Translations: French

Influence communautaire à l’œuvre dans la Transformation en cours de l’Irlande

Influence communautaire à l’œuvre dans la Transformation en cours de l’Irlande

Marshall Yeats

La mise en condition de l’Irlande en vue du grand remplacement devrait encore s’intensifier avec la nomination, à un poste aux résonances si délicieusement orwelliennes de «rapporteur spécial pour le plan national de lutte contre le racisme», de la Nigérienne Ebun Joseph. L’objectif déclaré est de «débusquer et de pourchasser le racisme partout où il se niche». En d’autres termes, il s’agit de soumettre la population à un lavage de cerveau en règle, propre à la culpabiliser d’être blanche. Comme le dit un récent article du Spectator, «le rapporteur spécial d’origine nigériane devra régulièrement remettre au gouvernement des rapports sur la blancheur intolérable et hideusement raciste des Irlandais». Le plan national de lutte contre le racisme prévoit un processus au cours duquel des droits spéciaux et des privilèges seront accordés aux étrangers, tandis que les Irlandais deviendront des citoyens de seconde zone dans leur propre pays. Selon Shane O’Curry, directeur du réseau irlandais contre le racisme (INAR), la raison d’être de ce plan est que «les migrants en Irlande déclarent ne pas se sentir à l’aise dans les différents domaines de la vie sociale». En revanche, M. O’Curry ne semble pas particulièrement préoccupé par la progression du sentiment d’insécurité que ces mêmes migrants engendrent chez les femmes et les enfants du cru, il est vrai qu’il doit percevoir un salaire suffisamment confortable, en grande partie servi par des ONG mondialistes, pour être personnellement incommodé par ces désagréments.

Ebun Joseph

Néanmoins, il faut bien comprendre que cette Ebun Joseph n’est que la figure de proue du navire, ce n’est pas elle qui est à la barre, en effet, ce plan d’action national irlandais contre le racisme a des origines nettement juives.

Alice Feldman et la nécessité d’une «Irlande antiraciste»

Ebun Joseph est une protégée directe d’Alice Feldman, universitaire juive-américaine, sociologue à l’University College Dublin. C’est Feldman qui a été la directrice de thèse de Joseph, c’est elle qui l’a préparée à tenir son rôle de vitrine de l’antiracisme irlandais. Bien que toute une série de noms Irlandais ou de minorités ethniques aient été cités comme auteurs du «Plan national contre le racisme», la plus petite recherche ne tarde pas à faire apparaître que ce plan a été conçu dès 2003, par Mme Feldman, dans une de ses publications qui portait précisément ce titre: «Plan national contre le racisme». Le profil de Mme. Feldman sur le site web de l’University College Dublin nous apprend que: «au cours des deux dernières décennies, j’ai travaillé en tant que chercheur, conseiller et bénévole pour de nombreuses organisations civiques, communautaires et autres, qui s’impliquaient en Irlande dans la lutte contre le racisme, les migrations et l’interculturalisme». En d’autres termes, comme d’autres Juifs dont il sera question dans cet essai, elle aura passé plus de vingt ans à saboter les intérêts des Irlandais de souche. Feldman a également cultivé l’art du charabia universitaire, décrivant un jour son travail comme s’appuyant «sur une diversité de traditions transdisciplinaires pour cultiver et mobiliser des pratiques décoloniales qui interviennent dans les héritages coloniaux globaux qui sous-tendent le moment nécropolitique actuel» [FG: On peut lire la phrase dans n’importe quel ordre, ça n’a rigoureusement aucune importance].

Alice Feldman

En examinant la relation entre Feldman et Joseph, il est clair que c’est Feldman la partenaire active, même si elle laisse la Nigériane tenir le devant de la scène. En voici un exemple:

Ebun Joseph et Alice Feldman, universitaires à l’UCD (University College Dublin), ont animé le jeudi 2 juillet une conférence intitulée « So What Next : Devenir antiraciste via Zoom ». … Joseph est consultant en relations raciales, spécialiste en développement de carrière et coordinateur du module d’études noires de l’UCD. Feldman travaille à l’école de sociologie de l’UCD et est l’une des responsables du MA Race, Migration and Decolonial Studies et de la Decolonial Dialogues Platform de l’UCD. Les universitaires ont indiqué pendant le webinaire qu’elles avaient déjà une longue relation de travail. Joseph et Feldman se sont focalisées sur deux sujets: la fragilité blanche et l’allié antiraciste. Mme Feldman a déclaré qu’elle pensait que les Blancs devaient d’abord reconnaître leur fragilité  pour qu’ils puissent faire leur part du travail et se faire les alliés de l’antiracisme. [FG: «fragilité» euphémisme pour dire «leurs torts» (d’être raciste). Quelle absurdité veut-on encore nous faire avaler? Que les Juifs et les autres racisés seraient soucieux de rendre les Blancs encore plus fort qu’ils n’étaient en leur faisant perdre leur fragilité, le racisme?] … Elles faisaient remarquer que lorsque lors de discussions sur la race les Blancs se mettaient sur la défensive, soit qu’ils se sentaient mal à l’aise, soit qu’ils craignaient d’être attaqués, ils faisaient peser sur leurs interlocuteurs de couleur la responsabilité harassante de veiller à les rassurer, ce qui avait pour effet d’abréger les débats. Elles se disent toutes deux convaincues que si on ne peut pas avoir de conversations ouvertes sur les races et le racisme, on ne pourra jamais rien changer. Joseph souligne qu’il n’y a que des racistes et des antiracistes: si quelqu’un se défend d’être raciste, cela signifie simplement qu’il est un raciste dans le déni. Elle ajoute que les gens ouvertement racistes et violents sont plutôt minoritaires, en majorité, on a affaire à des racistes qui se taisent, parfois au point de s’ignorer. Mme. Feldman pense qu’un antiraciste authentique doit faire l’effort de se rendre compte s’il vit dans un environnement raciste ou non, et si oui, qu’il se doit alors de réfléchir à la manière dont le racisme pourrait en être éradiqué. … Les deux universitaires souhaiteraient qu’il y ait un module obligatoire sur l’antiracisme à l’UCD, elles estiment qu’on ne saurait espérer déboucher sur une société antiraciste si l’antiracisme n’est pas enseigné.

Un article paru en 2020 dans la revue Gript soulignait à juste titre que:

L’idéologie des docteurs Joseph et Feldman, qui contamine l’université irlandaise comme elle a contaminé les universités des autres démocraties occidentales, c’est la théorie critique de la race. Cette théorie, quels que soient ceux qui l’épousent, peut être utilisée de manière aussi pernicieuse que les théories raciales tout aussi fallacieuses qui l’ont précédée. Il s’agit d’un racisme inversé dirigé contre les Blancs, ni plus ni moins. Ses méthodes, entre les mains des conjurés de la capitulation intellectuelle, ces bourgeois déracinés et ces gauchistes qui contrôlent la plupart des institutions où le virus se propage, sont les cocktails Molotov des Antifas et de BLM

Laura Weinstein

Feldman n’est pas la seule juive américaine à avoir débarqué sur les côtes irlandaises pour dire aux autochtones qu’ils n’ont pas d’unité ethnique. En 2019, Laura Weinstein, une doctorante new-yorkaise venue vivre en Irlande et se présentant en experte de l’histoire et de la culture irlandaise, s’immisçait dans le débat sur l’immigration en Irlande qui faisait alors rage. De tous les aspects de l’histoire et de la culture irlandaise que Weinstein aurait pu choisir de mettre en avant, elle a décidé, comme Feldman, de s’emparer du «mythe» d’une identité irlandaise homogène et du «nationalisme irlandais de droite».

Weinstein s’est servi de son compte Twitter pour se livrer au harcèlement des hommes politiques opposés à l’immigration. Par exemple, réagissant à un message du Parti national, elle a laissé entendre que sans immigration les Irlandais ne tarderaient pas à devenir des «chiens consanguins névrosés». Elle écrit: «L’apport génétique résultant de l’immigration prévient l’impact négatif de la consanguinité. Mais allez-y, limitez l’immigration si vous tenez à créer une race d’humains qui reflète le névrosisme des chiens de «pure race». Veillez simplement à organiser d’abord un référendum sur la consanguinité». Non seulement l’idée fixe de Weinstein frisait elle-même la pathologie, mais elle était aussi à côté de la plaque. Les études génétiques ont montré que les Irlandais possédaient déjà un patrimoine génétique diversifié d’origine scandinave, franco-normande, britannique et ibérique. Il s’agit d’un patrimoine génétique bien plus étendu que celui des Juifs ashkénazes du Dr Weinstein, qui descendent tous d’un unique groupe de 350 personnes. Les lecteurs de ce site ne seront pas surpris d’apprendre que Mme Weinstein se préoccupe vivement de la préservation de son propre peuple et qu’elle est citée par l’Algemeiner comme «analyste de l’antisémitisme à l’ADL». «Consanguinité» pour moi, mais apparemment pas pour toi.

Ronit Lentin et sa déconstruction de l’Irlandais

En plus d’être une protégée directe d’Alice Feldman, Ebun Joseph est l’enfant idéologique de Ronit Lentin, une Israélienne qui, en 1997, a créé le premier programme irlandais d’«études ethniques et raciales» inaugurant ainsi l’arrivée de la théorie critique de la race en Irlande. Lentin a également collaboré avec Alice Feldman à un projet parallèle au Plan d’action national contre le racisme au début de l’année 2008. De 1997 à 2012, Mme. Lentin a été directeur du département de sociologie et a dirigé le programme MPhil «Race, Ethnicity, Conflict». Elle est également la fondatrice de la Trinity Immigration Initiative, dans le cadre de laquelle elle prône une politique d’immigration ouverte et s’oppose à toutes les expulsions, elle milite en outre pour la libéralisation de l’avortement en Irlande [1]. En tant qu’universitaire et activiste «antiraciste», Lentin aura formulé les bases de la repentance raciales, à commencer par sa définition de l’Irlande comme «un État raciste biopolitique» [2]. Selon ses propres dires, avant qu’elle ne commence à travailler sur la culpabilité raciale des Irlandais au début des années 1990, «la plupart des gens n’avaient pas conscience de l’existence du racisme dans leur pays» [3].

Ronit Lentin

En un sens, c’est Lentin qui a introduit le concept d’un racisme irlandais. Pour convaincre les Irlandais qu’ils étaient bel et bien racistes, elle a commencé par nier leur existence en tant que peuple. Elle a affirmé que les Irlandais étaient simplement «théorisés comme homogènes – blancs, chrétiens et sédentaires» [4]. Quant à savoir qui avait échafaudé cette théorie sur les Irlandais et quand, Lentin ne s’est jamais prononcé, pas plus n’a-t-elle tenté de contester que le statut de Blanc, chrétien et sédentaire de la population irlandaise ne fût autre chose que le simple reflet de la réalité. Il semble qu’il ait suffi à Lentin d’affirmer l’idée selon laquelle l’identité irlandaise n’était rien d’autre qu’une fiction pour qu’elle s’y tienne. Aussi a-t-elle été particulièrement choquée quand les Irlandais, apparemment inconscients d’être le fruit de leur propre imagination, lors d’un référendum sur la citoyenneté en juin 2004, ont voté à 80 % pour lier sang et citoyenneté, mettant ainsi fin au «droit de naissance» et établissant au passage une distinction constitutionnelle entre citoyens et non-citoyens. Cette mesure avait été principalement prise pour mettre un terme  au «tourisme de naissance» des Africaines avec leurs «bébés d’ancrage», une pratique de plus en plus courante au début des années 2000. Pour Lentin, cependant, cette mesure était symbolique du fait que «la République d’Irlande était consciemment et démocratiquement devenue un État raciste» [5]. Elle en concluait qu’il fallait abandonner l’idée selon laquelle les Irlandais seraient des victimes de l’Histoire et que «la place de l’Irlande à la tête de la mondialisation était usurpée, que son statut de symbole de la culture “cool” était surfait, que sa position privilégiée au sein d’une Communauté européenne en expansion permanente était à revoir, et qu’il convenait à présent de la considérer comme une nouvelle expression du suprématisme blanc» [6].

Ainsi, dans la vision du monde de Lentin, l’identité irlandaise n’est pas seulement une fiction, mais une fiction raciste, «suprématiste blanche». La prescription de Lentin aux Irlandais au cas où ils souhaiteraient se débarrasser de l’illusion d’être un peuple, serait de s’engager en masse dans des célébrations de la «diversité et de l’intégration, du multiracialisme, du multiculturalisme et de l’interculturalisme»[7]. Lentin ajoute: «Je propose qu’on s’interroge sur la manière dont la nation irlandaise pourrait devenir autre que blanche». Fidèle à la tradition familiale, la fille de Ronit Lentin, Alana, s’est installée en Australie il y a plusieurs années, où elle s’est rapidement imposée comme une promotrice tout aussi enragée de la culpabilité blanche et s’est livrée à des critiques répétées du «racisme» australien. Elle est aujourd’hui présidente de l’Australian Critical Race and Whiteness Studies Association et a rédigé des articles pour The Guardian dans lesquels elle affirme que l’identité australienne est aussi fictive que celle des Irlandais et demande à l’Australie d’adopter une politique d’ouverture des frontières afin qu’elle puisse, elle aussi, devenir autre que blanche.

Katrina Goldstone et la submersion de l’Irlande

L’écrivaine juive irlandaise Katrina Goldstone a travaillé aux côtés de Feldman et de Lentin sur le projet de 2008 relatif au premier plan national contre le racisme. Mme Goldstone est toujours membre du conseil d’administration de New Communities Ireland, «le plus grand réseau national indépendant d’Irlande dirigé par des immigrés, qui regroupe plus de 150 associations dirigées par des immigrés représentant 65 nationalités», une organisation similaire au Migrant Rights Centre Ireland, dont le directeur adjoint est le juif séfarade Bill Abom. Mme Goldstone s’est décrite comme s’étant «impliquée dans les droits d’asile et les questions relatives aux minorités» depuis plus de vingt ans.

Katrina Goldstone

Louise Derman-Sparks et le péril du racisme des écoliers Irlandais

«Enseigner l’antiracisme» est la priorité absolue des activistes Juifs dans tout l’Occident, elle vise à inculquer un sentiment de culpabilité et de honte aux Blancs qui tenteraient de défendre leurs intérêts ethniques. Les bases du lavage de cerveau des écoliers irlandais ont été posées par Katherine Zappone, une lesbienne américaine qui a été ministre de l’enfance, de l’égalité, du handicap, de l’intégration et de la jeunesse de 2016 à 2020. En 2016, Zappone dévoilait la «Charte de la diversité, de l’égalité et de l’inclusion, et les lignes directrices pour les soins et l’éducation de la petite enfance ». Dès le départ, le document donne le ton en expliquant que ces directives visant à transformer l’éducation irlandaise dans un sens anti-blanc «sont informées par les approches et pratiques éducatives nationales et internationales en matière d’égalité et de lutte contre les discriminations. Elles s’inspirent largement de l’approche anti-préjugés développée par Louise Derman-Sparks aux États-Unis.

Derman-Sparks est une juive américaine «pionnière» dans les années 1980 d’une pédagogie sur les préjugés et l’antiracisme grâce à des ouvrages tels que Leading Anti-Bias Early Childhood Programs: A Guide for Change, Anti-Bias Education for Young Children and Ourselves, Teaching/Learning Anti-Racism: A Developmental Approach, et What If All the Kids Are White? Mme Derman-Sparks s’est rendue en Irlande au moins une fois, en octobre 1998, pour prêcher sa doctrine, en prononçant un discours lors d’une conférence sur l’éducation des jeunes enfants et en présentant un document intitulé «Education without Prejudice for the Early Years» (éducation sans préjugés pour les jeunes enfants).

On peut trouver un bon exemple du travail de Derman-Sparks tel qu’il est en train d’être incorporé à l’enseignement des jeunes irlandais dans un article pour la Fédération américaine des enseignants dans lequel elle déclare:

D’un point de vue biologique, la race n’existe pas. Tous les individus sont membres d’une même race, l’Homo sapiens, la race humaine, même si tous n’ont pas la même apparence. … La diversité n’engendre pas de préjugés, pas plus que le fait que les enfants remarquent les différences et en parlent, comme le craignent certains adultes. … Très tôt, les enfants blancs en viennent à valoriser leur blancheur, à présumer qu’elle est la définition de la normalité et à croire que toutes les autres couleurs de peau sont étranges et inférieures. Si les enseignants de la petite enfance souhaitent que tous les enfants s’apprécient, le défi pour un éducateur anti-préjugés consiste à permettre aux enfants blancs de s’apprécier sans développer un sentiment de supériorité blanche.

Dans What If All The Kids Are White (2011), Derman-Sparks écrit que «l’apprentissage de la “blancheur” par les petits Blancs maintient le racisme systémique en se prolongeant dans le comportement des adultes»[8] En intégrant le travail de Derman-Sparks dans le système éducatif national, l’Irlande a scellé le destin de sa jeunesse, consentant à un lavage de cerveau permanent de plusieurs générations. [FG: Autrement dit, les Juifs savent mieux que les Blancs comment il faut qu’ils élèvent leurs enfants!]

***

La Nigériane Ebun Joseph est souvent ridiculisée par les médias de droite, à la fois pour ses positions extrêmes et pour son incapacité à exprimer ses idées. Elle est une figure de proue utilisée par d’autres dans les coulisses et c’est elle qui doit encaisser une grande partie des moqueries et de l’hostilité. À n’en pas douter, Joseph est une de ces idéologues qui voit du «racisme» dans le fait même d’être l’irlandais. Un bon exemple s’est produit en 2019 lorsqu’on lui a servi par erreur du jus de cassis au lieu du vin de la maison au Galway Bay Hotel. Alors que d’autres auraient simplement signalé l’erreur au personnel, Mme Joseph s’est déclarée victime de racisme. L’affaire prenant de l’ampleur, elle s’est rendue sur les réseaux sociaux pour rameuter les siens: «S’il vous plaît, que plus de Noirs y aillent. On ne pourra pas nous dissuader d’aller là où bon nous semble!». Voilà le visage de l’antiracisme en Irlande – qui littéralement déclenche une tempête dans un verre … de jus de cassis.

Ce serait toutefois une erreur de prendre Ebun Joseph à la légère. Elle a été préparée à son rôle et elle s’efforcera de l’assumer à fond, au détriment des Irlandais et à la grande satisfaction de ses mentors. Dans tout l’Occident, on observe un même modèle de formatage en règle mené par l’élite, dans lequel des idées concoctées par des universitaires Juifs hostiles sont inculquées aux étudiants qui deviennent la force vive de la nation et qui, à leur tour, les diffusent à l’ensemble de la population. Joseph ne s’arrêtera pas tant que les idées de ses mentors ne seront pas rendues obligatoires dans le système éducatif. Ces idées contaminent les forces de police, les médias, les services de ressources humaines. Elles pénètrent tous les aspects de la vie jusqu’à devenir incontournables. La théorie critique de la race ne connaîtra pas de repos tant  que tout ce qui est européen – peuple et culture – ne sera pas anéantis. Sous l’œil de la théorie critique de la race, les Irlandais ne cesseront d’être racistes que lorsqu’ils cesseront d’être tout court, lorsqu’ils seront complètement remplacés et lorsqu’il ne restera plus rien de l’Irlande. Tels sont les dictats de ces nouveaux dirigeants, une classe conquérante qui n’est pas arrivée avec des épées et des fusils, mais avec des histoires à dormir debout, des mensonges et un chantage universitaire délétère.

Traduction Francis Goumain

Source

Ongoing Jewish Influence in the Transformation of Ireland – The Occidental Observer


 


[1] See Lentin, R. (2013). A Woman Died: Abortion and the Politics of Birth in Ireland. Feminist Review105(1), 130

—136.

[2] R. Lentin, After Optimism? Ireland, Racism and Globalisation (Dublin: Metro Eireann Publications, 2006), 3.

[3] Ibid., 1.

[4] Ibid., 2.

[5] Ibid., 55.

[6] Ibid., 107.

[7] Ibid., 165.

[8] Derman-Sparks, Louise., Ramsey, Patricia G.. What If All the Kids Are White? Anti-Bias Multicultural Education with Young Children and Families. (United States: Teachers College Press, 2011), 31.

 

Jared Taylor sur l’apocalypse française de Guillaume Faye

Jared Taylor revient sur son admiration pour Guillaume Faye, leur amitié née de leur première rencontre, et bien sûr, sur les thèmes apocalyptiques qui parsèment son œuvre: la fin de la race et la survie dans l’effondrement de la société.

Voici la préface de Jared Taylor à l’ouvrage final et le plus radical de Guillaume Faye La Guerre Civile Raciale

Comme je parle la langue de Molière, j’ai eu la chance de faire la connaissance de quelques grandes figures du mouvement nationaliste français. J’ai le plus grand respect pour ces hommes et ces femmes qui se battent pour leur peuple, mais celui qui m’a le plus impressionné dès la première rencontre fut Guillaume Faye.

Je me souviens très bien de l’occasion. C’était en 2003. J’avais été présenté à Faye par un ami commun et nous nous étions rencontrés dans un petit restaurant.

À l’époque – et c’est encore vrai aujourd’hui – de nombreux Français patriotes hésitaient à utiliser le mot qui me semble essentiel pour comprendre la crise à laquelle la France est confrontée : le mot “race”. Mais après une heure passée avec Faye, je me suis surpris à penser : “Ce type comprend parfaitement le problème, peut-être même mieux que moi. Et il a une vision claire de ce qu’il faut faire – peut-être plus claire que la mienne”. J’ai été frappé par la puissance de son esprit, sa passion pour la vérité et son amour pour son peuple. Ce fut le début d’une amitié qui dure depuis plus de quinze ans.

Vivant sur des continents différents, Faye et moi ne nous sommes pas vus aussi souvent que nous l’aurions voulu, mais je l’ai invité à deux reprises à prendre la parole lors des conférences de la Renaissance américaine que j’organise. À chaque fois, il a charmé ses auditeurs avec son accent et les a émus par son éloquence et sa perspicacité. Et pour moi, chaque voyage en France était naturellement l’occasion de longues conversations avec lui.

Peu à peu, grâce aux efforts d’Arktos Media, ce grand philosophe de la crise de l’Occident est devenu plus connu des anglophones. Des mots comme “archéofuturisme”, “ethno-masochisme”, “xénophilie” sont désormais bien connus de ceux d’entre nous qui suivent les événements en Europe. Guillaume Faye compte désormais parmi les porte-parole les plus connus de la survie de notre peuple.

Le livre que vous tenez entre vos mains est certainement le plus noir, le plus lucide et le plus franc que mon ami ait jamais écrit. Il s’agit d’une analyse brillante de la menace mortelle que représente pour nous l’immigration massive de personnes non blanches.

Je cite les funestes prédictions de la postface du livre :

Il y a trois hypothèses concernant la suite des événements. La première, la pire, serait celle de la soumission. Pour faire la guerre et pour vaincre, il faut être deux. Si, face aux envahisseurs étrangers, les Français blancs ne se défendent pas, il n’y aura pas de guerre. Ce sera le pourrissement, l’effondrement sans vrai combat ni vengeance isolée.

 

C’est une possibilité que je n’exclus pas du tout.

La deuxième hypothèse, c’est l’éclatement d’une guerre civile raciale avec défaite des autochtones Français et des Européens ethniques, ayant contre eux leur propre État collaborateur. Il s’agit d’un scénario évoqué notamment par Jean Raspail.

 

La troisième hypothèse, c’est celle d’une guerre civile victorieuse, avec des conséquences historiques incalculables, dont l’effondrement de tous nos paradigmes politiques.» Quoi qu’il en soit, nous ne pourrons pas échapper à des troubles majeurs dans les années à venir. En effet, l’Europe occidentale sera bientôt le théâtre d’un inévitable tremblement de terre.

 

C’est du Guillaume Faye à l’état pur. Tandis que d’autres peinent à saisir l’ampleur du problème et à en esquisser les contours, Faye va droit au but, les choix fatidiques qui s’offrent à nous sont : la soumission, la défaite ou la victoire. Rien d’autre; “la convivialité du vivre-ensemble n’est possible qu’entre populations biologiquement et culturellement apparentées. Tout le reste n’est que faux-semblants. Nous ne voulons pas vivre avec ces gens-là. Un point c’est tout”.

Et bien entendu, la France n’est pas la seule nation blanche en péril. Toute l’Europe occidentale et les nations d’outre-mer fondées par les Européens sont confrontées à la même crise d’aliénation – et pour les mêmes raisons. L’esprit de capitulation des Français si impitoyablement décrit par Faye, s’applique mot pour mot aux élites dirigeantes et médiatiques, de l’Allemagne au Canada en passant par la Nouvelle-Zélande. Seules les nations protégées par ce que l’on appelait autrefois le rideau de fer ont échappé – du moins pour l’instant – aux effets du poison ethno-masochiste. Cette détermination manifeste du blanc à provoquer sa propre destruction est sans précédent dans l’histoire de notre espèce, et personne ne la décrit mieux que Guillaume Faye.

L’un des trois choix que ce livre propose à la France est la soumission.

Je ne peux imaginer de pire destin, de plus atroce pour une nation qui a tant apporté à notre civilisation. Et pourtant, pour les raisons que Faye explique à la fois avec tristesse et avec fureur, un tel destin n’est pas impensable. Un effondrement tout aussi vil et méprisable est également possible pour mon propre pays. Si jamais notre peuple se réveille et se construit un avenir aussi glorieux que notre passé, ce sera grâce aux efforts d’hommes brillants et infatigables comme Guillaume Faye.

Je suis reconnaissant et profondément honoré que mon ami de quinze ans m’ait dédié ce livre. Je me réjouis également qu’il l’ait conjointement dédié à mon camarade Sam Dickson, qui a été l’ami et le co-combattant de Guillaume pendant plus de quarante ans. Sam Dickson a fidèlement et courageusement combattu les forces qui allaient transformer l’Occident et il admire la France et son peuple aussi profondément que moi.

Il se joint à moi pour adresser ce message aux lecteurs de ce livre : Français et Américains, nous sommes le même peuple. Votre combat est notre combat !

Traduction Jeune Nation

Source

Jared Taylor on Guillaume Faye’s French Apocalypse

Adenauer – de Gaulle – Nixon – Shah d’Iran, une anthologie contemporaine de la puissance juive

Comme Raymond Aron, nous pensons qu’il faut faire la distinction entre la puissance et le pouvoir. Le pouvoir est l’organisation qui rend la puissance efficiente, mais le pouvoir peut aussi devenir impotent, c’est-à-dire que le pouvoir sans la puissance n’est rien.

Ayant cela en tête, commençons notre petite anthologie.

1 – 1965 Konrad Adenauer: on ne saurait sous-estimer la puissance des Juifs

Konrad Adenauer a été chancelier de la République fédérale d’Allemagne de 1949 à 1963. Dans cette interview, donnée en 1965, il déclare (en traduction française) : «On ne saurait sous-estimer la puissance des Juifs, même encore aujourd’hui, surtout en Amérique. En conséquence, et c’est mon opinion depuis longtemps, après avoir mûrement et consciencieusement réfléchi, j’ai consacré tous mes efforts à aider à réaliser, autant que possible, une réconciliation entre le peuple juif et le peuple allemand.»

On semble percevoir dans le ton de ces propos des regrets et une certaine amertume d’avoir payé mais de ne pas avoir été payé de retour, sans quoi, pourquoi donner cette conférence et pourquoi ne pas se réjouir simplement de la réconciliation – comme entre la France et l’Allemagne – pourquoi, surtout, parler de la puissance des Juifs.
Konrad Adenauer ueber Juden und Wiedergutmachung (youtube.com)

2 – 1967 Charles de Gaulle, la conférence «peuple d’élite, sûr de lui et dominateur»

Le 27 novembre 1967, de Gaulle tient sa célèbre allocution sur les Juifs «peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur», sur le fond, il ne dit pas autre chose  que son complice Adenauer, mais contrairement à Adenauer, de Gaulle est encore au pouvoir, et il va le payer cher: certains pensent que cette conférence est à l’origine des événements de mai 68 qui ont chassé le Général du pouvoir. C’est sans doute aller trop loin: même si Mai 68 est essentiellement un événement juif (les manifestants dans les rues scandaient «nous sommes tous des Juifs allemands»), la planète entière était concernée par un mouvement de contestation (juif aussi de toute façon), quoi qu’il en soit, les successeurs, Pompidou et Giscard, ont bien retenu la leçon. 

De Gaulle et les juifs en 1967,  la conférence de presse

 

3 – 1972 Nixon, «tout est passé sous le contrôle des Juifs»

 

Et 4 ans après la conférence de de Gaulle, en 1972, Nixon et le Révérend Billy Graham évoquent l’emprise des Juifs sur les médias (1972), ce qui, comme on sait, sera suivi du Watergate en 1974.

https://ia800901.us.archive.org/35/items/youtube-NRg7xvWyYog/President_Nixon_Reverend_Billy_Graham_Discuss_Jewish_control_of_Media.flv-NRg7xvWyYog.mp4

Voici le texte de ce qu’on entend sur la bande:

Nixon: … Newsweek l’est totalement. Ils sont tous tenus par les Juifs. Leurs pages éditoriales, le New York Times, le Washington Post, entièrement juifs aussi.

Billy Graham: Il faut briser ce carcan ou le pays court à sa perte.

Nixon: Vous le pensez vraiment?

Billy Graham: Absolument

Nixon: Jamais je ne pourrais le dire en public, mais c’est bien ce que je pense aussi.

Comme par hasard, le Watergate émane de ce même Washington Post dont il est question dans l’enregistrement, et le principal journaliste artisan du scandale n’était autre Carl Bernstein, un juif (en duo avec Bob Woodward).

4  – 1976 Le Shah d’Iran sur le pouvoir du «lobby juif» 

Dans cet entretien accordé Mike Wallace en 1976, le Shah d’Iran estime que les Juifs aux États-Unis en font un peu trop, même du point de vue de l’intérêt d’Israël.

Mais comme nous le savons, le 16 janvier 1979, ce n’est pas Israël qui tombe, ni le lobby juif des États-Unis, mais le Shah d’Iran qui se trouve balayé par une révolution islamique depuis, on n’en a plus jamais entendu parler. Contrairement à ce qui s’était passé lors de son premier départ en exil en 1953, cette fois, le CiA ne bougera pas le petit doigt.

Le Shah d’Iran parle du Lobby Juif aux USA – Vidéo Dailymotion

De nos jours bien sûr, plus aucun dirigeant occidental ou occidentalisé ne s’avise de faire de commentaires sur le pouvoir des Juifs; ils préfèrent tous allumer des menorahs, Blair, Melonie, Macron, Scholz, van der Leyen, Biden, Poutine.

 

Francis Goumain

Julius Evola dans le Troisième Reich

Par Alexander Jacob; Traduction Francis Goumain

[FG: Julius Evola vaut la peine d’être connu pour son triptyque race – tradition – histoire, il s’est néanmoins fait retoquer par le Reich pour une question d’ordre de priorité: pour le Reich, c’est d’abord la race, puis la tradition puis, enfin, l’histoire; pour Evola, c’est d’abord la tradition, puis la race, et enfin l’histoire. Les deux s’accordent à penser que l’histoire est une dégénérescence de la race et de la tradition, les deux se heurtent au paradoxe problématique posé par l’histoire: le champ de bataille, c’est l’histoire, pour défendre la race et la tradition, il faut descendre dans l’arène de l’histoire, mais dès qu’on y descend, on court ipso facto le risque de la relativisation et de la destruction de la race et de la tradition. La position du Reich paraît néanmoins plus sûre, plus à même de supporter l’épreuve de l’histoire, parce que la race et l’histoire ne sont pas sur le même plan, l’une est sur le plan physique, l’autre sur le plan de l’intellectuel, du réversible. Par conséquent, si c’est la tradition qui est assise sur la race, elle a elle aussi une chance de sortir à peu près indemne d’une confrontation avec l’histoire, par contre, si c’est la race qui n’est qu’une expression phénoménologique de la tradition, alors, les deux, race et tradition, courent un grave danger de dissolution dans l’histoire.]

§§§§§§

Le livre d’Alexander Jacob sur Julius Evola vu par quatre intellectuels du Troisième Reich. Extrait de la notice d’Amazon:

Comment Julius Evola était-il perçu dans le Troisième Reich ? Ce livre présente les évaluations faites par quatre intellectuels de premier plan du régime : Walther Wüst, Joseph Otto Plassmann, Wolfram Sievers et Kurt Hancke. Traduit avec une introduction d’Alexander Jacob, cet ouvrage scientifique est une lecture essentielle pour quiconque s’intéresse sérieusement à Evola ou à l’histoire de l’Allemagne nationale-socialiste.

Amazon link.

Julius Evola in the Third Reich
Alexander Jacob
Uthwita Press, 2023

Introduction à Julius Evola dans le Troisième Reich, Uthwita Press, 2023

Julius Evola (1898-1974) est aujourd’hui connu comme l’un des principaux représentants du mouvement que l’on a appelé le traditionalisme et l’auteur de plusieurs ouvrages importants sur l’hermétisme, le bouddhisme et le yoga. Cependant, dans les années trente, il a également publié des pamphlets sur des sujets qui avaient pris de l’importance depuis l’avènement du Troisième Reich, à savoir le mythe aryen et la question juive. Evola n’était pas fasciste et dans ses premières publications sur la politique, notamment l’Imperialismo pagano de 1928, il critiquait l’État fasciste italien comme une entité sans âme, incapable de s’élever au-dessus d’un populisme et d’un nationalisme étroit et de remonter aux sources transcendantes d’une société hiérarchique idéale. L’impérialisme païen qu’Evola admirait était celui de la Rome antique, ruiné, estimait-il, par la montée en puissance de l’Église qui était venu indûment concurrencer celle de l’État et qui avait finalement conduit à la séparation du politique et du religieux. Cependant, lorsqu’il a publié la traduction allemande de son ouvrage en 1933 (Heidnischer Imperialismus), il y a apporté des changements substantiels. Par exemple, le paganisme du monde méditerranéen de l’édition italienne se voyait remplacé par un paganisme aryen originaire d’une légendaire Thulé hyperboréenne. Alors qu’il avait montré peu de sympathie pour le fascisme italien, voilà qu’il manifestait désormais un intérêt singulier pour l’idéologie racialiste du national-socialisme.

Mussolini, pour sa part, avait initialement encouragé les dénonciations publiques de la doctrine raciale nazie et les deux principales contributions d’Evola à cette campagne sont apparues à la fin de 1933 et au début de 1934. Le premier article («Osservazioni critiche sul «razzismo» nazionalsocialista») [1] présente, comme le dit Staudenmaier [2], quelques “observations critiques” sur les composantes excessivement “naturalistes” de l’idéologie raciale nazie:

Evola y expose sa philosophie du racisme «spirituel» et l’oppose au racisme «matérialiste» qui prédominait au sein du national-socialisme. Le second article (Razza e Cultura) [3] applaudit certes à la renaissance de l’aryanisme» par le nazisme et à sa dichotomie entre «races supérieures et races inférieures», mais avertit que les théories purement biologiques ne sont pas assez aristocratiques et ne saisissent pas la véritable noblesse raciale. Evola insistait sur le fait que les formes vulgaires de racisme «matérialiste» n’étaient pas à la hauteur de la tâche consistant à affronter la «menace juive» dans toute sa profondeur et son ampleur, puisque la race n’était «pas simplement physique» [4].

Puis, en 1936, Evola écrit un pamphlet intitulé Tre aspetti del problema ebraico (Trois aspects du problème juif) qui trahit sa principale préoccupation dans toutes les discussions raciales, à savoir exonérer les Juifs des diverses accusations raciales, culturelles et économiques portées contre eux par les penseurs antisémites en Allemagne et au sein du régime national-socialiste. Selon Evola, les Juifs sont en effet coupables de divers crimes de subversion sociale et politique en Europe – cependant, ils ne sont pas la principale force de corruption, mais seulement une petite partie d’une plus grande force métaphysique du mal qui travaille contre le domaine originel pur de la Tradition.

Tout comme le philosémite Nietzsche [5], Evola estime que le culte juif était à l’origine viril et guerrier et que ce n’est qu’après les prophètes qu’il a dégénéré dans le messianisme d’une religion servile aboutissant au christianisme [6]. De même, il considère que la subversion juive de la culture des pays indo-européens n’est pas due à un quelconque plan des Juifs [7] mais fait partie d’un processus plus large de dégénérescence dans lequel le caractère racial des Juifs ne joue qu’un rôle accessoire, bien que non négligeable. Seul un sursaut spirituel sera en mesure d’empêcher le facteur juif de prospérer sur la décadence qui se manifeste dans les sociétés occidentales. Les voies populistes, les déportations massives, etc. sont des façons plébéiennes d’envisager un problème qui est d’essence métaphysique.

Le fait qu’Evola ait écrit ce pamphlet juste avant ses conférences allemandes sur la question aryenne et la fusion de l’idéologie nationale-socialiste avec le fascisme semblent suggérer que ses visites en Allemagne n’étaient pas fortuites mais pressées du désir impérieux de modérer l’antisémitisme du Reich en soulignant ses éventuelles lacunes métaphysiques.

En 1941, Evola publie un ouvrage exposant sa propre idéologie raciale, Sintesi di dottrina della razza, il s’y livre à une déconsidération en règle du racialisme biologique, accordant la primauté aux notions de race spirituelle et d’âmes raciales. Dans ses développements sur les races dégénérées, il n’isole pas spécifiquement les Juifs, mais parle plus généralement des «Sémites» – qu’il place aux côtés des Subsahariens – et qu’il décrit comme des types raciaux inférieurs. Evola conclut en concédant que les doctrines raciales du national-socialisme sont à la rigueur comme un fanal dans la nuit, faisant briller l’espoir de la recréation possible de la race supérieure originelle qui hantait jadis les sphères supérieures de la Tradition. Mais ce faisant, il renvoie les «vraies» sources de la perfection raciale dans un éther si manifestement éloigné du monde réel qu’on ne voit pas comment il pourrait venir sauver ce dernier de la corruption. Les espoirs de régénérescence d’Evola, fichés dans un hypothétique royaume de la Tradition, paraissent donc assez chimériques.

À la fin des années trente et au début des années quarante, Evola entreprend de fréquents voyages en Allemagne, où il effectue des tournées de conférences, rencontre des responsables de la SS et participe à des congrès. Le point d’orgues de ses visites se situant en 1934 avec le discours qu’il prononce au Herrenklub de Berlin, le cercle politique conservateur qui s’est formé autour du livre de Moeller van den Bruck Das dritte Reich (1923) [8]. Comme il l’a raconté plus tard dans son autobiographie, «c’est là que j’ai trouvé mon habitat naturel. Dès lors, une amitié cordiale et fructueuse s’établit entre moi et le président du club, le baron Heinrich von Gleichen… Ce fut aussi la base de certaines activités en Allemagne, fondées sur des intérêts et des objectifs communs» [9]. Les éditions allemandes de ses œuvres parues à cette époque comprennent Heidnischer Imperialismus (1933) et Erhebung wider die moderne Welt (1935).

En outre, comme nous l’indique Staudenmeier,

En 1937, il participe à une convention internationale antisémite à Erfurt et rédige un rapport pour les lecteurs italiens. Au printemps 1941, Evola se rend à Munich, Stuttgart, Francfort, Cologne et Berlin pour une tournée de conférences. En avril 1942, il donne des conférences sur la race à Hambourg et à Berlin, décrivant un héritage aryen commun qui lie les Italiens et les Allemands [10].

Tout dans la doctrine d’Evola se fonde sur la primauté de l’esprit, de sorte que la question raciale, elle aussi, ne peut être déterminée par référence à des réalités biologiques, mais plutôt à des réalités spirituelles. Il considère que la race elle-même est d’abord une condition spirituelle, puis une question d’identité ethnique (l’âme raciale de Clauß), et enfin un phénomène biologique individuel. L’effort pour recréer la race idéale primitive, caractéristique du domaine originel de la tradition, doit être entrepris, selon Evola, non par la discrimination biologique, mais par l’élévation spirituelle.

Evola se montre plutôt réservé sur une éventuelle influence intrinsèquement délétère des Juifs. S’il est vrai qu’il a rédigé la préface de la traduction des Protocoles par Giovanni Preziosi en 1921 et qu’il a approuvé avec enthousiasme la campagne antisémite de Codreanu dans son article de 1938 intitulé La tragedia della ‘Guardia di Ferro‘ [11], il ne peut se résoudre à l’idée que tout Juif soit biologiquement voué à être un matérialiste dégénéré, tout comme il ne peut accepter que tout Aryen soit automatiquement un être supérieur – comme il l’a déclaré dans sa conférence de 1937, reproduite dans la présente édition [12].

Répétons-le : la race est l’élément secondaire, l’esprit et la tradition sont l’élément primaire car, au sens métaphysique, la race – avant de s’exprimer dans le sang – est dans l’esprit. S’il est vrai que, sans pureté raciale, l’esprit et la tradition sont privés de leurs moyens d’expression les plus précieux, il est tout aussi vrai que la race pure privée d’esprit est condamnée à devenir un mécanisme biologique et à s’éteindre. La dégénérescence spirituelle, l’affaiblissement éthique et la mort lente de nombreuses tribus qui n’ont pourtant commis aucun des péchés de sang signalés par une certaine doctrine raciale matérialiste en sont la preuve, et nous pensons ici non seulement aux primitifs, mais aussi aux Suédois et aux Néerlandais. Il s’ensuit que, sans la revivification de la force spirituelle supérieure latente dans le caractère nordique, même toutes les mesures de protection raciale biologique n’auraient qu’un effet très relatif et limité par rapport à notre tâche supérieure de reconstruction de l’Occident.

S’agissant de l’énumération des tactiques de subversion employées par les ennemis de la Tradition, Evola critique de manière cinglante ceux qui, comme les nationaux-socialistes, manifestent une hostilité monomaniaque à l’égard des Juifs et des francs-maçons. Le SS Obersturmbannführer Hancke résumait ainsi Evola dans son rapport de juin 1938:

Le national-socialisme, par sa concentration monomaniaque sur les Juifs et les francs-maçons en vient à négliger ses véritables adversaires.

C’est peut-être dans ce genre de passage qu’Evola frôle le plus dangereusement une  défense risquée du judaïsme et de la franc-maçonnerie.

Tandis qu’Evola ne cesse de prêcher aux Allemands l’union autour de la question de la civilisation nordico-aryenne et des inégalités raciales, il n’est pas sans provoquer chez lui, dans les milieux fascistes italiens, des ébats aussi intenses qu’hostiles. Comme le dit Staudenmaier, «ses longs séjours en Allemagne lui ont valu les appréciations les plus contradictoires. Certains le considèrent comme un fasciste peu fiable en raison de sa position fortement pro-allemande, tandis que d’autres le jugent excessivement critique à l’égard de la politique nazie au point d’en être désobligeant pour le partenaire de l’Axe» [13].

Les Allemands eux non plus ne voyaient pas Evola d’un très bon œil, le rapprochement au plan philosophique entre le national-socialisme et le fascisme n’avait d’ailleurs toujours pas abouti au moment de l’incorporation précipitée de l’Italie en 1943, et c’est de force que des mesures antisémites strictes semblables à celles qui avaient cours dans le Reich y ont été mises en place. Pendant cette période de la République sociale italienne, Evola reste principalement en contact avec Giovanni Preziosi, qui est comme lui un antisémite spirituel, et Roberto Farinacci, dont les lois raciales de 1938 ne reposaient pas non plus sur un racialisme biologique [14].

Dans les milieux officiels de la SS, les conférences d’Evola font l’objet d’un examen minutieux et d’une évaluation plus ou moins négative. Selon Goodrick-Clarke [15], dès le début de l’année 1938, les SS commencent à passer au crible ses idées et Karl Maria Wiligut (également connu sous le nom de Weisthor lorsqu’il a rejoint les SS en 1933) – le voyant qui est devenu le «gourou» spirituel d’Himmler – a été invité à commenter une conférence donnée par Evola à Berlin en décembre 1937.  Trois autres conférences furent données par Evola en juin 1938 et Himmler renvoya à nouveau la question à Weisthor, en lui demandant de revoir le livre d’Evola sur l’impérialisme païen dans la perspective des traditions allemandes. Comme le raconte Goodrick-Clarke, Weisthor répondit que:

Evola partait du concept d’aryanité vu comme fondamental, mais ignorait tout des institutions germaniques préhistoriques et de leur signification. Il a également observé que ce défaut était représentatif des différences idéologiques entre l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie et qu’il pouvait en fin de compte porter préjudice à la permanence de leur alliance [16].

Sur la base du rapport de Wiligut et des rapports présentés dans cette édition, les SS ordonnaient que les activités d’Evola dans le Troisième Reich soient découragées.

Désormais, Evola se heurtait à l’opposition aussi bien des Allemands que des Italiens. Ainsi, comme le raconte Staudenmaier, lorsqu’Evola a proposé à Mussolini et à ses contacts allemands, en 1941, de fonder une revue bilingue sur les questions raciales, Werner Hüttig, le spécialiste des sciences raciales, «présentait en septembre 1942, une critique serrée des théories raciales d’Evola, en éreintant la façon dont Evola abordait les questions scientifiques avec un mélange hétéroclite de sources insolites allant de l’ancienne tradition aryenne à l’ésotérisme moderne» [17] En Italie également, les aspects occultes du racisme spirituel d’Evola ont été source de controverses. Des dénonciations anonymes envoyées à la direction fasciste mettaient en garde depuis des années contre «l’épidémie d’ésotérisme» qui frappait l’Italie. Dans une lettre adressée à Mussolini en mars 1942, Telesio Interlandi, le scientifique racialiste, s’insurge contre les perversions «occultistes» de l’idée raciste. Le prêtre jésuite Pietro Tacchi Venturi insiste lui aussi sur le fait que «le projet d’Evola entraînerait des problèmes avec l’Église, qui considère les questions spirituelles comme son domaine légitime et désapprouve les connotations païennes de l’approche d’Evola». [18]

Les critiques d’Evola, qui considère le christianisme comme une corruption sémite de l’ordre traditionnel, devaient fatalement se trouver en butte à l’opposition des ecclésiastiques. De même, les nationalistes allemands mettaient en garde contre la subversion pernicieuse du Reich que constituait la doctrine traditionaliste d’Evola, décourageant  son intégration aux programmes idéologiques et politiques.

Fondamentalement, le système politique d’Evola est idéaliste et établit une dichotomie radicale entre la société «traditionnelle» et les sociétés historiques. La première est une condition idéale, tandis que les secondes ne sont que des déviations de plus en plus corrompues de la première qui culminent dans les horreurs de la modernité. La race qui se rapproche le plus du monde idéal de la tradition est, selon Evola, l’Aryenne. Bien qu’il ait d’abord célébré la culture méditerranéenne comme la plus élevée, en 1933, il modifiait considérablement son point de vue pour l’adapter à la montée du parti racialiste d’Hitler. À partir de là, Evola n’a eu de cesse de marier les deux concepts de suprématie nordique et romaine dans ses représentations de l’organisation sociale idéale telle qu’elle serait apparue au cours de l’histoire. Ainsi, l’Empire romain et l’Empire gibelin devenaient des modèles pour l’Occident moderne.

Les meilleurs moyens de comprendre et de faire revivre le monde originel de la tradition dans la vie moderne sont, selon Evola, les mythes et les symboles. C’est en eux que l’on reconnaît les modèles idéaux à suivre. D’où en particulier l’intérêt d’Evola pour le mythe du Graal, la quête du Saint Graal, au cœur de la légende, ne serait autre que la recherche de la restauration de l’Empire idéal des origines. Le penchant mythologique de la pensée d’Evola est évidemment d’une valeur pratique douteuse, aucune politique ne saurait se réguler en permanence par un recours aux mythes anciens, fût-ce à titre de symboles.

Champion de l’impérialisme spirituel, Evola s’est particulièrement opposé aux nationalismes tels que ceux mis en vigueur par les forces libérales en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles, car il estime qu’ils entravent la réalisation d’une spiritualité universelle. Comme le souligne Hancke:

Pour E., l’idée de nation appartient, de par son origine récente au XVIIIe siècle, à l’idéologie moderne dont est issu notre monde dégénéré. Elle doit donc être dépassée dans le sens supranational, c’est-à-dire impérial, de telle sorte que la race aryenne d’origine germano-romaine ait la primauté.

Outre la dangereuse proximité de cette doctrine avec des projets universalistes tels que ceux de la théosophie et de la franc-maçonnerie, son caractère utopique n’a pas manqué d’être relevé par Hancke:

Ce qui le distingue particulièrement de la vision du monde national-socialiste, c’est sa négligence radicale des données historiques concrètes de notre passé racial au profit d’une utopie abstraite, spirituelle et fantaisiste.

Plassmann/Sievers, dans leur réponse aux conférences d’Evola reproduites dans cette édition, ont également précisé que:

Evola ne semble pas avoir conscience des forces politiques pragmatiques en jeu et il a donc pu facilement s’égarer de bonne foi dans des voies qui prétendaient servir l’idéologie raciale mais qui en fait se retournait contre elle(Othmar Spann) [19] ou n’avaient aucun dynamisme politique propre (Goga). [ 20]  En général, lorsqu’on tente de mettre en pratique une telle idée [la fin des nations], il y a immédiatement le danger d’un idéal cosmopolite aux conséquences imprévisibles.

Outre le nationalisme, Evola dénonce également la tendance à la démagogie populiste qui s’est manifestée tant dans le fascisme italien que dans le national-socialisme. Evola propose au contraire un «Ordre» d’élite qui représenterait le monde de la Tradition et affirmerait son autorité innée sans tenir compte des masses. Comme le dit Hancke:

Après avoir rejeté l’idée du Volk, E. se fait aujourd’hui le défenseur d’une «communauté ethnique» qui, en tant que principe de réalisation spirituelle, va à l’encontre de toute collectivité. La véritable communauté, en revanche, est pour E. la caste des dirigeants, une élite de l’esprit, liée dans la lutte pour la Tradition contre le monde moderne.

Ces objections aux thèses politiques d’Evola ne signifient pas pour autant que le travail missionnaire d’Evola au nom du traditionalisme était totalement dépourvu de valeur intellectuelle. Sa notion de spiritualité universelle, qui ne serait pas l’apanage d’une seule religion, est un idéal qui a une certaine allure. Par exemple, dans sa conférence de décembre 1937, reproduite dans cette édition, il suggère ce qui suit:

Il est nécessaire de parvenir à une solidarité qui soit aussi forte dans son spiritualisme transnational que, par exemple, le communisme bolchevique l’est dans son matérialisme antinational. La première et indispensable condition préalable est toutefois la détermination d’une vision universelle du monde dont les principes et les valeurs devraient être valables en tant qu’axe uniforme, partagé et immuable pour tous ceux qui se déclarent contre les ennemis que nous avons dénoncés.

Cependant, il est clair qu’une politique aussi idéaliste étendue à l’échelle mondiale est frappée d’impraticabilité. Outre la difficulté de mettre en œuvre une telle spiritualité parmi les divers peuples du monde, l’acceptation d’une hégémonie spirituelle aryenne nordique sur le monde est également plus que douteuse. Pourtant, Evola précise dans sa conférence de 1937 que son aryanisme n’est pas limité par les différences biologiques:

La tradition nordique n’est pas une notion naturaliste, c’est-à-dire que même si elle ne doit être conçue que sur la base du sang et du sol, elle est avant tout comme une catégorie culturelle, comme une forme d’esprit primordiale et transcendante dont le type nordique, la race aryenne et l’éthos indo-germanique général ne sont que des formes phénoménales externes. L’idée de race elle-même est, selon sa signification supérieure, liée à la tradition, quelque chose qui ne peut pas et ne doit pas avoir de rapport avec les idées rationalistes de la biologie moderne et de la science ordinaire. La race est avant tout une attitude fondamentale, un pouvoir spirituel, quelque chose de formateur d’une manière primordiale, dont les formes extérieures, positivement tangibles, ne sont qu’un dernier écho.

[FG: Passage peu clair parce que Julius Evola fait mine d’apporter une précision alors qu’il continue de tourner autour du pot – le politiquement correct, déjà. Quelle est donc cette notion d’aryanité, à la fois totalement idéale, immatérielle, et qui pourtant passe obligatoirement par la biologie du sang aryen? Réponse: la beauté.

Exemples féminins: Estella Blain, Eva Bartok, Anna Karina, Mylène Demongeot, Claudine Auger, Bulle Ogier, Claude Jade, Caroline Cellier, Stéphane Audran, Marie Dubois, Laure Deschanel, Brigitte Fossey, Françoise Dorléac, Catherine Deneuve, Mireille Darc, Françoise Brion, Marie-Christine Descouard, Nathalie Delon, Catherine Alric, Anne Canovas, Olga George Picot, Irina Demick, Martine Sarcey, Danièle Delorme, Dyan Canon,

Angie Dickinson, Lee Remick, Anne Margret, Faye Dunaway, Erin Gray, Samantha Eggar, Catherine Spaak, Senta Berger, Tisa Farrow, Nadine Nabokov, Marisa Mell, Jane Fonda, Bibi Anderson, la Maman de Boule, la nièce de Bourdon, la femme d’Agecononix, Eva Germeau …

Exemples masculins: Louis Jourdan, Serge Marquand, Claude Titre, Claude Rich, Alain Delon, Bernard Giraudeau, Marc Porel, Ric Hochet, Lefranc, Alix …]

Avec une définition aussi relâchée de l’aryanisme nordique, le christianisme peut lui aussi être régénéré s’il est réorienté vers la spiritualité originelle du domaine de la tradition «nordique hyperboréenne»:

Il est possible d’intervenir de manière créative contre le christianisme si l’on a accompli les tâches déjà mentionnées, c’est-à-dire si l’on a élevé l’idée nordique et l’idée du Reich à un niveau de vraie spiritualité universelle et solaire, alors nous aurions vraiment quelque chose de plus authentique que le christianisme, englobant l’héroïque et le sacral, le mondain et l’autre, le royal et le spirituel, c’est-à-dire quelque chose qui mène de manière décisive au-delà de toute vision du monde qui n’est que religieusement chrétienne. Notre principe devrait d’ailleurs toujours être de ne pas rejeter, mais de dépasser. Même en ce qui concerne la question catholique et païenne, la tâche de la nouvelle élite devrait consister à fixer les grands principes de la vision générale du monde issue de l’esprit nordique à un niveau pleinement métaphysique et objectif, donc «supra-religieux». Ces principes seraient alors en mesure d’extraire, de clarifier et d’intensifier ce qui est valable dans la tradition chrétienne elle-même.

La société idéale d’Evola est une société héroïque fondée sur ce qu’il appelle le caractère solaire et viril de la tradition «aryenne nordique», qui s’oppose à la qualité lunaire et féminine de la tradition «sémite»:

Deux attitudes fondamentales sont possibles face à la réalité supra-naturelle. L’une est solaire, virile, affirmative, correspondant à l’idéal du pouvoir royal sacré et de la chevalerie. L’autre est l’attitude lunaire, féminine, religieuse, passive, correspondant à l’idéal sacerdotal. Si la seconde attitude est surtout caractéristique des cultures méridionales sémitiques, le chevalier nordique et indo-germanique, en revanche, a toujours été solaire; l’asservissement de la création et le pathos de son altérité fondamentale du Tout-Puissant lui étaient totalement inconnus. Il sentait que les dieux étaient comme lui, il se considérait d’une race céleste et du même sang qu’eux. De là naît une conception de l’héroïque qui ne s’épuise pas dans le physique, le militaire, voire le tragico-chorégraphique, et une conception de l’homme supérieur qui n’a rien à voir avec la caricature nietzschéenne-darwiniste de la belle bête blonde, car cet homme supérieur nordique présente à la fois des traits ascétiques, sacrés et supra-naturels et culmine dans le type du souverain olympien, de l’Aryen Chakravarti comme commandant des deux pouvoirs et roi des rois.

Cette classification des Aryens comme étant solaires et des Sémites comme étant lunaires est toutefois vague et ne repose pas sur une réalité historique, puisque les Akkadiens sémites orientaux vénéraient le dieu soleil, Shamash, au troisième millénaire avant J.-C., bien avant qu’un culte solaire ne soit attesté chez les Indo-Européens.

Plus important encore, Evola rejette fermement tout panthéisme immanentiste et toute glorification pseudo-philosophique de la science et de la technologie:

Nous devons donc nous libérer de tout mysticisme de ce monde, de tout culte de la nature et de la vie, de tout panthéisme. En même temps, nous devons rejeter ce sens de l’Aryen conçu par ce dilettante qu’est Chamberlain [21] et qui est lié à un éloge purement rationaliste et à la glorification de la science et de la technologie d’ici-bas.

L’élite d’Evola doit être capable de remonter l’histoire jusqu’aux origines de la corruption et de reconstruire l’Occident de manière traditionnelle:

Et cela devrait d’abord être l’œuvre d’une élite qui, avec le désintéressement et la rigueur d’un ordre ascétique, élève les principes et les symboles de la tradition nordique primordiale à un niveau de spiritualité, d’universalité et de connaissance claire et mette fin à toute interprétation dilettante, mythique et déformante.

En conclusion, nous pouvons dire que si le projet d’une spiritualité universelle servie par une élite éclairée peut sembler louable, les tendances mythologiques de la pensée d’Evola et sa réticence à traiter des réalités concrètes de la question juive sapent les compromis pratiques sur lesquels tout projet politique doit s’appuyer.

§§§§§§

[FG: quelque remarques après cette passionnante traversée en compagnie d’Evola et du Reich.

1 – Tant qu’à faire, il ne faut pas s’arrêter à l’histoire, lorsqu’un peuple, au sens organique du terme, vit dans la tradition, il n’a pas non plus besoin de sociologie ni de psychologie.

2 – On peut quand même se demander sir l’Histoire est forcément dégénérescence. Par exemple, l’histoire, en Occident, est présente dans un domaine qui en principe relève typiquement de la tradition: l’art. Or, on a plutôt l’impression que l’histoire avec ses étapes a plutôt été grandement bénéfique à la musique, la peinture, la littérature, et que si l’art souffre de quelque chose aujourd’hui, c’est bien d’une sorte de «fin de l’histoire». Ce à quoi Nietzsche pourrait répondre qu’en réalité, l’histoire n’a fait que consumer le stock de signification porté par la tradition, en étant incapable de créer de sens nouveaux, dans cette optique, l’histoire de l’art s’est simplement arrêtée quand il n’y a plus rien eu à brûler.

3 – Au plan politique, l’histoire est tellement dominée par – s’articule tellement autour de – l’Occident, qu’on peut se demander si l’histoire n’est pas finalement plus constitutive de l’Occident que la tradition. On peut penser à une formule comme: «l’Occident a une tradition, l’émancipation» – n’était-ce que ce genre de formule pseudo synthétique est plus hilarante qu’éclairante et qu’elle ne satisfait personne, ni les tenants de la race (blanche) et de la tradition, ni ceux de l’émancipation].

Source

New Book: Julius Evola in the Third Reich – The Occidental Observer


[1]Vita Italiana, November 1933, 544-9.

[2] I am indebted in this summary to Peter Staudenmaier, ‘Racial Ideology between Fascist Italy and Nazi Germany: Julius Evola and the Aryan Myth, 1933-43,’ Journal of Contemporary History, Vol. 55, No. 3 (2020), 473-491.

[3]Rassegna Italiana, January 1934, 11-16.

[4] Staudenmaier, ibid. 

[5] “After Wagner, in the late 1870s and early 1880s, Nietzsche developed intense relationships with several ethnic Jews, all of them atheists, and made explicitly positive pronouncements about Jews.” Nietzsche even wrote: “The Jews, however, are beyond any doubt the strongest, toughest, and purest race now living in Europe.” (Soros, Alex. “Nietzsche’s Jewish Problem: Between Anti-Semitism and Anti-Judaism, by Robert Holub.” Intellectual History Review 28, No. 2 (2018): 344-348.)

[6] Cf. Nietzsche, Beyond Good and Evil, 52: “The Jewish ‘Old Testament,’ the book of divine justice, has people, things, and speeches in such grand style that it is without parallel in the written works of Greece and India … Perhaps he will still find the New Testament, the book of mercy, more to his liking (it is full of the proper, tender, musty stench of true believers and small souls).” (Tr. Judith Norman)

[7] Cf. Nietzsche, Beyond Good and Evil, 251: “The fact that the Jews, if they wanted (or if they were forced, as the anti-Semites seem to want), could already be dominant, or indeed could quite literally have control over present-day Europe — this is established. The fact that they are not working and making plans to this end is likewise established.” (Tr. Judith Norman).

[8] See Ferraresi, Franco. “Julius Evola: Tradition, Reaction, and the Radical Right.” European Journal of Sociology/Archives Européennes de Sociologie 28, No. 1 (1987): 107-151.

[9]Il cammino del cinabro (1963), 137.

[10] Staudenmaier, ibid.

[11] In La vita italiana, 309 (December 1938).

[12] The present edition by Gerd Simon (http://www.gerd-simon.de). presents the December 1937 lecture of Julius Evola as well as the commentaries of Joseph Plassmann/Wolfram Sievers and Kurt Hancke on Evola’s 1938 lectures in Germany.

[13]Ibid.

[14] See A. James Gregor, Mussolini’s Intellectuals: Fascist Social and Political Thought, Princeton, NJ, 2005, p.258n.

[15] See Nicholas Goodrick-Clarke, The Occult Roots of Nazism: The Ariosophists of Austria and Germany 1890-1935, Wellingborough, 1985.

[16]Ibid.

[17] Staudenmaier, op.cit.

[18]Ibid.

[19] Othmar Spann (1878-1950) was an Austrian philosopher who developed an idealistic doctrine of ‘universalism’ to counter the individualism of liberal sociology and economics. As an Austrian nationalist and Catholic, he was not fully favoured by the German National Socialists.

[20] Octavian Goga (1881-1938) was a Romanian politician and man of letters. He was a member of the Romanian National Party in Austro-Hungary and joined forces in 1935 with A.C. Cuza’s anti-Semitic National-Christian Defence League to form the National Christian Party. In 1937 Goga served briefly as Prime Minister of Romania and enacted several anti-Semitic measures to maintain the electoral support of Corneliu Codreanu’s Iron Guard.

[21] Houston Stewart Chamberlain (1855-1927) was a British philosopher who became a naturalised German and wrote many works extolling the spiritual superiority of the Aryan race and of the Germanic peoples in particular.

 

La Course à l’Atome, Cause ou Conséquence de la Seconde Guerre mondiale?

On pense généralement que les guerres d’importance sont des accélérateurs de progrès techniques, la Seconde Guerre mondiale est justement très souvent citée à ce titre, mais qu’arrive-t-il si une percée technologique majeure que tout le monde sait, espère ou craint imminente se profile, une percée qui déboucherait sur une arme absolue capable de renverser complètement les équilibres géopolitiques en place?

Et si, pour le dire clairement, c’était la bombe atomique qui avait été à l’origine de la Seconde Guerre mondiale au lieu d’en être simplement à sa conclusion?

La lecture du livre de Rainer Karlsch La Bombe d’Hitler, dont la traduction française est parue en 2007 chez Calmann-Lévy permet de relever les points importants suivants.

I – Découverte des principes de l’énergie nucléaire

1931 – Découverte de l’eau lourde (D2O) par l’Américain Harold C. Urey. p.59

1932 – Première expérience de fusion nucléaire à Cambridge dirigée par Ernest Rutherford assisté de Paul  Harteck (Autrichien) et de Mark Oliphant (Australien). P.39

1938 – Peu avant Noël, Otto Hahn et Frtitz Strassmann, réalisent la première fission de l’atome d’uranium. Ils avaient voulu créer du radium en bombardant de l’uranium avec des neutrons, mais au lieu de détacher quelques particules d’uranium, ils en avaient scindé les atomes en deux parties. Otto Hahn était considéré comme le meilleur radiochimiste de l’époque, prix Nobel de chimie en 1944 pour sa découverte de la fission. p.38

1939 – 6 janvier, Hahn et Strassmann publièrent les résultats de leur série d’essais. Leurs découvertes sensationnelles se propagèrent dans la communauté mondiale des physiciens. L’élément le plus fascinant de cette réaction nucléaire d’un nouveau genre était la grande quantité d’énergie qu’elle libérait, 200 millions d’électronvolts – un chiffre gigantesque, c’est une partie de la masse du noyau qui partait en chaleur et en lumière. P.32.

1939 – 22 avril, Jean-Frédéric Joliot Curie confirme dans la revue Nature, la réaction en chaîne: plusieurs neutrons rapides sont émis lors de la fission du noyau de l’atome d’uranium par un neutron lent. p.32

II – Prise de conscience politico-militaire

1939 – Wilhelm Hanle tient une conférence sur «la création d’énergie à partir d’une machine à fission de l’uranium». Il expliqua que celle-ci devait être construite à partir d’une combinaison d’uranium et d’eau lourde ou de graphite [l’eau lourde ou le graphite doivent ralentir les neutrons rapides libérés par la fission du noyau d’uranium pour augmenter la probabilité qu’ils rencontrent à leur tour un noyau d’uranium pour une nouvelle fission]. Hanle et Georg Joos, son mentor, écrivirent une lettre au ministre de l’Éducation du Reich, Bernhard Rust, dans laquelle ils présentèrent les conséquences possibles de l’énergie atomique. L’idée d’un explosif nucléaire en faisait partie. p.33

1939 – 24 avril, deux jours seulement après la publication de Joliot-Curie, le professeur Paul Harteck, de l’université de Hambourg, et son assistant Wilhelm Groth signalaient au ministère de la Guerre que la mise au point d’explosifs nucléaires était possible: «Le premier pays qui fera usage de la fission du noyau, possédera sur les autres une supériorité irrattrapable». p.33

1939 – 2 août, USA,  Albert Einstein, Enrico Fermi, Leo Szilard et Eugene Wigner écrivent à au président Roosevelt en soulignant le fait que les bombes à uranium auraient la possibilité de détruire des villes entières. p.69

1940 – Mars, en Grande-Bretagne, Otto Frisch et Rudolf Peierls rédigent à l’attention des autorités gouvernementales deux brefs mémorandums sur la construction d’une superbombe.p.69

1940 – URSS, Flerov et Petrzak, deux élèves d’Igor Kourtchatov, établissent qu’il existe dans la nature une fission spontanée de l’uranium. Curieux de voir comment ses collègues en Occident réagiraient à cette découverte, Georgi Flerov publia sur ce point un article dans la Physical Review. À son grand étonnement, il n’eut aucun écho. Ayant un bon sens du danger imminent, il sut interpréter correctement le silence de ses collègues: la recherche sur l’uranium était devenue une affaire militaire top secret. p.69

Il vaut également la peine de noter que Frédéric Joliot-Curie était communiste, membre du PCF dont on connaît les liens avec Moscou.

III – Un nouveau regard sur la logique des premières conquêtes territoriales du Reich

1938 – 12 mars, Anschluss, la communauté scientifique de Vienne arrive en renfort, ceci débouchera en 1942 sur la fondation de l’Institut du neutron sous la direction de Georg Stetter, c’était l’un des centres de physique nucléaire les mieux pourvus en personnel et en matériel de toute la zone d’influence allemande. p.42

1938 – 29 septembre, accords de Munich et annexion des Sudètes. Les mines de Joachimstahl, les plus anciennes et les plus importantes mines d’uranium européennes, passèrent ainsi sous contrôle allemand. Elles ne fournirent plus désormais que les producteurs allemands. p.59

1940 – 9 avril, invasion de la Norvège. Depuis 1934, l’eau lourde était produite par l’entreprise norvégienne Norsk Hydro; c’était un produit secondaire de la fabrication d’hydrogène par électrolyse. Pour obtenir un gramme d’eau lourde, il fallait utiliser 1000 kWh d’énergie. Un moyen aussi coûteux ne pouvait servir que de procédé secondaire, mais en Norvège, l’énergie hydraulique était bon marché. Aucun autre pays au monde ne disposait avant la guerre d’une installation comparable. p.60

1940 – 10 mai invasion de la Belgique.  L’union minière de Bruxelles, l’un des plus grands producteurs d’uranium au monde, fut intégrée dans le projet uranium allemand.p.59

1940 – 22 juin, armistice en France. Le cyclotron de Paris passe sous contrôle allemand, il reste à Paris, mais une semaine sur deux, ce sont les Allemands qui s’en servent, et une semaine sur deux les Français. Le cyclotron est un accélérateur de particules extrêmement important pour la recherche fondamentale en physique nucléaire. Aux États-unis il y en avait déjà une trentaine avant la guerre, mais aucun en Allemagne. Le cyclotron parisien était de loin  la source de neutrons la plus puissante dont disposait le Reich. p.62

Erich Schumann et Kurt Diebner, à la tête du projet atomique allemand, avaient visité l’installation et étudié les documents de recherche confisqués à l’armée et aux services secrets français. La guerre avait forcé les Français à interrompre leurs expériences dans le domaine des réacteurs, sans cela, ils auraient vraisemblablement été les premiers à construire un réacteur fonctionnant en autoallumage. Dans leur brevet, on trouvait l’idée d’utiliser l’uranium dans un réacteur en forme de sphère ou d’épi. Diebner la reprendrait deux bonnes années plus tard. p.63.

Kurt Diebner reprendra aussi l’idée de Joliot-Curie de l’uranium en dés plutôt qu’en plaques, c’est-à-dire, en sorte que l’uranium du réacteur soit entouré par l’eau lourde dans les trois dimensions. p.107

Bien sûr, l’Allemagne n’a pas conquis la France pour un cyclotron – ce n’est d’ailleurs pas l’Allemagne qui a attaqué la France, en revanche, si ce cyclotron avait été installé à Lyon ou à Marseille, cela aurait sans doute modifié le tracé de la ligne de démarcation.

IV – Les voies et réalisations de l’Allemagne vers la bombe

Trois voies s’offraient à l’Allemagne, la bombe à fission d’uranium, la bombe à fission de plutonium et la bombe à fusion (hydrogène). Il y avait aussi, dès 1940, le concept de bombe à réacteur – ou bombe sale, mais il n’était pas question pour l’armée de faire exploser un réacteur, on rejeta aussitôt cette idée. p.272.

La bombe à fission d’uranium était totalement hors de portée de l’Allemagne, l’enrichissement de l’uranium à un niveau militaire requiert des installations industrielles pharaoniques et une consommation d’énergie phénoménale, cette vidéo en donne une excellente idée.

La bombe à fission de plutonium, l’avantage, c’est que le plutonium est produit dans un réacteur qui utilise un uranium faiblement enrichi. Lors de la réaction en chaîne, l’uranium naturel 238U (non fissile) peut capter un neutron libéré par la fission d’un 235U. Le nouvel isotope d’uranium se désintègre en neptunium, le neptunium, à son tour, peut fixer un neutron et se désintégrer en plutonium. Le 17 juillet 1940, Carl Friedrich von Weizsäcker rédigeait un rapport qui s’arrêtait au neptunium. p.74.

En août 1941, Fritz Houtermans rédigeait un deuxième rapport qui allait jusqu’au plutonium.  p.78

De plus, Houtermans comprit le rôle des neutrons rapides pour une réaction en chaîne incontrôlée (pour une explosion atomique, donc).

En février 1945, à Gottow, Werner Heisenberg et son groupe parvenaient à quelques mètres du but, les instruments montraient une multiplication des neutrons qui atteignait presque le décuple, mais cela ne suffisait pas pour autoalimenter une réaction en chaîne, il aurait fallu que l’expérience se déroule dans une forme non pas cylindrique mais sphérique, ou bien que l’on utilise du matériau supplémentaire, or, celui-ci se trouvait à Stadtilm. p.150.

La bombe à fusion: c’est celle-là qui est allé jusqu’à l’essai, réussi, mais pas transformé militairement.

Début mars 1945, la SS organisait en Thuringe, sur le terrain d’Ohrdruf, la première explosion d’une arme nucléaire au monde, et c’était une bombe à fusion et non une bombe à fission. En utilisant le principe de la charge creuse, les Allemands avaient réussi à créer une bombe H tactique qui se passait d’allumage atomique. Une sphère contenant de l’hydrogène était placée dans un cylindre, à chaque extrémité du cylindre une charge explosive classique (chimique), les deux charges étaient activées simultanément, et, selon le principe de la charge creuse, l’énergie des explosions se dirigeait spontanément dans la direction de moindre résistance, vers la sphère d’hydrogène, l’onde de choc créant au centre une pression et une température suffisante pour la fusion. p. 253.

L’auteur a entrepris des mesures sur place pour retrouver les traces de l’explosion:

ayant pris connaissance de tous les indices et résultats des mesures – l’activité accrue du césium 137 et du cobalt 60, la présence de 238U et de 235U, des particules issues d’un processus de fusion à haute température -, les scientifiques que nous avons consultés ont conclu  à la présence à Ohrdruf de traces d’un événement nucléaire.  p. 270.

Il y a aussi le rapport du GRU, le service de renseignements de l’Armée rouge qui a dûment rapporté l’expérience à Staline: le GRU disposait bien sûr d’un agent double sur place. p. 261

En réalité, cet essai n’était sans doute pas le premier, on a aussi eu le témoignage, de Luigi Romersa, un journaliste du Corriere della Serra, émissaire de Mussolini auquel il a rapporté  une expérience qui se serait déroulé le 10 octobre 1944, à Peenmünde, l’île aux fusées de von Braun.  p. 209.

L’Allemagne était donc bel et bien sur la voie de l’arme miracle, une tête nucléaire ajustée sur une V2 aurait pu constituer cette Wunderwaffe. Wernher von Braun a nié y avoir pensé, mais c’était dans l’ordre des choses, lorsqu’on conçoit des fusées intercontinentales, ce n’est pas pour envoyer des grenades, du reste, dès 1946, von Braun présenta à ses hôtes Américains, à peine arrivé à Fort Bliss, le projet d’une fusée à très grande portée, équipée d’une tête nucléaire, la «Comet»  p. 349

V – Leçon tirée pour la coopération technique internationale

Sans la guerre, les diverses puissances du monde étaient toutes susceptibles de percer dans le domaine des armes nucléaires, même au Japon on parlait de ces armes miracles, le danger de rupture d’équilibre irréversible était sérieux, d’où peut-être l’escalade vers la guerre.

De nos jours, on a peut-être tiré la leçon, ce n’est sans doute pas pour rien que le projet ITER est international, à notre avis, ce n’est pas tellement pour des raisons de financement ou pour nécessité de compétences nombreuses et variées, mais parce qu’un projet comme ITER peut aussi déboucher sur une percée technologique qui viendrait remettre en cause les équilibres: avec une coopération internationale, on sait que cette percée sera partagée par tout le monde.

Francis Goumain

GOOGLE, les Névrosés et les Psychopathes

Si les médias nous manipulent, il faut bien se dire que ce n’est pas par nos bons côtés, ce n’est pas par nos côtés sains, lumineux et forts qu’on peut nous mener par le bout du nez, c’est forcément par nos mauvais côtés, nos mauvais penchants, notre versant sombre, nos points faibles et inavouables.

D’autre part, puisqu’il s’agit de manipulations de masse, il est clair que lesdits penchants si affreusement terribles et inquiétants ne sont pas l’apanage d’une minorité de tueurs glauques comme dans Psychose de Hitchcock ou dans le Silence des Agneaux, ces failles souterraines qui minent les personnalités doivent au contraire être répandues absolument partout, chez tout le monde.

C’est assez simple, il y essentiellement deux pôles: la névrose et la psychopathie, le moins qu’on puisse dire, c’est que nous voilà en bonne compagnie.

Et l’avantage des Google, Twitter et autres, c’est qu’ils peuvent assez facilement analyser pour chacun de nous notre pôle dominant et nous envoyer les bons messages pour nous faire prendre la bonne décision au moment d’une élection ou d’un achat, c’est l’énorme avantage de ces nouveaux médias par rapport à la télévision qui touchait uniformément tout le monde.

Voici comment ça marche:

Sous conditions de stress, les personnes fortement névrosées ont tendance à se montrer conformistes, à se regrouper comme des moutons quand la queue du loup apparaît.

Dans les mêmes conditions de stress, les psychopathes, de faible empathie, ont au contraire tendance à se rebeller.

Par conséquent, un parti politique qui veut qu’un maximum de personnes adhèrent à son programme cherchera à bombarder les névrosés avec des messages les plus stressants possible tandis qu’ils aspergeront leurs cibles psychopathes de messages rassurants.

On l’a bien vu avec la communication Covid, les névrosés, apparemment de loin les plus nombreux, ont été terrifiés par les images de malades sous respirateurs, les projections alarmistes sur le nombre à venir de décès, les compteurs de suivi des malades et des morts, en conséquence, ils ont tout gobé, les masques, les confinements, les vaccins. Dans le même temps, les psychopathes, apparemment moins nombreux, se sont rebellé contre toutes ces mesures.

Certains, très rares, sont parvenus à rester calmes et indifférents, ceux qui se sont rappelé que l’être humain était sensible à la beauté, qu’il capte toutes les vérités qui se trouvent à sa portée, qu’il existe en lui une loi morale intangible qui lui fait choisir le bien plutôt que le mal, ceux qui ont la foi et l’espérance, ceux qui se sentent des individus forts au sein d’une nation forte, ceux qui sont restés des Français fidèles à la France, ceux qui ont une discipline intérieure héritée de leurs ancêtres.

Ceux-là n’intéressent pas du tout Google, mais remarquez comme les GAFAM n’ont de cesse de miner tous ces piliers, la beauté se trouve engloutie par l’immigration et le métissage, une urbanisation et un bétonnage hideux, la vérité devient toute relative, la raison semble complètement dépassée par l’ampleur du chaos qui explose de partout et à vrai dire, on se demande si la raison elle-même n’est pas passée du côté du désordre, la morale est totalement inversée, encore, une inversion rigoureuse aurait au moins le mérite d’avoir conservé un certain ordre, en réalité l’intérêt  et l’anarchie des passions a remplacé la morale partout, quant à la religion et à la ferveur patriotique, il n’en reste plus grand-chose.

En l’absence de tous ces transcendantaux, le beau, le vrai, le bien, la nation, Dieu, nous voilà entièrement livrés aux aléas de nos équilibres psychiatriques, or, on l’a bien compris, notre santé psychiatrique ne réside pas dans l’absence de penchant négatif, tout ce que nous pouvons espérer au mieux, c’est un équilibre entre les deux pôles majeurs, la névrose et la psychopathie, un équilibre que ne nous ne qualifierions pas d’harmonieux ou de complémentaire comme peut l’être l’équilibre homme-femme, mais que nous qualifiions plutôt d’antagoniste, avec l’instabilité qui va avec: qu’un des deux pôles faiblisse, aussitôt l’autre n’est plus neutralisé et peut s’exprimer à plein régime.

D’où la prolifération dans notre monde psychotique de tous ces messages et garde-fous: «éloignez-vous de la bordure du quai», «en cas de colis suspect», «attention à la marche», «tenez la rampe», les alertes pollens, les alertes UV, les mises en garde sur les emballages des produits alimentaires, sur les paquets de cigarettes, les ceintures de sécurité, les ralentisseurs, les radars, les gilets fluo, les détecteurs de monoxydes etc.

Nous vivons dans un asile de fous à ciel ouvert dont les fous ont pris le contrôle.

Francis Goumain

Source

Stregoneria Politica: Comunicazione politica non convenzionale

Guido Taietti
Rome: Altaforte Edizione, 2021

Political Communication for Dissidents – The Occidental Observer

 

L’Inquisition, une guerre raciale d’éviction, les combats souterrains chez les Jésuites en Espagne: l’attaque.

Original Article: Andrew Joyce: “Review: The Jesuit Order as a Synagogue of Jews.

Saint Ignace de Loyola, fondateur de la compagnie de Jésus le 27 septembre 1540 à Montmartre: on se demande de qui ce tableau célèbre la gloriam, Dieu ou Loyola.

“Les frères de la circoncision ont perverti tout l’édifice de la Société [de Jésus]. En tant que fils de ce monde [donc du Diable] experts dans l’art de séduire leurs semblables avides de nouveautés [semblables «en apparence» = les chrétiens], ils n’ont pas de mal à exciter les passions et à détruire l’unité et le gouvernement de l’âme [de l’Ordre de Jésus]»
Lorenzo Maggio, Curie Jésuite de Rome, 1586.

À ce jour, le cadre théorique le plus propice à la compréhension des formes cryptiques du judaïsme a été formulé par Kevin MacDonald dans un ouvrage qui a fait date: Separation and Its Discontents: Toward and Evolutionary Theory of Anti-Semitism. L’essentiel de son quatrième chapitre (1998/2004: 121–132) est consacré au «racisme réactif à l’époque de l’inquisition espagnole». MacDonald y avance l’idée selon laquelle l’Inquisition ibérique au cours des XVe et XVIe siècles était une lutte raciale d’éviction, institutionnelle et violente, motivée par la compétition sur les ressources avec les Juifs et en particulier les cryptos Juifs se faisant passer pour des chrétiens. Le contexte historique est celui de la conversion forcée des Juifs d’Espagne en 1391, à l’issue de laquelle ces «nouveaux chrétiens» (ou conversos) se sont assuré (ou plutôt, ont maintenu) une domination dans les domaines tels que la justice, la finance, la diplomatie, l’administration publique et tout un éventail d’activités économiques. MacDonald estime qu’en dépit d’une conversion de façade, ces nouveaux chrétiens «doivent être considérés comme une communauté historiquement juive» qui a simplement fait en sorte de pouvoir poursuivre son intérêt ethnique propre. C’est à ce titre qu’on a vu des Juifs aisés acheter des charges ecclésiales pour leur progéniture, ce qui a eu  pour conséquence que nombre de prélats en Espagne étaient en fait d’ascendance juive.

Indirectement, et sans doute involontairement, ce cadre théorique de MacDonald se retrouve en grande partie dans le The Jesuit Order as a Synagogue of Jews (2010) de Robert Aleksander Maryks du Boston College, qui confirme à son tour que l’entrée des Juifs dans la première Compagnie de Jésus suit le modèle classique de népotisme ethnique et de tartuferie religieuse qu’on leur connaît. Reprenant l’examen de la même aire géographique durant la même période, Maryks offre un panorama des premières années de la Compagnie de Jésus durant lesquelles une lutte sans merci s’est jouée pour le contrôle de l’âme et de la destinée de l’Ordre entre un crypto-bloc juif très puissant et un  réseau rival composé de chrétiens Européens.

Dans un livre de facture un peu brute mais intéressant, Maryks éclaire ce conflit sur la base de documents jusqu’ici ignorés, mettant au passage en lumière certaines des caractéristiques les plus récurrentes génératrices d’antisémitisme réactif: l’ethnocentrisme, le népotisme, la tendance à tout monopoliser et la recherche d’alliance stratégique avec l’élite blanche. Mais peut-être le plus original dans ce travail, c’est l’accent mis sur les contre-mesures juives aux efforts des Européens visant à étouffer leur influence, certaines d’entre elles étant remarquables par leur proximité avec des exemples récents de propagande apologétique juive. À ce titre, The Jesuit Order as a Synagogue of Jews est hautement recommandé à quiconque cherche à se faire une idée, via une étude de cas historique facile à digérer, de la dynamique du conflit ethnique entre les Juifs et les Européens.

L’ouvrage se décompose en quatre chapitres bien rythmés. Le premier présente au lecteur le «contexte historique de la discrimination par la pureté du sang (1391 – 1547)», une introduction détaillée à la nature du problème posé par «les nouveaux chrétiens» dans la péninsule ibérique, elle se suffit à elle-même, mais elle gagne à être lue en parallèle du travail de MacDonald sur le même thème. Le deuxième chapitre concerne «la politique proconverso des débuts (1540 – 1572)», il met en exergue l’intensité du noyautage des postes clés de l’ordre jésuitique par les crypto-juifs, ces derniers, adaptant leurs positions idéologiques à leurs intérêts, parvenant à établir un quasi-monopole au sommet de la hiérarchie qui s’étendra jusqu’au Vatican. Le troisième chapitre, «Discrimination envers les Jésuites d’ascendance juive (1573 – 1593)», traite de l’apparition d’un mouvement de réaction à la stratégie des chrétiens-circoncis, on y trouve une présentation de ses grandes figures et une analyse de leurs motivations. Le quatrième chapitre, «l’opposition jésuitique à la discrimination par la pureté du sang (1576 – 1608)», passe en revue les efforts des jésuites crypto-juifs pour contrecarrer la stratégie de riposte européenne, on y retrouve souvent les mêmes tactiques et positions qui nous sont si familières aujourd’hui comme marque de fabrique des courants intellectuels juifs.

Cette séquence interne à l’Ordre jésuitique est exactement parallèle à celle de l’Inquisition en général: des nouveaux chrétiens s’établissant aux postes-clés de la politique, des affaires et de la culture espagnole, une riposte des chrétiens européens visant à reprendre le pouvoir, riposte elle-même suivie d’une contre-attaque juive contre l’Inquisition et le gouvernement espagnol en général, ce dernier jouant à l’époque un rôle de premier plan sur la scène internationale.

L’un des points forts de cette enquête haletante de Maryks, c’est qu’elle a l’avantage de pouvoir s’appuyer sur des découvertes généalogiques relativement récentes qui prouvent sans aucun doute possible que nombre d’individus jadis simplement «accusés» d’être des crypto-juifs l’étaient incontestablement. Maryks peut donc s’avancer avec assurance dans cette période où la lignée, tout en étant vitale, était plongée dans un brouillard d’accusations, de démentis et de contre-accusations. Selon les mots de l’auteur (xxix), «les tensions raciales ont joué un rôle central dans l’histoire de l’Ordre jésuitique à ses débuts.

En ouverture de son livre, Maryks se rappelle comme à la suite d’un article sur l’influence des conversos chez les Jésuites, il a reçu un e-mail de quelqu’un originaire de la péninsule ibérique, l’e-mail témoignait de l’étonnante survivance de pratiques crypto-juives dans la famille de l’expéditeur:

Du vendredi soir au samedi soir, son grand-père masquait l’image du petit Jésus d’une reproduction de saint Antoine qu’il avait chez lui. En fait, il s’agissait d’une boîte à musique repliable. Le vendredi soir, il appuyait sur un bouton pour rembobiner le rouleau en sorte de faire disparaître le haut de l’image, celle-ci montrant Jésus bébé dans les bras de Saint Antoine. Le samedi, il appuyait de nouveau sur le bouton pour que Jésus ressorte de sa cachette, niché dans les bras du saint. En tant que fils aîné, l’histoire a été transmise à mon correspondant par son père qui lui demandait de ne manger que de la nourriture casher. (xv)

La persistance d’une forme aussi naïve, et dans ce cas inoffensive, de cryptojudaïsme au cours de ce qu’on imagine être le début du XXe siècle pourrait sembler anodine, rien d’autre qu’une curiosité socio-historique, en réalité, il s’agit d’un vestige modeste mais significatif de ce qui fut autrefois un puissant moyen de préserver la stratégie évolutionnaire de groupe des Juifs de la péninsule ibérique après 1391 —  un environnement hautement hostile. Dans un contexte politique, social et religieux dépourvu de synagogue et des signes les plus ostentatoires du judaïsme, ces menus rituels – comme masquer l’image de Jésus ou l’observation discrète des règles alimentaires – devenaient des moyens vitaux de maintenir la cohésion de groupe.

Pendant longtemps, ces méthodes se sont avérées essentielles à la continuité du judaïsme au nez et la barbe de la société christianisée hôte. Mieux, elle a permis aux conversos d’étendre le monopole de leur népotisme à tout un éventail de domaines civils ou religieux (chrétiens). Gare toutefois si ce petit jeu était découvert, les conséquences pouvaient être terribles. Mais comme l’indique Maryks (xxii), de sa fondation en 1540 à 1593 l’Ordre jésuite était sans méfiance et ne prévoyait pas de règles discriminatoires à l’encontre de ses membres d’ascendance juive, durant ces années, au contraire, les conversos jésuites «ont pu occuper les plus hautes fonctions administratives et présider à son développement institutionnel et spirituel». Ce n’est que progressivement qu’une forte résistance à ce monopole a commencé à se développer et de 1593 à 1608 on assiste à une féroce lutte de pouvoir qui s’achève par la défaite du bloc crypto-juif et l’établissement  de règles prohibant l’entrée de candidat de «sang impur». Ces règles sont restées en vigueur jusqu’en 1946 et exigeaient l’examen de l’arbre généalogique en remontant cinq générations en arrière.

Aux Origines Juives des Jésuites

Le15 août 1534, Ignatius de Loyola (né Íñigo López de Loyola), un Basque originaire de la ville de Loyola en Espagne, et ses six compagnons, tous étudiants à l’université de Paris, se réunissaient à l’extérieur de la ville, à Montmartre, dans une crypte sous l’église Saint-Denis pour prononcer leurs vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Les six compagnons d’Ignatius étaient: François Xavier de Navarre (dans l’Espagne actuelle), Alfonso Salmeron, Diego Laínez, Nicolás Bobadilla de Castille, Pierre Favre de Savoie, et Simão Rodrigues du Portugal. À ce stade, ils se désignaient en «compagnon de Jésus» (Compañía de Jesús), ou indifféremment,  Amigos en El Señor (les amis du Seigneur). Le «Compañía» est devenu en latin «societas», qui vient de «socius» – partenaire ou  camarade. Ceci va vite se changer en «Société de Jésus» ou «Compagnie de Jésus» et c’est sous cette dénomination qu’ils vont se faire connaître. En 1537, les sept faisaient le voyage de Rome pour rechercher l’aval papal. Paul III fit leur éloge et leur permis d’être ordonnés prêtres. La fondation officielle de la Compagnie de Jésus eut lieu en 1540.

Dès l’origine, le poids des conversos dans la Compagnie de Jésus était fort. Des sept membres fondateurs, il ressort des éléments fournis par Maryks que quatre étaient indubitablement d’ascendance juive: Salmeron, Laínez, Bobadilla, et Rodrigues. Loyola lui-même était bien connu pour son fort philosémitisme et dans une thèse récente, des arguments sont avancés qui tendent à prouver que ses grands-parents maternels étaient «sang  pour sang» conversos (son grand-père, le Dr. Martín García de Licona, était commerçant et conseiller à la Cour) [1], ce qui rend notre noble Basque halakhiquement Juif. Pour l’universitaire et spécialiste de l’Inquisition, Henry Kamen — lui-même Juif et qui a pu soutenir que l’Inquisition n’était qu’une «arme d’épuration sociale», principalement destinée à assurer l’éviction des Conversos de la compétition socio-économique — Loyola était «spirituellement un Sémite profondément sincère». [2]

Que «spirituellement»? Voire, il est à craindre que Kamen ne se laisse berner par l’omniprésence de la propagande des conversos. Comme l’explique fort bien Maryks, la réputation d’un Loyola fervent admirateur des Juifs repose principalement sur une série d’anecdotes et de citations qu’on lui attribue  — dont beaucoup sont tirées de biographies rédigées juste après sa mort par des Jésuites conversos cherchant à promouvoir et à défendre leur propre intérêt. Par exemple, la seule source dont on dispose pour affirmer que Loyola aurait par-dessus tout désiré avoir une origine juive pour pouvoir se considérer comme «un parent du Christ et de sa mère», c’est la toute première biographie officielle de Loyola — laquelle a été rédigée de la main de Pedro de Ribadeneyra, un converso. Or, Ribadeneyra est décrit par Maryks comme un «converso masqué» qui ne s’est pas gêné pour déformer ou cacher des faits maintenant bien établis, et notamment que l’Inquisition d’Alcalá avait accusé Loyola d’être un crypto-juif. (43) C’est l’un des aspects importants de la biographie Ribadeneyra, sa ligne générale même, l’idée qu’être Juif était un bon point particulièrement recherché  — le philosémitisme de Loyola(réel ou imaginé) étant destiné à créer des émules. Par contre les aspects moins avouables du cryptojudaïsme et leur répression par l’Inquisition étaient complètement occultés.

Que Loyola soit en fait un crypto-Juif ou qu’il soit vraiment un Européen animé d’un fort désire d’être Juifs reste à déterminer au moment où nous écrivons ces lignes. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il s’est entouré de nombre de conversos et qu’il était opposé à toute discrimination envers eux au moment de l’entrée des candidats dans la Compagnie de Jésus. Maryks estime que philosémitisme et jeux cryptiques mis à part, Loyola était «motivé par le soutien financier sur lequel il savait pouvoir compter du réseau des conversos en Espagne»(xx). Si on suit Maryks dans cette lecture, Loyola était par conséquent bien conscient de la position des conversos au sein de l’élite de la société espagnole, et il était prêt à accepter leur argent en échange d’une politique non discriminatoire dans l’accès à la gouvernance de l’ordre.

Toute la question reste bien sûr de savoir pourquoi une élite crypto-juive voudrait bien soutenir financièrement et en personnel un ordre religieux chrétien. Le point important qu’il faut avoir à l’esprit, c’est que dans cette Europe de l’ère moderne balbutiante, religion et politique étaient intimement intriquées. Au travers des liens entre les congrégations religieuses et l’élite politique, même des ordres ayant fait vœux de pauvreté comme les Franciscains pouvaient exercer une forme d’influence socio-politique loin d’être négligeable. Cela était encore plus évident pour les ordres à forte vocation missionnaire qui jouaient souvent un rôle pionnier dans le développement économique des colonies.

William Caferro note que dans l’Italie de la Renaissance «l’élite politique Florentine entretenait des liens étroits avec l’Église, souvent, les mêmes personnes faisaient partie des deux hiérarchies, l’une et l’autre se renforçant mutuellement. [3]. Faire partie d’un ordre était donc un aspect essentiel, une extension obligée de l’influence politique et socio-culturelle.

Il n’est donc pas étonnant de retrouver des crypto-Juifs grenouillant dans les réseaux inextricables de l’administration royale, de la bureaucratie civile et de l’Église. Pour ne citer que quelques exemples, Michael Baigent et Richard Leigh relèvent dans leur histoire de l’Inquisition:

En 1390 le rabbin de Burgos se convertissait au catholicisme. À la fin de sa vie il terminait évêque de Burgos, légat du Pape et tuteur d’un prince de sang. [Son fils deviendra un actif Converso comme on va le voir plus bas]. Il n’était pas le seul dans son cas. Dans les plus grandes villes, les municipalités étaient dominées par des familles de conversos. Au moment même de la formation de l’inquisition, le trésorier du roi Ferdinand était issu du milieu conversos. En Aragón, les cinq plus hauts postes de l’administration du royaume étaient occupés par des conversos.  En Castille, on comptait au moins quatre évêques conversos. Trois des secrétaires de la reine Isabelle étaient des conversos tout comme l’était le chroniqueur officiel de la Cour. [4]

Pour l’élite crypto-juive de cette Espagne moderne naissante, la fondation d’un puissant ordre religieux dirigé par un philosémite (si ce n’est d’un crypto-Juif de la bande), dont l’équipe dirigeante était composée essentiellement de conversos, qui dans ses statuts étaient ouverte aux candidatures conversos, représentait incontestablement une perspective alléchante. Qu’il existât une sorte de marché entre Loyola et ses parrains crypto-juifs, la nature de la constitution jésuite originelle, comme indiqué ci-dessus, le suggère, tout comme les premières correspondances au sujet de l’admission des candidats d’ascendance juive. La fondation de l’Ordre a coïncidé avec la montée généralisée en Espagne d’une atmosphère anticonversos qui a connu son paroxysme en 1547, «avec la promulgation par la plus haute autorité ecclésiale du pays, l’Inquisiteur général d’Espagne et archevêque de Tolède, Silíceo, de la législation sur la pureté du sang, El Estatuto de limpieza de sangre, (xx)». Le pape Paul IV et l’ancien élève de Silíceo, le rois Philippe II, ratifiaient les statuts de l’évêque en 1555 et 1556, respectivement, mais Ignatius de Loyola et son successeur converso, Diego Laínez (1512–1565), se dressaient vent debout contre les prétentions de l’Inquisiteur d’empêcher les conversos de se joindre aux jésuites. À  tel point que dans une lettre adressée au jésuite Francisco de Villanueva (1509–1557), Loyola écrivait «En aucun cas la Constitution jésuite n’intégrera la politique de l’archevêque» (xxi).

Cherchant à apaiser les tensions, Loyola dépêchait en février 1554 son émissaire plénipotentiaire, Jerónimo Nadal (1507– 1580), auprès de l’Inquisiteur. Nadal maintenait fermement que la constitution jésuite ne faisait pas de discrimination en fonction de la lignée des candidats et reconnaissait à titre personnel avoir admis des conversos durant son séjour dans la péninsule. Lors d’un débat tendu avec l’Inquisiteur au sujet de l’admission de l’un d’eux, Nadal répliquait: «Nous autres [Jésuites] avons plaisir à accueillir ceux d’ascendance juive». Ce qui est frappant, c’est de voir comme on peut reconnaître en l’occurrence un schéma qui deviendra classique: des arguments pro conversos [pro migrants] défendus par des crypto-Juifs qui prétendaient être des Espagnols de souche. Maryks note au passage que ses recherches historiques montrent que Nadal «était plus que probablement un descendant de Juifs Majorquins» (77).

À l’époque où Nadal jouait les intercesseurs auprès de l’Inquisiteur, les pratiques judaïques visant à changer de l’intérieur les conceptions que les chrétiens avaient d’eux étaient déjà courantes. Un parfait exemple en est l’ouvrage d’Alonso de Santa María de Cartagena (1384–1456) — Defensorium unitatis christianae [En défense de l’unité ce la chrétienté] (1449–1450). Alonso de Cartagena avait reçu le baptême (à l’âge de cinq ou six ans) de son père, Shlomo ha-Levi, ex grand rabbin de Burgos, devenu Pablo de Santa María (c. 1351–1435) suite à sa conversion juste avant les émeutes antisémites de 1391, il sera élu évêque de Cartagena (1402) puis de Burgos (1415). Le fait que sa femme restée juive n’ait pas été une gêne pour sa carrière épiscopale est pour le moins intéressant à noter.

Son fils Cartagena, donc, comme bien d’autres conversos, suivait à l’université de Salamanque des études de droit et de droit canon qui lui ont ouvert une carrière prestigieuse à la croisée des sphères royales, civiles et religieuses. Il a été Nonce apostolique et chanoine à Burgos. Le roi Juan II en fit son envoyé spécial au concile de Bâle (1434 – 1439), au cours duquel il participa à la rédaction d’un décret sur «le caractère régénérateur du baptême sans considération de race». (4). Toutefois, comme d’autres exemples de propagande conversos, Cartagena dans ses arguments allait au-delà d’un simple appel à la «tolérance». Selon lui, «la foi apparaît dans toute sa splendeur dans la chair israélite», les Juifs possèdent une «noblesse innée» et c’est aux rustres Espagnols de prendre exemple sur leur complexion pétrie «d’exquise urbanité». (14, 17)

C’est ainsi que dans les écrits des premiers crypto-Juifs, les Conversos ressortent comme supérieurs aux chrétiens ordinaires, plus aptes à se voir confier les charges de responsabilités (et le statut qui va avec), loin de mériter l’opprobre et l’hostilité dont ils sont l’objet, ils sont les seuls sans taches, innocents et doux comme des agneaux. On est frappé de la similarité avec les  arguments qu’on connaît à notre époque, surtout si on considère que pour Cartagena, l’antisémitisme ne tient qu’à la «malveillance des envieux».  (20)

À  l’encontre de tout ce verbiage apologétique, Maryks démontre – intentionnellement ou non – que l’Ordre des Jésuite à ses débuts n’était qu’une courroie de transmission de l’influence politique et idéologique des conversos. Loyola en était littéralement entouré en permanence, tout au long de son «règne». (55). C’est par exemple à un fils de Juif Portugais Enrique Enríques, qu’on doit en 1591 le premier manuel jésuite de morale et de théologie, Theologiae moralis summa. (65) Pour Maryks, la confiance de Loyola dans les aspirants d’origine juive était sans limite, il cite le cas de l’admission en 1551 de Giovanni Battista Eliano (Romano), petit-fils du célèbre grammairien et poète le rabbin Elijah Levita (1468–1549) …. «Il est entrée dans la Compagnie à l’âge de 21 ans, trois mois seulement après son baptême». (66)

Avec tout l’étalage que Maryks fait du laxisme bienveillant de Loyola envers les candidats conversos et de l’envahissement de l’Ordre par les crypto-Juifs que cela signifiait, il est étrange qu’il ne défende pas plus l’idée que la fondation des Jésuites résultait d’un marchandage avec l’élite des conversos, lui préférant une théorie basée sur une «confiance» dont on ne comprend pas très bien l’origine. C’est malheureusement souvent le cas avec l’historiographie juive, les faits et les conclusions d’un même texte se situant sur des trajectoires inverses. Dans la même veine, son explication selon laquelle l’Ordre était inondé de crypto-Juifs parce que Loyola, avant de fonder sa Compagnie, avait un grand nombre de contacts dans les milieux des commerçants et des religieux conversos paraît relever d’une contextualisation plutôt sommaire et à côté de la plaque.

En dépit des plans soigneusement établis par Loyola et ses acolytes, 32 ans à peine après sa fondation, la Société de Jésus allait être soumise à un vent de fronde soufflant des profondeurs contre cette élite unilatéralement crypto-juive. Les traits de figure de cette révolte en font un cas d’école dans l’étude de la nature réactive de l’antisémitisme. Les chapitres deux et trois du livre dans lesquels Maryks raconte la façon dont deux groupes ethniques rivaux, se sont affronté pour l’avenir de l’Ordre de Jésus constituent un pur moment de bravoure. C’est vers la stratégie de contre-attaque des Européens que nous tournons maintenant notre attention.

L’Inquisition, une guerre raciale d’éviction, les combats souterrains chez les Jésuites en Espagne: la riposte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«Étant les enfants de ce monde, hautains, rusés, fourbes, égoïstes, etc., il est certain qu’ils convenaient aussi peu que possible à la vie religieuse et qu’on ne pouvait plus rester ensemble. Si ceux de ce sang sont faits supérieurs [de l’Ordre], ils utilisent presque tout leur pouvoir à des choses externes: ils promeuvent très peu la mortification et les saines vertus, ils ont l’air de marchands, ils cherchent les premières places et aiment se faire appeler rabbin; ils ne sont guère désireux de rechercher la perfection décrite dans les parties 5 et 6 des Constitutions; ils laissent facilement entrer des personnes indignes pourvu qu’elles soient de leur sang».

Manuel Rodrigues, curie jésuite de Rome.

Les griefs des Espagnols de souche de la Compagnie de Jésus à l’encontre de l’élite crypto-juive présentent une remarquable uniformité. Ce qui prédomine dans leurs préoccupations, c’est la tendance des Juifs à l’accaparement du pouvoir, au népotisme, à l’arrogance, à l’ambition effrénée, et cet air de désinvolture dans la pratique du christianisme. Le comble aux yeux des plaignants, c’est que la branche espagnole de l’ordre était en train de devenir une caisse de résonance de l’influence juive qui s’étendait ainsi jusqu’à toucher le saint des saints au cœur de Rome.

La citation de Manuel Rodrigues en épigraphe reprend l’ensemble de ces thèmes, certains d’entre eux ayant reçu une ample confirmation empirique. Déjà, rien que le corpus de recherche constitué par Maryks et présenté dans la première partie suffirait à étayer l’accusation selon laquelle les crypto-Juifs «laissent facilement entrer les personnes de leur sang». Il y aussi ce Benedetto Palmio, un Italien secrétaire de deux supérieurs généraux Européens de l’Ordre (Francisco de Borja et Everard Mercurian), qui se plaint de «la prolifération et de l’insolence des néophytes Espagnols» qu’il juge «pestilentielle» (133). Enfonçant le clou, il ajoute «partout où on tombe sur un nouveau chrétien, il est impossible d’avoir la paix … ceux qui sont envoyés à Rome sont presque tous des néophytes et ce ne sont pratiquement que ce genre de personne qui sont admises en Espagne». (133) C’est ainsi que Philippe II d’Espagne vers 1570 en est venu à parler des Jésuites comme d’une «véritable synagogue». (133)

L’autorité crypto-juive était jugée particulièrement despotique par Palmio, à Rome, disait-il, «ils ne se comportaient pas en frères mais en maîtres»(135). Dans la droite ligne de leur sempiternelle solidarité ethnique, il y avait de fortes disparités dans les promotions vers les hautes fonctions, d’après Palmio «les néophytes voulaient dominer partout et c’est pourquoi l’Ordre était en permanence traversé de tempête de discorde et d’acrimonie».  (138). Les conversos étaient «dévorés par l’ambition, insolents, prétentieux, despotiques, fourbes, avide de pouvoir ils arboraient en permanence l’infâme masque de Janus». (142) Lorenzo Maggio, un Italien de la Curie jésuite de Rome, se plaignait de ce que «Les frères de la circoncision avaient perverti tout l’édifice de la Société [de Jésus]». (117)

Inconscient de la réalité des origines de l’Ordre de Jésus – dès le départ infesté de Juifs en quête d’influence politique, nombre d’Européens semblent avoir perçu la Société de Jésus comme un authentique mouvement religieux, qui partait d’un pieux sentiment mais qui avait été progressivement corrompu par l’infiltration de crypto-Juifs avides de pouvoir. Il est d’ailleurs important de comprendre qu’une telle perception n’était pas propre à la Société de Jésus. À peu près au même moment où l’agitation se développait au sein de l’Ordre, l’évêque Diego de Simancas de Zamora exhortait ses paroissiens à se défier des machinations des conversos et à combattre leurs manœuvres «destinées à leurrer le Pape et ses ministres». (31). Il concluait comme Rodrigues, Palmio, et Hoffaeus, que les conversos étaient volontiers «ambitieux, conspirateurs et avides de pouvoir» comme en témoignait le fait «qu’ils avaient accaparé tous les postes importants de l’ Église de Tolède». (34–5)

Pour combattre le népotisme des crypto-Juifs et leur solidarité ethnique sans failles, les Jésuites Européens – c’est passionnant à observer –  ont eu recours à des stratégies tout à fait symétriques. Ici encore, le modèle qui se dégage de la nature réactive de l’antisémitisme peut être replacé dans la perspective des analyses du Separation and Its Discontents de Kevin MacDonald, en particulier du chapitre clé dans lequel il voit le National Socialisme comme une stratégie miroir. En l’occurrence, dans les débuts de leur mouvement de révolte, les Jésuites Européens n’ont rien fait d’autres, que de créer leurs propres réseaux souterrains, également animés de la même volonté d’éviction raciale en faveur de leur ethnie propre.

Le rideau s’est levé sur la scène de la confrontation en 1572, à la mort du troisième supérieur général, Francisco de Borja. Jusqu’à cette date, les Européens ont souffert en silence la direction philosémitique de Loyola puis le népotisme rampant du converso  Diego Laínez. Borja lui-même était réputé pour sa protection des conversos alors que les tensions étaient en train de s’exacerber (115). La mort de Borja a déclenché une crise ouverte, tant sa succession apparaissait jouée d’avance par l’élite crypto-juive en faveur du converso Juan Alphonse de Polanco (xxv). Polanco avait déjà été nommé secrétaire de la Société par Loyola en 1547 avant de devenir doyen de la curie générale de Rome. Rompu aux jeux d’influence, «plus éminente figure de la Société de Jésus» sa sélection n’aurait dû être qu’une formalité. Mais comme l’explique Maryks, à cette date «un fort courant anti-converso [principalement composé de représentants Jésuites hors d’Espagne] avait pris pied dans la Société». (xxv)

En dépit d’une présence significative des pro converso à la Congrégation Générale [ = la plus haute instance législative de la Société de Jésus, elle est composée des délégués à la tête des diverses provinces et de représentants locaux élus], un bloc Italo-Portugais gagnait du terrain au sein de l’assemblée et s’est montré assez habile pour contrer l’élection de Polanco et défaire son parti de conversos. (120)

En plus de la formation d’un bloc sur un principe ethnique, la stratégie de riposte s’inspirait à nouveau des tactiques crypto-juives en faisant appel au sommet, au Pape. La délégation portugaise emmenée par Leão Henriques «emportait en grand secret à Rome une lettre datée du 22 janvier 1573 du pénitent d’Henriques, le Cardinal Infant Henry du Portugal (1512– 1580), qui s’adressait au pape Grégoire XIII.  Dans cette lettre, le Grand Inquisiteur du Portugal et futur roi (1578– 1580) demandait que ni un converso ni un pro converso soit élu Supérieur Général de la Société de Jésus, la lettre mettait en outre en garde que si rien n’était fait contre le péril converso, la Société courait à sa perte». (121)

Grégoire XIII ne tarda pas à dévoiler son soutien en faveur d’une alternative non espagnole à Polanco, lequel, à son tour, indiqua qu’il acceptait de démissionner mais qu’il refusait d’interdire à d’autres candidats «Espagnols» de se présenter à cette élection. À l’ouverture de la congrégation, Grégoire XIII s’enquit des procédures, du nombre d’Espagnols parmi les votants, et de l’origine nationale des précédents supérieurs généraux. Le pape «fit remarquer que quelqu’un devait être pris en dehors de la délégation espagnole», et, en dépit des protestations élevées par Polanco contre la limitation de la liberté de conscience des électeurs, il suggéra spécifiquement le nom du Wallon Éverard Mercurian, puis pris congé de la congrégation avec une bénédiction. (122) En conséquence, «même si ce fut le converso Antonio Possevino qui eut l’honneur de prononcer le discours d’ouverture, ce discours tomba à plat, le Cardinal Gallio de Côme arrivant et informant benoîtement la congrégation qu’il était là pour représenter la volonté du Pape d’empêcher l’élection d’un candidat Espagnol». (122) Le lendemain, l’assemblée choisissait pour être son prochain Supérieur Général, dès le premier tour et à une majorité de 27 voix, Éverard Mercurian.

À peine entré en fonction, Mercurian procédait, selon ses propres termes, «au grand ménage de la maison». Il éloignait de Rome (et sans doute d’Italie ou même d’Europe) nombre de jésuites conversos». (123) Polanco, après presque 30 ans passés au sommet du pouvoir, «se retrouvait expédié en Sicile, une mesure jugée trop sévère même par son principal ennemi, Benedetto Palmio». (123)

Mais ce nettoyage ne s’est pas fait sans ultimes répliques telluriques, notamment sur la plaque espagnole de la Société de Jésus, un nouveau mouvement y voyait le jour: les memorialistas ou mémorialistes. Le groupe tire son nom de «mémoire» au masculin, terme qui désigne à l’époque un genre littéraire dans lequel un exposé des faits est suivi d’une pétition adressée à l’autorité royale ou religieuse. Les memorialistas se sont fait un nom en envoyant «des mémoires secrets à la Cour d’Espagne, à l’Inquisition et au Saint-Siège pour demander la réforme de l’Ordre jésuite et en particulier qu’une autonomie soit accordée aux provinces espagnoles». (125–6) Ces mémoires se voulaient très subversifs, cherchant à provoquer la scission de la Société et permettre aux conversos de récupérer leur base de pouvoir en Espagne.

Mais il ne s’agissait au fond que d’un combat d’arrière-garde de l’élite crypto-juive. Chassés de Rome et tenus en méfiance par les Portugais, le but était pour les conversos de limiter les dégâts en tentant de préserver leur pouvoir en Espagne et de prévenir d’autres assauts contre leurs positions tenues de longue date. Comme dit Maryks «il faut reconnaître que la plupart d’entre eux [des mémorialistes] avaient une origine converso». (125) Les mémorialistes étaient clairement perçu par leurs contemporains comme un mouvement de revanche juif et Maryks n’y trouve rien à redire. L’un de leurs principaux chefs de file était Dionisio Vázquez, un converso, et Maryks de remarquer: «on peut estimer que le rôle actif de Vázquez’s au sein des memorialistas est une sorte de vengeance contre la politique discriminatoire de Mercurian». (126) Le très anti-converso Benedetto Palmio n’a quant à lui «jamais douté que les conversos étaient derrière ce mouvement revanchard». (128)

Tandis que la lutte se prolongeait, en 1581 un autre anti-converso était élu en succession de Mercurian, l’Italien Claudio Acquaviva. Acquaviva nommait un certain nombre d’anti-converso d’envergure à des postes clés à Rome (dont Manuel Rodrigues, Lorenzo Maggio, et le Rhénan Paul Hoffaeus), les chargeant d’étendre les mesures de Mercurian au-delà du cercle de Rome et de viser l’ensemble du réseau Jésuite. Maryks écrit que le travail de longue haleine d’Hoffaeus, de Maggio, et de Rodrigues, «a effectivement conduit à une diminution graduelle des entrées dans la Société des candidats d’ascendance juive». (146)

Mais il est intéressant de voir comme toutes ces activités se sont déroulé de manière feutrée, dans le secret des coulisses, les aspects ethniques de la lutte étant toujours savamment occultés, de nouveau à l’image des stratégies des conversos lorsqu’ils cherchaient à étendre leur influence. Par exemple, en 1590 Acquaviva envoyait des «instructions confidentielles» aux provinces espagnoles dirigées par des Jésuites Européens – ou «vrais chrétiens» – dans lesquelles il insistait sur la nécessité de la discrétion:

En ce qui concerne les charges de direction, nous devons nous garder de confier à ces gens [les conversos] les postes clés… En ce qui concerne les admissions, en revanche, il ne s’agit pas de provoquer l’amertume de beaucoup dans la Société et éviter en conséquence une interdiction trop systématique des entrées aux gens affublés de cette sorte de tare. Il faut faire preuve de plus de doigté et de discernement dans les admissions.… En tout état de cause, [les enquêtes généalogiques] doivent se faire dans la discrétion, et si quelqu’un doit être exclu, il serait bon de fournir certaines justifications opportunes afin qu’on ne puisse pas affirmer avec certitude que la personne a été refusée en raison de sa lignée. (147).

Confronté à une sourde hostilité interne des Jésuites espagnols, Acquaviva durcissait encore sa position avec un nouveau décret quelques années plus tard disant que:

Ils s’avèrent que ceux qui descendent de parents récemment christianisés sont une source permanente de problèmes et de difficultés de tous ordres pour la Société (ainsi qu’en témoigne notre expérience quotidienne)… L’ensemble de la congrégation décide par le présent décret qu’en aucun cas une personne de cette sorte, c’est-à-dire de souche hébraïque ou sarrasine, ne pourra dorénavant être admise dans la Société. Et si par erreur une telle personne était admise, elle devrait être renvoyée aussitôt le manquement connu, sans attendre la prochaine profession, après en avoir avisé le Supérieur Général et attendu sa réponse. (149)

Maryks estime que c’est à ce stade que «la saison de la chasse aux origines s’ouvre» et que «le renvoi systématique des personnes d’ascendance juive de la Société de Jésus débute pour de bon».

Aux Sources de l’Apologétique Juive Moderne

Marginalisés la défaite consommée, l’élite crypto-juive n’a guère eu d’autres ressources que de se rabattre sur une longue série de mémoires qui par bien des aspects ne sont pas sans rappeler la propagande moderne distillée par leurs officines les plus en vue comme l’ADL. Comme je l’ai noté dans un précédent essai, on retrouve par exemple la ficelle dialectique grossière qui consiste à déplacer «l’altérité» de la judéité dans la société hôte sur le mouvement nationaliste qui s’oppose à eux [ = l’antisémitisme n’est pas français]:

[…] Kevin MacDonald nous rappelle que «les organisations juives d’Allemagne durant la période 1870 -1914 [celle des antisemitismusstreit] soutenaient que l’antisémitisme était une menace pour l’ensemble de l’Allemagne parce qu’il était fondamentalement non-germanique. [1] À l’époque en Allemagne, l’antisémitisme était dénoncé par les Juifs comme étant d’importation française.

Inversement, Paula Hyman constate que confronté à la montée de l’antisémitisme en France à la même époque [affaire Dreyfus] les Juifs propageaient le message selon lequel l’antisémitisme n’avait rien de français et qu’il était d’importation allemande. [2]

Thorsten Wagner rapporte que le couplet était également classique au Danemark: «une importation allemande qui ne saurait avoir aucune racine dans la tradition locale».[3]

Mais la ficelle était déjà utilisée par les mémorialistes conversos, prenons le cas d’Antonio Possevino, un diplomate de haut rang débarqué par Mercurian et exilé en Suède: depuis les contrées septentrionales glacées, il prenait la plume sur des pages et des pages pour dire que c’était des figures comme Benedetto Palmio qui étaient réellement non chrétiennes – pour ne pas dire franchement païennes. (164–5) Poussant plus loin la chutzpah, Possevino allait jusqu’à attribuer les dissensions internes de la Société de Jésus à «l’ambition démesurée des Jésuites Portugais». (171–2) Alors qu’il était bien placé pour savoir à quoi s’en tenir, il mentait effrontément dans sa prose sur la nature des mémorialistes, insinuant que le mouvement était une «conspiration portugaise pour miner l’unité jésuite». (171–2). Maryks renvoie Possevino dans les cordes, constatant simplement que la majorité des mémorialistes étaient en réalité «indéniablement des conversos». (172)

Enfin, l’apologétique de Possevino préfigure la propagande moderne par un autre aspect:  la conviction que les Juifs ont une vocation naturelle à constituer l’élite morale et à s’imposer à des masses rurales jugées méprisables. Il s’en prend aux «envieux sans talent des milieux ruraux» (168) qui sèment la discorde contre les conversos «qui par leur vertu et leur  dévouement représentent pourtant l’élite de la Société de Jésus». (172)

Andrew Joyce

Traduction Francis Goumain.

Source

Review: The Jesuit Order as a Synagogue of Jews – Part One – The Occidental Observer

et

Review: The Jesuit Order as a Synagogue of Jews — Part Two – The Occidental Observer

On peut aussi télécharger le livre de Maryks gratuitement.

Note partie I

[1] See Kevin Ingram, Secret lives, public lies: The conversos and socio-religious non-conformism in the Spanish Golden Age. Ph.D. Thesis (San Diego: University of California, 2006), pp. 87–8.

[2] Quoted in Maryks, The Jesuit Order as a Synagogue of Jews, p.xx.

[3] W. Caferro, Contesting the Renaissance (Oxford:Wiley-Blackwell, 2010), p.158.

[4] M. Baigent & R. Leigh, The Inquisition (London: Viking Press, 1999), pp.75-6.

Note partie II

[1] K. MacDonald, Separation and Its Discontents: Toward and Evolutionary Theory of Anti-Semitism (1st Books, 2004), 232.

[2] A. Lindemann & R. Levy (eds.), Antisemitism: A History (Oxford University Press, 2010), 136.

[3] T. Wagner,’Belated Heroism: The Danish Lutheran Church and the Jews, 1918-1945,’ in K. Spicer (ed), Antisemitism, Christian Ambivalence, and the Holocaust (Indiana University Press, 2007), 7.