonsi – ont déclenché la fièvre de la croisade en Europe.

 

L’hostilité de Mahomet à l’égard des Juifs ne sera pas restée sans effet: l’islam a complètement paralysé les Juifs d’Orient, il leur a brisé les reins. Les Juifs d’Orient n’ont joué qu’un rôle minime, voire nul, dans la montée en puissance de la juiverie au cours des deux derniers siècles. Méprisés, les Juifs végétaient dans les ruelles sales des mellahs [28], vivaient sous une loi spéciale qui ne leur permettait pas, comme en Europe, l’usure ou le commerce de biens volés, mais les maintenait sous la pression de la peur. Si le reste du monde avait procédé de la même manière, la question juive n’existerait pas aujourd’hui. Il convient toutefois d’ajouter qu’il y a également eu des dirigeants islamiques – dont les califes espagnols de la maison de Muawiya[29] – qui n’ont pas adhéré à la haine atavique de l’islam envers les Juifs – à leur détriment. […]

 

Traduction Francis Goumain

Source

Johann von Leers: ‘Judaism and Islam as Opposites’ (1942) – The Occidental Observer

 

[1] Published in Die Judenfrage, VII, pp. 275-278, 15 December 1942.

[2] Berlin, Vol. III, pp. 282ff.

[3] [The Jewish tribes seem to have moved from Judaea to the western coast of Arabia particularly after the Jewish-Roman wars of 66–135.] [All notes in box-brackets are by the translator.]

[4] [The old name of Medina]

[5] [These tribes had arrived in Arabia from Yemen. Mohammed’s great-grandmother belonged to the Khazraj.]

[6] [Omar ibn al Khattab (ca.583–644) was, after Abu Bakr, the second caliph and father-in-law of Mohammed.]

[7] [Hanifs are pre-Islamic Arabs who were Abrahamic monotheists though they were neither Jewish nor Christian.]

[8] August Müller, Der Islam im Morgen- und Abendlande, Vol.1, 57.

[9] [In the so-called ‘Constitution of Medina’ dated around 622.]

[10] [The Battle of Badr was fought in 624 near the present-day city of Badr in Saudi Arabia. It was won by Mohammed against the Meccan tribe of Qureshi led by Amr ibn Hisham. The Hashim clan to which Mohammed belonged was also part of the Qureshi, who were polytheists.]

[11] [Ka’ab ibn al Ashraf (d.ca.624) was a Jewish contemporary of Mohammed.]

[12] [Abu Afak (d. ca.624) was a Jewish poet who was killed on Mohammed’s orders.]

[13] [Abdallah ibn Ubayy (d.631) was a Khazraj chieftain in Medina.]

[14] [Kaab ibn al Ashraf (d.ca.624) was a Jewish leader and poet.]

[15] [The Battle of Uhud was fought after the Battle of Badr, where the Quraysh were defeated. At Uhud the latter succeeded in encircling the Muslims and stopping their advance.]

[16] [Amin al Husseini (1897-1974) was the Palestinian Grand Mufti of Jerusalem from 1921 to 1948. He also composed a tract in 1943 called Islam i Židovstvo (Islam and Judaism) for the SS Handschar, which was constituted mainly of Bosnian Muslims.]

[17] In the excellent work of Mohammed Sabry, Islam, Judentum und Bolschewismus [Berlin, 1938].

[18] [Saad ibn Muadh (ca.590-627) was a companion of Mohammed.]

[19] [Khaybar is an oasis near Medina that had been inhabited by Jewish tribes until the Battle of Khaybar in 628.]

[20] [Zaynab bint al Harith (d.629) was a Jewish woman who attempted to assassinate Mohammed after the Battle of Khaybar.]

[21] Op.cit., Vol.III, p.403.

[22] [An oasis in northwestern Arabia.]

[23] [A river bed north of Medina.]

[24] [Abu Hurayra was a companion of Mohammed who authored several hadiths, or narrations relating to the life of Mohammed.]

[25] [Petrus Alfonsi (d. ca.1116) was a converted Jew whose Dialogi contra Judaeos (1110) included refutations of Islam.]

[26] [Guibert de Nogent (ca.1055-1124) was a Benedictine historian and theologian who wrote a history of the First Crusade called Dei gesta per Francos (God’s deeds through the Franks, 1108).]

[27] [Hildebert de Lavardin (ca.1055-1133) was Bishop of Le Mans and, from 1125, Archbishop of Tours.]

[28] [A mellah is a fortified Jewish quarter in mediaeval Morocco.]

[29] [Muawiya (ca.500-680) was the first caliph of the Syrian Umayyad dynasty. An offshoot of the Umayyad dynasty ruled the Caliphate of Cordoba in Al Andalus.]

 

 

 

 

 

La soviétisation des droits pénaux occidentaux

Dans ses livres, Le Théâtre de Satan ou Droit, conscience et sentiments, et dans ses articles publiés par Polémia, le juriste Éric Delcroix n’est pas seul à déplorer la dérive juridique européenne camouflée en « État de droit ». Docteur en philosophie, polyglotte, diplomate aux États-Unis et politologue, le Croate Tomislav Sunić aborde lui aussi cette question cruciale dans de nombreux articles et conférences. Il est également l’auteur de plusieurs livres dont certains traduits en français tels Chronique des Temps postmodernes, La Croatie : un pays par défaut ? ou Homo americanus, rejeton de l’ère postmoderne (préface de Kevin B. MacDonald), chroniqué sur notre site. Voici un texte rédigé par ses soins traitant d’un sujet essentiel.
Polémia

Une image miroir du système communiste

L’un des avantages du système judiciaire de l’ancienne Europe communiste était que personne, y compris les apparatchiks des partis, ne croyait à son langage frauduleux. C’est la principale raison pour laquelle le système s’est effondré. Les procédures judiciaires contre les dissidents politiques – officiellement qualifiés d’« éléments hostiles » ou d’« infiltrés fascistes parrainés par l’Occident » – étaient des parodies de simulacres où les procureurs projetaient leur vrai Moi dans leur double Moi imaginaire et embelli, tout en sachant que leur palabre juridique n’était qu’une litanie de mensonges fabriqués de toutes pièces. L’erreur judiciaire communiste est devenue visible peu après l’effondrement du système communiste au début des années 1990, incitant des milliers de juges et de législateurs communistes dans toute l’Europe de l’Est à adopter du jour au lendemain le mimétisme judiciaire libéral nouvellement importé d’Occident.

Bien que l’on utilise des termes différents, le système judiciaire moderne occidental, et particulièrement américain, devient rapidement une image miroir du système communiste. Contrairement aux citoyens méfiants de l’ancienne Europe de l’Est communiste, des millions d’Américains et des milliers d’experts juridiques croient sincèrement que le système judiciaire américain est le meilleur du monde. Mais le fléau actuel des procès et des poursuites aux États-Unis et dans leur territoire, l’UE, prouve le contraire. Un étranger peut davantage comprendre le système judiciaire américain en comparant son jargon juridique à celui de l’ancien système communiste, ou en le traduisant de manière erronée et en l’appliquant au système judiciaire de l’UE.

Anomalie verbale et juridique

À l’instar du système judiciaire communiste et de son arsenal de constructions verbales diabolisantes conçues pour les dissidents politiques, le ministère américain de la Justice a, ainsi que les médias, de plus en plus recours à la criminalisation des dénominations des opposants politiques. « Donnez-moi l’homme et je vous donnerai le dossier contre lui » était une pratique juridique répandue dans les anciens États communistes d’Europe de l’Est. Des accusations fabriquées de manière similaire peuvent désormais être facilement formulées contre des libres penseurs, des écrivains et des lanceurs d’alerte qui critiquent la conduite du gouvernement. Un intrus non armé du Capitole, le 6 janvier 2021, qui crie des slogans pro-Trump et retire de force les barrières de police, ne peut guère s’attendre à être accusé d’un simple délit. Au contraire, sur un coup de tête d’un procureur en chef, toute personne qui défie le système libéral peut se retrouver accusée, en vertu du chapitre 115 du Code des États-Unis, de « s’être livrée à des activités séditieuses et criminelles ».

D’innombrables constructions verbales que la plupart des citoyens américains tiennent pour acquises doivent être examinées de manière critique. Les expressions négatives ou fleuries telles que « discours de haine », « discrimination positive », « diversité », « suprémacisme blanc » et « rassemblements néo-nazis » sont utilisées par les médias et les tribunaux, avec un effort minimum de la part des juristes et des linguistes pour en extraire le sens. Lorsque leur origine, leur étymologie et les distorsions sémantiques qui en découlent sont soigneusement étudiées, des failles dans les codes pénaux américains sont détectées. Le même effort s’applique à la multitude de termes allemands et français émaillant les codes pénaux respectifs de la RFA et de la France, des termes qui sont pratiquement intraduisibles en anglais, ou, lorsqu’ils le sont, résonnent de manière totalement différente dans les procédures judiciaires américaines.

L’expression « discours de haine » est une construction verbale bizarre qui permet de poursuivre un large éventail de manœuvres extrajudiciaires. La liberté d’expression de quelqu’un est toujours le discours de haine de quelqu’un d’autre. Cette expression n’existait même pas dans le glossaire judiciaire il y a un demi-siècle. On peut se demander qui a inventé cette expression et l’a introduite dans le droit en premier lieu. Sa signification abstraite permet aux juges ou aux jurys de la définir comme ils l’entendent.

L’une des caractéristiques principales du légalisme totalitaire communiste était l’utilisation d’expressions abstraites et liquides qui fournissaient au procureur une myriade d’accusations potentielles lors des audiences. Mais le terme même de « légalisme totalitaire » est une contradiction dans les termes, étant donné que la juridification en cours de la politique dans l’UE et aux États-Unis a déjà conduit à un légalisme excessif, c’est-à-dire à une guerre juridique, qui n’est qu’un premier pas vers la mise en place de systèmes totalitaires. On pourrait illustrer encore davantage les anomalies juridiques qui en découlent en examinant l’expression tant vantée et universellement acceptée des « droits de l’homme », en oubliant que les droits de l’homme sont compris différemment par les différentes parties ; différemment, par exemple, par un Palestinien à Gaza et par un colon juif en Cisjordanie. C’est au nom de principes des droits de l’homme à consonance romantique, écrivait il y a longtemps le juriste Carl Schmitt, que les crimes les plus sauvages sont commis contre une entité ou un peuple déclarés hors de l’humanité. Une fois déclarés hors de l’humanité, une entité politique en guerre et ses civils ne sont plus des êtres humains ; les droits de l’homme ne s’appliquent plus à eux. La volonté d’imposer des droits de l’homme universels et une démocratie mondiale a été parfaitement observée lors des bombardements aériens des villes allemandes par les Alliés occidentaux pendant la Seconde Guerre mondiale.

Une autre expression largement utilisée, rarement examinée de manière critique, est l’« affirmative action » imposée par le gouvernement fédéral. Outre son contenu, bien connu de la plupart des employeurs, cette expression met en évidence un langage soviétique générique. Il est impossible de la traduire mot pour mot dans d’autres langues européennes, sauf en modifiant grossièrement son sens. Lorsqu’elle est traduite en allemand ou en français, elle génère une appellation hybride impropre telle que « discrimination positive » (positive Diskriminierung). On doit se poser une question légitime : s’il existe une chose telle que la « discrimination positive », existe-t-il également une « discrimination négative » ? L’expression « discrimination positive » est à la fois une anomalie lexicale, conceptuelle et juridique que la plupart des professionnels du droit aux États-Unis et dans l’UE considèrent cependant comme une figure de style acceptable.

La mal-pensance criminalisée

Les termes « fascistes » ou « nazis », autrefois utilisés sans cesse dans le code pénal soviétique pour condamner les dissidents, font désormais partie d’un vocabulaire diabolisant similaire, en particulier dans le système judiciaire de l’UE. Le national-socialisme ou le fascisme ne représentent plus d’affiliations historiques et politiques spécifiques, ayant été transformés en symboles du Mal absolu et ultime.

Le code pénal allemand comporte une multitude d’expressions criminalisantes similaires, qui défient souvent les règles grammaticales et morphologiques. Le nom composé relativement nouveau de Volksverhetzung, qui figure en bonne place dans l’article 130 du code pénal allemand, a été maladroitement traduit en anglais par « incitement to hatred » (« incitation à la haine »), bien que l’original allemand ait une portée beaucoup plus large lorsqu’il est utilisé dans les actes d’accusation. Ce terme à sens multiples représente un cas d’anomalie linguistique semblable aux formulations du système judiciaire soviétique. Les citoyens allemands l’appellent péjorativement « Gummiparagraph » (paragraphe en caoutchouc, ou clause élastique) car son interprétation si large peut envoyer en prison toute personne posant des questions politiquement incorrectes, de quelqu’un qui fait une blague sur un migrant somalien illégal à une personne qui soulève des questions critiques sur l’Holocauste ou l’État d’Israël. Même un avocat américain parfaitement versé dans la langue allemande aurait du mal à déconstruire le sens de ce terme allemand lorsqu’il défendrait son client devant un tribunal allemand.

Contrairement au dogme libéral sur la prétendue indépendance de la justice, c’est toujours la classe dirigeante qui fait et défait les lois ; jamais les lois ne font la classe dirigeante. Le mythe libéral répandu selon lequel la Cour suprême agit comme l’arbitre indépendant ultime pendant un état d’urgence n’a jamais fonctionné dans la pratique. Le penseur romain Juvénal le savait depuis longtemps lorsqu’il posait la question intemporelle : « Mais qui gardera les gardiens ? »

Influence communautaire à l’œuvre dans la Transformation en cours de l’Irlande

Influence communautaire à l’œuvre dans la Transformation en cours de l’Irlande

Marshall Yeats

La mise en condition de l’Irlande en vue du grand remplacement devrait encore s’intensifier avec la nomination, à un poste aux résonances si délicieusement orwelliennes de «rapporteur spécial pour le plan national de lutte contre le racisme», de la Nigérienne Ebun Joseph. L’objectif déclaré est de «débusquer et de pourchasser le racisme partout où il se niche». En d’autres termes, il s’agit de soumettre la population à un lavage de cerveau en règle, propre à la culpabiliser d’être blanche. Comme le dit un récent article du Spectator, «le rapporteur spécial d’origine nigériane devra régulièrement remettre au gouvernement des rapports sur la blancheur intolérable et hideusement raciste des Irlandais». Le plan national de lutte contre le racisme prévoit un processus au cours duquel des droits spéciaux et des privilèges seront accordés aux étrangers, tandis que les Irlandais deviendront des citoyens de seconde zone dans leur propre pays. Selon Shane O’Curry, directeur du réseau irlandais contre le racisme (INAR), la raison d’être de ce plan est que «les migrants en Irlande déclarent ne pas se sentir à l’aise dans les différents domaines de la vie sociale». En revanche, M. O’Curry ne semble pas particulièrement préoccupé par la progression du sentiment d’insécurité que ces mêmes migrants engendrent chez les femmes et les enfants du cru, il est vrai qu’il doit percevoir un salaire suffisamment confortable, en grande partie servi par des ONG mondialistes, pour être personnellement incommodé par ces désagréments.

Ebun Joseph

Néanmoins, il faut bien comprendre que cette Ebun Joseph n’est que la figure de proue du navire, ce n’est pas elle qui est à la barre, en effet, ce plan d’action national irlandais contre le racisme a des origines nettement juives.

Alice Feldman et la nécessité d’une «Irlande antiraciste»

Ebun Joseph est une protégée directe d’Alice Feldman, universitaire juive-américaine, sociologue à l’University College Dublin. C’est Feldman qui a été la directrice de thèse de Joseph, c’est elle qui l’a préparée à tenir son rôle de vitrine de l’antiracisme irlandais. Bien que toute une série de noms Irlandais ou de minorités ethniques aient été cités comme auteurs du «Plan national contre le racisme», la plus petite recherche ne tarde pas à faire apparaître que ce plan a été conçu dès 2003, par Mme Feldman, dans une de ses publications qui portait précisément ce titre: «Plan national contre le racisme». Le profil de Mme. Feldman sur le site web de l’University College Dublin nous apprend que: «au cours des deux dernières décennies, j’ai travaillé en tant que chercheur, conseiller et bénévole pour de nombreuses organisations civiques, communautaires et autres, qui s’impliquaient en Irlande dans la lutte contre le racisme, les migrations et l’interculturalisme». En d’autres termes, comme d’autres Juifs dont il sera question dans cet essai, elle aura passé plus de vingt ans à saboter les intérêts des Irlandais de souche. Feldman a également cultivé l’art du charabia universitaire, décrivant un jour son travail comme s’appuyant «sur une diversité de traditions transdisciplinaires pour cultiver et mobiliser des pratiques décoloniales qui interviennent dans les héritages coloniaux globaux qui sous-tendent le moment nécropolitique actuel» [FG: On peut lire la phrase dans n’importe quel ordre, ça n’a rigoureusement aucune importance].

Alice Feldman

En examinant la relation entre Feldman et Joseph, il est clair que c’est Feldman la partenaire active, même si elle laisse la Nigériane tenir le devant de la scène. En voici un exemple:

Ebun Joseph et Alice Feldman, universitaires à l’UCD (University College Dublin), ont animé le jeudi 2 juillet une conférence intitulée « So What Next : Devenir antiraciste via Zoom ». … Joseph est consultant en relations raciales, spécialiste en développement de carrière et coordinateur du module d’études noires de l’UCD. Feldman travaille à l’école de sociologie de l’UCD et est l’une des responsables du MA Race, Migration and Decolonial Studies et de la Decolonial Dialogues Platform de l’UCD. Les universitaires ont indiqué pendant le webinaire qu’elles avaient déjà une longue relation de travail. Joseph et Feldman se sont focalisées sur deux sujets: la fragilité blanche et l’allié antiraciste. Mme Feldman a déclaré qu’elle pensait que les Blancs devaient d’abord reconnaître leur fragilité  pour qu’ils puissent faire leur part du travail et se faire les alliés de l’antiracisme. [FG: «fragilité» euphémisme pour dire «leurs torts» (d’être raciste). Quelle absurdité veut-on encore nous faire avaler? Que les Juifs et les autres racisés seraient soucieux de rendre les Blancs encore plus fort qu’ils n’étaient en leur faisant perdre leur fragilité, le racisme?] … Elles faisaient remarquer que lorsque lors de discussions sur la race les Blancs se mettaient sur la défensive, soit qu’ils se sentaient mal à l’aise, soit qu’ils craignaient d’être attaqués, ils faisaient peser sur leurs interlocuteurs de couleur la responsabilité harassante de veiller à les rassurer, ce qui avait pour effet d’abréger les débats. Elles se disent toutes deux convaincues que si on ne peut pas avoir de conversations ouvertes sur les races et le racisme, on ne pourra jamais rien changer. Joseph souligne qu’il n’y a que des racistes et des antiracistes: si quelqu’un se défend d’être raciste, cela signifie simplement qu’il est un raciste dans le déni. Elle ajoute que les gens ouvertement racistes et violents sont plutôt minoritaires, en majorité, on a affaire à des racistes qui se taisent, parfois au point de s’ignorer. Mme. Feldman pense qu’un antiraciste authentique doit faire l’effort de se rendre compte s’il vit dans un environnement raciste ou non, et si oui, qu’il se doit alors de réfléchir à la manière dont le racisme pourrait en être éradiqué. … Les deux universitaires souhaiteraient qu’il y ait un module obligatoire sur l’antiracisme à l’UCD, elles estiment qu’on ne saurait espérer déboucher sur une société antiraciste si l’antiracisme n’est pas enseigné.

Un article paru en 2020 dans la revue Gript soulignait à juste titre que:

L’idéologie des docteurs Joseph et Feldman, qui contamine l’université irlandaise comme elle a contaminé les universités des autres démocraties occidentales, c’est la théorie critique de la race. Cette théorie, quels que soient ceux qui l’épousent, peut être utilisée de manière aussi pernicieuse que les théories raciales tout aussi fallacieuses qui l’ont précédée. Il s’agit d’un racisme inversé dirigé contre les Blancs, ni plus ni moins. Ses méthodes, entre les mains des conjurés de la capitulation intellectuelle, ces bourgeois déracinés et ces gauchistes qui contrôlent la plupart des institutions où le virus se propage, sont les cocktails Molotov des Antifas et de BLM

Laura Weinstein

Feldman n’est pas la seule juive américaine à avoir débarqué sur les côtes irlandaises pour dire aux autochtones qu’ils n’ont pas d’unité ethnique. En 2019, Laura Weinstein, une doctorante new-yorkaise venue vivre en Irlande et se présentant en experte de l’histoire et de la culture irlandaise, s’immisçait dans le débat sur l’immigration en Irlande qui faisait alors rage. De tous les aspects de l’histoire et de la culture irlandaise que Weinstein aurait pu choisir de mettre en avant, elle a décidé, comme Feldman, de s’emparer du «mythe» d’une identité irlandaise homogène et du «nationalisme irlandais de droite».

Weinstein s’est servi de son compte Twitter pour se livrer au harcèlement des hommes politiques opposés à l’immigration. Par exemple, réagissant à un message du Parti national, elle a laissé entendre que sans immigration les Irlandais ne tarderaient pas à devenir des «chiens consanguins névrosés». Elle écrit: «L’apport génétique résultant de l’immigration prévient l’impact négatif de la consanguinité. Mais allez-y, limitez l’immigration si vous tenez à créer une race d’humains qui reflète le névrosisme des chiens de «pure race». Veillez simplement à organiser d’abord un référendum sur la consanguinité». Non seulement l’idée fixe de Weinstein frisait elle-même la pathologie, mais elle était aussi à côté de la plaque. Les études génétiques ont montré que les Irlandais possédaient déjà un patrimoine génétique diversifié d’origine scandinave, franco-normande, britannique et ibérique. Il s’agit d’un patrimoine génétique bien plus étendu que celui des Juifs ashkénazes du Dr Weinstein, qui descendent tous d’un unique groupe de 350 personnes. Les lecteurs de ce site ne seront pas surpris d’apprendre que Mme Weinstein se préoccupe vivement de la préservation de son propre peuple et qu’elle est citée par l’Algemeiner comme «analyste de l’antisémitisme à l’ADL». «Consanguinité» pour moi, mais apparemment pas pour toi.

Ronit Lentin et sa déconstruction de l’Irlandais

En plus d’être une protégée directe d’Alice Feldman, Ebun Joseph est l’enfant idéologique de Ronit Lentin, une Israélienne qui, en 1997, a créé le premier programme irlandais d’«études ethniques et raciales» inaugurant ainsi l’arrivée de la théorie critique de la race en Irlande. Lentin a également collaboré avec Alice Feldman à un projet parallèle au Plan d’action national contre le racisme au début de l’année 2008. De 1997 à 2012, Mme. Lentin a été directeur du département de sociologie et a dirigé le programme MPhil «Race, Ethnicity, Conflict». Elle est également la fondatrice de la Trinity Immigration Initiative, dans le cadre de laquelle elle prône une politique d’immigration ouverte et s’oppose à toutes les expulsions, elle milite en outre pour la libéralisation de l’avortement en Irlande [1]. En tant qu’universitaire et activiste «antiraciste», Lentin aura formulé les bases de la repentance raciales, à commencer par sa définition de l’Irlande comme «un État raciste biopolitique» [2]. Selon ses propres dires, avant qu’elle ne commence à travailler sur la culpabilité raciale des Irlandais au début des années 1990, «la plupart des gens n’avaient pas conscience de l’existence du racisme dans leur pays» [3].

Ronit Lentin

En un sens, c’est Lentin qui a introduit le concept d’un racisme irlandais. Pour convaincre les Irlandais qu’ils étaient bel et bien racistes, elle a commencé par nier leur existence en tant que peuple. Elle a affirmé que les Irlandais étaient simplement «théorisés comme homogènes – blancs, chrétiens et sédentaires» [4]. Quant à savoir qui avait échafaudé cette théorie sur les Irlandais et quand, Lentin ne s’est jamais prononcé, pas plus n’a-t-elle tenté de contester que le statut de Blanc, chrétien et sédentaire de la population irlandaise ne fût autre chose que le simple reflet de la réalité. Il semble qu’il ait suffi à Lentin d’affirmer l’idée selon laquelle l’identité irlandaise n’était rien d’autre qu’une fiction pour qu’elle s’y tienne. Aussi a-t-elle été particulièrement choquée quand les Irlandais, apparemment inconscients d’être le fruit de leur propre imagination, lors d’un référendum sur la citoyenneté en juin 2004, ont voté à 80 % pour lier sang et citoyenneté, mettant ainsi fin au «droit de naissance» et établissant au passage une distinction constitutionnelle entre citoyens et non-citoyens. Cette mesure avait été principalement prise pour mettre un terme  au «tourisme de naissance» des Africaines avec leurs «bébés d’ancrage», une pratique de plus en plus courante au début des années 2000. Pour Lentin, cependant, cette mesure était symbolique du fait que «la République d’Irlande était consciemment et démocratiquement devenue un État raciste» [5]. Elle en concluait qu’il fallait abandonner l’idée selon laquelle les Irlandais seraient des victimes de l’Histoire et que «la place de l’Irlande à la tête de la mondialisation était usurpée, que son statut de symbole de la culture “cool” était surfait, que sa position privilégiée au sein d’une Communauté européenne en expansion permanente était à revoir, et qu’il convenait à présent de la considérer comme une nouvelle expression du suprématisme blanc» [6].

Ainsi, dans la vision du monde de Lentin, l’identité irlandaise n’est pas seulement une fiction, mais une fiction raciste, «suprématiste blanche». La prescription de Lentin aux Irlandais au cas où ils souhaiteraient se débarrasser de l’illusion d’être un peuple, serait de s’engager en masse dans des célébrations de la «diversité et de l’intégration, du multiracialisme, du multiculturalisme et de l’interculturalisme»[7]. Lentin ajoute: «Je propose qu’on s’interroge sur la manière dont la nation irlandaise pourrait devenir autre que blanche». Fidèle à la tradition familiale, la fille de Ronit Lentin, Alana, s’est installée en Australie il y a plusieurs années, où elle s’est rapidement imposée comme une promotrice tout aussi enragée de la culpabilité blanche et s’est livrée à des critiques répétées du «racisme» australien. Elle est aujourd’hui présidente de l’Australian Critical Race and Whiteness Studies Association et a rédigé des articles pour The Guardian dans lesquels elle affirme que l’identité australienne est aussi fictive que celle des Irlandais et demande à l’Australie d’adopter une politique d’ouverture des frontières afin qu’elle puisse, elle aussi, devenir autre que blanche.

Katrina Goldstone et la submersion de l’Irlande

L’écrivaine juive irlandaise Katrina Goldstone a travaillé aux côtés de Feldman et de Lentin sur le projet de 2008 relatif au premier plan national contre le racisme. Mme Goldstone est toujours membre du conseil d’administration de New Communities Ireland, «le plus grand réseau national indépendant d’Irlande dirigé par des immigrés, qui regroupe plus de 150 associations dirigées par des immigrés représentant 65 nationalités», une organisation similaire au Migrant Rights Centre Ireland, dont le directeur adjoint est le juif séfarade Bill Abom. Mme Goldstone s’est décrite comme s’étant «impliquée dans les droits d’asile et les questions relatives aux minorités» depuis plus de vingt ans.

Katrina Goldstone

Louise Derman-Sparks et le péril du racisme des écoliers Irlandais

«Enseigner l’antiracisme» est la priorité absolue des activistes Juifs dans tout l’Occident, elle vise à inculquer un sentiment de culpabilité et de honte aux Blancs qui tenteraient de défendre leurs intérêts ethniques. Les bases du lavage de cerveau des écoliers irlandais ont été posées par Katherine Zappone, une lesbienne américaine qui a été ministre de l’enfance, de l’égalité, du handicap, de l’intégration et de la jeunesse de 2016 à 2020. En 2016, Zappone dévoilait la «Charte de la diversité, de l’égalité et de l’inclusion, et les lignes directrices pour les soins et l’éducation de la petite enfance ». Dès le départ, le document donne le ton en expliquant que ces directives visant à transformer l’éducation irlandaise dans un sens anti-blanc «sont informées par les approches et pratiques éducatives nationales et internationales en matière d’égalité et de lutte contre les discriminations. Elles s’inspirent largement de l’approche anti-préjugés développée par Louise Derman-Sparks aux États-Unis.

Derman-Sparks est une juive américaine «pionnière» dans les années 1980 d’une pédagogie sur les préjugés et l’antiracisme grâce à des ouvrages tels que Leading Anti-Bias Early Childhood Programs: A Guide for Change, Anti-Bias Education for Young Children and Ourselves, Teaching/Learning Anti-Racism: A Developmental Approach, et What If All the Kids Are White? Mme Derman-Sparks s’est rendue en Irlande au moins une fois, en octobre 1998, pour prêcher sa doctrine, en prononçant un discours lors d’une conférence sur l’éducation des jeunes enfants et en présentant un document intitulé «Education without Prejudice for the Early Years» (éducation sans préjugés pour les jeunes enfants).

On peut trouver un bon exemple du travail de Derman-Sparks tel qu’il est en train d’être incorporé à l’enseignement des jeunes irlandais dans un article pour la Fédération américaine des enseignants dans lequel elle déclare:

D’un point de vue biologique, la race n’existe pas. Tous les individus sont membres d’une même race, l’Homo sapiens, la race humaine, même si tous n’ont pas la même apparence. … La diversité n’engendre pas de préjugés, pas plus que le fait que les enfants remarquent les différences et en parlent, comme le craignent certains adultes. … Très tôt, les enfants blancs en viennent à valoriser leur blancheur, à présumer qu’elle est la définition de la normalité et à croire que toutes les autres couleurs de peau sont étranges et inférieures. Si les enseignants de la petite enfance souhaitent que tous les enfants s’apprécient, le défi pour un éducateur anti-préjugés consiste à permettre aux enfants blancs de s’apprécier sans développer un sentiment de supériorité blanche.

Dans What If All The Kids Are White (2011), Derman-Sparks écrit que «l’apprentissage de la “blancheur” par les petits Blancs maintient le racisme systémique en se prolongeant dans le comportement des adultes»[8] En intégrant le travail de Derman-Sparks dans le système éducatif national, l’Irlande a scellé le destin de sa jeunesse, consentant à un lavage de cerveau permanent de plusieurs générations. [FG: Autrement dit, les Juifs savent mieux que les Blancs comment il faut qu’ils élèvent leurs enfants!]

***

La Nigériane Ebun Joseph est souvent ridiculisée par les médias de droite, à la fois pour ses positions extrêmes et pour son incapacité à exprimer ses idées. Elle est une figure de proue utilisée par d’autres dans les coulisses et c’est elle qui doit encaisser une grande partie des moqueries et de l’hostilité. À n’en pas douter, Joseph est une de ces idéologues qui voit du «racisme» dans le fait même d’être l’irlandais. Un bon exemple s’est produit en 2019 lorsqu’on lui a servi par erreur du jus de cassis au lieu du vin de la maison au Galway Bay Hotel. Alors que d’autres auraient simplement signalé l’erreur au personnel, Mme Joseph s’est déclarée victime de racisme. L’affaire prenant de l’ampleur, elle s’est rendue sur les réseaux sociaux pour rameuter les siens: «S’il vous plaît, que plus de Noirs y aillent. On ne pourra pas nous dissuader d’aller là où bon nous semble!». Voilà le visage de l’antiracisme en Irlande – qui littéralement déclenche une tempête dans un verre … de jus de cassis.

Ce serait toutefois une erreur de prendre Ebun Joseph à la légère. Elle a été préparée à son rôle et elle s’efforcera de l’assumer à fond, au détriment des Irlandais et à la grande satisfaction de ses mentors. Dans tout l’Occident, on observe un même modèle de formatage en règle mené par l’élite, dans lequel des idées concoctées par des universitaires Juifs hostiles sont inculquées aux étudiants qui deviennent la force vive de la nation et qui, à leur tour, les diffusent à l’ensemble de la population. Joseph ne s’arrêtera pas tant que les idées de ses mentors ne seront pas rendues obligatoires dans le système éducatif. Ces idées contaminent les forces de police, les médias, les services de ressources humaines. Elles pénètrent tous les aspects de la vie jusqu’à devenir incontournables. La théorie critique de la race ne connaîtra pas de repos tant  que tout ce qui est européen – peuple et culture – ne sera pas anéantis. Sous l’œil de la théorie critique de la race, les Irlandais ne cesseront d’être racistes que lorsqu’ils cesseront d’être tout court, lorsqu’ils seront complètement remplacés et lorsqu’il ne restera plus rien de l’Irlande. Tels sont les dictats de ces nouveaux dirigeants, une classe conquérante qui n’est pas arrivée avec des épées et des fusils, mais avec des histoires à dormir debout, des mensonges et un chantage universitaire délétère.

Traduction Francis Goumain

Source

Ongoing Jewish Influence in the Transformation of Ireland – The Occidental Observer


 


[1] See Lentin, R. (2013). A Woman Died: Abortion and the Politics of Birth in Ireland. Feminist Review105(1), 130

—136.

[2] R. Lentin, After Optimism? Ireland, Racism and Globalisation (Dublin: Metro Eireann Publications, 2006), 3.

[3] Ibid., 1.

[4] Ibid., 2.

[5] Ibid., 55.

[6] Ibid., 107.

[7] Ibid., 165.

[8] Derman-Sparks, Louise., Ramsey, Patricia G.. What If All the Kids Are White? Anti-Bias Multicultural Education with Young Children and Families. (United States: Teachers College Press, 2011), 31.